Sénara




Cypria se leva doucement, pour se mettre au niveau de Symphonie...enfin, pas exactement à son niveau, mais plus proche.
« Bouger en armure est un talent qui s'apprends, mais c'est vrai qu'elle me pèse, par moment. Ou peut être est-ce la guerre elle même…? J'ai du mal à différencier les deux, maintenant. Et j'imagine que le métal ne doit pas être des plus aisé pour tes ailes... »

Elle fit la moue à la mention d'un point d'eau.
« Je crains que le plus proche soit le puits dans la court, ou la citerne au sous-sol....mais ce n'est sans doute pas très pratique.

Ceci étant dit...cela me ferait plaisir à moi aussi d'expérimenter tes talents, Symphe. »

J'ai une idée raisonnable d'où se dirige cette scène, je préférerai un fondu au noir sans trop entrer dans les détails, mais je me trompe peut être sur les intentions de Symphonie.

Sénara




Cypria suivit le leadership de Symphonie, se débarrassant de l'essentiel des vêtements qu'il lui restait, sans paraître faire preuve de gêne. La pudeur n'était peut être pas dans ses traits les plus marquants...mais elle aurait eu tords d'avoir honte de son apparence.

Elle laissa Symphonie travailler, pensive, et se concentrant surtout sur les sensations des muscles qui se dénouaient et de la relaxation. De son côté, la strix, à en juger par la tension qu'elle pouvait ressentir sous ses mains, réalisa que la générale ne devait pas avoir souvent l'occasion de se détendre ainsi. Par endroit, elle paraissait avoir été sculptée dans un bloc de granit. Ou plutôt, à la pâleur de sa peau balafrée par endroit, un bloc de marbre. Finalement, Cypria repris, les yeux mi-clos, pour répondre à la question laissée en suspends.
« Je doute que le monde change assez de mon vivant pour que je pose définitivement mes armes. Mais peut être, quand cette guerre sera terminée, pourrais-je me reposer quelques jours au bord de l'océan...si j'en ai l'occasion, j'aimerais pouvoir le faire en bonne compagnie. »

Un instant de silence plana.
« Est ce que tu as déjà vu la mer, Symphe? »

Laissant à Symphonie le temps de peser sa réponse, Cypria laissa échapper un soupir de contentement, un large sourire sur le visage.
« Que ne donnerai-je pas pour recevoir un tel traitement plus souvent...? »

Entre ses cils presque clots, elle glissa un regard malicieux à Symphonie.
« Peut être pourrais-je te rendre la pareille? »

Sénara




Cypria se perdit dans la description que Symphonie faisait de l'Océan. Elle murmura, presque pour elle même, mais cela n'échappa pas à l'ouïe acérée de la strix.
« Et tu es aussi une poète...Cela fait des années que je n'ai pas vu l'océan, mais lorsque je le retrouverai, j'aimerai bien le faire avec toi. »

Cypria se redressa un peu, s'étirant une fois que Symphonie eu terminé ses soins. Elle portait un large sourire qui se tordit un peu alors qu'elle répondit sa partenaire.
« Les circonstances me le refuse, principalement...Les circonstances comme celles ci sont rares, après tout. »

Entre ses cils, son regard se fit incandescent.
« Nous aurions tords de ne pas en profiter...si tu le veux bien...? »

Elle se releva complètement, sans prêter attention à sa quasi nudité, prenant les deux mains de Symphonie dans les siennes, et plongeant son regard dans celui de la strix. Elle effleura l'épaule de la demoiselle ailée.
« Je te le promets, Symphe. »

Posant une main sur la nuque de Symphonie, elle attira ses lèvres aux siennes.

Eeeeeet smashcut au noir. On peut reprendre le lendemain si tu le souhaites.

Sénara




Cypria, elle, était déjà debout. Elle avait du se glisser hors des draps et de l'étreinte de Symphonie tandiq que la Strix dormait encore. Dans la grande pièce en haut de la tour qui dominait le château en réparation, elle s'était un peu éloignée, et répétait inlassablement des enchaînements, lance à la main, fait tournoyer la hampe de métal dans les rayons du soleil levant, le souffle intense, mais régulier.

Son regard était focalisé, et des gouttelettes de sueur perlaient sur la lance et sur sa peau nue. Elle sembla noter que Symphonie s'était réveillée, et termina son enchaînement, reposant la hampe de la lance à terre.

Elle adressa un sourire radieux à Symphonie.
« Bonjour miss ensommeillée! Bien dormi? »

Sénara




Cypria paru un instant surprise par la première requête de Symphonie, mais un sourire naquit sur ses lèvres, et elle posa sa lance contre le mur, et prit Symphonie dans ses bras. L'étreinte de la commandante était solide, mais tendre, et elle passa doucement la main dans les plumes de la strix.
« Avec plaisir, Symphe. »

Sans relâcher son étreinte, Cypria réfléchit un instant aux paroles de Symphonie, prêtant attention à ses mots.
« Je...n'en suis pas encore sûre, parce que je ne suis pas la seule à décider ce qu'elle peut signifier. Mais je t'apprécie aussi, Symphonie. Enormément. »

Elle s'écarta suffisamment pour pouvoir croiser le regard de sa partenaire.
« Je te comprends...et...je ne veux pas prendre le risque de te blesser. C'est la guerre, et je suis une combattante. Je ne sais pas comment les circonstances vont évoluer. Mais pour l'heure, je serai heureuse de passer le temps qui m'est imparti avec toi...si tu le veux bien...? »

Après avoir terminé ses achats et préparer son futur lieu de vie -sûrement belle chambre d'auberge bon marché, la strixe reprit à pieds la route du corps de garde. Vu les refus de Dame Aanara à propos de Zerruthos, elle avait préféré passer plus tard. Plutôt que de supporter sa propre gêne assez palpable.

A force de faire des allers-retours, Symphonie allait bien trouver les lieux les plus intéressants de la ville. Pour l'heure, elle essaya de répéter son discours, nerveuse, pour que les gardes la laissent passer. Si la femme-oiseau était si peu douée pour passer un entretien d'embauche c'est tout simplement car... Les esclaves ne passaient pas d'entretien d'embauche. En théorie.

« Bonjour... Je suis Symphe. Je viens de la part de Cypria Pelzo qui m'a conseillée pour hm... venir ici? Je suis alchimiste cosmétologue et propose... Mes services? Au cas ou si vous avez besoin, hein, je ne souhaite pas vous déranger... »

Entrée en matière absolument catastrophique... Tournicota-t-elle un morceau de tissu de ses habits mercenaires.
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Pour l'instant, Symphonie n'eu pas vraiment le temps de parfaire son discours jusqu'au bout. Et pour cause, le corps de garde se trouvait dans le château en reconstruction. Spécifiquement, à l'étage du corps de garde. Les murs étaient déjà en train de retrouver leur ancien visage alors que les ouvriers travaillaient à rendre aux murailles toute leur solidité. Deux gardes portant l'armure des Sergents de la Réclamation montaient la garde à l'entrée, gardant aussi un œil sur les allées et venue; la porte du château étant pour l'heure arrachée de ses gonds.

L'intendante elle même était une demi-elfe se présentant sous le nom de Camilla. Elle regarda la strix qui se présentait à sa porte avec un air interloqué.
« Sans vouloir vous offenser, vous n'avez vraiment pas l'allure d'une alchimiste. Et...enfin, la cosmétique est une noble profession, mais nous avons plutôt besoin de soins, en ce moment. Vous savez fabriquer des potions curatives? »
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La cosmétique c'est du soin! cria dans son fort intérieur la strixe. Elle prit une inspiration avant de déballer son discours scientifique. Si les vivisectionistes savaient aussi bien parler de leur profession, c'est que leurs arts demandaient des études précises et minutieuses. Notamment en affaires de médecine et de chimie. Si la diplomatie n'était pas son fort, c'est bien qu'elle appréciait mieux les livres que la compagnie humaine selon certaines périodes... Symphonie parla vite et compliqué, à la fois par le stress et aussi qu'elle pensait à dix choses en même temps.

« La cosmétologie est aussi tous traitements dermiques, opérations de mélamones ou traitements de surface selon le patient et ses afflictions.

Je peux préparer des potions de soins légers et de soins modérés, jusqu'au troisième palier avec les parchemins adéquats pour les soins importants : guérison de la surdité et des maladies, guérison du poison et de la paralysie.

L'alchimie demande du temps, mais j'ai conçut des formules qui permettent aux remèdes alchimiques un temps limité en préparation : de l'énergisant spirituel à l'anti-toxines, aux plus communs comme les coagulants et sirops apaisants.

Je prône plutôt des traitements naturels à partir de repos et de filins, j'ai moi-même le matériel médical pour traiter tous types de plaies et d'opération... J'ai mon propre atelier alchimique portable si vous n'avez pas de lieu... adéquat. » Au lieu de triturer son écharpe, elle commença à se mordiller les lèvres. « Voilà voilà... Disons que je ne met pas la blouse tous les jours... »
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Camilla se fendit d'un sourire. La demi-elfe semblait avoir trouvé son bonheur dans le discours de la strix.
« A la bonne heure! Je ne doute pas de l'intérêt de la cosmétologie, mais en temps de guerre ce ne sont pas des soins particulièrement courus...sauf peut être si vous savez guérir des brûlures graves.

Dans tous les cas, les capacités de guérison nous sont définitivement utiles. Vous êtes une civile. La Réclamation s'occupera de vous fournir en composants, et en échange rachètera l'ensemble de votre production de potions curatives. Et de coagulants. Je vous ferais signe si jamais on a d'autres produits qui pourraient nous intéresser.

Vous comptez vous installer en ville? »
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Une goutte commençait à couler le long du front de Symphonie. Entendre ainsi tant de remarques sur son domaine de prédilection, la mettait dans un état intérieur négativiste.

« Ce que je souhaitais dire... C'est... Qu'une chirurgienne peut toujours se débrouiller dans tous domaines chirurgicaux. J'ai juste passé des... domaines supplémentaires en traitement dermiques.

Les brûlures sont sans nul doute les pires blessures. Il vous faut des conditions spécifiques et du matériel impeccable, chambres stériles pour traiter au mieux ce genre de cas. Le problème majeur reste les infections et les patients... » Elle préféra s'arrêter pour revenir à l'essentiel.

« Pour les soins légers et modérés, il me faut une heure par potion. Pour les soins importants et guérisons autres c'est une demie-journée. Pour le reste tout dépend de la complexité du produit...

Et hm, pour la ville je ne sais pas trop. Je pense au moins une semaine avant de prendre ma décision... Lorsque vous parlez de racheter ces produits, c'est à prix coûtant? Je peux commencer demain à la première heure... »

N'ayant franchement pas l'habitude de vendre, Symphonie était dans de beaux draps pour marchander. Et cela se ressentait. Cette gêne à parler d'argent.
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Camilla acquiesça.
« Absolument. Vous voyez, nous sommes assez éloignés du front pour n'avoir somme toute que peu de blessés...la plupart des traitement sont des cas de longue durée ou nécessitant une convalescence, que la magie ne peut pas soigner rapidement. Comme les victimes de flammes infernales.

Il est possible que nous ayons besoin de renfort après la prochaine bataille d'envergure. »

En réponse à sa question sur les potions, la demi-elfe acquiesça.
« Oui. Mais nous fournissons les matériaux, donc vous devriez gagner la même chose sur chaque potion. Faites moi juste une liste de ce dont vous avez besoin, je devrais pouvoir rassembler ça d'ici un ou deux jours. »
///

« Des flammes magiques... Je serais intéressée pour traiter ce genre de pathologies. Les brûlures sont les pires blessures qui soient. » Elle se mordit de nouveau les lèvres. « Votre but sera donc d'amasser assez de stocks pour la prochaine bataille. Cela va en faire du travail... Si vous avez un prêtre dans le coin, je peux travailler quatre heures de plus par jour avec des restaurations mineures contre la fatigue. Cela peut augmenter d'un tiers la production. Le reste me semble... correct. »

Symphe sortit son journal pour faire quelques calculs avec la demie-elfe : la strix tablait sur au moins cinq jours de travail de 8h ou 12h en plage horaires. A savoir ce que souhaitait sa -nouvelle employeuse- pour ses achats, afin de les caler dans cet emploi du temps.

Il faudrait aussi un lieu sécurisé adéquat pour une telle production : la femme-oiseau n'avait pas peur de ses produits, voilà plusieurs années qu'elle n'avait eu aucun accident. Mais peut être que les habitants ne seraient pas de son avis. Si Camilla avait une pièce entièrement dédiée à l'alchimie, cela serait d'un beau confort. Et calme.

Deadline

Symphe tenta non seulement les jours suivants de faire de nombreuses commandes à l'Intendance, mais également d'attirer l'attention de la générale pour d'autres papouilles. Entre les propositions d'entraînements et de massothérapie, un joli colis fut également amené à l'objet de ses attentions.

Une belle boîte enrubannée d'argent ou se reposait dans du papier de soin une fleur éternelle à la couleur métallique et aux fins éclats brillants; déposés à la main sur les pétales. Avec des confiseries haut de gamme en duo avec un parfum clair, déposé dans une fiole longiligne. Un mélange d'eucalyptus frais pour commencer la journée, de citronnelle comme note haute, et d'angélique qui ne se révélerait qu'une fois que les autres arômes se seraient envolés. La fleur des anges.

A la plus belle des fleurs enrubannée de métal. Avait-il été écrit de manière calligraphiée sur un papier parfumé de qualité. Signé uniquement d'une plume.

Se faire passer pour une esclave ne souhaitant pas parler de ses années vécues avaient un prix intérieur. Symphonie n'était pas un petit moineau paisible et inoffensif. Ses intentions malsaines oscillaient entre se repaître de Cypria dans son sommeil et la garder pour continuer de jouer avec ses griffes. Un prédateur, qui paisiblement, attendait son heure pour dévorer sa proie. Un malaise à sans cesse se contenir, sans cesse avoir la pression du vice, de faire du mal pour ne pas éclater comme un fruit mûr.

La présence de Cypria était une présence dangereuse : tout ce que n'était pas la strixe, tout ce qu'elle avait toujours désiré. Les nobles la rendait malade, mais qu'il existe des personnes aussi brillantes que Sa Majestrix, plus brillantes qu'elle-même, la crevait de jalousie. Du groupe, elle restait la plus fragile et la plus manipulable face à ce genre d'attaques : la compassion et la droiture la fascinait.

Et qui posait de plus en plus de questions, avait de plus en plus d'intérêt envers la Glorieuse Réclamation. Si elle pouvait y faire quelque chose à Sénara pour aider la générale, donner ses avis d'un côté différent. Cherchant les détails personnels croustillants de sa proie. Après tout, elle restait une strixe de compagnie.

Si ses questions étaient sincères, si ses désirs étaient sincères, ses intentions étaient à des années-lumières de la bienveillance. Plutôt de la pourriture qui avait grande faim et grande soif.

Modifié par un utilisateur mercredi 15 septembre 2021 23:20:58(UTC)  | Raison: Non indiquée

Deadline

Cela aurait pu être pire... C'est même... Très bien. Se fit la strixe comme réflexion globale de cette nouvelle relation. Tendre, passionné, avec un merveilleux fond de danger.

Une esclave ne fêtait pas son anniversaire, et recevait encore moins de présents. Tout au plus de nouveaux outils de travail qu'elle se devait de faire attention. Avec ses nouvelles richesses, Symphe prenait ses aises à l'aide de neuves toilettes : bien loin de ses tabards et de son tempérament de fourmi. Pleurer comme une madeleine face à l'un des premiers cadeaux de sa vie, fut aussi inopiné qu'inattendu. Elle n'avait pas au moins mentit sur ce point : dure à l'extérieur, toute tendre à l'intérieur. Et elle ne sépara plus du collier par la suite, le gardant même pour dormir.

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Voir la générale s'inquiéter jour après jour lui rongeait les sangs. Pourquoi n'avait elle pas déjà pris les mesures adéquates? Les mêmes conversations. Les mêmes absences de réponses. Un beau jour, Symphe ne put plus se permettre d'être silencieuse. Puis ça gâchait les bonnes pâtisseries et les bons fromages qu'elle avait ramené pour l'occasion : petit pique-nique sur le pouce pour se passer de serviteurs.

« Bien entendu que des détachements sont déjà à Longrace, Cypria. Ils ont fait venir les diabolistes pour contrôler tout le monde pour des peaux de chèvres? La prochaine étape est de venir jusqu'ici en toute conclusion, que ce soit maintenant ou quelques mois plus tard. Si ce n'est sur d'autres lieux de la région afin de vous couper la route. C'est ce que tout le monde ferait dans cette situation.

Lorsque je suis venue vers Longrace, nous avons rencontrés plusieurs groupes de mercenaires sur la route. Je pense qu'il y a des possibilités qu'ils embauchent un peu n'importe qui dans le but d'avoir assez de troupes. Des éclopés avec des armes, ça reste dangereux. Sans compter les civils déjà mobilisés par leurs soins.

Si tu n'as pas assez moyens, pourquoi ne pas penser à un plan d'évacuation d'urgence? Traiter les commandes avec le moins de stocks possibles? Cela te permettrait déjà de supprimer les pertes en cas de problèmes : les diabolistes n'auraient rien à voler. Même briser votre propre infrastructure dans votre fuite. Je préfère savoir que mes biens sont détruits plutôt que dans d'autres mains.

C'est un scénario catastrophe certes... Mais je ne suis pas partisane de rester au combat honorablement à un contre dix. Les honorables meurent trop tôt et inutilement. Mieux vaut se replier avec le moins de dégâts possibles si cette catastrophe arrive. Ils châtieront les personnes qui vont ont aidés d'une manière ou d'une autre, ici. A titre d'exemples. Alors fait peut être également le tour des alliés qui souhaitent partir avec toi. »

Ses griffes tartinaient un peu dans le vide le pain, au fil de sa dague. N'osant pas trop crever l'abcès jusqu'au bout. Mais il le fallait bien tôt ou tard.

« Je pourrais retourner à Longrace. Je pense être une des seules personnes ici à savoir faire l'aller retour seule. Si il n'y avait pas eu des personnes avec moi, je me serai volatilisée. Le soucis est... que la forêt... est vivante. J'ai été prise comme cible vivante par des dryades assassins, mes cicatrices les plus récentes. Mais si je vole bien au-dessus des arbres, cela ne devrait pas poser grands problèmes.

Le Juge a besoin d'encens pour ses diables, et il n'y a que moi qui sache en faire. C'est pourquoi il me traite comme un meuble précieux. C'est pour ça qu'il ne me tue pas : à cause de mes talents d'alchimiste. Sinon il adorerait me voir fouettée à sang et pendue. Je le dérange. »

Elle posa au final la dague pleine de fromage de frais. Peut être que ce qui se passait dans sa tête était de même nature que du lait écrasé, caillé, façonné et découpé. Pour n'en laisser quelque chose d'aussi consommable que jetable. L'expression de froide strixe imperturbable se fendilla pour finir par se briser inévitablement. Son regard de loup fuyant.

« C'est ce qu'il adviendra de toute façon selon moi... Je ne fais que te dire des vérités évidentes... Je suis désolée, je ne voulais pas parler de ça Cypria. Les moments à tes côtés sont merveilleux, je ne veux pas les gâcher. Ce n'était pas des critiques, c'est... c'est ma vision des choses. Il me sort souvent une seule phrase de ma bouche alors que j'en pense dix... »

Modifié par un modérateur lundi 27 septembre 2021 23:19:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

Deadline

C'était toujours la chouette sombre et immense qui gardait les secrets de Symphonie. Une pitoyable gardienne qui avait enfermée sa compère hulotte dans une cage aussi petite crasseuse. Pourtant, alors que le monstre avait le dos tourné, l'oiseau blanc disparu de sa cage et voleta dans la bibliothèque pour fouiller les souvenirs cadenassés.

Un long silence survint avant que vienne le temps des confidences. Pesant. Alors la strixe parla à voix basse dans les bras de la générale, comme si elle lui chuchotait des mots doux.

« Ils ont déjà des troupes... Et. En entraînent pour assurer la relève. Je les aient vus recruter de force des villageois, des faux procès. Eux aussi bâtissent. Sans compter les diables qu'ils recrutent avec l'encens. »

Une lourde patte emplie de pus vint écraser la chouette hulotte de tout son poids, tandis qu'un dernier rouleau roula sur le sol de sa bibliothèque intérieure. Tu vas le payer. Tu vas mourir. Tu vas le payer.

Une main griffue se balada dans les cheveux roux et les caressa doucement, renforçant l'étreinte.

« Que ce soit à cause de Sénara ou à cause de Longrace, la forêt est en colère. Tes patrouilles... doivent probablement les énerver encore plus. Des gens de l'autre côté disparaissaient déjà. Raser des arbres ici ou ailleurs les brûlent de haine. Pour les fées, personne ne doit toucher la forêt... Quelque chose que les humains ont oubliés...

Ce juge doit disparaître un jour ou l'autre... Si on le laisse parler il ensorcelle avec sa langue de diable. S'il n'y a plus de Juge, il n'y plus de peur. Une esclave qui se balade hors des champs de son maître est pour lui une hérésie, mais il ne peut s'en passer : il apprécie de me voir respirer. Mais d'autres créatures plus puissantes sont là bas aussi. D'autres viendront également. Pour moi Sénara est déjà perdue... Aller à Longrace ne ferait que confirmer ce que j'ai vu.  »

La chouette blanche était rose de sang et renfermée dans sa cage.

Elle se défit de l'étreinte, comme si quelqu'un pouvait les observer. Le regard de louve croisa celui de la générale alors qu'elle continua de lui caresser tendrement la joue. Symphe avait toujours été quelqu'un d'extrêmement tactile, les lèvres bougeant à peine dans un sourire alors que ses pupilles devenaient brûlantes lorsqu'elle apercevait l'intérêt de l'humaine.

« Nous autres guerrières n'avons pas peur de mourir, que ce soit pour notre foi ou pour les autres. Je sais ce que le mot danger veux dire. Je n'ai pas peur. Je sais comment ils sont et ce qu'ils font, cela fais mal sur le moment puis après ça va. Si c'est pour toi... j'irais. As-tu entendu parlé des anneaux sanctifiés? » Elle dodelina de la tête, espérant qu'il n'y ait pas de méprise. Elle ne connaissait Cypria que depuis une semaine, intense certes, mais guère assez pour toute une vie aussi vite. « Si tu es d'accord pour m'envoyer à Longrace, ces anneaux permettent d'être liés à distance car ils sont bénis par un prêtre. Si je l'enlève, si on me l'enlève, ou si je passe de l'autre côté de la vie... Tu le sauras. Et vice-versa. Et cela me permettrait de garder un joli souvenir de toi si finalement je vais autre part. Je penserais à toi, même loin... »

Modifié par un utilisateur jeudi 30 septembre 2021 14:26:49(UTC)  | Raison: Non indiquée

Deadline

Les paroles de l'humaine produisirent un long soupir de soulagement des lèvres de Symphe. Même un sourire. Elle ne savait pas trop si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle que la ville était plus stable que prévu, mais savoir son amante en sécurité la comblait de joie.

« Et moi qui pensais déjà au scénario catastrophe... Que tu ais réussis à t'accorder avec les fées est inespéré! Je n'en ai vu que très rarement. Comment sont-elles? Tu as réussis à rencontrer le Conseil des Étangs? » Puis d'une moue boudeuse. « Tout ce que j'ai reçut d'elles, ce sont des flèches... Je n'ai même pas eut de conversation avec une fée... Peut être que les fées et les strixes ne s'entendent pas du tout car nous sommes d'une culture trop différente? bien que j'essaye d'apprendre leur langue. Le sylvestre a de superbes sonorités dont l'elfique s'inspire. La langue des êtres du premier Monde est neutre par défaut : tous les articles, le genre, le pluriel, la combinaison, n'existent pas. Ils sont définis par des particules spéciales, ce qui rend leur retranscription digne d'une prise de notes... »

Il fallut beaucoup de courage à Symphe pour sortir les deux écrins : tôt ou tard elle les aurait offerts, mais cela était advenu plus tôt que prévu. Souriant comme une idiote en proposant de sertir la main de Cypria, petites griffes tirant doucement sur le gant métallique. « Moi non plus je ne veux pas partir d'ici et rester. Mais si je te propose quelque chose c'est que j'en suis capable. Je sais pas exactement comment te contacter de là bas... Ou même repasser par la forêt sans que les fées viennent me tirer les plumes : tant de choses peuvent se passer... Mais je pense que c'est possible. »

Les anneaux d'argent représentaient une chouette s'endormant sur une armure stylisée, les yeux du volatile sertis de minuscules topaze et l'armure ressemblant très fortement à celle de la générale jusque dans les moindres détails. La mention de la prudence rendit Symphe soudainement triste, un voile sombre pesant soudainement sur ses épaules.

« Je t'apprécie vraiment trop fort pour ton bien tu sais? Que disent les gens en me voyant chez toi tous les soirs... J'ai peur que cela te retombe dessus. Une strixe sortie de nulle part, avec un style de mercenaire. Je ne fais pas un peu tâche à tes côtés? Même si cela me fais beaucoup plaisir... J'aimerai être quelqu'un d'autre pour toi. Tu es tellement désirable... Très forte, avec beaucoup de responsabilités. De prestance et... De... de tout. » Finit-elle par bafouiller, entre l'émotion de partir un jour tôt ou tard, la culpabilité de faire n'importe quoi et d'être punie, et que tout cela ressemblait furieusement à une déclaration de mariage étrange. Qu'est-ce que je vais dire à Sa Majestrix... que j'ai envie d'avoir des bébés avec une paladine ennemie?! Le pire restant l'anathème de Notre Dame : faire quelque chose sur un coup de tête. En soi, la vie entière de la strixe jusqu'à nos jours...

Modifié par un utilisateur lundi 4 octobre 2021 21:19:45(UTC)  | Raison: Non indiquée