Ruines de Mianshan

Liling releva la tête lorsque Kuma s'approcha d'elle, tirée de sa triste introspection par la présence du nain à ses côtés. L'artificière essuya les larmes qui perlait à ses yeux, secouant la tête.
« Non. J'ai encore Luwei...mais mon village est un tas de ruines. Je ne me souviens même plus des détails de l'attaque, mais même avec ces souvenirs flous je ne peux pas me laisser prendre à espérer qu'il y ait des survivants. Et que peux faire une armurière qui n'a plus qu'une main pour exercer son art!!!? »

Elle soupira, et passa une main sur son visage fatigué, sa joie et son enthousiasme évaporés en cet instant.
« Un an. Le Festival des Echos a lieu tous les ans, à la même date, parce que c'est ce jour là que les esprits de la montagne se manifeste. Je...l'esprit...

Il a du nous ramener au jour suivant du Festival. Le temps s'écoule différemment dans le monde spirituel, s'il s'écoule même. Et à présent qu'il n'y a plus personne pour lui faire offrande...nous n'aurons pas d'autre chance comme celle ci. »

Liling voulu prendre sa tête entre ses mains, tressaillant en réalisant que le geste familier ne pourrait être accompli qu'à moitié.
« Qu'est ce qu'on va faire....? Nous n'avons pas la moindre idée d'où ces monstres peuvent se trouver, ni de ce qu'elles cherchaient! Et même si on les retrouvait, quelles chances avons nous...? »

La salamandre s'affaissa.
« Elles ne sont pas venues à Mianshan par hasard. Vous vous souvenez des Echos qui se sont tus? Je doute vraiment qu'elles n'aient rien à y voir. »

Soudain, Liling haussa un sourci surpris.
« Eri...ton carquois a toujours eu cette allure...? »

Le carquois d'Eri avait effectivement changé...l'étui jusque là assez sobre portait désormais de complexe motifs, comme des feuilles poussant à même le carquois, dans les tons oranges, jaunes, les couleurs fauves et flamboyantes de l'automne. Et ce n'était pas le seul changement. Il y aviat bien sûr la brume qui se dégageait de Lÿn, les ombres qui se tordaient autour d'elle; et le rouleau de prière enchassé dans la ceinture de Kuma résonnait presque. L'effet était moins visible, mais Fai pouvait sentir quelque chose d'inhabituel avec sa lame. Une soif de bataille, la sinistre détermination d'une arme marquée par le deuil et le sang.

Ruines de Mianshan

Liling frissonna, et se leva, tant bien que mal, balayant les ruines de Mianshan d'un regard endueillé. Un nouveau frisson la secoua.
« Tu as raison, Eri. Nous ne devrions pas rester ici de toutes façons...je...je voudrais retourner à la Forge du Roseau. J'ai mes outils les plus cruciaux ici, mais peut être que certains autres ont survécu?

Ensuite...ensuite nous devrions partir. Il n'y a plus rien pour moi à Mianshan, sauf peut être des fantômes. »

Les ruines du village avaient beau être paisible, les paroles d'Eri et Liling trouvaient un écho dans le silence sépulchral qui planait sur le village. Même les insectes paraissaient avoir fui les lieux; et ce même si le soleil était encore haut dans le ciel, pas encore passé sous la cime des arbres de la forêt vers l'Ouest.
« Nous avons encore un peu de temps avant la tombée de la nuit, mais il vaudrait mieux ne pas nous retrouver pressés par le temps. Et je pense que nous avons des décisions à prendre. »

Les paroles résonnent autours de lui. Ils n'ont pas tout à fait tord mais Fai ne leur accorde qu'une attention distraite. Il... Il a quelque chose à faire avant. Quelque chose dont il a besoin. Le sylphe s'écarte légèrement. Ce n'est pas loin. Juste à coté du pont, là, non loin des ruines de ce qui avait peut-être été une lanterne de pierre...

Un an a passé depuis la nuit où ils sont morts. Un an. Une éternité mais pourtant un simple battement d'aile. A peine un souffle dans le vent. Il lui suffit de fermer les yeux pour revoir le décor autours de lui, le crépitement et la chaleur des flammes, les hurlements, et l'odeur, et le gout du sang sur sa langue. Il est tombé là. Non... il s'est effondré là, le corps brisé, empalé par les pattes chitineuses de son adversaire. Il n'y a pas de corps mais Fai n'en a pas besoin pour savoir qu'il se trouve au bon endroit. Au dessus de lui le ciel est bleu au lieu d'être noir, rouge et or. Mais il n'y a pas que son sang qui a coulé ici. Il sent contre son bras une pulsation. Comme une babine qui se soulève pour laisser apparaitre un croc et il a au bout de la langue comme un gout de sang mais qui n'est pas le sien. Il ignore pourquoi sa lame lui semble résonner à ce point avec ses propres pensées. Elle a saigné. Et il est en vie.

Les paroles de Liling résonnent dans son esprit ."Et même s'ils les retrouvaient, quelles chances auraient ils hein...?". Fai sourit. Pas un sourire tendre, ni railleurs. Il sent son cœur qui bat dans sa poitrine et il a soif de sang. Il n'est plus temps de jouer ou de faire semblant. Le sylphe se détourne des lieux, revenant vers ses compagnons, une dureté dans le regard qui n'y apparaissait pas auparavant. Elle est vivante et il est un sylphe. Leurs chances...? Elles sont incomparablement plus élevées que celles de n'importe quel humain. Et elle peut saigner. Qu'importe les décennies, il a tout son temps lui aussi...

Il a des choses à faire bien sur. Des questions à poser. Des points à vérifier. Et il ne pourra pas le faire ici. Le regard de Fai se pose sur ses.... et bien ses compagnons. Il faut bien le reconnaitre. Mais seront ils assez fort pour redresser la tête et chercher plus de sang encore ? Pourra-t-il compter sur eux...? Il ne le saura qu'en demandant. Et sur le terrain.

« Quitter les lieux me semble une bonne idée. Il n'y a plus rien ici.  » Et si les âmes de ceux ayant péris étaient restées, quel meilleur moment pour se manifester qu'à la date anniversaire du massacre... Des prêtres ou des âmes généreuses auraient peut être profité pour tenter de faire quelque chose pour le repos de leurs âmes mais ce n'était pas son soucis. Qu'ils se demerdent. La proposition du nain aurait été tentante dans d'autres conditions mais là... Fai secoua la tête.

« La suite des événements va être simple pour moi. Elle payera. Peu importe le temps que ça va me prendre.  » Au vu de son ton, le sylphe ne se satisfaira pas de moins. «  La nuit du massacre, j'avais pu créer une diversion en la défiant. J'ignore si d'autres ont pu en profiter mais une des miennes était parvenue à s'enfuir même si j'ignore si elle a survécu ensuite. » Il se tourne vers l'aigle géant.
« Yue... Mao Mao était elle rentrée au nid ? Pourrait tu me mener à elle ?

Et sinon, je te remercie Kuma mais... je demeure à Amegawa. Je doit m'assurer que les miens sont vivants... Ma demeure est- était assez grande pour vous héberger le temps que vous sachiez quoi faire de cette vie. M'accompagnerez vous ? »

Modifié par un utilisateur mardi 19 septembre 2023 11:02:20(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ruines de Mianshan

L'aigle géant, perché sur les restes rongés par la mousse d'un poteau de bois, pencha la tête sur le côté à la question de Fai. Son cri haut-perché résonna dans la vallée, mais le sens de cette "réponse" demeurait pour le moins obscur.

Liling hésita, jetant un regard perdu sur les ruines du village. La proposition de Fai avait son attrait mais...pouvait elle vraiment quitter Mianshan sans se retourner? Il n'y avait plus rien ici, elle l'avait dit elle même et malgré tout quelque chose en elle était réticent à l'idée d'abandonner le village où elle avait grandi pour ne jamais y revenir. Elle grimaça, et secoua la tête.
« Je...j'ai besoin de réfléchir. Donnez moi le temps d'aller chercher mes outils... »

Luwei sur son épaule, elle s'éloigna un peu, retraçant le plan des rues autrefois familières mais désormais bien étrangère jusqu'à retrouver la carcasse éventrée de la Forge du Roseau. L'endroit avait été presque entièrement consumé par les flammes, et il n'y restait presque rien de reconnaissable, mais malgré ça elle retrouva sans peine l'emplacement de ce qui avait été son établi, les cendres formant une fresque en teintes de gris...peut être les différentes poudre d'artifice...

Incapable de faire face à la vague de nostalgie endeuillée qui l'envahissait, Liling essuya les larmes qui lui vinrent d'un revers de main, essayant de ne pas y penser pour fouiller les décombres. L'essentiel avait été trop endommagé par la chaleur pour être récupérable, mais elle parvint tout de même à sauver quelques marteaux, pinces, et le matériel de forge que son maître avait employé quand le village était encore une bourgade florissante.

Elle rangea son propre marteau dans sa sacoche, mais saisi celui qui avait appartenu d'une main tremblante. Pas de corps à enterrer, mais...

Maladroitement, elle plongea la main dans le sol de la forge, creusant lentement, péniblement, une tombe improvisée. Luwei, saisissant son intention, fila le long de son bras pour venir l'aider, ses minuscules pattes fouissant la terre désormais meuble. Liling y plaça le marteau, murmurant une prière enjoignant les esprits de la montagne, et la Dame aux Renards, Daikitsu, patronne des forgerons, de veiller sur l'âme de feu son maître. Les genoux encore maculés de terre, elle se releva, titubant hors de la forge pour rejoindre ses compagnons d'infortune. L'artificière chercha le regard de Fai.
« J'en suis. J'ai une dette à régler. »

Kuma entend de l'Arpenteuse un mot qui le fait réagir, le temps ayant passé, ça semble une évidence pour lui, mais son évocation souligne que ce n'est peut-être pas le cas:
« Justice... Vous avez raison... Le temps ayant passé, j'ai pensé que le sort de nos agresseurs avait été réglé, mais vous avez raison... Il faut s'assurer qu'ils ne peuvent plus nuire. »

La violence de l'affrontement ayant précipité leur mort à tous vint refrapper son esprit et il ne peut qu'acquiescer à la remarque d'Eri:
« En effet, si on considère que la situation est restée égale malgré le temps qui est passé, et que nos adversaires sont toujours en liberté, nous ne pouvons pas nous permettre de les prendre de front... Je pense que c'est clair pour nous tous que nous n'aurons pas une troisième vie, alors il faudra se montrer prudent. »

Quelque peu désarçonné par la remarque de Fai et sa proposition, Kuma lui répond avec un sourire:
« Je peux tout à fait comprendre que vous vouliez vous assurer du bien être de vos proches et j'accepte votre offre. Je pense que si justice nous cherchons, ce n'est qu'ensemble que nous pourrons l'obtenir. »

Lorsqu'Eri fait remarquer le manque de cadavre, Kuma rétorque:
« En effet, c'est étrange, peut-être est-ce qu'il y a des animaux qui font disparaître les cadavres dans la région, mais c'est très peu probable... Vous pensez à quelque chose en particulier ? Un rituel nécessitant des cadavres ? Quoi qu'il en soit, si on prend un peu de temps ici, j'aimerais pouvoir prier pour l'âme de ceux ayant péri en ce lieu et qui n'ont pas eu la chance, contrairement à nous d'en avoir une deuxième... »

Ruines de Mianshan

Liling s'assombrit lorsque lorsqu'Eri annonça que l'essentiel des corps n'étaient nulle part aux alentours. Elle serra les dents, et le poing, mais la colère ne l'aiderait pas pour l'instant. Et pourtant, la pensée que les corps de ses amis et de tous les habitants d'Aihuang aient pu être profanés même au delà de la mort l'emplissait d'une rage brûlante, plus ardente que les flammes de sa forge. Sur son épaule, Luwei s'était tendu, ses tâches flamboyant soudain, comme illuminées par une flamme intérieure.

Liling prit une inspiration pour tenter de contenir la fureur, et prit délicatement le pendentif qu'Eri avait rapporté.
« C'est....c'était un talisman que portait Lanh, notre prêtresse de Yamatsumi. Je...je ne la connaissais pas assez pour savoir ce qu'elle voudrait en faire...mais...je vais l'emporter. Quoi qu'on fasse, j'aimerais qu'il repose dans les montagnes. Et pour le moment je...j'ai besoin de quelque chose pour me rappeler Mianshan. »

L'artificière grimaça.
« J'ignore ce qu'elles ont fait des corps, mais les jorogumos sont censées être des sorcières, pas vrai? De la sorcellerie, sans aucun doute. Il faudra qu'on la retrouve avant d'en avoir le coeur net. »

Les paroles de Fai semblèrent la toucher plus directement que les implications de la découverte d'Eri. Liling se fit silencieuse, détournant le regard. Elle baissa les yeux sur ce qui avait été son bras.
« Lorsque j'ai pris mon marteau pour la première fois, c'était pour réparer un soc de charrue. C'est ça que la Dame aux renards nous enseigne...que nos outils nous permettent de créer. D'aider le fermier à labourer son champ. Le pêcheur à réparer son hameçon. La courtisane à arborer les épingles les plus élégantes dans ses cheveux.

Mais sa bonté à ses limites. Et la mienne aussi. Mes outils et mes talents peuvent créer l'émerveillement, la joie. La prospérité. Ou, comme j'en ai besoin aujourd'hui, les outils pour mener une guerre. »

Elle releva la tête, son regard vert d'eau croisant celui de chacun de ses compagnons, tour à tour. Presque défiant face à Fai, au doute qu'elle avait perçu dans ses mots...chargé de regret en croisant celui de Kuma...et portant le poids de la douleur et du deuil quand elle chercha le regard des soeurs elfes.
« Je n'ai plus rien. Je n'ai jamais connu ma famille, mais Mianshan ETAIT ma famille. Vous êtes les seules personnes que je connaisse qui soient encore en vie, vous et Luwei. Ma forge est partie en fumée, ma maison avec. Le village où j'ai passé toute ma vie est un champ de ruines.

Si tu penses que je suis trop fragile pour enterrer celles qui ont fait ça...Ou mourir en essayant...tu as peut être raison, mais je vais essayer quand même. Parce que même si je devais bruler toute la région d'ici à Amegawa, ce serait tout de même un prix bien mince pour m'assurer personnellement qu'elles ne feront pas d'autres victimes. »

Sa tirade terminée, elle jeta un regard amer à ce qui restait de Mianshan.
« Nous ne devrions pas tarder... »

Ruines de Mianshan

Liling amorça une réponse, se ravisant avant que les mots n'aient franchi ses lèvres. Elle replaça sa sacoche en bandoulière, et se détourna.
« Allons y. Il ne nous reste plus que quelques heures de soleil. »



Laissant derrière eux les ruines de Mianshan, les cinqs revenants prirent la route du Nord. Amegawa n'était pas très éloignée de Mianshan à vol d'oiseau, mais la route la plus directe passait par les montagnes; et était ardue dans le meilleur des cas.

Lorsqu'ils perdirent le village de vue, après avoir franchi la première passe menant plus loin dans les Kimu, les vallées montagnardes étaient déjà plongées dans la pénombre, le soleil descendant sur l'horizon, vers Shenmen. Ils avançaient d'un bon pas, décidé à mettre autant de distance que possible entre eux et le village ravagé avant la tombée de la nuit. Bientôt, il fit trop sombre pour continuer à avancer sans danger, et ils durent se résoudre à trouver un refuge dans la vallée. Ils avaient encore six jours de marche avant d'atteindre Amegawa, et ils auraient besoin de toutes leurs forces une fois qu'ils y seraient. Pour le moment, alors que la nuit tombait dans la vallée boisées, où les bambous et les arbres se mêlaient pour former des bosquets le long d'un torrent. Un rapace nocturne pris son envol dans l'air du soir.

Les épreuves à venir paraissait certes dangereuses, insurmontables, peut être, mais le problème immédiat était celui du ravitaillement. Ils n'avaient aucune provisions avec eux, et trouver un endroit où monter le camp était tout aussi important que de trouver de quoi manger. Par la grâce de Yamatsumi, le Seigneur des Montagnes, le torrent leur donnait au moins de quoi boire.

Pour le moment, vous avez besoin de ravitaillement. J'aurais besoin de jets de survie, sauf si vous trouvez d'autres idées!
Subsister - Survie DD15

Modifié par un utilisateur samedi 7 octobre 2023 12:41:01(UTC)  | Raison: Non indiquée

Thème de Lyn: Les fleurs poussent même parmi les ruines

Trouver un abri contre les intempéries et de quoi se nourrir était devenu une routine pour l’Arpenteuse au fil des années, à force d’errer de campement sauvage en campement sauvage. Si la sensation de vide glacial qu’elle éprouvait avait du mal à s’estomper, elle remarqua néanmoins que le froid de la nuit tombante ne l’affectait pas plus que ça. Les montagnes s'élevaient majestueusement autour d'elle, obscures et imposantes, mais elles ne semblaient pas menaçantes. Au contraire, la pénombre qui enveloppait la jeune elfe était apaisante, comme si les ténèbres elles-mêmes s'étaient muées en une force bienveillante, venant la réconforter.

Sa cape, abîmée, effritée, semblait s'animer dans l'obscurité, émettant une présence douce et apaisante, comme la caresse d’une mère à un nouveau-né. À travers la brume nocturne, Lyn percevait une sensation, une présence imperceptible pour la plupart des mortels. C'était comme si une conscience mystérieuse se fondait avec la sienne, si proche qu'une simple pensée pouvait la faire émerger.

La discussion lancée par Liling fut inconsciemment l’étincelle qui allait mettre le feu aux poudres. Car les noms ont du pouvoir, et l’un d’entre eux allait faire son office…

«  Ensuite… C’est simple. Arpenter la région, poser des questions, tâter le terrain… Ne resteront pas dans l’ombre ceux qui ont agi au grand jour… Ensuite… Nous pourrons aviser selon la situation. »

Lyn ferma les yeux, se remémorant les souvenirs d'une vie passée. 3ème jour de la fête de Manwë. Une pluie battante. L'amère odeur ferreuse du sang mélangée à la terre. Une lune timide, cachée derrière d'épais nuages. Couverte de boue, allongée dans une flaque, elle attendait. Un éclair illumine un instant le champ de bataille. Un coup de tonnerre retentit. Un autre vaurien des Foulards Jaunes s'écroula, fauché comme l'on moissonne le blé. Aux aguets, ses camarades cherchent d'où est venue l'attaque, en vain. Un nouveau trait de lumière provint des cieux. Elle ne peut le sentir, ni même le voir, mais elle le sait : l'ennemi tremble, car il sait ce qui se passera dès lors que le son du tonnerre sera venu jusqu'à eux. Ces quelques secondes sont semblables à une éternité de remise en question. Certains cherchent désespérément l'origine de la menace, d'autres se jettent à terre, espérant échapper à la faucheuse.

Un elfe ne se précipite pas. Une décennie n'est qu'un battement de cils au vu de la vie d'un elfe, alors quelques heures... Patiente, elle n'a aucune contrainte de temps, seul lui importe l'accomplissement de sa tâche. Rampant lentement dans la fange, elle se repositionne. Invoquant une nouvelle munition directement dans la chambre de l'arme, usant de sa magie afin de nettoyer cette dernière même dans ces circonstances difficiles, elle recharge. Nouvel éclair déchirant le ciel. Environ un bon kilomètre, à vue de nez. Trois. Inspiration. Deux. Expiration. Un. Le tonnerre éclate, et nouveau coup dur pour l'adversaire. Les bandits restants, privés de leur chef, fuient le champ de bataille, s'enfuyant vers la vieille ville. Qu'importe le déshonneur de la défaite, cela vaut toujours mieux que d'attendre la mort au milieu des bosquets de bambous et des dunes boueuses de Nantao.

« Quant à l’humaine… Il s’agit de Lanhua, une scélérate. Elle dirigeait le groupe de bandits qui terrorisait Nandao et se faisait connaître sous le nom des Foulards Jaunes… J’ai tué bon nombre de ces rats par le passé, ce qui m’a valu le surnom de Fantôme de Nandao… Mais elle a bien changé depuis cette époque, ses yeux n’ont plus rien d’humain…  »

Modifié par un utilisateur jeudi 12 octobre 2023 09:19:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Fai n'était pas intrinsèquement un adepte de la vie sauvage ou un rural. Non, s'il avait le choix, c'est bien vers les cités que son cœur le guidait. Fai était un citadin qui lorsque ses voyages ou son travail l'amenaient loin des villes avait l'habitude d'emporter des rations. Ou de parier sur sa vitesse pour effectuer en quelques jours seulement un trajet devant en durer le double

S'il avait été seul à prendre la route d'Amegawa, c'est probablement ce qu'il aurait fait, prêt à jeuner deux ou trois jours si nécessaire. Mais là, il n'était pas seul. Et ne pouvait pas imposer son rythme. Le bretteur avait laissé ses compagnons choisir le lieu où s'installer pour la nuit. Elle serait fraiche. Ils n'avaient ni couverture, ni tente et Fai s'était détourné en soupirant pour s'éloigner avec Yue seul. Il n'était pas fait pour ces terres montagneuses, mais son aigle si.

Les deux revinrent une heure plus tard, alors que le jour baissait, plusieurs lapins à la ceinture. Le feu qui crépitait n'était pas désagréable du tout tandis que le froids montait. Ils avaient de la chance, il n'y avait pas de neige.

L'intervention de Liling brisa le silence. Le sylphe était resté silencieux jusque là, les yeux davantage tournés vers les étoiles, et vers le rasoir à la lame étrangement carmine qui semblait le fasciner tandis qu'il l'examinait à la double lueur du feu et des constellations. Sans quitter le ciel du regard, il répondit machinalement..

« Oui ma proposition tient toujours...  »

Il laissa passer le silence, écoutant distraitement la réponse de l'encapée. Ca devait tenir chaud une cape... moins qu'un plumage mais plus qu'une simple chemise.

« Amegawa n'est pas qu'un simple village, c'est la capitale du coin et on y trouve le Marché du Matin. On y trouve de tout, y compris toutes les rumeurs de la province puisque les gens s'y rendent. Si quelque chose s'est produit, quelqu'un là bas sera au courant.

Comme dit Arp, ce qui s'est passé à Mianshan n'a pas pu rester secret et... et si elle est passé à l'acte nous le saurons très vite. Les gens le sauront très vite...  »

Restait à espérer qu'elle n'avait pas jeté son dévolu sur la cité. Il refusait pour le moment de considérer cette possibilité.

« Et une fois que nous aurons une piste, nous aviserons... »

Il tourna cependant la tête, une étincelle de curiosité dans le regard...

« Une humaine donc... et qui étaient les autres que vous avez affronté ? »

Modifié par un utilisateur mercredi 18 octobre 2023 22:41:00(UTC)  | Raison: Non indiquée

Liling leva les yeux de la galette de blé tirée des rations d'Eri qu'elle grignotait sans conviction, pour faire volte face vers Lyn.
« C'était LANHUA!!? »

Son regard se fit fébrile, et elle passa instictivement sa main sur son bras mutilé, l'air fiévreuse.
« On a de plus gros problèmes que je ne pensais. Les rumeurs sont légions la concernant, mais jusqu'à récemment elle était la Conseillère de Nandao, dirigeant la ville en tant que membre du Conseil Céleste qui gouverne Tianjing...bref, l'équivalent d'une gouverneure ou maire. Je n'ai pas la moindre idée de pourquoi elle se serait associée à une Jorogumo, mais ça ne présage rien de bon, surtout qu'on peut supposer que les autres membres de leur petit groupe sont aussi puissante les unes que les autres individuellement. »

La salamandre grimaça.
« On ne peut vraiment rien faire avant d'en savoir plus, hein...? Et je ne peux même forger... »

Pendant que la discussion se poursuivait, la flèche qu'Eri tira de son carquois était décidément bien étrange. Son empennage était de couleurs fauves, et des racines mordorées semblaient avoir poussé le long de la flèche...elle était enchantée, il n'y avait aucun doute là dessus.