Selven marchait sur la route qui menait à Caliphas. Si près de la capitale, la route était animée et encombrée de nombreuses caravanes marchandes, de fermiers venant porter et vendre le fruits de leur labeur, de pèlerins de la Dame du destin et de voyageurs, majoritairement ustalavois, puisque les autres arrivaient généralement par le port, mais aussi skalds et kellids.

L'ambiance était des plus étranges en ce jour puisque l'épais brouillard caractéristique de la région ne se dissipait pas. Si bien qu'on voyait à peine à quelques mètres devant soi, mais on était très conscient de tous le monde présent. On entendant des voix, mais on ne voyait pas à qui elles appartenaient.

Nulle part ailleurs, Selven n'avait vécu cette étrange impression, mais il savait qu'une telle occurence n'était pas si rare que ça dans ce coin-ci du pays.

Soudainement, il se sentit bousculé, mais il ne put voir de quoi il s'agissait, mais bientôt il entendit des jurons et un homme se plaindre qu'on lui avait volé sa bourse. Selven porta machinlement la main à sa ceinture et découvrit qu'on lui avait également pris la sienne, mais en tant que voyageur aguerri, il ne mettait pas ses maigres économies dans une bourse facilement accessible. Il se contenta donc d'hausser les épaules.

Une heure plus tard, le brouillard se leva pour laisser place à un ciel gris acier, bas et menaçant. Il remarqua soudainement que la ville était beaucoup plus près qu'il ne le pensait et que la route était presque complètement bloquée jusqu'aux portes de la cité. La ville avait presque un air menaçant avec ses flèches et ses clochers.

Déjà il commençait à marcher dans la partie de la ville qui débordait des murs d'enceinte. Il remarqua que les beaux carrosses et les nobles montés se dirigeait tous dans la même direction, alors que les pèlerins allaient dans la direction opposée.

D'autres voyageurs lui avait conseillé de passer par la porte principale, alors il suivit le flot des voyageur.

La porte principale était impressionnante et avec sa herse, elle donnait une vague impression de bouche aux crocs acérés. Devant la porte se trouvaient plusieurs gardes, protégés par des archers en haut des remparts. La foule se scindait en deux, une file pour les chariots et caravanes et une pour les voyageurs à pied, comme lui-même.

Lorsque ce fût son tour, le garde lui demanda d'un ton ennuyé:

« Bienvenue à la porte de château Balatz, qui êtes-vous et que venez-vous faire à Caliphas? »

Modifié par un utilisateur lundi 2 septembre 2013 19:32:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

Il était midi et Selven avait la nette impression que le garde en avait déjà marre d'être là. Ce poste semblait l'ennuyé au plus haut point et il jetait régulièrement des regards en coin aux archers en haut des murs. Selven comprit soudainement le sens de ce qu'il avait entendu un peu plus tôt dans la file. Aujourd'hui, il ne serait pas possible de graisser la patte aux gardes pour entrer des marchandises illégalement, en raison de la présence nombreuse des archers sur les murs.

Peut-être le garde était-il en fait ennuyé de ne pas pouvoir augmenter sa solde. Cela soulevait une autre question, pourquoi les archers étaient-ils si nombreux sur les murs?

Lorsqu'il entendit l'ouverture du prêtre de Desna, le regard du garde changea imperceptiblement. Il avait soudainement l'air soucieux.

Il écouta ce que le prêtre lui dit, puis il demanda à voir son symbole religieux et de jurer sur celui-ci qu'il était bien un prêtre de Desna.

« Jurez sur votre symbole que vous êtes réellement un prêtre de Desna et si vous mentez, puisse la déesse de la chance rire de vous et la malchance vous coller comme la merde au cul. »

Le garde paru satisfait pas la réponse de Selven.

Il prit un ton plus respectueux.

« Désolé mon père, mais il y a eu de nombreux meurtres sanglants dans les rues de la ville dernièrement et nous devons redoubler de vigilence puisque nous n'avons pas trouvé le ou les coupables.

Soyez très prudent et si vous le pouvez, évitez de marcher seul dans les rues de la ville le soir venu, car dans la majorité des cas, ce sont des prêtres, toutes croyances confondues, qui ont été victimes des pires démembrements. »

Il se pencha sur un gros registre et avec une plume, il y inscrit quelques trucs, puis il présenta le registre au prêtre, ainsi que la plume.

« Comme à l'habitude, je vais devoir vous enregistrer dans le registre des présences dans la ville. Si vous voulez bien signer ou faire une croix ici. »

Modifié par un utilisateur lundi 2 septembre 2013 22:51:50(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le garde se retourna, il fit signe à un autre garde de le remplacer un instant, puis s'approcha du prêtre.

« SVP, mon père, essayez de garder cela pour vous et n'en parlez à personne. Il n'a pas été divulgué que la majorité des victimes sont des hommes et des femmes de foi, nous ne voudrions pas semer la panique.

Si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous à Whiteshaw, au coin des rues White et Shaw. »

Ne sachant pas trop où était l'endroit en question, Selven demanda son chemin à un passant et il s'avéra que ce n'était pas immensément loin. Il marcha donc dans les rues bondées et étroites de la capitale. Aucun cheval n'aurait pu y circuler facilement. Pour un homme habitué au grands espaces, les rues lui faisaient l'impression d'une fourmilière et lui donnaient une vague sensation de claustrophobie et d'agoraphobie. Il prit donc une pause près d'un mur pour prendre une grande inspiration et se calmer un peu.

Même si Whiteshaw n'étaient qu'à quelques pâtés de maison, ceux-ci étaient grands et la progression difficile en ce début d'après-midi. À l'extérieur des murs, la ville lui semblait avoir une dimension acceptable, avec des rues larges et des bâtiments avec un minimum d'espace autour, mais ici, les maisons étaient collées les unes aux autres et s'élevaient en hauteur.

Il déboucha enfin sur une rue plus large et cela lui fit le plus grand bien.

La dernière fois qu'il était venu, il y a deux ans, il était resté à l'extérieur des murs, dans les quartiers Ouest, plus populaires, voire plus pauvres dans le cas du ghetto kellid. Il avait vu la petite chapelle que les disciples de Iomedea, la déesse de la lumière et de la justice, essayaient de remettre sur pied et la petite communauté qu'ils tentaient tant bien que mal de reconstituer dans les quartiers Est, plus riches, ainsi que l'imposant édifice des Archives de quartefaux, qui disait-on était à la fois une école, une bibliothèque et un musée.

Sur ces souvenirs et toutes ces réflexions, il finit par arriver devant un énome édifice de pierre entouré d'un mur, directement au coin des avenues White et Shaw. En regardant brièvement autour de lui, il se dit que ce ne pouvait être que là que le garde l'envoyait.

Deux hommes en uniforme armés montaient la garde près de la porte grillagée du mur extérieur. En approchant, il vit que Whiteshaw était gravé dans l'arche du muret. Près de la porte, il était écrit Département de police et d'investigation de Caliphas et en plus petit l'acronyme BAS.

Modifié par un utilisateur mardi 3 septembre 2013 15:58:10(UTC)  | Raison: Non indiquée

Les deux gardes toisèrent l'homme qui se présenta à eux d'un oeil vaguement indifférent qui semblait louche. Selven avait la distincte impression que ces hommes le scrutaient attentivement et épiaient ses moindres gestes, mais rien dans leur attitude ne le laissait paraître.

Lorsqu'il annonça son intention, l'un des gardes porta toute son attention sur lui, alors que l'autre maintint son air désintéressé, le regard sur la rue.

« Pour entrer ici, vous allez devoir subir une fouille. Passez ici. » Il fit signe à Selven d'entrer à l'intérieur du mur d'enceinte et de se placer face au mur, les mains appuyées sur celui-ci.

Modifié par un utilisateur lundi 9 septembre 2013 16:44:05(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le garde ne répondit pas au prêtre. Il vérifia ses armes et le fouilla méthodiquement, mais sans brusquerie ni mouvement louche.

Une fois la fouille terminé, il dit simplement.



« C'est bon, vous pouvez passer, mais vous aller devoir laisser vos armes avec votre âne à l'extérieur. Vous pouvez attacher l'âne là. »

Il pointe l'endroit prévu à cet effet à l'intérieur de l'enceinte et attend patiemment que le prêtre s'exécute.

Dans la cour, il n'y a personne d'autre de visible. Le deuxième garde lui tourne toujours le dos, les yeux sur la rue, l'air de quelqu'un qui s'emmerde. Selven a l'impression que cela n'est qu'une apparence et que celui-ci est très vigilent sur ce qui se passe à l'extérieur du mur et qu'il fait entièrement confiance à son collègue pour gérer les arrières.

Modifié par un utilisateur lundi 9 septembre 2013 21:05:48(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le hall d'entrée était spartiate. Des murs de pierres, quelques bancs de pierre également et un comptoir derrière lequel se tenait un homme au regard dur. En le voyant entrer, l'homme l'examina d'un air critique, mais c'est sur un ton poli qu'il demanda « Que puis-je faire pour vous mon père? »

Sur ce dernier mot, il ne put réprimer une petite grimace d'exaspération.

Modifié par un utilisateur lundi 9 septembre 2013 21:43:10(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'homme derrière le comptoir eut une réaction des plus étranges. D'abord, il fut tenté de rouler des yeux lorsque Selven déclara la raison de sa venue, puis ses yeux s'écarquillèrent d'horreur devant la menace que l'Église de Desna pourrait conseiller aux voyageurs de ne plus mettre les pieds dans la capitale, puis lorsque le prêtre parla enfin de la sécurité dans la ville, il cligna bêtement des yeux, comme si son interlocuteur venait de dire une énorme absurdité.

Il en était à son cinquième clignement lorsque Selven reprit la parole et il eut du mal à dissimuler un sourire amusé à la mention de la fouille, puis il reprit son sérieux. Il soupira.

« Le capitaine est occupé et ne pourra pas vous recevoir, mais l'enquêteuse Mara Löwe pourrait vous recevoir dans quelques minutes. Si vous voulez bien me suivre. »

Il fit quelque pas et sembla disparaître dans le mur. Selven s'approcha prudemment de l'endroit avec grande inquiétude, persuadé que de la vile magie profane était à l'oeuvre, mais en s'approchant, il constata que le mur était simplement disposé en trompe l'oeil et que derrière se trouvait un petit hall donnant sur trois corridor, un aux murs noirs, un aux murs gris et l'autre aux murs blancs. L'homme s'engagea dans le couloir aux murs blancs, ce qui pour une raison quelconque rassura le prêtre.

L'homme ouvrit une porte et l'invita à s'assoir sur un fauteuil confortable dans une petite antichambre. Puis, il cogna à une autre porte et disparut brièvement derrière celle-ci. Selven eut le temps de regarder le décor. Tout le mobilier était dans divers tons de blanc. Le fauteuil sur lequel il était assis était sculpté dans une essence de bois très pâle et le coussin était dans un blanc coquille d'oeuf brodé de fils crème. Les broderies du fauteuil à deux places représentaient vaguement des loups courant entre les arbres.

Le plancher était dans le même bois pâle et un tapis blanc finement tissé d'origine qadirienne recouvrait le centre de la pièce. Sur une petite table faite du même bois trônait une carafe de verre à l'eau crystalline et deux jolis verres. Il avait rarement vu de telles richesses de si près. Comme il se servait un verre d'eau en admirant la finesse du contenant, l'homme ressorti et lui demanda poliement de rentrer, lui suggérant de garder son verre.

Selven le suivit et découvrit une pièce semblable à celle qu'il venait de quitter avec un grand bureau de bois blanc en son centre et deux petits fauteuils individuels de facture identique à celui de la pièce précédante. Derrière le bureau se trouvait une femme impeccablement vêtue de noir, au regard sombre et sérieux et dégageant une aura de grande compétence. Pour une raison inexplicable, la présence de cette femme le fit frissonner.

C'est d'une voix polie et mélodieuse qu'elle lui demanda de s'asseoir après lui avoir serré la main d'une poigne ferme et sèche, mais pas écrasante.

« Veuillez vous asseoir mon père. Depuis quand êtes-vous à Caliphas? »

Modifié par un utilisateur mardi 10 septembre 2013 20:41:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

La jeune femme l'étudia du regard en l'écoutant et nota la poussière des vêtements tomber sur le sol jusque là immaculé de la pièce.

« Vous voulez dire qu'à peine arrivé, vous êtes déjà au courant de l'une des affaires les plus sordides du moment. Bon sang que les rumeurs courent vite, nous avons fait de notre mieux pour ne pas trop ébruiter l'affaire, afin de ne pas paniquer la population...

Il semblerait en effet que Desna sourit à ses ouailles, car aucun prêtre de Desna n'a encore été victime. Je vous conseille toutefois d'éviter de vous promener seul à la nuit tombée. » Une lueur étrange passa dans les yeux de l'enquêteuse.

Elle posa ses coudes sur le bureau, déposant ses doigts les uns contre les autres en formant un triangle.

« Vous comprendrez mon père qu'avant de vous en dire plus, j'aurais besoin d'une preuve que vous êtes bien qui vous dites être. Quelle preuve pouvez-vous me fournir? » Elle lui lança un regard pénétrant qui semblait voir jusque dans les replis de son âme.

Modifié par un utilisateur mardi 10 septembre 2013 23:02:59(UTC)  | Raison: Non indiquée