L'elfe folle se débattit de nouveau, faisant cliqueter ses chaînes et, cette fois-ci, on aurait dit que sa rage était réelle plutôt que feinte et théâtrale comme l'avait été chacune de ses réactions jusqu'ici. « Vous ne savez pas ce que vous dites, vous racontez n'importe quoi, prêtre ! » Ce n'était plus "petit prêtre" mais juste "prêtre", un mot dans lequel transparaissait toute la rage que les dernières paroles d'Arlandeth semblaient avoir déclenchée chez l'elfe.

« Mon bien-aimé ne m'utilise pas, stupide, stupide, stupide prêtre ! Il me confie des missions de grande importance et jamais, JAMAIS, je ne l'ai déçu. J'ai rempli ma tâche ! » hurla-t-elle le visage défiguré par la haine et la colère, les yeux quasi exorbités. Elle s'immobilisa à nouveau sur sa chaise ; oh ce n'était clairement pas le calme qui l'habitait, juste une sorte d'abdication face aux lourdes chaînes contre lesquelles elle n'avait aucune chance.

Elle toisa le Shoanti et parla avec une intensité telle qu'une légère écume blanchâtre apparut à la commissure de ses lèvres. « Demandez-lui, au Shoanti qui tente de se faire passer pour un garde — vous me prenez pour une imbécile ? — demandez-lui, petit prêtre ! Ces oisifs et inutiles nobliaux ne sont-ils pas tous morts ? Leurs corps puants, bouffis et verrolés par la maladie ne gisent-ils pas sur leurs sols de marbre ? Demandez-lui… j'ai bel et bien rempli ma tâche ! J'ai toujours été à la hauteur et je n'ai jamais déçu Rolth ! Je lui ai même fait amener… »

Elle s'interrompit et hurla de rage. Son visage était désormais un masque de colère et de folie furieuse. Ses narines étaient dilatées et, s'il n'y avait eu les chaînes, on aurait pu croire qu'elle était prête à bondir sur le prêtre, à la griffer, à le tuer de ses propres mains. Elle resta figée ainsi sans plus dire un mot.

L'elfe arborait encore son masque de rage quand elle tourna la tête vers l'inquisiteur qui était sorti de la salle d'eau. Mais, peu à peu, ses traits se détendirent, jusqu'à ce qu'elle éclate de rire. « Ah, vos bons mots m'ont manqué, monsieur ! Mais, heureusement, vous arrivez toujours à temps pour détendre l'atmosphère, non ? »

Elle se figea quelques instants, comme si elle réfléchissait, puis elle ajouta « Quand vous serez tous réduits en zombis, je pense que vous serez mon préféré… l'inquisiteur grand, sombre, mal rasé. Oh, bien sûr, vous ne resterez pas si beau très longtemps. Avec le temps, la peau commence à flétrir et à se putréfier… mais, au moins pendant quelques jours, vous serez mon préféré. »

Elle se tourna ensuite vers les gardes et leur lança « Gardes, ramenez-moi à ma cellule. J'ai eu assez de divertissements pour aujourd'hui, je pense. »

Clairement, les paroles de Théobald n'avaient pas du tout eu l'effet escompté. C'était la seconde fois qu'ils avaient tenté de jouer la carte de la jalousie et la seconde fois que cela n'avait pas fonctionné. Si le prêtre de Sarenrae était parvenu à faire enrager l'elfe, c'est qu'il avait donc touché un point sensible… mais il ne s'agissait visiblement pas de celui-là…

Modifié par un utilisateur mercredi 18 janvier 2012 16:39:00(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kar'Uz réprima une envie irrésistible de l’étriper sur place et de répandre ses boyaux sur tous les murs de la chambre des gardes. La main crispée sur le manche de sa dague, il en avait les phalanges blanchies, ce qui ne devait guère se voir puisque dans l'ensemble sa peau était d'une pâleur mortelle. Puis lorsqu'Arlendeth en eu terminé avec son ultime tentative, le shoanti laissa sa place et retourna vers la salle d'eau en haussant les épaules - « A quoi bon... Elle est incapable même de sauver son âme tellement elle est perfectible. Même pour ça elle va échouer. Abandonnée, la solitude dessèchera sa peau et elle se flétrira avec le temps, tombant en lambeaux tel un lépreux. Même les zombies seront moins ragoutants de ce qu'elle est condamnée à devenir. Le plus amusant, c'est qu'elle sera seule pour hurler sa rage et son désespoir, comme tout le monde l'aura abandonnée, elle sera seule avec elle-même pour l'éternité. »

En entrant dans la pièce attenante, il glissa la baguette à Abbaër - « tiens tente ta chance. »


Bluff ou Intimidation : +10
Diplomatie : +6

L'interrogatoire de l'elfe ne s'était pas du présenté dans le sens escompté. Elle avait réussi à percer le déguisement de Kar'Uz avec une aisance impressionnante.
Comme Théobald, ne voyant plus l'intérêt de demeurer caché, il était également entré dans la pièce.

Ne voulant pas la laisser savourer sa petite victoire tranquillement, il répondit à sa dernière diatribe d'un ton aussi dédaigneux que possible :
" Pauvre folle, tu crois nous mener en bateau et nous faire peur avec la prétendue toute puissance de ton petit Rolth ...
Tu l'ignore sûrement, mais nous avons déjà eu affaire à ton amant de pacotille, et nous l'avons vaincu. Il n'a du la vie qu'à une fuite honteuse. La prochaine fois que nous le rencontrerons, dis-toi bien que ce sera la bonne et que nous serons les dernières personnes qu'il verra jamais de son vivant.
J'ai une idée de l'endroit où nous le trouverons, s'il travaille à lever une armée de ces pitoyables créatures que tu appelles "tes jouets", quel meilleur endroit pour celà que l'hospice où ils emmènent les malades....
Je pense que ce sera le prochain endroit que nous visiterons...
Qu'en dis-tu........"



Jet de Psychologie pour voir si je note une réaction quelconque à mon laïus.
J'invite mes camarades à faire de même au cas où

Modifié par un utilisateur mercredi 18 janvier 2012 22:57:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

Théobald avait fini par cerner le sujet qui lui permettrait de titiller l'elfe et de, peut-être, lui faire dire quelque chose qu'elle ne voulait pas lâcher : elle ne semblait avoir aucune crainte quant à la relation entre "son" Rolth et la Dame Andaisin ; peut-être même n'avait-elle jamais entendu ce nom. Par contre, elle vouait une telle admiration, une telle dévotion, au nécromancien qu'elle ne semblait pas supporter l'idée qu'elle aurait pu le décevoir.

Sans doute énervée par le premier commentaire d'Arlandeth à ce sujet, l'elfe avait laissé éclaté sa colère et, même si elle était parvenue à redevenir une garce maître d'elle-même assez rapidement, il était clair que les mots avaient laissé une évidente nervosité en elle.

Grigan avait mentionné l'Hospice, tentant peut-être le tout pour le tout, essayant de tirer de la prisonnière une réaction qui trahirait un indice. Le rôdeur lui-même ne remarqua rien mais l'inquisiteur et le prêtre, tous deux beaucoup plus observateurs, remarquèrent un mouvement incontrôlé des lèvres de l'elfe. Ce n'était presque rien, mais cela confirmait qu'ils étaient sur la bonne voie en parlant de l'Hospice. C'était là un bien maigre indice en soi, mais une confirmation de ce que les aventuriers avaient redouté.

Quand Théobald porta le coup d'estocade en l'accusant d'avoir déçu Rolth, l'elfe laissa éclater sa rage sans plus pouvoir la retenir. Les yeux exorbités de sang, elle hurla « C'EST TOTALEMENT FAUX, PAUVRE IMBÉCILE ! C'est à moi que Rolth a fait appel parce qu'il était occupé auprès de personnes d'importance ! Les Carrowyn et les autres nobles oisifs et inutiles qui festoient quand la ville est à sang sont crevés. » Elle interrompit ses cris par un rire tonitruant à travers lequel transparaissait l'extrême fragilité du mince fil qui la reliait encore à la réalité. « Ils sont morts dans d'atroces souffrances… certes trop rapides — la souche originale du Voile Sanglant est incisive — mais vraiment exquises. Vous auriez dû entendre leurs cris d'agonie ! Et ce n'est pas tout : non seulement ces salopards sont désormais en train de pourrir, comme Rolth me l'avait demandé, mais, en plus, j'ai pu trouver et lui faire amener ce qu'il m'avait demandé : il va pouvoir étudier de près un Varisien vivant sur lequel la maladie ne semble pas avoir… »

Elle cria de plus belle, un cri de rage pure et se jeta en avant pour tenter de griffer le visage de Théobald… mais les chaînes la retenaient. Elle se débattit à nouveau pendant quelques secondes, le temps d'épuiser sa colère puis elle finit par se rasseoir sur la chaise et à sombrer dans un profond mutisme.

Peut-être venait-elle de s'apercevoir qu'elle avait désormais vraiment déçu Rolth en en disant plus que de raison…

Modifié par un utilisateur vendredi 20 janvier 2012 10:29:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

Arlandeth prit les informations que l'elfe venait de cracher avec beaucoup de calme. Elle venait de leur donner ce à quoi il s'attendait. La visite de l'hospice ne pouvait attendre. Une vie était en jeu et pas n'importe quelle vie. Peut-être la solution à tout leur problème qu'était le voile sanglant. Non seulement il y avait quelqu'un qui résistait à ses effets mais la souche primordiale se trouvait là bas et avec Rohl en plus. Il était à la fois un peu inquiet et enthousiaste. Il ne pouvait plus rien faire pour cette pauvre elfe qui avait définitivement perdu son âme. Il s'en détourna non sans ajouter.

« Profitez-bien du reste de votre vie sur cette terre, car une fois morte vous souffrirez mille tourments. »

Il se tourna vers les autres et ajouta.

« je crois qu'il nous reste encore beaucoup à faire. »

Il nota dans un coin de sa mémoire la précision de l'elfe sur une famille noble en particulier. Pourquoi cibler celle-ci précisément alors que toutes les familles nobles se comportaient à peu près de la même manière en ces temps de crises. Ne pouvant apporter plus de réponse il se dit qu'il demanderait aux autres membres afin de savoir s'ils en savaient davantage.

Depuis les paroles rageuses qu'elle venait de laisser éclater, l'elfe s'était réfugiée dans un mutisme complet, gardant les yeux fixés droit devant elle sans réagir aux dires ou aux gestes des aventuriers qui l'interrogeaient. Même quand Abbaër tenta d'utiliser la baguette sur elle, elle ne broncha pas. Les traits de son visage restèrent tendus, ce qui indiquait que le sort n'avait pas fonctionné.

Il restait encore plusieurs charges dans l'objet magique trouvé sur Vendra Loagri, l'escroc-marchande de parfums qui se faisait appeler "Dame Lavande". Il était naturellement possible de tenter encore et encore d'utiliser l'objet, jusqu'à ce que cela finisse par faire effet sur l'elfe ou que l'énergie de la baguette soit épuisée. L'autre option était, naturellement, de se contenter de ce que l'elfe avait révélé jusqu'ici.

Si vous décidez de faire plusieurs tentatives, vous dites combien maximum et, le cas échéant, vous faites les jets d'Utilisation d'OM.

« Je suis d'accord avec Aleth ! La garde à ses propres magiciens et ils sont versés dans l'art de faire parler et ont des sorts sans doute plus efficace que ceux que nous avons à notre disposition il ne sert à rien de s'acharner, les chances sont faibles pour que nous réussissions de la sorte. Allons plutôt nous préparer pour notre expédition à l'hospice où il nous faudra autant de ruses pour parvenir aux sous-sols sans nous faire repérer. »

Le nain se dirigea ensuite vers le garde qui avait amené l'elfe pour lui glisser deux ou trois mots sur les précautions à prendre avec celle-ci. « Je ne suis pas certain qu'elle ne puisse pas user de magie, il vaudrait mieux qu'elle voit quelqu'un capable de lui lancer un sort de mutisme ou qu'elle soit mise dans une cellule réservée aux lanceurs de sorts. Il faut prendre toutes les précautions possibles. Cette folle n'a rien a perdre et préfèrera tuer ne serait-ce qu'un seul garde et mourir pour tenter de rejoindre son homme que de rester à pourrir ici. Il est préférable que son identité et les raisons de son arrivée restent tues pour le moment, il est possible qu'elle ait encore un intérêt pour nos ennemis ou que ces derniers décident de la faire taire.  »

Abbaër contait surtout sur l'intégrité du garde, l'elfe pouvait encore servir et il ne fallait pas qu'à Volshyenek quelqu'un apprenne sa venue et décide de faire réellement ce qu'ils avaient voulu manigancer : une évasion. Il s'en retourna ensuite dans la salle d'eau pour rassembler son équipement mais se dit qu'ils n'avaient peut-être pas besoin de repartir chez eux de suite qu'ils pouvaient très bien monter leur opération d'ici. Après tout ils avaient les masques et les tenues de médecin qui leur permettraient d'entrer et de se déplacer librement dans l'hospice, en tout cas pour deux d'entre eux !

Les deux gardes qui avaient amené l'elfe comprirent que l'interrogatoire était terminé. Ils placèrent un bâillon sur la bouche de la folle et nouèrent son index et son majeur ensemble sur chacune de ses mains ; il s'agissait des précautions d'usage pour les lanceurs de sorts, afin de s'assurer qu'ils ne puissent pas utiliser leurs pouvoirs au mauvais moment. Ils forcèrent ensuite l'elfe à se lever puis ils l'escortèrent à l'extérieur de la salle de repos. Pendant tout ce temps, l'elfe folle garda son expression fermée sur le visage et ne dit pas un mot.

Fergus n'avait pas participé à l'interrogatoire. Il avait essayé de trouver des failles dans le discours de l'elfe folle, mais rien ne lui venait, si ce n'était quelques confirmations de ce qu'ils savaient déjà : elle était folle à lier et, à moins d'un grand savoir ou de beaucoup de patience, on ne tirerait rien d'elle... Il était dépité. Néanmoins, une seule nouvelle lui redonna de l'espoir. Le fait que le jeune musicien - car il ne pouvait s'agir que de lui - était insensible au mal que les médecins de la reine avaient instillé en ville était en soit une très bonne nouvelle. Si ils arrivaient à le libérer des pattes de ses tortionnaires, il serait possible de trouver un antidote pour sauver la population...

C'est avec le coeur un peu plus léger qu'il retourna vers la salle commune. Il vérifia que tout son matériel - du moins le plus important, celui qui lui permettrait de préparer quelques fioles pour le lendemain - se trouvait bien dans son sac. Puis il se dirigea à son tour vers la salle d'eau pour nettoyer ces quelques effets. Il y passa un peu plus de temps que Grigan, voulant continuer à paraître aussi propre que possible. Son activité de chirurgien lui ayant enseigné que certaines maladies pouvait aussi se transmettre par le sang. C'était là une idée nouvelle qui avait fait beaucoup de bruit quand elle était apparue, mais elle valait aussi bien qu'une autre, voire même mieux que certaines. Et malgré les très nombreux contradicteurs, elle avait fait son trou dans certains cercles d'érudits.

Une fois son corps et ses habits propres, l'alchimiste revint vers la paillasse qui lui avait été laissée puis il se laissa tomber dessus. Il garda les yeux ouverts un temps, écoutant les discussions des uns et des autres, essayant d'y participer à la hauteur de ses moyens puis, à bout de force, il sombra dans un sommeil lourd et réparateur.