Les trois femmes ressentirent tour-à-tour de la pitié, de la surprise, de la frayeur et enfin de la fierté lorsqu'elles écoutèrent Amaya leur raconter sa vie et ses exploits. Druvalia avait même saisi la main de la bâtarde pour la serrer dans la sienne. Lorsque la jeune femme eut finit son discours, Valéria prit le relai : « Ouf, tu m'as coupé les jambes avec ton aventure ! Et quelque chose me dit que ce n'est pas fini, vu notre récente intégration au sein des Corbeaux. Mais une chose est sûre : nous allons porter un toast à ta santé ! » Ce faisant, elle joignit le geste à la parole et attendit que tout le monde lève également son verre avant de lancer : « A notre nouvelle amie, et à une vie remplie d'éclats de rire ! » Le reste de la tablée reprit son hommage en coeur avant de vider leur verre de Baijiu d'un trait : « À notre nouvelle amie !!! »

La jeune musicienne attendit que chacun se resserve avant de poursuivre : « Et pour ce qui est des hommes, c'est très simple. Du moins, pour moi ! Choisis un homme qui fait battre ton cœur plus vite. Ensuite, montre-lui le meilleur de toi. Une fois fait, montre-lui le pire de toi. Si après tout ça, il continue de t'aimer, alors ne cherche pas plus loin. C'est celui avec lequel tu dois passer le reste de ta vie. » Son énorme sourire était communicatif et son époux, Lexis, émit un petit bruit de gorge gêné, avant de sourire à son tour.

Rickert intervint alors pour proposer à Amaya de passer à la suite, ce qu'elle accepta volontiers. Il fut d'abord question pour Rickert de faire montre de sa belle voix. Marcus posa sa guitare pour prendre le violon et Valéria attrapa sa flute.
Puis ce fut au tour de Gravius, toujours accompagné de ses amis à la musique.


La mise en bouche étant passée, le bourreau des coeurs de service proposa alors à la troupe de faire du théâtre d'impro' auquel tous durent se prêter, bon gré, mal gré. « As-tu déjà fais du théatre d'impro' Amaya ? L'un d'entre nous va prendre une pose » indiqua Gravius en pointant une petite place dégagée dans la pièce. « Puis, à tour de rôle, nous devrons nous placer et prendre une nouvelle posture inspirée par la précédente. T'inquiète, c'est vraiment simple et marrant une fois qu'on est parti. » Les postures et les déclarations furent d'abord hésitantes, mais le vin ou la bière aidant, chacun se détendit et la soirée se termina avec beaucoup d'éclats de rire.


Si tu souhaites prolonger la fête et faire des focus sur des moments précis, on peut. Si tu souhaites des modifications, je pourrai aussi éditer à ta demande. Sinon, tu peux considérer qu'on s'arrête là pour la soirée avec les artistes. J'espère ça t'aura plu.

9 Sarénith 4716 - Début de matinée, chez Rickert


Gravius frappa à l'huis, et Rickert vint rapidement lui ouvrir, souriant.
« Gravius! Entre, je t'en prie, on t'attendait. »

A l'intérieur de la petite maison du chanteur se serraient Lexis, Druvalia, Maya, Marcus et Valéria. Les costumiers, musiciens et chanteurs, de même que le petit contremaître halfling étaient en train de partager un petit déjeuner. Un panier de fruit se trouvait au milieu de la table, avec une théière fumante et une bouteille de vin. Contrairement à ses habitudes, la petite assemblée d'acteurs était plutôt silencieuse, discutant à voix basse. Le dernier décret du Seigneur-maire, visant l'Ordre du Torrent, semblait vraiment avoir choqué tout le monde. Les chevaliers infernaux, en particulier l'ordre natif de Kintargo, avaient toujours été présents dans le paysage politique de la ville, malgré la réputation révolutionnaire de la Cité d'Argent. Les voir soudain déclarés hors-la-loi aurait été impensable quelques mois plus tôt.


Marcus releva la tête, et sa tasse de thé, et tout le monde salua Gravius après lui.
« Ah! L'homme de l'heure! Alors, Gravius, on est tous là...qu'est ce que tu nous veux? J'espère que ce sont de meilleures nouvelles que ce qui se raconte en ville en ce moment... »

Druvalia haussa un sourcil, retenant difficilement un sourire.
« Toi aussi tu nous as manqué, mais ne te sens pas obligé de nous donner tous les détails! Enfin, pas aux autres, moi ça m'intéresse. Elle a un nom cette beauté? »

Maya frappa l'arrière de la tête de Druvalia, alors que Lexis s'éclaircissait la gorge, l'air gêné. Ce fut Valéria qui répondit la première.

« Etonnament facilement, en fait. C'était même une bonne idée de se produire dans les rues! Même si l'opéra est fermée, ça ne veut pas dire que les gens n'ont pas envie de voir du spectacle, et on a eu pas mal de succès! Pas encore assez pour en vivre, mais je pense que ça va venir, au moins jusqu'à ce qu'on puisse remonter sur les planches. »

Rickert poursuivit.
« Et tu n'avais pas tort non plus...On entend vraiment tout ce qui se dit en étant aussi proche du public, et les gens ont beaucoup plus de facilité à parler avec des artistes, surtout ceux qui traversent une mauvaise passe. Ca nous fait des choses en communs. Bon, on a bien du démonter deux ou trois fois la scène parce que la garde trouvait qu'on prenait trop de place, mais dans l'ensemble ils ne font pas attention à nous. En espérant que ces infos ont pu vous être utiles... »

Lexis secoua la tête.
« Rien de vraiment marquant: les trois sujets de conversation de la ville en ce moment ce sont les nouvelles taxes, la dissolution de l'Ordre du Torrent, et nous. Tout le monde à l'air de s'interroger sur le renouveau des Corbeaux d'Argent, et sur leur prochaine action. »


Maya, hésitante, l'interrompit.
« Enfin...il y a autre chose, mais je ne sais pas si ça a le moindre intérêt...ou même de fondement dans la réalité. Apparemment, l'ambassade de Nidal a été complètement abandonnée et les diplomates évacués à cause de la guerre civile. Mais la Haute Prêtresse de la Pyramide des Ombres, le temple de Zon Kuthon sur la colline des temples est toujours là. Par contre, personne n'a l'air d'avoir la moindre idée de pourquoi elle n'a pas bougé... »

Rickert haussa les sourcils, l'air surpris.
« Wow, wow! Attends une minute! Si je comprends bien, tu veux qu'on serve plus ou moins de...d'organe de communication? Enfin, j'ai pas de problème avec le principe, les pièces et le théâtre ont toujours servi à raconter des histoires et à transmettre des messages, mais comment on va réussir ça? »


Valéria, elle, était déjà en train de réfléchir, les sourcils fronçés.
« On ne peut clairement pas expliquer ça clairement...et si on écrivait une nouvelle pièce? Je sais qu'aucun d'entre nous n'est dramaturge, on devra peut être s'y mettre à plusieurs, mais puisqu'on est quitte pour rester discrets pour l'instant, on peut peut-être trouver quelque chose... »


« Je crois que j'ai une idée...On pourrait commencer par ressortir ce qu'on sait comme histoire sur les Corbeaux d'Argent, la première génération, rappeler ce qu'il ont fait pour Kintargo. Il doit bien rester des légendes quelques part! Et ensuite on pourrait s'en servir pour expliquer quel est le but de notre nouvelle génération, tout en évitant les ennuis. Pour autant que je sache, ce qu'on risque de pire, c'est une nuit dans une tour de garde et une amende pour avoir organisé une pièce non-approuvée. Si jamais ils changent la loi, il sera toujours temps de trouver une autre solution. »
Elle se tourna vers Gravius.
« T'inquiètes pas, on va trouver une solution. Et toi, du coup? Puisque vous n'allez pas pouvoir être trop actifs, qu'est ce que vous avez prévu...enfin, si tu peux me le dire, bien sûr. »

9 Sarénith 4716 - Milieu de journée, quartier de Toits-Rouges

Toits-rouges ne s'était pas véritablement amélioré depuis leur dernière visite...l'endroit avait toujours cette atmosphère de crasse, de misère et de désespoir. Mais il y avait au moins une amélioration notable: plus aucun tiefling n'arpentait les rues dague à la main, un foulard rouge sur le visage. En fait, il croisa même quelques humains et tieflings qui le saluèrent. Si Toits-rouges était toujours un ghetto misérable, au moins y avait-il une lueur d'espoir à l'horizon, à présent que les habitants ne craignaient plus...ou en tout cas, bien moins, de sortir après le coucher du soleil et d'arpenter les rues.

Cependant, leur intervention avait eu un effet indésirable. Sans doute vexé d'avoir perdu ses "alliés", ou bien peut être à cause des ordres de vigilance renforcée, le capitaine Pera avait augmenté les patrouilles dans son district également, et Gravius croisa plus d'un groupe de dottari arpentant les rues, masse au poing et regard inquisiteur.

Esquivant jusque là les troubles, il avait souhaité une bonne journée à ses amis, les laissant à l'écriture de leur pièce, afin de ralllier Toits-rouges et de se renseigner à la fois sur Zéa et sur la Maison Ombrage, l'ancien repaire des Plumes Rouges. Pour ce dernier, en tout cas, le constat était simple. Il s'était glissé à l'intérieur de l'église toujours en ruine, et constatait qu'il y allait avoir pas mal de travail ne serait-ce que pour doter l'endroit de portes et fenêtres au lieu de planches vaguement clouées.

L'étage était un peu plus prometteur, mais les toits n'étaient pas forcément faciles à arpenter, et l'endroit manquait de sous sol. En fait, le principal problème était tout de même l'absence de voie d'évasion simple: l'église était au milieu d'une petite place, aucun bâtiment n'était facilement accessible par les toits, et il n'y avait pas d'accès aux souterrains de la ville...

J'espère que je ne t'ai pas coupé l'herbe sous le pied. On peut poursuivre la conversation précédente si tu veux. Sinon, j'ai commencé par le QG parce que c'était plus simple, ça laisse à Gravius le temps de choisir comment se renseigner sur ce qui a pu arriver à Zéa.

Sur cette affaire, l'intuition de Gravius se révéla payante. Il lui fallut bien une heure pour fouiller le bâtiment dans son ensemble. Le rez de chaussée fut rapidement éliminé, de même que le toit du corps principal du bâtiment, qui ne comportait aucune cachette, mais il entreprit de retourner systématiquement les dortoirs puants des tieflings, avant de finalement découvrir quelque chose au sommet du clocher.

Ils n'avaient pas eu le temps de fouiller cet endroit en détail lors de leur précédent passage, préférant prendre la fuite avant d'alerter trop de monde, mais là haut se trouvait une sorte de nid fait de bric et de broc, celui de Scarplume qu'ils avaient déjà rapidement examiné. A présent qu'il avait le temps de regarder l'endroit en détails, cependant, il trouve quelque chose qu'ils avaient manqué lors de leur premier passage: une cape soigneusement pliée et rangée sous le nid. En la dépliant, il put voir qu'elle avait un motif de plumes noirs, comme les ailes d'un corbeau.

Rien d'autre, en revanche, qui puisse leur être utile. Certains d'avoir fait le tour de l'endroit, Gravius décida de s'éclipser et d'aller consulter l'association des Sabots Fendus, espérant qu'ils pourraient lui en apprendre plus sur ce qui était arrivé à Zéa.


Malheureusement, en arrivant à ce qui leur servait de siège, une vieille bâtisse insalubre, il découvrit que l'endroit était presque vide, là où auparavant se pressaient des dizaines de tiefling qui n'avaient nulle part où dormir. Il reçut des regards curieux de ceux qui vivaient là, jusqu'à ce que l'une d'entre elle, à la peau noire comme du charbon et aux yeux luisants comme des braises, même dans la lumière de l'après midi, l'interpelle.
« Qu'est ce que vous faites là? Vous cherchez quelque chose? »

Psychologie DD15

La jeune tieflinne se rapprocha, étrécissant les yeux en dévisageant Gravius, et sursauta soudain, l'air embarassée. Ce qui, avec son physique, lui donnait un air très étrange.
« Oh! Vous êtes...je...désolée, je ne vous avais pas reconnue! J'ai cru que c'était ces fils de chienne de la milice qui revenaient...Veuillez excuser mon accueil, Ser Corbeau, je sais ce que vous et les vôtres avez fait, et je vous en suis reconnaissante, comme nous tous ici. D'ailleurs, grâce à vous, beaucoup on pu retourner vivre ailleurs, maintenant que ces pourritures de Plumes Rouges ne hantent plus les rues et qu'on ne risque plus de se faire égorger pour un regard de travers! »

Son expression s'assombrit, cependant.
« Je suis pas sûre d'où se trouve Zéa. Il y a trois jours, un groupe de miliciens s'en prenait à deux des notres, et Zéa est intervenu. Courageux, certes, mais elle ne faisait pas le poids contre quatre miliciens. Ils l'ont emmené, et honnêtement, je crains le pire, mais je ne pouvais pas laisser les Sabots Fendus sans personne. J'ai demandé à ceux des nôtres qui le pouvaient de se mettre à sa recher... »

Elle fut interrompue par un autre tiefling qui déboula dans les lieux, bousculant Gravius au passage.
« Vazima! On l'a retrouvé! Elle est au parc d'Aria! On a besoin d'aide! »
Il avait les cheveux en bataille, et si on ne regardait pas avec attention, il était difficile de noter ses petites cornes caprines. C'était l'un des tieflings ayant l'air le plus humain que Gravius avait pu croiser. Il ne devait pas avoir plus d'une douzaine d'années, et était à bout de souffle.

Vazima se mordit la lèvre, indécise, mais finit par attraper un marteau sur un établi proche, le rangea à sa ceinture, et emboita le pas à Gravius, filant vers le parc d'Aria en contournant la Colline du Temple par le sud. Ils pressaient le pas, mais courir était impossible: le jeune tiefling qui les accompagnait peinait déjà à retrouver son souffle, et ne pourrait clairement pas les suivre. Sans parler du fait que ça attirerait l'attention.

Le jeune tiefling, essayant de reprendre sa respiration, se lança dans une brève explication de ce qu'il avait découvert.
« Ils sont à l'un des bassins, sur le sud de la place! Ils sont quatre, et il y a deux chiens avec eux, mais c'est très bizarre. Ils ont construit une espèce de niche en bois, couverte de pointes sur l'intérieur, et Zéa est coincée là dedans! Elle a l'air épuisée, je ne sais pas depuis combien de temps elle est là. Et il y a deux chiens, des bêtes énormes, qui sont enchainés juste hors de portée! Je ne sais pas à quoi ça rime, mais les miliciens disent à qui veut l'entendre qu'ils font un exemple d'une rebelle! »

Vazima secoua la tête, essouflée.
« On a personne sur place, du moins pas qui sache se battre! »

Le jeune tiefling, lui, essayait de donner une meilleure idée de la situation.
« De gardes, je sais pas, mais des miliciens, ils sont quatre qui gardent Zéa! Je crois que les patrouilles les ignorent... »

Débouchant sur la place, ils durent ralentir l'allure, à la fois parce qu'ils commençaient à être épuisés, et surtout pour ne pas (trop) se faire remarquer. La place était aussi animée qu'à l'accoutumée, marchands vendant leurs produits, en particulier des fruits et de la cuisine de rues. Les vendeurs de beignets au saumon argenté étaient particulièrement apprécié. Des artistes de rue se mêlaient à eux, certains chantant, d'autre jouant de la musique, d'autre encore débatant de vive voix. Une quinzaine de gardes se trouvait sur la place, mais elle était si immense qu'ils ne paraissaient pas si nombreux. Bien sûr, à l'extrémité de la place se trouvait l'Opéra de Kintargo, deux gardes portant les armoiries des Thrunes surveillant la porte.

Le tiefling les guida jusqu'à une partie plus calme de la place, en bordure d'un bassin où flottaient des nénuphars. Une plate-forme sur pilotis se trouvait au centre du bassin, bordée de barrière de bois. A l'origine, ces lieux accueillaient les performances spontanées des chanteurs, musiciens et orateurs, ou servaient aux habitants de salon en plein air pour discuter au bord de l'eau. Juste derrière le bassin se dressait d'ailleurs toujours la statue de Jilia Bailinus, la précédente maire de la ville et patronne reconnue des artistes.

Mais aujourd'hui, le salon flottant servait un but bien plus sinistre. Les miliciens dont le tiefling avait parlé gardaient les deux passerelles, éloignant les passants à coups d'invectives et de regards hostiles. Sur la plate-forme elle même se trouvait ce qui ressemblait effectivement à une niche légèrement surdimensionnées, des pointes d'acier transperçant la structure. Deux chiens, des molosses qui n'avaient rien de surnaturels mais paraissaient féroces, étaient enchainés juste hors de portée.
A l'intérieur, ils pouvaient distinguer une silhouette qui peinait pour rester recroquevillée, évitant de se blesser sur les pointes et luttant contre l'épuisement et les crampes. Ils étaient trop loin pour vraiment pouvoir distinguer ses traits, mais sa peau grise et ses cornes ne laissaient aucun doute sur le fait qu'il s'agissait de Zéa.
Vazima serra les poings, sa main se posant sur le manche de son marteau.

Carte
J'espère que ça te donne une meilleure idée de la disposition des lieux.