Thème d’Alicyl : Les fleurs poussent aussi parmi les ruines.

Alicyl écouta attentivement les paroles d'Elsa et de Benicio, son regard perçant scrutant l'obscurité qui enveloppait les environs de l'auberge. Bien qu'elle fût habituée à la solitude et à la rigueur des nuits de guet, elle savait que la prudence était de mise, surtout dans des contrées aussi dangereuses que celles qu'ils parcouraient. Elle hocha lentement la tête en signe d'approbation, ses longs cheveux charbonneux dansant légèrement autour de son visage. Elle ajusta la sangle de son arc sur son épaule, sentant le poids rassurant de l'arme familière contre sa peau. Même dans l'enceinte de l'auberge, elle restait en alerte, ses sens aiguisés captant le moindre signe de danger dans l'air.

Laissant son ami ours dans le bois voisin, celui-ci étant sûrement bien plus à son aise dans son élément naturel, elle suivit lentement Elsa et Benicio à l'intérieur de l'auberge, le froid de la nuit laissant place à la chaleur réconfortante de l'intérieur. Mais même alors, elle savait que sa garde n'était pas terminée. Demain apporterait de nouveaux défis, de nouvelles épreuves à affronter.

Thème - Palatine Foundling

Le potage était plus que bienvenue, mais l'épée de damoclès qui planait toujours au dessus de Marchebrume voilait un peu l'enthousiasme de Palatine. A plus forte raison puisqu'elle n'avait pas de réponse ferme à apporter à Elsa.
« Immédiatement non. Mais je pense qu'il faut rester sur nos gardes et nous assurer, plutôt deux fois qu'une, que le danger ne menace pas Marchebrume.

Pour le moment, nous ne pouvons qu'attendre l'aube. Benicio, je me porte volontaire pour te relever. »

A l'arrivée de Frère Louis, la crépusculaire grimaça.
« Je crains que nous ne nous soyons un peu laissé emporter...nous craignons une attaque de morts-vivants mais il semblerait que ce ne soit pas immédiat. »


Flore, restée silencieuse, ses mains noueuse croisées sur la table, s'anima soudain, tournant son visage d'écorce vers le novice.
« Nous pourrions bénéficier de réponses, en revanche...J'ai cru comprendre que le prêtre du village était parti à Nid-de-Faucon et tardait à revenir...est ce commun? Inquiétant?

Par ailleurs...Palatine dit vrai concernant les morts-vivants, et la menace n'est peut être pas immédiate, mais savoir ce que nous avons à notre disposition en cas de besoin pourrait nous aider. Connaissez vous des charmes, des prières ou des mesures de protection contre ces créatures? »

Une nouvelle fois, un habitant de Marchebrume avait à encaisser un flot d’information aussi invraisemblables qu’inquiétantes. Louis accueillait les nouvelles avec moins de contenance qu’Elsa, mais il fit néanmoins des efforts notables pour ne pas céder à la panique.

« Père Grégorio est absent depuis un peu trop longtemps oui. Il aurait dû rentrer il y a cinq jours je dirais. C’était seulement un tout petit peu inquiétant car je sais qu’il aime parfois passer du temps avec les gens ou aider ceux qu’il croise, mais avec cette histoire de mort-vivants… et le livre qu’il avait avec lui… ça ne peut pas être une coïncidence. » Il balaya le groupe du regard et, devant leur air interrogateur, il déroula un peu plus son raisonnement. « Mmmh, père Grégorio m’avait déconseillé d’en parler aux villageois mais… vous n’êtes pas d’ici et semblez savoir ce que vous faites. Elsa… vous garderez ça pour vous n’est-ce pas ? Elsa acquiesça avec sérieux puis ramassa les bols vide qu’elle partit laver derrière son comptoir, laissant subtilement de l’espace au jeune acolyte pour lui éviter de déroger aux consignes de son supérieur. Bien, je sais qu’il est parti à Nid-de-Faucon car il s’inquiétait que son courrier d’il y a quelques mois ne soit pas parvenu à son destinataire. Il avait écrit à une connaissance à lui, prêtre de Pharasma au… Chéliax je crois ? pour lui demander conseil vis-à-vis d’un livre qu’il a trouvé dans de vieilles caisses qu’il gardait dans un coin de l’église depuis des années et qu’il s’était enfin attelé à trier et ranger. Il ne m’en a pas dit grand chose, je sais juste qu’il n’avait pas l’air magique, mais qu’il semblait bien hermétique au père et qu’il se montrait précautionneux avec.

Vous pensez que ça a un lien ? »

Il s’interrompit pour réfléchir.

« Concernant cette attaque… vous n’avez pas l’air certaines qu’elle va arriver, mais si c’est le cas, je devrais aller me reposer puis prier Erastil. J’aurai peut être quelques unes de ses faveurs à vous accorder, même si ça ne sera pas grand chose, cela pourra aider. Si j’ai le temps, j’aurai peut-être une ou deux fioles d’eau bénite pour vous… Avez vous encore besoin de moi ? Sinon, je vous laisse également vous reposer, vous en aurez peut-être besoin. »

Derrière son comptoir, Elsa regardait la conversation du coin de l’oeil, un léger sourire naissant devant l’assurance insoupçonnée du jeune Louis.

Thème - Palatine Foundling

Palatine resta silencieuse un moment, hésitante. Elle ne savait trop que penser de cette histoire, elle avait l'impression d'être face à une énigme, ou à un puzzle, mais ne pas avoir la moitié des pièces; et elle n'avait aucune idée de par où commencer. Pour ne rien arranger, des décisions prises pouvait dépendre le sort de Marchebrume.
Elle leva un regard indécis vers Flore.


Cette dernière n'avait pas la moindre once d'hésitation.
« C'est définitivement lié, et je pense que nous devons savoir ce qui s'est produit à Nid-de-Faucon, et peut être retrouver le père Gregorio si nous le pouvons.

De toutes évidences, Marchebrume n'est pas en danger immédiat. Ceci étant dit, Frère Louis, vous devriez effectivement vous reposer, vos talents seront peut être nécessaires dans les jours à venir. Alicyl, tu as nos bras et notre magie si tu le souhaite, pour trouver la solution à ce mystère.

Mais si un prêtre a retrouvé un ouvrage suffisamment inquiétant pour qu'il engage une messagère pour le convoyer jusqu'au Chéliax, jusqu'à un Pharasmin, qui sont notables pour leur connaissance des morts-vivants et de la manière de les exterminer?

Aucune chance que ce soit une coincidence. »

Les paroles de son alter semblaient avoir raffermit les nerfs de Palatine, qui acquiesça aussi gravement.
« J'en suis, si tu veux de moi, Alicyl. Nous devons trouver des réponses et enquêter sur cette histoire me parait notre meilleure option.

En revanche...il serait de bon ton d'organiser des gardes, a minima jusqu'à ce que nous soyons sûrs de ce qui se passe. Benicio, vous pensez pouvoir vous en charger? »

Après de longues discussions embrumées par l'heure tardive et le caractère extraordinaire des événements qui ne faisaient qu'ajouter au flou dans lequel les aventuriers se trouvaient, ils finirent par aller se coucher ainsi que les habitants qui avaient partagé leurs interrogations. Les gardes successivent avaient sûrement un peu rassuré toutes les personnes au courant de l'attaque, mais n'avaient finalement pas constaté de danger immédiat. Le groupe se retrouva au petit déjeuner. Tatiana s'entretenait avec Geneva, lui faisait un résumé de la nuit, ses grands élans d'effroi modérés par quelques mots de Benicio qui rappela que la garde et l'inspection des abords du village n'avaient montré aucun signe de danger. Le temps que tout le monde se mette à table, et planifie leur prochain coup, ils purent profiter de pain et oeufs frais, ainsi que quelques laitages et fruits de saison.

Tatiana qui n'avait pas beaucoup plus d'apétit ce matin que la veille se contenta de peu, l'air concernée. Elle avait visiblement obtenu des affaires de rechange, toute trace de sang ayant disparu de sa tenue, et, sans qu'il soit certain qu'elle ait passé du temps à s'apprêter ou qu'elle ait un talent certain pour ne rien laisser paraître, elle dégageait une impression à l'opposé du désespoir et de l'éreintement de son allure de la veille. La crasse, la pluie et l'épuisement avaient sûrement masqué le port hautain et les traits fiers de son visage. Néanmoins, elle indiqua n'être toujours pas au mieux de sa forme.

« Je vous remercie encore pour votre tentative de venir à mon secours, et pour votre attention hier soir. Je ne sais pas si ces évènements resteront un jour derrière moi, mais votre humanité a été un phare dans cette terrible nuit. Je n'ai malheureusement plus rien pour vous remercier, mes affaires doivent être soit abandonnées dans la forêt, soit sous clef quelque part dans ces ruines, et je n'ai aucune intention d'aller les y chercher. Mais si je peux quelque chose pour vous, faites les moi savoir. En attendant, Elsa et Geneva ont eu la grande générosité de m'accorder quelques jours de plus ici, de bonne grâce, afin que je retrouve mes esprits et décide de ma route en ces circonstances. » Ses yeux se posèrent sur Olivia pour cette dernière phrase. Un regard entendu qui appuyait la demande de respecter ce temps de réflexion au regard de la situation.

Vers la fin de leur repas, Louis se présenta à la taverne, sérieux et droit, comme si la nuit lui avait fait gagner cinq ans d'expérience.


« Comme convenu, voici tout ce que j'ai pu trouver et préparer. » Il tendit au groupe trois fioles d'un liquide translucide. « Si vous me laissez plus de temps j'en ferai d'autre, mais vous voulez peut-être ne pas vous attarder ici. Si vous allez chercher Grégorio, dites lui tout ce que vous avez vu. Je ne sais pas pourquoi il n'est pas rentré, mais il sera sûrement d'une grande aide, même si le voyage prendra quelques jours. Moi je dois rester au village et aider à ce que je peux en attendant. Si vous comptez aller vers les morts, soyez prudent, l'eau bénite vous sera utile en cas de danger, mais il vaudrait tout de même mieux éviter de vous mettre en danger. Cela nous aiderait grandement néanmoins de comprendre d'où ils viennent, de savoir s'il en reste et si d'autres peuvent rappliquer. Mais dans tous les cas, vous ne nous devez rien et avez déjà fait plus que de nombreux étrangers, alors merci, d'abord, et ne vous sentez obligés de rien. » Il insista sur ces derniers mots, mais son regard disait malgré tout l'espoir qu'il plaçait sur eux.

Matlam avait eu un sommeil des plus agités, mais le matin venu il rejoignit les autres à table l'esprit encore occupé par les soucis et sa famille. Essayant dans un premier temps de se faire discret, Mat s'assit en faisant un salut général et en remplissant son assiette. Se rappelant leur dernier voyage et leurs problèmes de vivres, le jeune homme ne se fit pas prier pour casser la croûte malgré les problèmes qui s'empilaient. Déjà qu'en temps normal, l'aîné des Nachon avait un appétit vorace, en ce bon matin le contenu de la table disparaissait à une vitesse respectable. L'appétit venait aussi en mangeant. Alternant entre tasse de lait, pain garni de beurre et de confiture, de lard, d'oeufs pochés et jus de fruits et de gourmandises faites maison, Mat se sentait retrouver des forces et de la motivation.

Ecoutant d'une oreille les échanges en cours, il vit la cantatrice sous un nouvel oeil. Quelque chose dans son maintien la rendait différente. Et belle. Avalant la bouchée de pain au miel qu'il s'était enfilé avec une difficulté passagère, il se demandait comment les gens faisaient en ville pour séduire les belles dames comme elle. Sans doute qu'il devrait demander à Olivia ou à Alicyl. L'une venait de la ville quand l'autre avait l'expérience des voyages et des années. Et dire que j'ai dégrafé sa tunique la nuit dernière. A quoi je pensais ?! Il faudra que j'm'excuse...

Ce fil de pensées quelque peu léger fut interrompu par l'échange entre frère Louis et Palatine. S'il en avait l'occasion, il devrait peut-être demander à garder une fiole. Si les moyens magiques ne marchaient pas, ce serait toujours une dernière sécurité, si personne d'autre ne pouvait l'aider. S'essuyant la bouche après avoir fini son copieux petit-déjeuner, Mat songea qu'il devrait passer voir son père avant le départ. Il devait au moins le mettre au courant et conseiller à sa famille de se mettre à l'abri.

Suivant les tergiversations du groupe dans son coin, Benicio réagit aux propos d'Olivia.


« Eh bien le village, je n'en sais rien, mais moi, je serais ravi de vous avoir à mes côtés si je dois creuser la piste. Et puisque vous souhaitez escorter Dame Fauvarque hors d'ici, mais qu'elle compte visiblement prendre un ou deux jours de repos, c'est exactement ce qu'il nous faut pour un aller-retour supplémentaire en direction du fort afin de comprendre ce qu'il s'est passé. Rien d'imprudent, mais je ne doute pas qu'avec vos talents, nous pourrons approcher avec précaution et estimer si nous pouvons pousser ou non.  »

Tatiana écoutait attentivement, mais son regard était tourné ailleurs, préoccupé sans doute par les images de la nuit précédente. Elle n'en rajouta pas, laissant le soin au groupe de décider la marche à suivre.

« Quoi qu'il en soit, je ne peux pas vous suivre à Nid-de-Faucon, pas tout de suite en tout cas, sans certitude de ne pas voir une demi-douzaine de cadavres ambulants ici. Mais je vous propose d'attendre que votre demoiselle Elfe trouve le chemin hors de ses draps avant de vous décider. Elle est un atout précieux à mon avis, mais sa veille de nuit doit rendre le réveil difficile. »