M'hem réfléchissait en grattant sa joue indemne avec son majeur.


«  ça doit être possible mais sans savoir leurs intentions, vous prenez le risque, peut-être payant, de leur faire savoir votre intérêt. L'endroit est dangereux, du moins sa route, j'enverrai un volatile auquel je ne tiens pas, qui se ferait certainement dégommer avec son message, plutôt que de tenter une approche terrestre. Il y a des gens spécialisés dans la transmission des messages, si vous y mettez le prix, vous pouvez peut-être trouver ça aux Étals ou même en journée. la chef des Étals doit avoir des employés capables de le faire. »

Bhaal salua l'homme au visage ravagé avant de descendre l'escalier à la suite de Célestin. Celui-ci semblait animé d'une volonté nouvelle, une volonté de savoir - ce qui, aux yeux du demi-démon, était à la fois une bonne chose... Et une chose dangereuse.

En revanche, dans son désir de percer ce mystère le plus rapidement possible, le jeune homme avait oublié leur programme du lendemain. Quelque peu embarrassé, le géant rouge finit par lui dire : « Euh... Excuse-moi, mon biquet, mais on a déjà quelque chose, demain... Le temple, tu te souviens ? Notre affranchissement, à Alia et moi. Et il faudra qu'on parle à Vechna, pour la petite... Mieux vaudrait après-demain, je pense, parce qu'on ne couvrira pas la distance en une demi-journée, à moins d'avoir des montures de compète. »

Il hésita un instant avant de poursuivre, encore plus gêné. « Et... mieux vaudrait parler à Almah de cette histoire. Même si elle n'en veut rien savoir, moi je comprends qu'elle est en danger tant qu'elle a cette dette au cul. Il faut l'avertir. Et il ne faut pas qu'elle sorte sans une solide escorte. »

Célestin ouvrit de grands yeux. L'affranchissement ! Comment avait-il pu l'oublier ? Tout à son exaltation d'avoir une piste tangible, il ne pensait plus qu'à lui !

Un air pitoyable affiché sur le visage, il se tourna vers ses deux amis. « Oh par Sarenrae ! Je... ça... ça m'était complètement sorti de la tête ! Mais quel crétin d'égoïste ! Je suis désolé... Bien sûr ! Bien sûr ! C'est bien plus important ! Bien sûr ! » répétait-il, visiblement bouleversé par sa bêtise. « Oui, oui, nous irons vous affranchir, demain. Et puis, ça nous laissera le temps de nous préparer. Et de parler à Almah. Oh par Sarenrae, je suis vraiment navré mes chéris, vraiment ! »

Modifié par un utilisateur mardi 25 juillet 2017 18:16:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

Voyant la réaction navrée de Célestin, Bhaal sourit et posa une paluche affectueuse sur l'épaule du jeune homme. « Allez, te mets pas dans des états pareils, mon biquet. Ce matin, on s'est réveillé dans une fosse après avoir été morts et ressuscités... Enfin pas toi, mais n'empêche, ça tape sur la tête. On est tous un peu patraques, je pense. Tu sais, ce qu'on a à faire demain, c'est pas plus important... c'est juste que ça a été prévu par le prince Jawad, et je crois qu'on l'a assez contrarié pour aujourd'hui. Mais... »

Il fit une pause, hésitant à poursuivre. Son expression se fit plus grave et il baissa d'un ton. « Est-ce que... Est-ce que tes frères avaient des pouvoirs magiques, comme tes ancêtres ? Je veux dire... Ce que je retiens de ce que j'ai entendu, c'est qu'on dirait que... Pardonne-moi... On dirait que leurs corps eux-mêmes avaient de l'intérêt pour quelqu'un, comme si... on pouvait en tirer quelque chose... »

« Bon... » Fit Bhaal avec une moue déçue. Sa théorie s'effondrait avant même d'être formulée. « De toute façon, on n'en sait pas assez pour l'instant, alors inutile de se faire des nœuds à la tête. On devrait rentrer maintenant, je ne sais pas si c'est prudent de rester ici. Le quartier craint, et j'ai eu mon content de bagarre pour la journée, » ajouta-t-il en regardant autour de lui si tout était normal.

Reprenant leur route, les quatre amis se dirigèrent vers la sortie des Étals pour rejoindre le palais des Maîtres du Pacte. La journée avait été longue et tous aspiraient désormais au repos.

Le repos des plus plaisants, à se damner pour rester dans les draps de soie, fut assez sèchement interrompu par un Célestin et un Jawad qui avaient eu la même tardive illumination : mettre la touche finale aux vêtements de ceux qui allaient être reconnus libres. Les esclaves s'empressaient de suivre les instructions de Célestin, à tenir des ciseaux, des rubans, des nœuds en place, à tenir les miroirs pour d'impeccables coiffures.

Bhaal portait un justaucorps fait de lanières de cuir noir entrecroisées et renforcées aux épaules, à la fois léger, aéré et suffisamment près du corps pour mettre en valeur sa musculature, complété par une sorte de jupe de style "allah rohmen" faite de lamelles de cuir décorées tombant sur les cuisses un peu à la façon d'une armure. De hautes sandales dont les lanières remontaient jusqu'en haut du mollet complétaient sa tenue. Alia arborait une robe fluide de soie verte assortie à la couleur de ses yeux, à la coupe simple mais raffinée, qui mettait en valeur sa silhouette sans être provocante ni ostentatoire, avec des sandales de cuir d'un brun élégant.

La préparation du moment n'avait rien à envier à celle d'un mariage, avec son duo pour centre d'attention, ses témoins, et ses proches. Même Nemlak avait fait un effort pour être moins austère, sans pour autant décocher un sourire. L'effort était certainement fait autant pour faire bonne impression au Prince et à la Princesse que pour ses compagnons de route.


« Prêts ? » demanda la Princesse, dans une magnifique robe verte émeraude qui mettait son teint Varisien et ses longs cheveux olives en valeur. Des manches ébouriffées de beige faisaient la jonction avec des bijoux qui restaient somme toute d'un éclat modéré, par la volonté probable de ne pas vouloir pour autant étaler ses richesses dans l'un des temples les plus priés par les infortunés.

Le prince Jawad lui, avait choisi un qamis d'un rouge vif, princier, ornementé de joyaux assortis à ceux de son turban doré. Jyll arborait un haïk fait par Célestin, mélange effronté de deux tissus, blanc et orange, créant des vagues anarchiques déstabilisantes pour les plus traditionalistes, mais dont on ne pouvait nier le charme, qui faisait penser à des vagues de sable emporté par le vent. Seuls ses yeux clairs dépassaient, ses yeux si vifs et beaux qu'ils dessinaient pour elle le sourire éclatant que sa tenue occultait.

La fatigue aidant, ils n'avaient pas voulu lui révéler ce qu'ils avaient découvert la veille. Après tout, la princesse ne sortirait pas sans une très bonne escorte, comme en attestait la dizaine de gardes que le prince Jawad avait dépêcher.
Une autre raison moins avouable en justifiait l'inaction. C'était leur journée à eux. Ils espéraient qu'aucun danger, qu'aucune mauvaise nouvelle ne viendrait les menacer comme de noirs nuages présageant l'orage.

Une fois aussi prêts qu'on puisse l'être pour un évènement aussi important, ils furent escortés jusqu'à l'Église de la Fleur de l'Aube, au centre de la capitale. Tandis qu'ils redoublaient de vigilance, de nombreux marchands et mendiants s'approchaient d'eux, repoussés aussitôt par les gardes pour leur vendre leurs possessions pour les uns, et leurs malheurs pour les autres.
Devant la bâtisse, autour de la statue de la déesse, les fidèles sortaient, priés avec douceur de quitter les lieux pour une importante cérémonie privée. Certains curieux et autres badauds restèrent en bas des marches pour voir venir ceux pour qui on procédait de la sorte. Mendiants et marchands les suivirent jusque là, avant de devoir, par le pouvoir des soldats et la force de la foi, se décider à les laisser parcourir seuls les derniers pas qui les séparaient de l'entrée.


La chapelle principale finissait de se vider, tandis qu'un visage familier vint les accueillir aux portes en prenant tour à tour leur main dans les siennes, saluant respectueusement le prince et la princesse à distance.

«  Bienvenue, entrez entrez, les préparatifs sont presque terminés. Comment s'est passé votre visite? »

Modifié par un modérateur lundi 31 juillet 2017 00:13:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

A moitié étendue sur le corps de son fiancé, Alia ne parvenait pas à dormir, les yeux grands ouverts elle scrutait l'obscurité de la chambre, détaillant chaque détail grâce à la vision qu'elle avait hérité de ses ancêtres et qui lui permettait de percer la nuit. Elle soupira profondément, ressentant la peur qui l'envahissait toute entière. Comment allait se passer le lendemain ? Et si quelque chose venait interrompre la cérémonie d'affranchissement ? Et si tout cela n'était qu'un rêve ? Et si un de ses anciens maîtres venait la revendiquer ou les Maîtres du Pacte, ou alors si c'était Bhaal qu'on venait chercher ? Et si le Capitaine de la Nef n'amenait jamais sa fille ? Si il l'amenait mais morte ou invalide ou ayant tant souffert qu'elle ne serait jamais une petite fille normale ? Ou si elle était maudite ?

Les questions n'en finissaient pas de tourner en boucle dans son esprit. Elle soupira à nouveau aussi profondément et se redressa légèrement, regardant le géant qui dormait sous elle. Elle enviait Bhaal de pouvoir dormir aussi sereinement, elle le regarda intensément, comme si d'un simple regard elle allait réussir à le réveiller mais sans succès. Elle se mordilla les lèvres, hésitant à accélérer son réveil mais culpabilisant légèrement en le voyant si bien dormir.

Elle soupira à nouveau et vit les lèvres du gladiateur frémir sous son souffle, elle plissa la bouche et souffla doucement sur le visage rouge, le voyant tressauter à chaque endroit où son souffle passait. Elle inspira, prête à reprendre son jeu lorsque la voix grondante de Bhaal se fit entendre sans même qu'il n'ouvre les yeux.

« Alia... dors, demain risque d'être une journée épuisante. »
« Mais je n'y »
« Te torturer avec toutes ces mauvaises pensées ne sert à rien. »
« Mais, et si »
« Dors. »

Toujours les yeux fermés, il ponctua sa dernière parole en posant la main sur la tête de la jeune fille et, exerçant une légère pression, la posa contre son torse, l'oreille sur les battements de son cœur. Elle soupira une nouvelle fois devant le manque de compassion de son fiancé et, sans s'en rendre compte, elle sombra dans un sommeil réparateur.



Elle aurait bien dormi encore un peu lorsque les portes de leur chambre s'ouvrirent en grand laissant entrer le prince Jawad, Célestin et une cohorte d'esclaves. Bhaal et elle n'eurent que quelques minutes afin de sortir de leur lit et commencer les préparatifs.

Habituée à ce qu'on l'habille ainsi, Alia se laissait manipuler, exécutant les gestes demandés, s'asseyant, se levant, s'asseyant de nouveau selon les désirs de ceux qui l'habillaient, la coiffaient, la maquillaient. Ces quelques heures lui rappelèrent sa condition d'esclave de façon accrue, cette scène avait longtemps été son rituel quotidien, la différence ici est qu'elle avait pu choisir sa tenue et que tous agissaient avec le désir évident de lui faire plaisir.
Bhaal détourna heureusement son esprit de ses pensées noires et elle sourit avec amusement en voyant son fiancé se faire traiter de la même sorte, un Célestin bourdonnant autours de lui, jamais réellement satisfait de ce qu'il voyait.
Puis, le sorcier décréta que tout était parfait alors que pour la majeure partie de l'assemblée rien n'était différent d'il y a cinq minutes, mais l'œil averti d'Alia remarqua un pli de sa robe qui mettait plus en valeur sa silhouette, une disposition des lanières de cuir légèrement déplacé afin de mieux dessiner la musculature du gladiateur. Oui, c'était une évidence, Célestin savait ce qu'il faisait et il le faisait bien.

La traversée de la ville jusqu'au temple se passa comme dans une sorte de rêve cotonneux pour Alia, ses angoisses revenaient en force, et s'il n'y avait eu les visages souriants de ses amis et la présence rassurante de son fiancé, elle ne savait pas si elle aurait pu marcher jusqu'à leur but.

Elle serra chaleureusement les mains de Vechna qui les accueillait et alors que Bhaal la regardait quand il finit de répondre à la prêtresse, la danseuse compléta la voix serré par l'appréhension de la journée.
« J'ai des nouvelles de ma fille, elle devrait revenir bientôt... mais... j'aurai besoin de votre aide. Je vous expliquerai tout si vous acceptez. »

Modifié par un utilisateur lundi 31 juillet 2017 14:19:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le bref ralentissement dans le rythme des pas de Vechna, ainsi qu'un léger et court froncement de sourcils trahissaient sa perplexité quant au sens réel de leurs propos. Il reprit son chaleureux sourire en un battement de cils.

«  Ça sera avec plaisir. Suivez-moi. . »

Les gardes s'amassaient à l'entrée de l'église, se répartissant pour le reste aux différentes entrées, d'un pas militaire mais sans être alarmant, leur déploiement semblait des plus habituels et permettait de ne pas s'inquiéter en les voyant prendre tant de précautions.
Derrière eux, ralentissant en approchant des gardes, Gorundal arrivait, quelque peu essoufflé. Difficile de savoir s'il était venu de sa propre initiative ou parce qu'on le lui avait demandé, mais le mwangi avait mis un étrange costume de cuirs et de plumes colorées, déroutant mais impeccablement coupé, dont on ne pouvait douter du sérieux traditionnel vestimentaire que cela représentait.

Au fond de l'église, non loin de l'autel, Vechna bifurqua vers la droite, leur offrant l'accès à la partie opposée à celle qu'ils avaient visitée.
«  Nous nous rendons dans l'aile où nous-mêmes n'allons que rarement, en dehors de. »
Et heureusement. La princesse Roveshki avait tiqué quand le chemin continua loin de la Nef et de son magnifique autel, déçue, mais l'apparent androgyne avait attisé sa curiosité.
«  Fermez les yeux, et donnez vous la main, nous allons entrer. »
Le prince Jawad (comme Nemlak) leva les yeux au ciel avant de s'exécuter, donnant la main à Almah, qui la donna à Jyll qui la donna à Célestin (sur lequel Agathe pavanait fièrement) qui la donna à Bhaal qui la donna à Alia qui la donna à Nemlak qui la donna à Gorundal. Aucun garde ne les suivit.

Avançant de manière saccadée, la pratique était déconcertante, les plus méfiants scrutaient le moindre bruit, tandis que que les plus confiants prenaient de grandes inspirations pour s'imprégner de l'expérience.
La résonance des pas laissait penser à du carrelage, elle était pure, aucun son de la ville ou du corps de l'église ne semblait atteindre ce lieu. À mesure qu'ils avançaient, la lumière se faisait plus forte malgré leurs yeux fermés, et semblait venir de partout autour d'eux, de partout, sauf d'en haut. Après une bonne minute de marche, ils s'arrêtèrent, et une voix déjà entendue par Jyll et Célestin interrompit le silence.


«  Soyez les bienvenues. » Comme une discrète invitation à ouvrir les yeux, cette voix grave et masculine ne manquait pourtant pas de chaleur.

Les mots manquaient pour décrire ce qu'ils voyaient. L'endroit, grand et majestueux, offrait un magnifique et fin carrelage bleu nuit, qui sublimait les mosaïques jaunes et bleus des murs et plafonds, qui en étaient intégralement recouverts avec des motifs variés. face à eux, le Père Adrastus dans son costume cérémoniel, ainsi que Leira, et une jeune femme avec un turban rouge et une combinaison gilet/pantalon doré à la coupe tianaise se tenaient sur un long tapis rouge. Derrière eux trois, face au petit groupe, toute la surface verticale était en vitraux, renvoyant vers une douce et bienveillante lumière dans une myriade de couleurs, glorifiant la vie dans une fête des sens absolues qui n'aurait rien eu à envier à un Grand Temple de Shelyn.



L'endroit pouvait sans problème accueillir plus de cent fidèles, deux cents même. Aujourd'hui, il était à eux. À eux seuls.

Leira fit un pas en avant, s'avançant vers la petite foule.

«  Nous sommes ici en ce trente Sarenith pour officialiser et célébrer l'affranchissement de Bhaal Unramat et d'Alia ici présents, en présence de leur dernier Maître, du Père Adrastus Ghazouf, qui présidera la cérémonie, et de l'archiviste du Premier Coffre Salma Ouadji. »

Elle s'inclina vers le couple et ses témoins avant d'aller se placer à la droite de la foule contre un pilier, tandis que Vechna alla se placer en face sur le côté gauche.


«  Mes enfants, avancez je vous prie.
Aujourd'hui, Bhaal et Alia rejoindront les rangs des âmes au corps libre. Dans ce lieu sacré où l'esclavage est honni, c'est une joie incommensurable pour moi d'en être le pourfendeur, permettant non de leur donner une liberté méritée, mais une liberté qui est due à chacun tant qu'il n'a pas commis de crime.
Et de quel crime parle t'on alors? Celui d'être né. Vos destins sont liés, et ce jour n'en ai que la confirmation à la lumière du jour. Par vos actes, parvenus à mes oreilles, vous avez libéré une cité d'un mal ancien. Vous avez fait montre de qualités et d'exploits que beaucoup d'êtres libres seraient incapables d'avoir et de faire.
Cette voie, c'est la vôtre, elle est choisie par vous, et à ouvert les yeux à Almah Roveshki, que je salue aujourd'hui avec respect. »

Le père Ghazouf se mit à philosopher sur la liberté, la responsabilité qui en découlait, la non-marchandisation des êtres, avant que Leira ne se mette à chanter. Nemlak restait impassible, mais le Prince comme la représentante d'Abadar ne pouvait s'empêcher de frémir devant l'effronterie faite.


« Gémissant sous l'esclavage,
Dans la sombre nuit,
Amis, reprenez courage :
La Fleur de l'aube luit.

Oh! joyeuse espérance.
Voici la délivrance!
Nous connaissons la puissance
De notre grande Libératrice,
Et nous vous disons : confiance!
Venez, donnez-lui votre coeur!

Que de larmes, que de chutes
Dans la sombre nuit!
Voici la fin de vos luttes :
Déjà l'aube luit.

Prenant en dégoût la vie,
Coeurs découragés!
Que pourrait votre énergie,
Pauvres naufragés,

Elle, qui fit tomber nos chaînes
Et nous affranchit,
Voit aussi leurs luttes vaines
Dans la sombre nuit...

Oh! joyeuse espérance,
Voici la délivrance!
Croyez donc à la puissance
De notre Grande Libératrice,
Et venez avec confiance;
Venez, donnez-lui votre coeur!
Un jour dans Katapesh
On ne parlera d'esclaves que par les conteurs
 »

La mine du prêtre aurait été amusé de la réaction des outrés si l'instant n'était pas si sérieux.

«  Princesse Roveshki, approchez je vous prie, à la droite d'Alia et Bhaal. »
Tandis qu'elle s'avançait, assez émue, le Père en fit autant vers elle.
«  Princesse, consentez-vous à affranchir Bhaal et Alia ici présents, au Katapesh et ailleurs, eux, leurs héritiers futurs ou déjà portés, maintenant, et à jamais. »


«  J'y consens. Je souhaite que leur marque soit enlevée et qu'ils jouissent dès à présent d'une liberté égale à celle de tout citoyen, et leur renouvelle ma confiance et ma gratitude pour tout ce qu'ils ont fait à Kelmarane, et m'avoir aidé à faire de moi celle que je suis. »

L'archiviste Ouadji sortit une petite table de nulle part à la stupeur des invités, d'un brun aux reflets orangers, sur laquelle se trouvait plume, encre et encrier, deux parchemins, ainsi qu'une carafe en cristal, contenant un liquide clair avec une légère teinte jaune, et deux coupes en or. Elle fit signe à Almah d'approcher, la princesse saisit alors la carafe et en versa le contenu dans les coupes. Elle tendit les coupes au couple planaire. Le liquide était un vin très rare, assez jaune, et qui avait une odeur légèrement sucrée, le Muskah.


«  Par ce partage, buvez la source de la liberté, qu'elle vous accompagne désormais à chaque instant, et scellez ainsi la reconnaissance de votre affranchissement, et celle de vos lignées. »

Tandis qu'ils burent, la plume se mit à écrire, comme possédée, sur l'un des parchemins, qui s'était déroulé lui-même. L'archiviste le signa ensuite en bas de page, elle chuchota ensuite un mot interdit qui fit luire sa bague, dont elle apposa le sceau à côté de sa signature. L'autre parchemin se consuma alors qu'Alia et Bhaal étaient pris de picotements. Ils le sentaient, leurs marques s'estompaient, jusqu'à disparaître; à l'exception d'une seule pour Bhaal, comme il s'y attendait.
«  Le Katapesh vous reconnaît la liberté par mon verbe, et par ma main, place dès maintenant un double de cet acte au Premier Coffre. Bienvenue à la capitale, Katapeshiens.  »

Le Père se mit à applaudir, et des applaudissement des plus démonstratifs aux plus timides résonnèrent dans la salle. Almah essuyait discrètement ses larmes, comme Jyll, Gorundal semblait fier en les regardant, comme Nemlak, qui tentait pourtant d'en camoufler totalement l'expression. Le Prince Jawad avait un petit sourire en coin, concédant l'émotion touchante du moment malgré lui. Oh, comme Garavel aurait aimé être là.

Modifié par un utilisateur mardi 1 août 2017 15:39:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

En pénétrant dans l'église, Bhaal fut de nouveau hanté par l'impression de pas être à sa place en ces lieux, trop purs pour lui, à moins que ce ne fût lui qui était trop souillé. Mais cette sensation désagréable s'estompa lorsqu'il vit arriver Gorundal le marchand. Qu'est-ce qu'il fout ici, lui ? Se demanda le demi-démon. Il était vrai que c'était le mwangi qui les avait amenés devant le temple, occasionnant la rencontre avec Vechna et précipitant toute une suite d'événements. Mais il n'eut pas le temps de "gamberger", comme il disait en pareil cas. La cérémonie commençait.

Bhaal donna la main aux deux personnes qui lui étaient le plus proches, en distance comme en cœur, et ferma les yeux comme tout le monde. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il fallait faire cela mais l'important, pour lui et à ce moment, était de ne pas se faire remarquer et de respecter le rituel, ce qu'il fit. Et la beauté du spectacle qui s'offrit à lui lorsqu'il rouvrit les yeux le laissa un moment bouche bée, jusqu'à ce que Leira prenne la parole.

Il se tenait droit, les mains croisées devant lui, les jambes légèrement écartés comme s'il était "au repos". Il écouta le sermon du père Adrastus en se demandant ce que la princesse lui avait dit d'eux. Son discours aurait-il changé s'il avait su qui était Bhaal réellement ? Lorsqu'il l'avait entendu pour la première fois, le prélat avait dit quelque chose sur l'accueil que réservait Sarenrae à ceux de bonne volonté, qu'importent leurs origines. Vraiment ? Toutes les origines ?

Puis la voix de Leira s'éleva, mélodieuse, pour un chant à la gloire des chaînes brisées et de la liberté retrouvée, et Bhaal sentit la main de sa bien aimée qui cherchait la sienne. Il la lui prit doucement, et voilà qu'elle le fixait intensément, les yeux humides d'émotion. Et il la regarda à son tour, le jaune de ses yeux se perdant dans le vert des siens, et une boule se forma dans sa gorge quand la princesse Almah, visiblement émue, leur accorda officiellement la liberté tant attendue et tant chérie. Restait, maintenant, à savoir quoi en faire. Lorsque la princesse lui tendit sa coupe, Bhaal accrocha son regard, pour la remercier sans mots de tout ce qu'elle avait fait pour eux, depuis le début, et il lui sourit en portant la coupe à ses lèvres.

Au début, rien ne se passa. Puis un chatouillement, non, un picotement à l'épaule et... au front. Ça le démangeait même furieusement. La tête d'Alia lui confirma qu'il se passait bien ce qu'il pensait. Il porta la main à son front en même temps qu'elle, et tous deux tentèrent en vain de sentir quelque chose qui n'existait plus, les sillons creusés dans la chair par le fer rouge des maîtres. Il passait la main sur son front désormais lisse, les yeux écarquillés, n'arrivant pas à croire que ce qu'il portait depuis quarante années s'était effacé comme si cela n'avait jamais existé.

Les applaudissements s'élevèrent et Alia, n'y tenant plus, se jeta brièvement dans ses bras avant de parvenir à se maîtriser suffisamment pour saluer tous les présents. Les yeux humides, Bhaal souriait, applaudissait et saluait à son tour tous ces gens qui s'étaient réunis pour lui, pour eux. Une personne manquait cependant, celui qui avait assisté à son combat et l'avait racheté quelques jours après alors que son maître le destinait aux mines, le majordome de la princesse, Garavel. C'était à lui, en premier, qu'il devait la vie et la liberté. Il aurait aimé que le vieux guerrier soit des leurs.

Modifié par un utilisateur mercredi 2 août 2017 15:51:34(UTC)  | Raison: Non indiquée

La cérémonie terminée, Gorundal prit congé après avoir brièvement salué chacun, et fut raccompagné par l'archiviste Ouadji, avec laquelle il en profita pour s'entretenir sur le commerce et la loi.

Le père Adrastus allait inviter tout le monde à quitter lentement de la salle de cérémonie quand Jawad s'approcha de lui.

« Mon père, merci pour ce beau et louable discours, et pour avoir accepté ma demande d'en faire un évènement marquant. Je suis d'autant plus heureux du don fait. » dit il comme pour lui rappeler quelque chose en préambule.
«  Je ne souhaitais pas l'ébruiter devant tout le monde mais je profite de certaines absences pour demander votre aide. Il y avait dans cette ville une guilde connue dont l'arrière boutique consistait en du trafic d'esclaves et dans le développement d'un culte lié à la Bête Hirsute, que celle qui nous a permis d'être ici a fait si justement fait emprisonner. Bhaal, Alia, Nemlak et Célestin ici présents ont tous les quatre étaient les combattre, mettant un terme au culte, et un frein certain à leur commerce d'esclaves. Je compte justement m'arranger pour que ce frein se transforme en arrêt.
Mais cela leur fut coûteux. Non en argent, mais en vie. Vous ne le constatez pas en observant leur joie ou leur sérieux, mais trois d'entre sont morts là-bas. » Il fit une brève pause pour marquer son propos tandis que le Père regardait le visage de chaque nom cité.
«  Ils ne sont revenus d'entre les morts que parce qu'un Saint en a fait la demande. Un saint de votre culte, St-Vardishal. Peut-être, que dis-je, sûrement, souhaitait-il pérenniser l'avenir de Kelmarane, où il s'était établi d'après les légendes. C'est l'une des raisons qui m'a poussé à vous faire demander cette cérémonie ici, c'était un moyen de remercier aussi votre déesse pour ce qu'elle a fait. Je ne peux, en tant que fidèle très modéré de celle-ci, lui en demander davantage. Mais vous mon père, pourriez-vous, pour les services rendus au culte, à la cité, et à vos convictions, leur restaurer la part de vitalité qui semble à présent leur faire défaut, à Bhaal, Alia et Nemlak? »

Le Père sourit brièvement, comprenant bien la manœuvre habilement mené par le Prince, bien qu'il en ait vu d'autres.

«  Je pourrais vous dire, si tout cela est vrai, ce dont je ne doute pas vu l'enceinte dans laquelle vous proférez ces paroles, que si la déesse n'a pas été jusque là, ça n'est pas à moi d'en changer le jugement. Mais vous avez raison. C'est un haut fait, qui pour des raisons qui vous regardent semble demander un certain secret. Je m'en occuperai dès demain, venez me voir tous les trois demain, nous inviterons la déesse à terminer de vous rendre vie. Merci pour ce que vous avez fait. Quant à vous Prince, j'espère que vous arriverez à négocier l'arrêt de cette pratique auprès de la guilde en question. »


«  Il va de soi mon Père, il va de soi. Pour le bien de tous. Je vous remercie, et ne manquerait pas de donner à nouveau, soyez-en assuré. C'est une joie pour la Princesse et moi que de les avoir encore avec nous, il était normal de célébrer cela ici. » La princesse confirma sa joie d'un hochement de tête gracieux et poli, mais que ceux qui la fréquentaient savaient trahir une certaine surprise devant la demande du Prince.

Vechna écoutait attentivement les propos échangés, surpris, et d'une joie mitigée par sa sensibilité aux épreuves subies dans ce court laps de temps. Il en profita pour faire d'un élégant geste du bras signe de se mettre doucement en marche vers la sortie.

«  À demain mon Père. Que la Fleur de l'Aube vous veille, comme chacun de nous. » dit-il dans une révérence appuyée. Le Père Ghazouf posa sa main sur le crâne du prince, comme un monarque, avant de serrer brièvement la princesse dans ses bras, puis de serrer la main de chacune et chacun.


«  Merci à vous, et à demain. C'est un grand jour pour vous, une nouvelle vie qui vous attend. Savourez-là pleinement. »