Cela faisait moins d'une journée que Léarque suivait la rodeuse et pourtant il avait déjà éprouvait tout un panel d'émotions. Tout d'abord de la gratitude pour Shalelu qui lui avait permis d'avancer, puis du doute en allant parler au marchand, ensuite de la joie quand ces derniers ne l'avaient pas rejeté et enfin de la surprise et de la méfiance quand cet individu bondit hors de son abri. Ce panel s'étoffa encore durant les instants qui suivirent.

Il y eut d'abord de la tristesse quand on parla de ses cornes et du reproche quant à sa réaction excessive. A première vue, Xorkun, comme il s'était annoncé, n'était pas hostile, pourtant Léarque et Griscendre avaient sorti armes et crocs. Une fois, l'arme au sol et le danger atténué, il rangea son chakram mais garda sa lance en main. Cependant il abandonna son air menaçant et se redressa.

Alors qu'il réfléchit à la situation, il fut déboussolé par une petite gobeline qui se présenta à leur côté. Surtout qu'elle s'adressait à Shalelu qui venait tout juste de transpercer un de ces congénères.
Très heureuse de rencontrer celle qui a dû décimé bon nombre de gobelinoïdes en tout genre. Ce doit être une suicidaire ou une folle.
Cependant la surprise de Léarque ne s'arrêta pas là, la seconde intervention de Korrigan ajouta l'incompréhension à la liste des émotions du jour.
« Quoi ?! »

Il ne savait plus où donner de la tête, mais cela était loin d'être fini. Il vit la femme, qui s'était approchée avec un bout froissé de papier tendu, reculait en s'adressant à lui dans avec un ton résonnant à l'intérieur de son corps. Chacun des sons qui sortit de sa bouche semblait incompréhensible pourtant le sens de ses paroles fut limpide. Même si la forme du discours étonna Léarque, le contenu par contre lui rappela de nombreux souvenirs.
« Même si je pouvais la prendre, à quoi me servirait ton âme ? Et quelle est cette langue étrange mais pourtant si familière ? »

Voyant la dernière personne s'approchait le chasseur se demanda bien quelles nouvelles émotions cet individu pouvait ajouter à la toile.
Homme cornu, petit ami et félon. Quel pourrait-être mon prochain qualificatif ?
Étonnamment, Karen parut la plus normale des nouveaux individus. Si on peut nommer un oiseau de cette taille parlant le commun comme normale. Au moins son attitude et son discours rationnel eurent l'avantage de rétablir le calme dans l'esprit de Léarque.
« Nous venons d'arriver sur la scène, je ne pense pas que nous soyons d'une grande aide. Les marchands sont derrière nous si vous souhaitez les interroger. »

Le jeune homme refit le tour des quatre arrivants et de l'ensemble des émotions qu'ils avaient suscité tour à tour, puis se tourna vers Shalelu :
« C'est tous les jours comme cela en dehors de la forêt, ou il y a des jours plus calmes ? »
En tout cas, si la journée continuait dans cette lancée, elle promettait d'être épuisante émotionnellement.
Les bois et les animaux les peuplant avaient au moins l'avantage d'être bien plus calmes.

Voyant Shalelu s'éloigner, Korrigan put enfin reporter son attention sur Léarque. Elle n'arrivait toujours pas à croire qu'elle avait rencontré son idole, elle était quasiment sûre que l'elfe lui avait esquissé un sourire, enfin pas quasiment sûre mais au moins l'avait elle considéré.

Hiiiii ! Shalelu est tellement cool ! Vous avez vu comment elle m'a regardé ? Je suis surement la première gobeline à avoir put m'approcher aussi près d'elle ... et y survivre bien entendu ! Kss Kss Kss !

Puis se retournant vers Léarque, elle prit le temps de juger plus longuement le personnage. Shalelu venait après tout de lui recommandé de les accompagner. Aussi malgré sa complexion satanique devait il avoir un bon fond pour que l'elfe l'ait autorisé à l'accompagner jusque là. Korrigan avait bien entendu une foule de question à lui poser.

Alors alors ? Est ce que tu es le petit ami de Shalelu ? Comment tu l'as rencontré ? Ça fait longtemps que tu es avec elle ? Et pourquoi elle s’intéresserait à toi ? Tu fais plutôt quelconque pour un démon ! Pourquoi t'es petit du coup ? Sinon est ce que je peux caresser ton chien ? Il est trop mignon !

La sorcière n'attendait pas à se faire prier qu'elle se dirigeait déjà inconsciente, bras devant, vers le loup, ménageant à peine son excitation.

Coucou Griscendre moi c'est Korrigan !

Korrigan et son attitude amusait beaucoup Karen qui aurait pu sourire si elle avait eu une bouche. Elle enregistrait les informations qui passait.

« Pardonnez cette contradiction, Dame Shalelu... Les marchands ne pourraient-ils pas nous raconter d'abord l'histoire à nous qui essayons de régler le problème ? » demanda Karen à Shalelu en parlant des marchands. Elle tenterait plus tard d'échanger avec chacun des membres de leur petit groupe naissant.

« Le moindre détail pourrait s'avérer précieux. » ajouta l'inquisitrice.

Voila que je parle comme un tengu... Il faut que je me méfie des stéréotypes éventuels des gens d'ici. Combien de fois mon père a t'il eu des soucis...

« Léarque est vraisemblablement un tieffelin Korrigan : une personne dont l'arbre généalogique comporte une créature d'un des plans "maléfiques". Comme notre chère Annah l'a vraisemblablement revendiqué pour elle-même à en juger par la réaction de Léarque. Autrement dit, le """démon""" c'est son ancêtre pourrait-on résumer. Bien que la réalité soit souvent autrement plus complexe. Mais je peux me tromper... » précisa Karen en se retenant de faire comparer tieffelin et démon à gobelin et hobgobelin, car ce n'était pas pertinent, même si ca permettait de mettre en valeur les différences, plutôt que les ressemblances.

Mais je suis actuellement incapable de préciser quelles sont leurs origines exactes à tout deux.

Modifié par un utilisateur vendredi 12 mai 2017 14:26:45(UTC)  | Raison: Orthographe

Annah récupéra son affiche et s'empressa de la fourrer dans sa poche. Elle esquiva le questionnement de Léarque. A la place elle se contenta de fuir son regard et de tracer du pouce des demi-lunes sous son cœur à chacune de ses phrases.

« Ne t'approche pas de moi cambion ! »

Au contraire de ses invectives précédentes, la tieffeline avait baissé la voix au point de la rendre difficilement audible. Elle semblait cette fois craindre le pire si bien qu'elle ne fit aucune réflexion désobligeante à Korrigan malgré le surplus d'opportunité qui se présentait.

Lorsqu'elle eu l’assurance que l'attention de Léarque s'était reporté sur ses camarades elle s'éclipsa de la conversation, fit le tour de la caravane et alla regarder de plus prêt l'ampleur des dégâts qu'avait causé la détonation. Cela ne pouvait pas être inutile d'aller voir par sois même la chose afin d'évaluer l'avantage tactique que constituait la nouvelle arme détonante des lèches-crapauds. Lorsqu'elle eu terminé Annah, retourna près du groupe et se tint cette fois ci à bonne distance du nouvel arrivant et de son molosse.

« Un Tieffelin ... »
Léarque avait déjà lu des histoires parlant de ces enfants en partie démon. Cependant il a toujours considéré cela comme des contes pour effrayer les enfants, des histoires à raconter au pied de la cheminée les soirs d'hiver. Puis il prit du recul et fit le point sur ses déformations.
Cornes, queue écailleuse, canines disproportionnées et peau rouge.
Cette parenté félonne expliquerait beaucoup d'éléments. Par contre, il n'avait jamais entendu parlé d’événements similaires dans sa famille.
Il faut que j'en apprenne plus.

Se promettant de se renseigner par ses faibles moyens plus tard, il reporta son attention sur le problème actuel, les gobelins. Une fois la situation de nouveau exposée par les marchands, il se tourna vers Karen et Korrigan qui attaquait Griscendre à grands coups de caresses dont le pauvre ne savait pas se défendre.
« Je pense qu'il va falloir que nous nous enfoncions plus dans ces marais pour savoir d'où ce sort a bien pu partir. Par contre votre amie va-t-elle continuer à me fuir longtemps ? »

Xorkun descendit de son abri, non sans avoir ramassé son arme dans l'herbe. Après avoir observé la situation, il s'invita dans la conversation sans quitter des yeux Léarque. Il songea intérieurement :
Est-ce là un trait propre aux demi-démons que de parler par le sang lors des rencontres ? Quand je pense que mon peuple a longtemps été décrit comme raciste et brutal.

Son à priori sur lui était le reproche. Ce dernier l'avait clairement menacé, sans doute, mais c'était loin d'être ce qui faisait l'objet de reproches: Ce chasseur tenait un chakram à bout de bras de façon plutôt étrange... Comme s'il n'avait jamais vraiment appris à s'en servir. Certes, Xorkun ne pouvait pas se vanter de savoir l'utiliser: lui-même était encore maladroit à l'usage de certaines armes. Cependant, il avait déjà vu des hobgobelins tenir des chakrams et ces derniers ne négligeaient pas leur posture.

Il lui adressa alors ces mots assez rudes :

-Tu es autodidacte, non ? La façon dont tu tiens ton chakram n'a rien de conventionelle. Si j'avais été à ta place, je l'aurais plutôt incliné à 20°. De plus, ta position était peu sûre, tu devrais plus t'ancrer avant de penser à tirer et ne relâcher cette posture qu'une fois que ton arme a atteint la cible. Oublions cela, comme je l'ai dis, je me nomme Xorkun, le "nabot". Généralement, je n'ai pas honte de ce sobriquet utilisé par mes supérieurs et mes camarades hobgobelins mais j'hésitais à l'employer auprès de mes employeurs. Nous espérons que tu t'intégreras vite car la mission est imminente."

Il regarda ensuite le loup, sans spécialement réagir comme Korrigan que ce soit en l'escaladant ou en le caressant, et sourit : Il sortit son livre sur la foi verte et consulta une page associée au loup, il s'agenouilla un moment et dit :

"Duh Wolf, Sentinel Plains, vratar plenilci in totem vojne in krvi, klanjam pred vami. Skozi zvesti prijatelj Griscendre, podari nam imeti dovolj moči za dokončanje bitka, ki nas čaka. Lahko izostriti moje pesti vaš fangs in zanetile svoj okus krvi več kot strah pred smrtjo."


Il se releva ensuite, sortit sa carte et la consultat avant de regarder en direction du marais :

-Nous y sommes, il faudrait avancer... Je propose de nous asperger de l'eau des marais afin de masquer notre odeur avant d'y entrer. Je recommande une grande vigilance et préconise que nous y entrons en formation de quinconce : Un carré de 4 et l'un d'entre nous va au milieu. Ce dernier devrait avoir une vue particulièrement acérée et avoir une vue dégagée afin de pouvoir guetter à son aise sans être menacée. Afin de tester votre vue, je vais reculer en montrant un certain nombre de doigts à chacun de vous à tour de rôles. En fonction de la qualité de votre vue, nous verrons lequel d'entre nous est le moins myope. Cela vous convient-il ?"

Concrètement, c'est un test tout bête pour tester "en faisant 10" sur les tests de perceptions pour calculer en RP lequel d'entre nous a l'indice le plus élevé en perception... Mon personnage s'exclut volontairement car il pense être plus utile en avant-garde dans un des quatre coins de la formation en quinconce.

Toujours en retrait d'une bonne douzaine de mètres, Annah épiait les faits et gestes de tout ceux qui entraient dans son champs de vision. Elle avait positionné ses mains le long de ses cuisses et caressait négligemment du bout des doigts la poignée de ses quabs.

« Jissh, j'en sais rien polygone, fait comme tu veux. » - Puis elle rajouta à l'attention de Karen. - « Oh tu as une bonne vue, tu veux parier une voile d'or ? Je préfère juste te prévenir sycophante, j'ai ce petit penchant pour les majeurs ! »

Annah tendit alors les bras devant elle et plia les doigts de ses mains afin que seuls cinq d'entre eux restent dressés : l'indexe et le pouce à gauche et le le pouce, l'indexe et le majeur à droite.

« Alors, combien de mes doigts ne sont pas pliés ? »

Modifié par un utilisateur vendredi 12 mai 2017 23:05:16(UTC)  | Raison: Non indiquée

Annah totalement terrifiée par les accusations incessantes de Karen se leva d'un trait, remettant d'une même coup à plus tard le jeu de dupe en court.

« Arrr... ferme ton clapet avec ça sycophante. C'est pas le genre d'accusation que tu peux lancer comme ça et espérer qu'on en rigole. » - la tieffeline fut parcourue d'un frisson. - « C'est le genre de chose que tu dis de quelqu'un pour qui tu réserves au moins l’exile si ce n'est le bûché. »

Annah espérait en avoir finit avec Karen pour le moment, elle tremblait de terreur et croisait les doigts pour ne plus jamais la revoir une fois qu'elle aurait quitté la ville. Elle n'avait pas moucheté à la taverne lorsque Karen ne l'avait pas salué (j'ai double-check et effectivement Karen ne s'est jamais présenté à Annah.) et elle n'en revenait pas que ses premiers mots à son égard soient de cette nature. Jamais elle n'avait fait pire rencontre et même la compagnie de Léarque - dont elle avait une peur panique - commençait à lui paraissait douce en comparaison.

« Tu veux quoi polygone ? Il me semble que personne ne s'est encore prêté à ton test de vue et qu'il faut bien un premier. Soit on fait ton idée soit on la fait pas moi je m'en fou mais soit clair...

Oh et puis merde si tu veux pas de mon aide débrouille toi. J'ai eu la faiblesse de croire que tu m'aurais apprécié, même en silence, même sans rien dire, pour avoir accouru à tes côté au premier signes de tension et pour avoir soutenu là maintenant ton idée de test de vue mais apparemment quand on t'aide c'est jouer. »

En temps normal une pique marquée d'un rictus sarcastique viendrait ponctuer sa phrase mais Annah était trop préoccupée pour s'encombrer de son habituelle gymnastique verbale. Peut-être cela était-il préférable pour la sobriété générale de son propos.

« J'ose pas imaginer ce que les bons gens de Pointesable t'on fait subir en tant qu'Hobgoblin mais force est de constater que ça te fais ni chaud ni froid qu'on lapide sous tes yeux quelqu'un qui vient tout juste de s'interposer spontanément entre toi et l'arc de Shalelu. »

Elle se massa le crâne du bout des ongles avant de commenter le plan du militaire de carrière. Lorsqu'elle eu finit elle avait cinq marques d'ongles profondément appuyés sur les tempes. Elle n'y était pas allé de main morte, signe de son anxiété grandissante.

« On ira de front ensemble si ça te chante polygone mais je suis pas un soldat aguerri alors garde tes ordres et ton jargon militaire pour toi. Je sais encaisser et envoyer quelques torgnoles mais le peu que je connais je l'ai appris sur le tas à mesure qu'on me cherchait des noises. »

Les remarques de Korrigan et Karen firent sourire Léarque. C'était sûrement leur façon de l'intégrer au groupe, il se demandait pourtant comment la plus petite pouvait inventer ces histoires abracadabrantes.
« Je vais te donner un indice : je ne connais pas Annah. Maintenant je te laisse faire les bonnes déductions. »

Il savait très bien qu'une telle réponse allait alimenter l'esprit de la gobeline, mais il n'avait pas envie de répondre précisement à chacune de ses questions personnelles sans solides fondements.
Et puis cela peut être amusant.

Même s'il commençait à apprécier une partie du groupe, l'autre le désespérer. A peine est-il sorti de la forêt qu'il rêvait déjà de retourner dans cet environnement calme et reposant. Il n'avait pas l'habitude des discussions animées et sans fin de ces voyageurs. Shalelu était bien plus posée et plus concise, ce qui lui convenait parfaitement. En plus, le discours tenu par Xorkun lui rappelait les formulations de son père, garde à Pointesable. La rigueur et la cadence de sa voix lui évoquèrent de biens mauvais souvenirs.

« Mais vous ne voulez pas arrêter de parler, vous me faites mal à la tête.

Xorkun, je ne me prêterais pas à ton jeu. Ce n'est pas les aveugles qui doivent protéger ceux qui ont la vue la plus perçante, mais les personnes les plus douées au combat qui doivent protèger celles qui le sont moins. De ce point de vue, je pense que Korrigan doit être au centre ou peut-être Karen. Quelque soit la qualité de leur vision.

De plus, mon compagnon n'est pas une bête de charge mais un prédateur. Si on se fait attaquer, il sera dans les premiers à riposter, et non un mulet au milieu de nous. »

Puis il se tourna vers Annah pour l'observer attentivement, remarquant qu'elle n'avait ni cornes, ni dents démesurées ou autres appendices visibles.
Elle ressemble fortement à une humaine.
« En tout cas, s'il y a un bûcher, je pense que d'autres brûleront avant toi. D'ailleurs, tu es celle qui paraît la plus normale d'autres nous, alors pourquoi t'inquiète-tu autant ? »

Leur mission était pourtant simple, ils devaient voir ce que les gobelins pouvaient manigancer. Il n'y avait pas besoin de tergiverser pendant des heures.
« Si nous voulons avancer, il faut plus d'actions et moins de paroles. Ce sont des gobelins, pas des griffons. »

A ces paroles, le jeune Tieffelin se tint prêt à se mettre en mouvement. Sentant l'attitude sérieuse de son compagnon, Griscendre arrêta de jouer en écartant doucement Korrigan et vint se placer au côté de Léarque.