Trestelame hocha la tête.
« Bien sûr! Pour résumer ce qui concerne l'affaire de l'incendie. La Bête a été vue sur place par Karl, l'assistant du docteur Brada, qui a été rendu aveugle par l'incendie. Mais en fouillant les lieux, nous avons retrouvé des notes liant les alchimistes Vorkstag et Gryne à l'asile de Sanctuaire. En allant visiter leur manufacture, nous avons du les affronter, et nous avons découvert plusieurs éléments intéressants.
Un, ils sont capables de créer des morts vivants, et cela pourrait expliquer les goules trouvées à sanctuaire.
Deux, nous savons qu'ils traffiquent des morceaux de cadavres, ce qui pourrait expliquer leur implication dans le pillage du cimetière de Morast.
Trois, Vorkstag est un voleur de peau, et possédait une collection...hum...de costumes, dont un qui pourrait lui permettre de se faire passer pour la Bête. Et il porte aussi les cicatrices infligées par le caïman à la créature qui a attaqué Morast, et qui était sans doute Vorkstag déguisé.

En gros, nous pouvons jeter le doute sur au moins deux affaires, et surtout, nous avons des preuves que Vorkstag et Gryne, clairement des criminels, étaient impliqués. Je pense que ça devrait suffire au moins pour faire innocenter la Bête sur cette affaire. »

La demi-elfe souriait largement, et elle se pencha pour murmurer une réponse à Lukas.

Lukas

20 Kuthona - Tribunal de Lepidstadt
L'atmosphère était électrique lorsqu'ils traversèrent la place ce matin là. Les conversations étaient pleine de suspense, et les gens paraissaient à présent plus s'intéresser à l'issue du procès et aux nouveaux rebondissements du jour qu'à la culpabilité de la Bête. La plupart des gens, en tout cas...car les regards hostiles, les crachats et les menaces marmonnées se firent tout de même présent sur leur passage. Ainsi que, plus discrets, les encouragements murmurés.

Le tribunal lui même était plein à craquer, et on pouvait presque sentir la tension dans le silence qui y régnait. Comme à l'accoutumée, ils discutèrent de leurs preuves avec Gustav Kaple, et peu après, les juges s'installèrent et la Bête fut amenée devant la cour. Le dernier jour du procès pouvait commencer. La Bête se tourna vers ses défenseurs, leur adressant un regard à la fois plein d'espoir et de supplique...


Avant toute chose, Ambrose Khard eut quelques mots d'avertissements. D'abord, il rappela au public que les perturbations seraient récompensés d'expulsion immédiate, voir de quelques jours en cellule. Plus sinistre et sérieux, il rappela également que les membres de la cour étaient protégés par la loi, et que la moindre violence à l'écart des témoins de la défense se solderait par la peine la plus sévère: l'exil ou la corde. Cela eut pour mérite de rétablir l'ordre et le silence, cette fois beaucoup plus respectueux.


Tout d'abord, ce fut au tour d'Otto Heiger, le procureur, de présenter son cas. Son argumentation ne fut pas particulièrement surprenante, et reposait quasiment entièrement sur le témoignage de Karl, l'assistant aveugle de feu le docteur Brada. le procureur expliqua comment la Bête avait incendié l'asile de Sanctuaire, provoquant par extension la mort du docteur et de tout ses patients, privant l'humanité d'un génie médical tentant d'aider des infortunés. Karl présenta ce qu'il avait vu, se montrant remarquablement neutre dans son témoignage, et essayant clairement d'être impartial.
Contrairement aux autres jours, cependant, Otto Heiger sonnait creux. Il était en train de perdre la partie, et il s'en rendait clairement compte.


Gustav Kaple présenta son cas à son tour, appelant les uns après les autres les témoins de la défense à la barre. Il dépeignit une image bien différente de celle du procureur, indiquant comment deux alchimistes dépourvus de scrupules, Vorkstag et Gryne, étaient en relations avec le docteur Brada...et comment ils avaient incendiés l'asile pour effacer les traces de cet accord. Il expliqua leurs crimes, s'appuyant sur les témoignages décrivant leur manufacture, et les papiers trouvez à l'asile, et aussi sur la collection de peau de Vorkstag, indiquant celle qui lui permettait de se faire passer pour une monstruosité aussi colossale que grotesque...un déguisement parfait pour faire accuser la Bête. Il pointa même du doigt les cicatrices du voleur de peau. Ni lui ni Gryne n'avaient repris connaissance, mais les trois juges tombèrent d'accord sur l'idée de faire toute la lumière sur les agissements de ses deux criminels, même si ils durent recadrer l'avocat - qui bégayait moins, d'ailleurs - en lui rappelant que pour l'instant, seule la Bête était en jugement.

Vint enfin l'heure des conclusions. Celle d'Otto Heiger était courue d'avance: la Bête était une créature monstrueuse, et malgré les tentatives de la défense de prétendre le contraire, elle a été impliquée dans de multiples meurtres, représentait un danger pour tout le comté de Vieland, un danger qu'il était impératif de détruire. Il demanda la punition que la loi et la tradition dictaient: l'exécution sur le bûcher du Bourreau de Lepidstadt, le géant d'osier réservé aux criminels les plus dangereux.

Ensuite, ce fut le tour de la défense. Gustav Kaple se tourna vers les témoins.
« Alors...? Est ce que vous voulez dire un mot avant la fin de cette affaire? »

Melfur retint son souffle lorsque Lukas prit la parole. Il fut soulagé de n'entendre aucune allusion au comte alchimiste. Il fut même agréablement surpris par la diatribe généreuse du magicien. Maintenant, il espérait que plus rien ne fut dit afin d'éviter tout couac malheureux -il porta un regard angoissé sur le bouillant Aarkus-. Il chuchota à Gustav Kaple : "Passons vite à la suite."

Aarkus, se rappelant la boulette du dernier procès, se contenta de se taire, et se prépara discrètement à intervenir manu militari en cas de dérapage.

Zaonessa est ravie par la tournure des évènements, mais aussi un peu inquiète par l'ambiance hostile du public.

«  Félicitations à toi la Bête. Que dirais-tu si nous t'accompagnions à Schloss Caromarc dès maintenant ?
J'ai vraiment très envie de rencontrer ton père. Et puis, ce serait comme boucler l'accomplissement de notre mission et éviter que tu rentres tout seul dans ces landes désolées. Je me méfie quand-même des revanchards de public.  »

Si Melfur fut heureux de la conclusion du procès, plusieurs points le sidérèrent. Et il ne manqua pas d'en faire part à ses compagnons : "Comment se fait-il qu'il le laisse partir ? Ils ont oublié que la Bête a défoncé une partie du musée, et que pour le coup, il en est bien responsable -bien qu'involontairement- ?? Et qu'est-ce que c'est que cette histoire de père ?? Et si la Voie des Murmures a été vue il y a plus d'une semaine là où vivait la Bête, c'est peut être qu'elle s'y est rendue pour prendre "livraison" de la Bête pour le cambriolage du musée. Les dates collent à peu près." Le tieffelin secoua la tête. "Par conséquence, je pense qu'il serait très intéressant de nous rendre effectivement à Schloss Machin pour papoter avec le papa..."

"Au château ?" Melfur se maudit. Bon sang, quel idiot ! Ce que c'est d'avoir le cerveau lent -et il se remémora les magnifiques engins qu'il faisait voleter, enfant, dans le ciel de Tian Xia-. Il venait enfin de se rappeler que le nom de famille du Comte alchimiste était justement Caromarc. Piteux, il déclara : "Navré mes amis. J'avais oublié le nom du comte alchimiste. Notre prochaine étape est donc avec certitude le château de Caromarc. Si le comte est vivant et pimpant, c'est qu'il fait partie de la Voie des Murmures, ou au moins qu'il en est proche. Et vu que nous avons affaire à un noble, la circonspection est de mise. Prenons un maximum de renseignements et fourbissons nos armes avant de nous jeter dans ce qui pourrait être la gueule du loup." Massant son épaule bleuie : "Sans parler du fait, que je ne me suis pas encore pleinement remis des fantaisies d'hier."

Lukas semblait hésiter. «  Si la bête ne veut pas qu’on l’accompagne on ne va pas la forcer, on va faire ça calmement et ne pas prendre des risques d’un voyage non préparé pour accompagner quelqu’un qui ne veut pas qu’on l’accompagne.  »

Il réfléchit quelques instants… «  Quoi qu’il en soit, il ne faudra pas trainer, mais quelques achats pourraient faire du bien vous ne pensez pas ? Avec l’argent que nous allons recevoir.

Et je serai bien content de quitter cette ville inhospitalière.  »

Modifié par un utilisateur mardi 4 juillet 2017 11:10:01(UTC)  | Raison: Non indiquée

"Fort bien, n'ayant guère envie de voyager de nuit dans un marais, je vous propose donc de partir demain, avec les premiers rayons du soleil. Cela vous convient-il ? En attendant, je vais discuter avec une enchanteresse de ma connaissance. Peut-être pourra-t-elle m'apporter quelques informations sur le comte." Il se tourna vers Zaonessa : "Réfléchis bien. Je serais plus rassuré si tu nous attendais."

20 Kuthona - Lepidstadt, coucher du soleil
Alors que Zaonessa et Aarkus avaient décidé d'accompagner la Bête, soucieux de la protéger d'éventuelles représailles, Lukas, Gazda et Melfur prirent le temps d'une entrevue avec Embreth Daramid. En sortant de leur bref rendez vous avec la juge, et désormais en possession de ses informations sur la Voie des Murmures, ils décidèrent de prendre quelques heures pour s'équiper et se renseigner sur le comte Alpon Caromarc.

Lukas passa un certain temps en ville, arpentant les rues à la recherche de boutiques d'articles mystiques, s'arrêtant pour acheter un ou deux parchemins et les composantes nécessaires à la fabrication d'une cape ensorcelée et d'un collier de boule de feu. Ce faisant, il remarqua que les rues étaient loin d'être tranquilles, et nota plusieurs attroupements de citadins discutant à voix basse, torches et fourches à la main. Les rumeurs étaient confuses, mais ils parlaient de marcher sur Schloss Caromarc pour rétablir la justice dont on venait de les priver.

Pendant ce temps, Melfur alla consulter l'enchanteresse qu'il avait déjà rencontré quelques jours plus tôt, et parvint à glaner quelques informations sur le comte, confirmant qu'il était bien alchimiste, et qu'il vivait plus ou moins en ermite depuis de nombreuses années.

Gazda, de son côté, passa voir ses parents. Ces derniers le félicitèrent de s'être battu pour la justice, mais comprenaient sa décision de s'éloigner de la ville quelques temps. Sa mère adoptive le serra dans ses bras, lui souhaitant bonne chance et lui faisant promettre d'être prudent. Lorsqu'il leur donna la somme qu'Embreth Daramid lui avait remis, ils voulurent d'abord refuser, mais en en discutant, ils finirent par comprendre que leur fils d'adoption s'en faisait pour eux. Peut être devraient ils quitter Lepidstadt, après tout? La région était inquiétante, de toutes façons...
Dans tous les cas, le géant parvint aussi à obtenir des informations supplémentaires sur Alpon Caromarc. Ce dernier était non seulement alchimiste, mais avait été, à une époque, la personne la plus puissante du comté de Vieland. Quinze ans plus tôt, lors des révoltes communales ayant secoué le pays, il avait cédé le pouvoir au conseil palatinal sans aucune résistance, s'enfermant un peu plus dans son château. Il vivait déjà en ermite depuis la mort de sa femme quelques années plus tôt...



Alors que le soleil touchait presque l'horizon hivernal, ils s'étaient rassemblés chez Kendra pour prendre une tasse de thé, partager leurs informations et discuter de la situation avec la jeune femme.
« Je vois...je sais que Zaonessa et Aarkus sont plutôt du genre spontanés, mais j'espère qu'il ne leur arrivera pas malheur! Vous comptez les rejoindre quand? Les rumeurs en ville vont bon train, et je pense qu'on a une autre émeute en attente, même si ils ont plutôt l'air décidé à marcher vers le chateau...vous devriez pouvoir les devancer à cheval, mais... »

Elle soupira.
« Si j'avais su que cette affaire tournerait comme ça...promettez moi que vous reviendrez, d'accord? Vous avez trop fait pour moi pour que je vous laisse foncer tête baissée! Et si je peux vous être utile, je serai ravie d'au moins vous héberger. Et je dois admettre que je suis curieuse de vos découvertes. Je veux savoir si mon père obtiendra justice! »


Trestelame, harnachée dans son armure de cuir, se leva.
« Kendra à raison, il ne faut pas traîner! Et ne vous en faites pas, bien sûr que nous reviendrons! Ne serait-ce que pour vous raconter comment la Voie des Murmures a reçue la raclée qu'elle mérite! »