Aussitôt cet aveu prononcé, Gravius la prit délicatement dans ses bras sans réfléchir. « Je suis là. Je ne vais nulle part. Ne crains rien. » Prenant soin de ne pas rouvrir les blessures sous les pansements de la tiefling, le jeune homme se laissa porter par ce sentiment qui s'était emparé de lui quelques instants plus tôt.

D'une main experte, il aida Zéa à se redresser pour se dévêtir avant de l'embrasser cette fois délicatement sur la bouche, un peu comme pour s'apprivoiser. Ce court baiser eut le goût des larmes et du réconfort mais aussi un léger goût fruité, sans doute à cause de la gorgée d'alcool que la jeune femme avait ingurgité un peu plus tôt. Au moment de s'écarter, il prit le visage de la tiefling entre ses deux mains afin de la regarder droit dans les yeux, tout en caressant l'une de ses joues de son pouce. D'une voix chaude et réconfortante, il lui murmura : « Ne t'inquiète plus. Tout va bien aller à partir de maintenant. Laisse toi aller. »

Rassurer son amie fut le premier réflexe qu'il eut avant de reposer une Zéa presque timide et totalement dévêtue sur son lit. Lui-même quelques secondes plus tard se retrouva en tenue d'Adam, laissant voir les cicatrices de ses précédents combats et sa virilité raidie et gonflée par l'envie. Mais préférant l'ignorer pour l'instant, l'acteur se concentra sur les zones de plaisir de son amante et allia sa langue inquisitrice à ses doigts agiles pour amener une première fois une Zéa hésitante à l'apogée du plaisir.



Bien plus tard, lorsque les deux amants eurent rassasié leurs appétits sexuels et que leurs corps reposaient enlacés l'un contre l'autre, Gravius brisa le silence de la quiétude atteinte après l'acte : « Je... » Sa voix s'étant bloquée, il se racla la gorge avant de recommencer. Pendant ce temps-là, il caressait tendrement le dos de la jeune femme qu'il enlaçait. « Je n'avais pas du tout prévu d'agir de la sorte quand je t'ai amené ici. Je pensais au départ avant tout à ta sécurité. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je t'ai vu devant moi, si fragile, si seule. Je... Je n'ai pas pu résister à l'envie de te prendre dans mes bras... » Dans sa tête, lui-même se demandait comment il en était arrivé là. Il lui était souvent arrivé de coucher avec des jeunes femmes, mais c'était toujours pour la frivolité de l'acte et par pur appétit charnel. Mais jamais il n'avait encore été à ce point habité par ce sentiment si particulier. Ce sentiment qui ressemblait d'ailleurs fortement à ce qu'il ressentait pour la cantatrice disparue et qu'il recherchait éperdument.

Comme pour se justifier, il poursuivit : « Si cela te convient, considérons simplement cela comme un service que nous nous sommes mutuellement rendus. Je... ne suis pas encore prêt à m'engager vis-à-vis de quelqu'un et il y a... cette femme... » Aussitôt que ces paroles franchirent ses lèvres, il se maudit intérieurement. Mais quel idiot je fais. Elle va me haïr. Qu'ai-je fais ? Essayant de se rattraper, il reprit : « Je veux dire, ce que nous avons partagé était vrai. J'ai ressenti des choses que je n'avais jamais ressenti auparavant. Mais je ne suis pas encore prêt à m'engager. J'ai encore trop de problèmes et d'affaires à résoudre avant de penser à ça. » Plus il parlait, et plus Gravius avait l'impression de s'enfoncer. Il voulait aborder la question de Stréa, la précédente dirigeante des sabots fendus, mais il avait de plus en plus de mal à savoir comment parvenir à ce sujet.

Finalement et définitivement gêné, il finit par se taire. L'acteur n'avait pas l'habitude de se livrer et ayant à présent totalement perdu ses moyens, il se sentit bête d'avoir essayé de s'expliquer. Mais il espérait que la jeune femme aux yeux dorés avait compris ses propos.

Au dehors, la lumière du jour avait sérieusement commencé à décliner. Mes parents ne vont plus tarder à rentrer. Il va falloir que je leur explique la situation lorsqu'ils seront là...

Gravius soupira de soulagement à la première phrase de Zéa, avant de lui répondre juste derrière : « Je... oui, je m'en étais rendu compte. La passion qui t'habite m'a fait douter à un moment de ton manque d'expérience mais les traces de sang ne mentent pas. » faisant référence à la physionomie des femmes lors de leur première nuit d'amour.

Puis, comme pour se faire pardonner cette remarque qui pouvait passer pour un manque de tact, il lui déposa un rapide baiser sur la joue en ajoutant bien vite : « Mais à ta place, je ne douterai pas trop de ton charme. Je doute que l'homme qui partagera tes jours et tes nuits ait quoique ce soit à redire à ton sujet. Et cela concerne bien sûr... » Ne finissant pas sa phrase, il préféra caresser de sa main la peau nue de Zéa à un endroit où elle n'était pas recouverte de bandages, lui faisant comprendre là qu'il parlait de ses capacités au lit.

Voulant finir de la rassurer, il lui murmura à l'oreille : « Et évidemment que tu as mon amitié. Tu auras toujours mon amitié. Ainsi que quelques à-côté de ce type si tu le désires. D'ailleurs si tu veux remettre le couvert... » Gravius jonglait à présent entre sérieux et espièglerie. Cela lui permettait de maintenir une certaine zone de confort. Mais ces dernières phrases ayant atteint leur but, Zéa se sentit assez en confiance pour aborder un sujet qui le gênait. Shensen. Presque à regret, il se sentit le besoin de se redresser, se libérant ainsi délicatement des bras de la tiefling. Il ne sentait pas prêt à en parler, mais il ne pouvait pas non plus ignorer la question alors qu'il venait d'assurer la jeune femme de son amitié juste avant. « C'est... compliqué. » Indécis sur la conduite à tenir, il ne se leva pas du lit mais ne bougea pas non plus. À présent, la plaisanterie des galipettes au lit n'était plus qu'un lointain sujet dans sa tête.

Après quelques seconde de réflexion, il se décida. « Très bien, je vais répondre à ta question, mais j'en aurai une autre par la suite. » Sa voix était douce, mais ferme tout à la fois. « En devenant acteur, j'ai eu la chance d'entrer à l'Opéra. J'y ai alors rencontré une femme ravissante que j'ai approché avec les motifs légers que tu t'imagines. Mais loin de céder, elle me tenait tête. Tu t'imagines bien que je me suis entêté. Alors j'ai commencé à la voir de plus en plus pour le moindre prétexte. Et en la fréquentant de plus en plus, elle a commencé à me changer par son comportement, ses paroles et ses convictions. Mais avant que j'ai pu lui faire comprendre cela, lui dire qu'elle provoquait quelque chose en moi, elle a disparu. C'était quelques jours après l'arrivée de Barzillai Thrune, et depuis, je la cherche sans relâche... » Gravius garda néanmoins le nom de la cantatrice pour lui. C'était un dernier verrou qu'il n'était pas encore prêt à faire sauter.

Se tournant à moitié vers Zéa, il se reprit : « À toi maintenant. » Sa voix avait retrouvé une inflexion plus sereine. « Comment en es-tu arrivée à devoir gérer l'association des Sabots Fendus ? » La question était ouverte, et il était bien sûr curieux de connaitre l'histoire de son amie. Mais il recherchait aussi à en apprendre plus sur Stréa Vestori, la tiefling qui avait précédé Zéa à ce même poste.

« Non, tu as raison. La période qui s'annonce va être difficile à traverser. » s'entendit-il dire lorsque la jeune femme lui fit part de ses doutes.

Préférant dans un premier temps éviter de répondre sur l'identité de la femme qui le troublait, Gravius éluda d'abord la question avant d'écouter l'histoire de Zéa. Lui, qui avait toujours su que la vie des tieflings était difficile eut un élan de sympathie pour son amie lorsqu'elle révéla les années difficiles qu'elle avait traversées. Considérant quelque part que son malheur était ridicule face aux situations que la jeune femme à la peau sombre avait connues, il lâcha finalement le morceau. « C'est une cantatrice en effet... C'est... Shensen. »

Mais comme pour éviter d'en parler, il rebondit immédiatement sur la disparition de la mentor de Zéa. Il espérait que Zéa comprendrait sa réticence à revenir sur ses sujets de cœur. « Cette Stréa devait vraiment être quelqu'un de bien. Mais deux mois ? Et personne n'a essayé de la retrouver ? » Gravius imaginait bien que oui. Mais il s'imaginait que son amante lui donnerait ainsi plus de détails.

Modifié par un utilisateur jeudi 16 février 2017 01:25:37(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le visage de Gravius devint soucieux. « Non, pas de piste... » Il écouta ensuite un peu distraitement les détails sur la disparition de Stréa. « Je comprends... » fut la seule phrase qu'il trouva à répondre. Ça tombe mal. Je n'ai pas le temps de creuser la question. Il faudra que je m'en occupe quand nous aurons retrouvé le Licteur...

Mais voyant la jeune femme essayer de bouger pour se relever, il l'arrêta d'un geste doux mais ferme en posant sa main contre son épaule. « Attends, ne bouge pas. Ce ne serait pas prudent. Tes blessures risquent de se rouvrir. C'est déjà étonnant qu'après nos ébats, elles ne se soient pas mises à saigner plus. » Gravius rougit d'ailleurs légèrement, en pensant qu'il aurait du y penser sur l'instant.

Considérant qu'il devait néanmoins prendre soin de son invité, le jeune homme se leva et se rhabilla. « Attends-moi ici et reste allongée. Je vais chercher de quoi changer tes pansements. Et si mes parents rentrent entre temps, dis-leur que tu fais aussi parti des Corbeaux d'Argent. Ils comprendront. Tu n'as rien à craindre ici. D'accord ? » Il prit ensuite sa bourse et banda sa jambe blessée avant de se préparer à ressortir.

Gravius reçut la réponse qu'il attendait et se dit le délai lui semblait raisonnable tout en rangeant la statuette dans son sac. Ces deux jours devraient nous laisser juste assez de temps pour nous préparer et résoudre les autres affaires en suspend. Je lui répondrai en ressortant d'ici avec du papier et de quoi écrire.

Rassuré, il rentra dans la librarie d'un pas plutôt léger. Lisant par nécessité mais aussi parfois par plaisir sans pour autant être un érudit, Gravius ressentait comme une sorte de respect pour l'endroit. Surtout maintenant qu'il avait appris que les Thrunes sacrifiaient les livres, les connaissances et l'Histoire sur l'autel du pouvoir et du despotisme. Son esprit se mit à vagabonder en pensant à leur semi-échec sous le Fantasmagorium d'Hocum quand une voix le ramena bien vite sur Golarion. « Ah ! Bien le bonjour, Lady Crissali ! J'espère que je ne vous dérange pas. À vrai dire, je cherche conseille et je crois que vous êtes la seule personne susceptible de pouvoir me renseigner.

Voyez-vous, au cours d'une aventure haute en couleur, j'en suis arrivé à croiser un bouquin volant et parlant. Lui-même disait se prénommé Yiliv et être un scrivite. À moins que ce soit un scrivinite ou quelque chose comme ça ? Malgré ma surprise, nous avons commencé à discuter, et j'ai alors appris que ce dernier avait été invoqué par une tierce personne pour de mauvaises raisons.

Du coup, ma question va vous paraître bizarre mais j'aurai souhaité savoir s'il était possible de libérer cet étrange être du contrôle de son invocateur. Sauriez-vous si cela est possible ? » L'acteur ne savait pas trop comment aborder la question avec cette femme compétente et se dit que dans le doute, la franchise serait l'approche la plus simple.

Modifié par un utilisateur lundi 20 février 2017 14:16:38(UTC)  | Raison: Non indiquée

Gravius sourit de satisfaction. Super ! On va pouvoir libérer Yiliv de son enchantement, et pouvoir en faire un allié utile grâce aux connaissances qu'il a récupéré sous le Fantasmagorium ! Nous aurons ainsi un moyen de rétablir la vérité de l'Historie ! Mais très vite, sa bonne humeur fut écourtée par la question de l'argent. « Et bien, je m'imaginais mal pouvoir récupérer un tel parchemin gratuitement, mais peut-être pouvons-nous nous entendre sur le prix ? À combien estimez-vous le prix du dit-parchemin ? »


Vu qu'on parle de magie, je ne sais pas si je peux appliquer la compétence Estimation pour me faire une idée du prix, mais si c'est le cas, voici le jet correspondant.

Gravius pesait le pour et le contre dans sa tête. L'offre semble honnête, mais c'est une sacrée somme. Même pour moi. Je devrais essayer de m'en tirer pour moins que ça.

Aussitôt, une idée lui vint. « Écoute, je sais que ton offre n'est pas démesurée. Mais je te demande d'en reconsidérer le prix. C'est beaucoup d'argent et même si libérer le scrivénite de son contrat est important, j'ai d'autres priorités actuellement. Et si je ne peux pas le libérer, je vais devoir le tuer. Et alors nous perdrons tout le savoir qu'il aaccumulé grâce aux bouquins produits par les Archivistes, qui sont tous morts à présent. Imagine un peu tout ce que cela veut dire. Toute cette connaissance perdue à laquelle tu pourrais avoir accès !

Si tu me permets de récupérer ce parchemin gratuitement, je te promets un accès illimité à Yilliv. Tu auras ainsi une source de connaissance dont personne d'autre ne dispose. Et ça, ça vaut bien plus que tout l'or du monde, ne penses-tu pas ? » Le jeune homme savait qu'il avait touché une corde sensible chez la libraire. Restait à savoir si le poisson mordrait à l'hameçon...

Modifié par un utilisateur mercredi 22 février 2017 19:08:19(UTC)  | Raison: Non indiquée

Gravius fut quelque peu déçu. Lui espérait que Crissalia reverrait son prix à la baisse, mais en son for intérieur, il savait qu'il avait gagné du mou. Aussi accepta t-il son offre. Bon, 563 pièces d'or, c'est pas rien. Mais en même temps, vu que j'ai le temps de régler, je pourrai demander à répercuter cette dépense sur l'argent de la Rébellion plutôt que de puiser dans mes réserves personnelles. Récupérer les connaissances du scrivénite, c'est s'assurer que les Thrunes ne pourront pas faire mentir l'Histoire.« Très bien. Vendu ! Je repasserai avec le scrivénite et une partie de la somme dès que possible.

Mais avant de m'en aller, j'aurai une autre question. J'imagine qu'avec tous ces bouquins et supports autour de vous, vous devez sans doute connaitre des personnes compétentes lorsqu'il s'agit de manier une presse, non ? J'aimerai trouver quelqu'un capable d'utiliser la presse que nous avons en notre possession et qui soit discrète, ou bien qui puisse me former à son utilisation. Vous pensez que cela serait possible ? »

Modifié par un utilisateur jeudi 23 février 2017 05:29:34(UTC)  | Raison: Non indiquée

Satisfait du résultat de la discussion, Gravius la remercia : « Parfait ! Nous avons une presse sous la main. Accompagnez-moi et nous pourrons faire d'une pierre, deux coups. Vous pourrez à la fois libérer le scrivénite et lui parler. Et nous pourrons commencer mon apprentissage via la presse. Peut-être que Eilif sera disposé lui aussi à apprendre, ce qui arrangerait nos affaires. Voulez-vous m'accompagner immédiatement, ou préférez-vous me rejoindre plus tard ? »

14 Sarénith - Le Guêpier, milieu de matinée

Le lendemain matin, Gravius, Rexus et Crissali avaient réussi à s'isolger dans un coin de l'entrepôt sud du Guêpier. Rexus n'avait vraiment pas l'air d'aller très bien, mais il n'avait plus l'air hanté qui marquait son visage lors de leur dernière rencontre. Ses vêtements étaient propres et plus lamentablement froissés, et malgré son expression déterminée, il ne paraissait plus aussi épuisé. Son deuil ne devait pas être facile, mais il paraissait lentement remonter la pente. Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir l'air sceptique.
« Et vous pensez que ça vaut la peine de faire tout ces efforts pour un livre? Je veux dire...nous avons déjà les tomes d'âmes des membres de l'Ordre des Archivistes... »
Crissali lui jeta un regard noir, et il haussa les épaules.
« A vous de voir! »


Crissali, de son côté, était penchée sur Yilliv, qui était toujours bardé de cordes et de chaînes pour l'empêcher de s'ouvrir et d'attaquer. Le livre était silencieux, mais il se contorsionnait dans ses liens, ce qui était vraiment déconcertant. Crissali l'observa rapidement, et posa une main sur la couverture, concentrée.
« Oh! Je vois. »
Elle sortit le parchemin, et le lut dans une langue incompréhensible. Des chaînes bleutées, translucides, apparurent autour d'Yilliv, s'enfonçant dans le sol. Crissali termina son sortilège, et les chaînes se brisèrent. Elle fit également tomber les liens.
« Le sortilège est brisé. »


Lentement, le scrivénite déploya ses pages, reprenant sa forme humanoïde. Les rubans qui lui servaient de tentacules frémissaient, comme si il testait les limites de son corps à présent qu'il pouvait de nouveau le déployer. Il tourna son visage/livre vers Gravius.
« Vous m'avez libéré...pourquoi? »