Bhrasta ne bougea que très lentement, comme un serpent léthargique, elle ne semblait clairement pas savoir quoi faire - ou en tout cas le simulait avec merveille - et hésitait encore à faire un mouvement clair. Elle préféra parler à Isolde en couvrant à moitié la fin de son discours :

« Je pense qu'en matière de morale, vous avez beaucoup de points communs avec moi, vous qui relevez les morts... (elle s'adresse ensuite aux deux paladins d'un air très sérieux) ...n'est-ce pas interdit par la morale de vos dieux respectifs, d'ailleurs ? (elle jette un regard au prêtre) Que dire du vôtre .... Juge Hamunaptis, quel est la peine prévue pour nécromancie à Magnimar ?  »

Modifié par un utilisateur mercredi 17 juin 2015 21:16:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Je ne prétend pas être juge.

Et si je cite les lois en vigueur à Magnimar, c'est aussi parce que la taille de la cité, son cosmopolitisme, les différentes ethnies et religions qui cohabitent ont nécessité des règles et lois qui me semblent justes, logiques et sains, y compris dans les bas quartiers et au sein des groupes de bandits et de la pègre.

Les âmes doivent pouvoir trouver la paix. Notre enveloppe corporelle n'est guère que le support de notre âme, de notre pensée, et de nos sentiments.

Je ne suis pas favorable à l'utilisation des squelettes et zombies, mais il s'agit de personnes qui ont trouvé la paix, et leur âme n'est pas dérangée ! »

Puis, se tournant vers Gabriel, il rengaine son arme et s'avance sous la menace du paladin d'Iomadaé.

« Je ne peux les laisser fuir. La justice doit suivre son cours, et Lepistadt est un oasis de stabilité et de bon sens dans un pays malmené.
Je suis désarmé, mais je peux tenter de retenir nos prisonnières.

Mais que me soient épargnés les sermons au sujet de la tentative de meurtre. Je le sais bien. A mes yeux, elles sont coupables, et mon témoignage n'épargnera aucun détail de la terrible agression dont nous avons été victimes.

Mais les tuer de sang froid nous entraîne vers les eaux mouvantes de l'immoralité, et la pente empruntée pour un tel acte nous mène rapidement en de telles eaux ! »

Isolde ne voyait rien mais les mots qu'elle entendait étaient largement suffisants. Elle était abasourdie par la scène. Telle la caricature d'une discussion, chacun se pressait pour déverser ses mots lors d'un bref moment de silence, sans prendre la peine de profiter des autres instants pour écouter ses interlocuteurs. Ils n'étaient que des murs renvoyant un pâle écho. Gabriel avait bien sûr corrompu son propos pour qu'il ne constituât d'obstacle à sa pensée simpliste en aucune manière. Elle ne comptait pas prendre la peine de revenir dessus. Elle avait compris : elle ne saurait trouver les mots pour convaincre ces idiots. « Je ne relève pas les morts ; je me contente de contrôler ceux qui existent déjà, c'est un détail qui a son importance. » Elle marqua une pause puis tâta les flancs de la charrette afin de tout à fait s'imaginer sa présence. « Vous me fatiguez... Si vous n'avez que faire du vote collégial... Gabriel dit l'avoir accepté seulement parce qu'il imaginait que l'issue lui serait favorable : bravo ! Et Hamunaptis ne prend même pas la peine de s'expliquer. Faites comme il vous semble. Écharpez-vous si telle doit être l'issue de ce débat mais prenez une décision ! » La jeune femme fulminait à présent. Elle marcha le long de la charrette en dodelinant de la tête, vraisemblablement excédée. Y allant toujours à tâtons, elle grimpa et se plaça à côté de la place du cocher. Ce satané druide... Comment ai-je pu avoir la faiblesse de me laisser dominer par son sort ? Je me serais éclipsée avec un canasson et aurait abandonné ces sots à la nuit...

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Gabriel soupira vers Ethus :

« Epargnes-nous le laïus sur la responsabilité, surtout quand ta notion de prévention ce limite à "on va les égorger au bord de la route, mais surtout va-y Hamunaptis j'aimerai pas me salir les mains..."  »

Puis Il baissa son arme lorsqu'il entendit les propos d'Isolde :

« Faites comme il vous semble? C'est une blague? On aurait même pas cette discution si tu n'avais pas refusé de monter dans le chariot comme une enfant gâté... Alors si t'as fini ton caprice soit. Nous allons faire comme il était prévu en première intention. »

Le paladin rangea son arme et monta dans le chariot en face de la prisonière.

Ethus profita que les deux paladins soient assis l'un à côté de l'autre. Il s'éloigna de quelques pas, s'assurant qu'aucune de leurs ennemis ne puissent bénéficier de la force de Pharasma

« Pharasma, que ta douce chaleur, referme nos blessures » pria t il en canalisant l'énergie salvatrice de sa déesse

Puis il rejoignit les autres dans le chariot, attendant le départ de leur guide Théo.

• Canalisation soins : 2d6 donne [4] = 4

Baguette Immo. Personne : -2
Antidote : -1

Bhrasta s'adressa à Hamunaptis et à Ethus avant d'être poussée sans ménagement par ce dernier dans le chariot :

« Seriez-vous insensibles à l'âme de ces pauvres hères qui crient leur douleur à l'intérieur de ces corps décharnés ? Vous tolérez ces pratiques uniquement car cela vous arrange, belle conception de la moralité... voyez comme elle esquive cette discussion. Elle est intelligente. (elle attarde son regard sur Isolde qui s'éloigne puis revient vers Ethus) Je n'ai jamais essayé de dominer l'un d'entre-vous, vous péchez par mensonge ou par méconnaissance, mon fils (elle rapproche ensuite son visage de celui d'Hamunaptis et continue son propos, son regard est troublant) J'ai simplement lu au plus profond de vos âmes, au-delà du verni de moralité que vous exposez à ce monde hypocrite et faux.  »

Lorsque le paladin chargea les deux femmes dans le chariot, Bhrasta eut un regard pour sa collègue sans plus d'inquiétude malgré son état. La nuit semblait resserrer son étreinte sur les héritiers de Lorrimor et les injonctions pressentes d'Isolde ne faisaient qu'augmenter cette impression de malaise et de danger.

Gabriel ne comptait pas laisser le dernier mots au moquerie d'Isolde

« Oh oui j'ai empêché l’exécution sommaire de deux femmes qui nous font uniquement peur. Je suis mortifié de honte face à cette acte "héroïque"... même ma déesse doit rire aux éclats, c'est sur... »

Puis le paladin chercha deux morceaux de tissus dans son sac. L'un pour cacher les yeux de la prisonnière, l'autre pour la ballonner :

« Désolé mais je vais nous priver de votre aimable discutions. Je ne voudrai pas ternir ma réputation de tyran qui n'écoute que ses propres paroles. »

Habituée au contrôle et à dépendre de ses seules capacités intellectuelles, Isolde se morfondait d'ainsi s'en remettre à ses compagnons de fortune. Et le sentiment qui l'habitait était d'autant plus fort que les paladins du groupe s'étaient avérés être encore plus stupides qu'elle ne l'avait imaginé. Même si Gabriel n'avait jamais eu une agilité intellectuelle particulièrement dynamique, elle avait su le pardonner à de multiples reprises durant leur enfance en vertu du cœur pur qui palpitait sous la cage thoracique du jeune homme et pour lequel elle avait un profond respect. Mais ce sentiment, cet élan même, avait été corrompu par les enseignements rigides qu'il avait suivis. Le courage et la compassion avaient laissé place à la justice partiale des hommes et au respect. Triste constat.

Cramponnée à son siège à s'en faire blanchir les jointures, Isolde s'enquerrait sporadiquement auprès de Théo de son sentiment quant à la route et à sa capacité à les mener, dans ces conditions, jusqu'à Lepistadt. Ne souhaitant pas déranger la conductrice plus que de raison, elle ne poussa pas la conversation plus loin, laissant la débrouillarde jeune femme maîtresse de cette décision. Elle s'imaginait ainsi rester, aveugle, pour l'éternité. Une vie de dépendance et de vulnérabilité serait la sienne : son esprit n'y survivrait pas. La démence guettait et un tel handicap lui offrirait un pont d'or.

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