Aloïs écoutait, se retenant de parler, toute réflexion pouvant être mal prise mise de côté. Une fois que certains s’étaient exprimés, il parla sans ses gestes habituels, de manière plus réservée, réfléchie. «  Où alors on modifie cette lettre-ci avec un ton hautain, limite menaçant, disant qu’une fois au pouvoir, Tsuto prendra légitimement la direction du Lotus.  »

Il haussa légèrement les épaules avant d’ajouter… «  C’est la seule chose que j’ai imaginée, outre le fait de réaliser des actes qui empiètent sur le Lotus en disant qu’on était dirigé par Tsuto et donc qu’une rivalité naisse entre les deux.  »

Après quelques délibérations supplémentaires, les membres de la caravane tombèrent plutôt d'accord avec les idées de Yogo et Quoovar: essayer une approche pacifique avec le Lotus Jaune, sans pour autant se mettre en position de faiblesse, et régler au plus vite le problème de Tsuto. Ameiko et Amaya préféraient rester avec la caravane, de même que Sandru. Mieux valait ne pas trop se séparer, et Kurimi s'était déjà opposée à ce qu'Ameiko visite la cité...de nuit et alors que Tsuto rôdait, la future impératrice savait qu'elle ne parviendrait pas à faire plier la samouraï. Kuro et Koya restaient également, de même que Lela et la plupart des aides et conducteurs qui étaient revenus, même si Shae, Layla et Jal n'étaient pas encore rentrés. Shalelu proposa d'aller à leur recherche, et Hibana décida de l'accompagner, puisque l'elfe ne parlait pas Tian.

Kelda avait récupéré sa hache, et l'avait posé sur son épaule, ses tatouages s'illuminant doucement.
« Je vous accompagne! Je pense que deux bras de plus ne seront pas de trop, et si jamais il y a besoin d'un peu de...persuasion, je devrais pouvoir vous prêter assistance. Sans parler du fait que j'ai un compte ou deux à régler avec Tsuto et les Crocs Blancs. On y va? Mirai, tu peux nous guider? »

Modifié par un utilisateur mercredi 21 novembre 2018 21:07:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le Lotus Jaune


Kelda sur les talons, Quoovar, Yogo, Hoshin, Aloïs et Mirai sortirent de la Chambre d'Or, alors que Shalelu et Hibana s'éclipsaient par l'autre porte à la recherche de Shae et des caravaniers qui étaient encore dehors. Le petit groupe avançait d'un pas déterminé, lames au côté, arc à portée de main, prêts à se défendre si nécessaire, mais surtout porteur d'une promesse: celle de ne pas laisser Tsuto continuer de leur barrer le chemin.

Cependant, leur marche vers lui fut de courte durée. Ils tournèrent à peine le coin de la rue qu'ils se rendirent compte que la rue était déserte...si l'on exceptait un groupe de huit personnes qui leur barrait le passage. Tous portaient du jaune dans leurs vêtements, et ils paraissaient les attendre.


Une femme sortit de leurs rangs et s'avança vers eux, s'inclinant en pressant son poing dans sa paume, un salut traditionnel Tian Shu. Sur le dos de ses mains apparurent brièvement deux lotus en fleur, tatoués à l'encre dorée sur sa peau. Elle arborait un sourire courtois.
« Bonsoir, étrangers. Veuillez pardonner cette interruption, mais il se trouve que nous avons à faire avec un de vos associés. Que je vois ici présent. Nous n'avons aucune intention de troubler votre présence dans cette cité, mais nous ne pouvons pas non plus laisser n'importe qui briser les règles, même tacites. Remettez nous l'Aasimar qui vous accompagne et nous vous laisserons passer. »

Le Lotus Jaune



La femme inclina la tête en signe de salutation.
« En effet, il s'agit bien de vous. Et votre version des faits ne correspond pas tout à fait à celle que nous avons. Mais ce n'est plus une question d'argent. Nous savons que vous êtes capables de magie. Nous savons qui vous cherchez, qui vous recherche, et pourquoi. C'est notre réputation qui est en jeu maintenant. Nous ne souhaitons pas nous battre pour l'instant, pas si une autre solution est possible. Le Lotus est curieuse. Que proposez vous pour racheter l'entâche sur notre réputation? »

La jeune femme réfléchit à la proposition d'Aloïs, restant plutôt impénétrable. Elle pesa soigneusement ses mots en répondant.
« C'est un...compromis tolérable. Nous ne nous mettrons pas en travers de votre différent. Pour le moment. Cependant, j'ai peut être une meilleure proposition à vous faire: un duel. C'est à cette condition que l'honneur sera sauf. Cela vous convient il? »

Mirai n'avait pas eu le temps d'intervenir, et Alois fonçait tête baissé dans les problèmes. Mais elle décida d'intervenir avant que les choses n'empirent vraiment. « Un duel? Le même auquel j'ai eu droit quand le Lotus a voulu me tester avant de me prendre comme agent? J'ai réussit à m'en sortir uniquement parce que je suis capable de choses que le Lotus n'imaginait même pas. »
Elle s'avança et se plaça à côté d'Alois. « Je connais les méthodes du Lotus, et je sais de quoi vous êtes capables. Ne me faite pas croire que la réputation du Lotus est entaché par le comportement de cet ignorant.
Vous avez une version différente de la sienne, ce n'est guère étonnant. Cela nécessite forcément d'en venir à une telle barbarie? »

Le moine suivait la conversation avec stoïcisme. Il était prêt à intervenir et aider ses compagnons, si la situation dégénérait, mais pour une fois, il trouvait la réaction d'Alois mesurée. Ce dernier se proposait même de baisser le pantalon, ce qui l'avait fait sourire. En tout cas, il était prêt à réparer son affront. Les interventions de Yogo et Mirai lui semblaient davantage propices à mettre de l'huile sur le feu, en promettant au Lotus le malheur sans sauver leur honneur.

Le moine soupira.

« Hé bien, votre diplomatie est des plus efficaces : nous avons officiellement des nouveaux ennemis dangereux, sur leur territoire. J'espère que les autres membres de la caravane n'en pâtiront pas... Qu'Alois baisse son pantalon n'aurait pourtant pas causé un gros préjudice, il me semble, hihihi ! »

Il haussa les épaules. « Désolé pour mon pessimisme, mes amis, mais là, j'avoue ne pas trop comprendre vos provocations. »

Kelda observa elle aussi la fuite des membres du Lotus Jaune, mais elle avait plutôt les sourcils fronçés.
« Vous ne trouvez pas ça étrange? Ils étaient menaçants jusque là...mais je ne pense pas que Yogo ait réussi à leur faire peur à lui seul, aussi effrayante soit sa magie...c'est quelque chose que tu as dis... »

Elle jeta un coup d'oeil aux environs.
« Bon...en tout cas, ils ne sont plus un problème pour l'instant. On avance? »

26 Lamashan 4716, dans la nuit - Taverne de la Porte du Couchant
Dans les murs d'Öndör-Khana


Incertains de la signification de la réaction du Lotus Jaune, ils décidèrent malgré tout de se remettre en route. Même si cela signifiait peut être une nouvelle menace à affronter, il y avait peu de risques que le Lotus Jaune puisse intervenir avant qu'ils n'atteignent la Taverne de la Porte du Couchant, où, d'après Mirai, Tsuto et ses sbires se terraient.

L'auberge elle même ne payait pas de mine, et se situait dans une zone de la Première Enceinte qui était plus mal-famée que la moyenne...les bâtiments étaient décrépits, les murs et les ruelles sales, encombrés de débris et de déchets pour les plus discrètes, les rues sombres et les passants méfiants et pressés pour la plupart. Cela n'empêchait pas un bon nombre d'étals de s'être installés le long des rues plus larges, cependant, harcelant les citoyens en vantant leurs produits, même à cette heure de la nuit. Bien que les rues ne soient pas aussi bondées qu'en plein jour, il y avait tout de même bien assez de monde pour que leur groupe ne soit pas isolé. En revanche, en tant qu'étrangers, ils étaient tout de même plutôt repérables.

Mais comme toutes cités, Ondor-Khana avait aussi ses activités moins officielles. Plusieurs des "apothicaires" installés dans les rues vendaient des substances qui ne devaient sans doute pas être entièrement légales; les plus observateurs des caravaniers repérèrent quelques pickpockets se frayant un chemin dans la foule en délestant les moins attentifs de leurs bourses; des jeunes femmes aux tenues aguicheuses les hélèrent depuis les balcons ou les porches d'immeubles marqués de lanternes rouges, offrant temps, thé et...compagnie.

La Porte du Couchant était plutôt discrète, et marquée par deux lanternes jaunes surplombant la rue, donnant au grand porche un halo presque doré. Ils pouvaient apercevoir des silhouettes bouger dans la salle commune à travers les rideaux tirés, et la porte entrouverte laissait voir un rez de chaussée enfumé et bruyant.