Torii, portail séparant le monde physique et le monde spirituel
Le Shinto (littéralement
la voie des dieux) est le culte des
kamis (dieux) et est également appelé "culte des milles fortunes". Tous les dieux ne sont pas personnifiés comme Amaterasu ou Susano-o et un ancien arbre peut être un
kami, tout comme peut l'être une rivière ou même un phénomène météorologique comme un typhon (
kamikaze, littéralement "vent divin"). L'Empire est le pays de huit millions de
kamis. Ces derniers sont révérés par tous les mortels et tous tenus dans la même estime. Même les prêtres chargés d'un sanctuaire dédié à un
kami particulier prieront l'ensemble des
kamis (et également les
buddhas).
Le Shinto n'a pas de texte sacré, de préceptes moraux, de saints, de dogme, de péchés ou de besoin de rédemption. Son principe est celui de l'harmonie entre l'homme et le monde qui l'entoure. Une partie de ce concept d'harmonie s'exprime par le fait d'éviter la souillure et le besoin de recourir à des rituels de purification. Le Shinto est une religion agricole où les différentes forces de la nature sont déifiées.
Cosmologie
Amaterasu, Onnotangu et leurs enfants
Au commencement des temps était le néant (Ame no Minakanushi). Quand le néant prit forme, le léger s'envola, créant le ciel et les nuages, et le paradis. Continuant à s’élever, le léger forma le paradis. Pendant ce temps, le lourd s’enfonça de plus en plus loin.
Du paradis naquit trois Dieux Dont Les Noms doivent Etre tus. Ils créèrent le premier homme et la première femme. Quand ceux ci descendirent sur Terre, ils nommèrent les choses qu’ils voyaient. Lorsqu’il eurent finit de nommer les êtres et les choses, ils reçurent leurs noms : Amaterasu, le Soleil, pour la femme, Onnotangu, la Lune, pour l’homme.
De leur union naquirent neuf enfants : Hida, Doji, Togashi, Akodo, Shiba,
Bayushi, Shinjo,
Fu Leng et Hantei. Craignant pour son pouvoir, Onnotangu commença à dévorer ses enfants porteurs du double héritage de la Lune et du Soleil, malgré les larmes d’Amaterasu. Amaterasu réussit à cacher son dernier fils, Hantei, et à le préparer à combattre son père pour libérer ses frères et sœurs, pendant plusieurs siècles selon la légende.
A la suite d’une longue et terrible lutte, Hantei réussit à éventrer son père, libérant ainsi ses enfants. Mais Onnotangu attrapa Fu Leng au dernier moment. Hantei dû trancher la main de son père pour libérer son frère. Tous tombèrent du royaume des cieux (Tengoku) sur terre (Ningen-do), où le sang de la Lune mêlé aux larmes du Soleil donnèrent naissance aux premiers humains. Fu Leng, séparé de ses frères et sœurs tomba dans une crevasse loin vers l’Ouest. Dans sa chute, il cassa la barrière entre le Ningen-do et le Jigoku (l'Enfer putréfié). Lorsqu’il émergea, son long séjour dans le Jigoku l’avait à jamais transformé et corrompu. En touchant le sol, les enfants de la Lune et du Soleil (également appelés
O-kamis) avaient perdu leur nature divine.
Ils n’étaient pas non plus devenus mortels. Voyant les débuts fragiles de l’humanité autour d’eux, ils décidèrent de conclure un pacte avec les hommes. Ils les guideraient et les instruiraient , en échange les hommes les serviraient avec humilité et constance. Ils décidèrent d’organiser un tournoi afin de déterminer lequel d’entre eux règnerait sur le monde.
Ce fut Hantei qui gagna et qui fut sacré Empereur, ses frères et soeurs fondant chacun l'un des grands clan et lui prêtant allégeance.
Clergé
Kannushi suivi d'une miko
Les prêtres sont en général appelés
kannushi (maître dieu) ou
shinkan.
Le prêtre responsable d'un sanctuaire est un
guji et ses assistants (prêtres eux aussi) sont appelés
gon-gujis. Les prêtres de bas niveau porte le nom de
negi et leurs assistants sont des
gon-negis. Si un sanctuaire ne compte qu'un seul prêtre, il aura le titre de
guji.
On trouve également dans les sanctuaires des
mikos, des jeunes femmes gardiennes des sanctuaires qui sont souvent les filles des prêtres.
Le clergé shintoïste est strictement végétarien.
Avant que toute structure ne soit bâtie, le sol doit être consacré par un prêtre Shinto. Ne pas le faire provoque la colère des
kamis et attire la malchance sur le bâtiment et ceux qui y vivront. La consécration est en quelque sorte la "présentation" de la nouvelle structure auprès des divinités locales.
Les prêtres responsables des petits sanctuaires peuvent être prêtre qu'à "mi-temps", ayant une autre occupation (comme artisan par exemple) et faisant les offices et les prières à côté.
Le clergé célèbre les naissances (mais pas avant qu'un rituel de purification n'ai été fait), les mariages, ou l'inauguration des bâtiments. Il ne participe pas aux funérailles qui est pour les prêtres une source majeure de souillure.
La prêtrise est héréditaire, même si il est tout à fait possible à quelqu'un qui n'est pas issu d'une famille de prêtres de devenir prêtre.
Souillure
Bassin servant à la purification
La souillure (
kegare) est une forme de
tsumi (violation) qui fâche les
kamis et doit être en quelque sorte compensé par la personne responsable. On peut y rémédier en réalisant certains rituels de purification appelés
misogi (ablutions sous une cascade) et
harae (lavage des mains et du visage avec du sel ou de l'eau). Le
kegare n'a pas seulement un impact négatif sur la personne concernée mais également sur la communauté à laquelle il appartient. De plus, il peut emmener la souillure avec lui, entraînant le malheur et la mort dans son sillage, et pouvant ainsi "souiller" les sanctuaires dédiés aux
kamis.
La souillure n'est pas une forme de jugement moral mais plutôt une réaction spontannée aux forces naturelles amorales. Que le
kegare soit causé par un acte volontaire (un crime par exemple) est secondaire. Ce n'est donc pas l'équivalent d'un péché.
Exemples de pollutions mineures
- Assister à des funérailles
- Manger de la viande
- Dire du mal des gens
- Assister à une naissance
- Proximité avec la mort (un corps), le sang ou la maladie
- Interférer avec les pratiques agricoles (récoltes...)
Exemple de pollutions majeures
- Souiller un sanctuaire
- Contact avec la mort, le sang ou la maladie
- Menstruations
- Attraper une maladie
- Offenser gravement les kamis
Sanctuaires
Les sanctuaires (appelés
jinga ou
jingu) peuvent être des installations très importantes comme le Grand Sanctuaire d'Ise ou de tout petits sanctuaires passant presque inaperçus et que l'on peut rencontrer à certains points de vue.
Ces petits sanctuaires, pouvant être d'une taille aussi modeste qu'une boîte aux lettres moderne, parsèment le pays (ils sont bien plus nombreux que les villes et villages) et peuvent souvent être trouvés dans les bois ou les montagnes. D'un point de vue structurel, ces petits sanctuaires ressembles à de petites maisons avec toit et portes et un petit
torii sur le devant. Des offrandes sont souvent laissées devant ces sanctuaires : oranges, boules de riz ou une petite bouteille de sake. Plus d'un voyageur affamé a survécu en mangeant la nourriture déposée à l'intention des
kamis (quelque chose qui est cependant mal perçu). Si l'on ouvre les portes du sanctuaire, on pourra trouver à l'intérieur un petit miroir, un
magatama (collier de fertilité) ou très rarement une épée miniature, en hommage aux trois trésors impériaux.
Shimenawa
En plus de ces petits sanctuaires et des grands complexes, un sanctuaire peut être un ancien arbre, un rocher de forme curieuse, ou même un ruisseau de montagne. Ces lieux sacrés sont marqués par des
shimenawas, des cordes sacrées constituées de paille de riz. Accrochés à ces cordes, on trouve souvent des bandelettes de papier plié en zigzag (
shide). A l'intérieur des grands sanctuaires, on peut trouver plusieurs sancutaires de plus petite taille comme un arbre ancien marqué d'un
shimenawa.
L'architecture shintoiste est batie selon un axe est-ouest. Les bâtiments des complexes Shinto sont régulièrement démontés et rebâtis selon un cycle habituel de vingt ans. La reconstruction de certains sanctuaires importants, comme celui d'Ise, constitue presque un événement national.
Ema
La plupart des sanctuaires vendent de petites plaquettes votives ornées d'un dessin d'inspiration Shinto (généralement un cheval) sur une de leurs faces. On achète ces plaques (nommées
ema, littéralement
image de cheval) et l'on écrit une prière ou un souhait au dos avant de l'accrocher à un portique ou à un arbre afin qu'elle soit lue par les
kamis. Contrairement aux pratiques occidentales, il est parfaitement acceptable et même attendu de partager son souhait avec d'autres personnes.
Omikuji
Les fidèles qui se rendent à un sanctuaire passent sous le
torii (littéralement
là où sont les oiseaux, les
toriis servant initialement de perchoir au coq du village qui appelait Amaterasu par son chant), puis se lavent les mains et se rincent la bouche avant de se diriger vers le hall principal, là, ils jettent quelques pièces dans une boîte à offrandes (ceci pour aider les
kamis a se montrer bienveillants mais également pour aider à l'entretien du sanctuaire), tirent sur une grande corde attachée à une cloche, s'inclinent deux fois, frappent deux fois dans leurs mains (pour attirer l'attention des
kamis), prient puis s'inclinent avant de partir.
On peut également tirer au sort des morceaux de papier portant des prédictions (
omikuji, littéralement
loterie sacrée). Après les avoir lus, on garde avec soi comme un talisman ces papiers s'ils donnent de bonnes prédictions. Si les prédictions sont mauvaises, on les attache aux branches d'un pin pour conjurer le mauvais sort. Certaines personnes utilisent cette pratique pour s'échanger des messages secrets.