La drow jeta un regard en coin à Alice mais ne releva pas, et la laissa rapidement seule avec la jeune aristocrate, qui elle aussi avait l'air un peu surprise...et épuisée. Elle reprenait d'ailleurs à peine son souffle.
« Merci de cette proposition, mais je ne crois pas avoir l'endurance pour vous suivre. Et je préférerai rentrer avant l'aube. Une autre fois peut être? »

La seconde demande d'Alice en revanche, la fit sursauter avec un air un peu alarmé. Mais son instinct aristocratique reprit rapidement le dessus, la surprise cédant la place à l'indignation.
« Hélà! Je ne vous permets pas de vous adresser à moi aussi familièrement! Notre relation s'arrête aux limites pour lesquelles je vous paie. »
Elle étrécit les yeux, suspicieuse.
« Et je voudrais bien savoir comment vous savez que ma tante et moi sommes en désaccord...? »

La jeune femme ne fit pas le moindre geste pour récupérer le geste, le regard toujours aussi méfiant, l'air pas vraiment convaincue par les explications de Syla. Qu'une fille de joie puisse en savoir autant avait clairement l'air de la perturber, et ne l'encourageait en tout cas pas à dire quoi que ce soit de plus.
« C'est raté. Quand à ma foi, c'est le pendentif qui vous fait dire ça? Vous êtes sans doute au courant, mais Iomedae n'est pas vraiment en odeur de sainteté, ces temps ci. Quand à mes histoires de famille, elles ne regardent que moi. »

Elle se releva et commença à se rhabiller, un mélange d'inquiétude et d'agacement sur le visage...
« J'ignore à quoi vous jouez, mais je n'apprécie pas, sachez le. Et je doute que Lady Pearl apprécie que ses employés soient aussi curieux. »

La jeune femme répondit d'un sourire froid.
« Vous êtes devenues prêtresse pendant que j'avais le dos tourné? De mon point de vue, la religion est un encombrement inutile, mais ce genre d'attitude n'est pas particulièrement encouragé dans mon milieu. Asmodéus et son clergé sont utiles lorsque c'est nécessaire, mais que les dieux se débrouillent, je ne veux pas être mêlée à leurs affaires.
Quand à la raison de votre présence ici, je ne me fais aucune illusion, mais je commence à regretter d'avoir employer vos services. »

Elle réajusta la bande de tissu nouée autour de son cou, et s'assura que sa robe était correctement mise en place.
« A présent, restons en là, si vous le voulez bien. »
Elle se dirigea vers la porte...

Si tu décides de l'arrêter...

9 Sarénith 4716 - Le Bec et Ongles, auberge du Vieux Kintargo

Avec l'adresse, la taverne du Bec et Ongles ne fut pas difficile à trouver. Bien sûr, le Vieux Kintargo n'était pas tout près du quartier de Villegre, et Alice du traverser toute la ville, ou peu s'en fallait, pour rejoindre l'endroit. Elle se trouvait bien dans la rue des Baleiniers, juste à côté d'une boulangerie nommée la Plume de Sucre.

La taverne elle même ne payait pas de mine, ses fenêtres carrelées étaient rendues à demi-opaque par la cendre laissée par la fumée des lampes à huiles et le manque d'entretien. La porte grinçait sur ses gonds, mais l'enseigne, un immense bec couronné de griffes, annonçait tout de suite la couleur - il s'agissait peut être d'une vieille taverne, mais le caractère de l'endroit était plus important que sa netteté.


A l'intérieur flottait une vague odeur de tabac, et celle de la bière, mais aussi un relent d'huile de baleine et de feu de bois. En fin de matinée, la taverne n'était pas très fréquentée, mais il y avait tout de même quelques marins et habitués, dont une varisienne portant une collection de foulard écarlates noués autour du front, par dessus ses vêtements de docker, un vieil homme qui fumait la pipe dans un coin, trois autres dockers dans une partie de dés, le serveur, un colosse blond à l'air débonnaire, et une jeune femme sobrement vêtue, mais portant un cache-oeil, qui était en grande discussion avec la varisienne.

Derrière le comptoir patiné par les années se trouvait une immense collection de fûts et de bouteille, une cible d'Aiguille du Diable, un jeu de lancer populaire, et une petite femme menue, les cheveux courts et le visage couvert de taches de rousseur. D'après la description de Laria, il s'agissait de Setrona Sabinus, dite "La Comtesse", patronne de la taverne.

Modifié par un utilisateur vendredi 6 janvier 2017 12:16:40(UTC)  | Raison: Non indiquée

La comtesse acquiesça avec un grand sourire.
« Bien sûr! Je vous prépare ça...Pendant que l'eau chauffe, si ça vous dit, nous avons des tartelettes à la framboise. C'est Luculla, la boulangère d'à côté, qui les a préparé, et elle voudrait notre avis. Si jamais vous vous y connaissez en pâtisserie... »

En jetant un oeil au morceau de papier, elle haussa un sourcil et jeta un regard inquisiteur à Alice.
« Je vois. Venez, allons nous installer dans un coin, il faut qu'on parle. Vous êtes seule? Et personne ne vous a suivi? »

Setrona hocha la tête, et déposa une tasse fumante devant elle, lui collant d'autorité ce qui semblait être une tartelette à la framboise entre les mains. Elle-même se servit un verre de liqueur avant de braquer à nouveau son regard sur Alice.
« Futé. Bon...j'aurais préféré que vous soyez plus nombreux, mais j'imagine que je vais devoir faire avec. C'est à propos de mon cousin, j'imagine que vous voyez de qui je veux parler? Octavio a toujours été un homme obstiné, mais un homme honorable en même temps. Il a mené l'Ordre du Torrent depuis plus d'une décennie, et avec ses hommes ils ont sauvé des dizaines de personnes enlevées à leurs familles et de disparus. La plupart des membres de l'Ordre sont dispersés à travers Avistan, et je suppose que c'est une chance que lorsque Barzillai a rendu l'Ordre illégal il y a quelque jours, il n'y avait presque aucun d'entre eux à Kintargo ou dans le duché de Ravnel. Ceux qui sont hors du Chéliax font sans doute profil bas, en attendant des nouvelles de leur licteur.

Si nous trouvons mon cousin, je suis certaine que nous pourrons le convaincre de vous aider. Il ne sera peut être pas ravi de vos méthodes, mais je sais qu'il n'a aucun amour pour les Thrunes, et disposer de l'Ordre du Torrent, aussi petit soit il, pourrait être un avantage, pas vrai?

En tout cas, le Seigneur Maire et la garde ont annoncé hier la tenue d'une excruciation publique de "traîtres à la cité et à l'Empire". J'aurais besoin que vous m'accompagniez. Je dois savoir si mon cousin a été arrêté. Si il ne fait pas parti des condamnés, je crois savoir où il se trouve, mais je ne peux pas prendre le risque de le laisser entre les mains des Thrunes si il est tombé. En échange de votre aide, considérez que le Bec et Ongles est un endroit sûr. Je peux également vous offrir ce que je sais du Vieux Kintargo, et tendre l'oreille en cas de rumeur. Surtout, si nous retrouvons mon cousin, vous pourriez y gagner un allié puissant. Intéressés? »

La taverne restait plutôt tranquille. La seule personne sortant un peu de l'ordinaire (en dehors d'elle et de Setrona) était la boulangère portant un bandeau sur l'oeil, mais elle ne prêtait clairement pas attention à leur conversation.
« Elle a lieu dans quatre jours, le 13 Sarénith. Et je n'ai aucun doute sur le fait que la condamnation a déjà eu lieu...mais si mon cousin est présent, je vais essayer de le libérer. Je n'y arriverai pas seule, cependant. Je ne sais pas qui sera là, mais d'ordinaire, ce sont les dottari qui s'en occupent. Mais avec un peu de chance, il n'y sera pas et il a réussi à se cacher. Dans tous les cas, un peu de renforts seraient bienvenus. »

Elle réfléchit un instant, et secoua la tête.
« Non, désolée, je n'ai pas de portrait, mais je serai là de toutes façons, et il n'est pas difficile à reconnaître: il a les mêmes taches de rousseur et cheveux que moi, mais les yeux bleus, et il fait bien deux têtes de plus. Il a une cicatrice le long de la mâchoire. »

Setrona haussa un sourcil.
« Surtout parce que j'ignorais quand j'aurais de vos nouvelles. Maintenant, si vous me dites que vous pouvez être prêts plus tôt, on peut aller au temple de Sainte Senex dès que vous êtes prêts. Quand à l'excruciation, elle aura lieu à l'extrémité Sud de la Plaza Veritas, pas très loin de l'Opéra. »
Un rictus dégouté passa sur son visage.
« Je suppose que c'est pour qu'un maximum de monde en profite...En tout cas, je compte sur vous, vous pouvez me trouver ici si vous avez besoin de me contacter, ou m'envoyer un message par corbeau. Je resterai vigilante. »

Modifié par un utilisateur mercredi 11 janvier 2017 14:45:56(UTC)  | Raison: Non indiquée

Setrona approuva.
« Oui, c'est bien mon intention. Octavio est....disons, doué avec les armes. Mieux vaux qu'il sache à qui il a affaire. Dans ce cas, j'attendrais de vos nouvelles! En espérant que le reste des Corbeaux soient d'accord avec vous. Dans tous les cas, si vous voulez revenir à la taverne, je serai plus que ravi de vous compter parmi mes habitués. »

Modifié par un utilisateur jeudi 12 janvier 2017 12:10:36(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alice se rendait alors à Toits-rouges, après tout ils avaient libérés le quartier et n’avaient pas encore été revoir les mendiants pour discuter.

Elle essaya d’en trouver un sympa, lui donna une pièce d’argent… «  Je peux venir près de vous et vous parler ?  »

En cas d’accord, elle s’assit, s’assurant que personne ne la voyait, et ses habits devenant ceux de mendiants, son visage un brin sali. «  Tu en aura encore une après tracasse. Comment ça va dans le quartier depuis Scarplume ?  »