Méry avait eu le nez creux...en vérifiant la serrure, il put s'assurer qu'il n'y avait ni piège ni alarme commune sur la porte. Mais lorsqu'il examina les courants arcaniques qui couraient sur les lieux, il réalisa qu'un sort d'alarme avait été posé sur la serrure. Pour pouvoir entrer sans risquer de le déclencher il allait falloir passer par une fenêtre...ou simplement désamorçer le piège.

Il y avait deux options. Soit parvenir à détacher le figment arcanique de la serrure, ce qui maintiendrait le sort mais leur permettrait d'ouvrir sans le déclencher, soit examiner le sort pour en déterminer le mot de passe.

Désarmorçage DD25 pour désarmorcer le piège, ou Connaissances (mystères) DD15 pour trouver le mot de passe.

Se faisant une joie de revoir Geber, l'oracle avançait d'un pas confiant. Le détour n'était pas très long et les bénéfices des apports de l'alchimiste à l'enquête étaient certains! Malheureusement, son absence mit un frein à l'engouement de Rakyel. Le sentiment se transforma d'ailleurs aussi vite en inquiétude lorsque Méry obtint l'information de sa fermeture depuis une semaine.
Étrange... Il ne m'avait pas parlé de disparaître un moment la dernière fois...

Et à peine le blondinet court sur pattes avait-il terminé de discutailler avec le badaud voisin qu'il sortait tout son attirail de parfait cambrioleur, ce qui ne fit même pas lever un sourcil au fossoyeur, loin d'être surpris par de tels agissements. Pour autant, ce n'était pas le cas de Zulgar qui le lui fit remarquer en tant que messager de la loi. Mais il est vrai que quelque chose clochait : Geber était certes quelqu'un d'étrange mais les récents événements pouvaient mettre le doute... S'il était lui aussi tombé malade, il valait mieux en avoir le coeur net, quitte à lui repayer une serrure si tout compte fait tout allait bien!

L'oracle intervint donc posément :
« Hmm... Tout juste Zulgar. Mais je pense qu'il ne nous en tiendra pas rigueur : une semaine, c'est à peu près la date à laquelle la nièce de Grau est tombée malade. Je préférerais que nous écartions cette hypothèse en nous assurant que Geber ne subit pas les mêmes maux. Et par la même occasion s'il est absent, nous pourrons lui laisser un mot dans lequel nous nous excuserons tout en le priant de prendre contact avec l'un de nous. »
Masquant la porte au reste des regards indiscrets, Rakyel conclut à l'intention du halfelin :
« Annonce-toi quand même à lui Méry! S'il t'attend derrière la porte, sa pique à la main, tu risquerais de finir empalé! »

Mery prit près d'une minute, mais il finit par trouver le mot de commande...une évidence à laquelle il aurait du penser plus tôt, étant donné leur ancienne obsession commune: "Lamm". La porte s'ouvrit sans encombre, et sans sonnerie stridente comme ils auraient pu le craindre.

Cependant, les lieux étaient...dans un capharnaum aussi étonnant qu'inquiétant. Ils connaissaient Geber...enfin, disons qu'ils l'avaient assez fréquenté pour savoir que l'homme, malgré des exigences douteuses en matière de propreté, était quasiment maniaque en ce qui concernait l'ordre. Et là, sa boutique était sans dessus dessous. Des fioles brisées devaient expliquer les odeurs de produits chimiques, mais les étagères renversées, les tiroirs ouverts...les lieux avaient clairement été fouillés, et pas avec beaucoup de précautions.

En tout cas, aucune trace de Geber à première vue. Ni de son protégé, d'ailleurs...

L'arrière boutique également était en plein désordre, mais quelque chose frappa tout de suite le gnome. D'une part, le nombre de fioles brisées ne correspondait pas du tout au volume des étagères. Quelqu'un avait pillé les lieux avant de mettre tout ce désordre. Un peu comme si quelqu'un essayait de dissimuler la vraie raison de sa venue...Le coffret de bois qui contenait les recettes de la boutique avait aussi disparu, mais cela ne paraissait pas justifier d'avoir mis la boutique sans dessus-dessous. Zulgar en était certains: l'argent n'était pas la raison de ce désordre.

Autre chose lui sauta aux yeux, ou plutôt, aux narines. Il y avait des traces de mucus, ou de boue, par endroit. Et il connaissait cette odeur...c'était la puanteur âcre des égoûts de Korvosa. Il examina attentivement le plancher, et répéra une douzaine de planches qui avaient été déclouées. Et en dessous, une sorte de plaque métallique, semblable aux trappes d'accès aux égoûts.

Froide peut être, mais c'est une piste. Zulgar était soulagé. Ce qu'il s'était passé dans la boutique de l'alchimiste n'avait peut être strictement rien à voir avec les graves problèmes auxquels était confrontée Korvosa, mais le "gnome" avait enfin quelque chose à se mettre sous la dent et sur lequel enquêter. Il avait ressenti toutes ces dernières heures une obsédante oppression thoracique liée à l'absence de piste probante pour leurs investigations. Enfin, il savait quoi faire et où se rendre. Ceci le libéra d'un poids et il ne cacha pas sa satisfaction, même si une expédition dans les égouts s'annonçait. Un retour aux sources. Il attendit patiemment que Méry fasse les vérifications d'usage avant de descendre dans le cloaque korvosien.

« Erf... » souffla Rakyel de dépit en constatant l'état de la boutique. « Hmm... A croire que les problèmes se cumulent sur notre chemin! Et malheureusement, aucune trace de Geber... »

Alors que les plus pressés pénétraient pour fouiller et comprendre l'origine des événements, l'oracle avança de quelques pas avant de fermer la porte. Prenant soin de ne toucher à rien dans cet environnement qu'il ne maîtrisait pas, il se tourna vers la Strix :
« Je crains que la rencontre avec Geber ne se fasse pas aujourd'hui! Peux-tu regarder si les produits qui jonchent le sol et s'évaporent présentent un quelconque danger pour nous s'il te plaît? Et si tu peux ré-exploiter des choses, n'hésite pas! »

Le bazar était tel qu'il était difficile de savoir par quoi commencer. Mais le gnome porta à l'attention du groupe un fait intéressant à propos du plancher et... des égouts! Plissant les yeux comme si un son strident était venu frapper ses oreilles, Rakyel attrapa son crâne entre ses deux mains quelques secondes.
« Voilà qui est étrange! Les égouts... les égouts... ils me sont apparus ce matin... lors de ma méditation... Mais je ne saurais dire s'il s'agit d'une bonne chose, ni même s'il faut que nous suivions directement cette voie. Sans compter que Théodore doit nous rejoindre tout à l'heure et que la maréchale mène l'enquête sur les quais, lieu où nous avons précisé à la Reine que nous nous y rendions. »
Mais l'indécision était bien présente. Il ajouta, sur un ton plus alarmiste de sa voix rauque :
« La disparition de Geber est grave. Je m'inquiète pour lui. S'il a été enlevé depuis une semaine, qui sait ce qu'il a dû subir... et surtout pour quelle raison? Le petit Marcello n'est pas non plus réapparu! Il faut réagir. Comment voulez-vous procéder? On tente de quérir de l'aide auprès de Kroft? Ou on s'en charge nous-même? »

Méry avançait avec méthode, mais d'abord à l'affût de mauvaises surprises : le tour de chauffe comme on dit dans le métier, le repérage des lieux... des sorties de secours et des coins d'ombre, étape indispensable avant la fouille et la recherche des planques.
Vu le barouf qui avait été fait dans la boutique, c'était pas des artistes... le pillage était grossier, pour tenter de masquer ce qu'ils étaient venus chercher :

« J'chuis d'accord avec la petite volante... en voilà au moins une qu'a l'esprit d'équipe, hé ! hé !
Sache bien, Trissia qu'on n'est pas des héros... juste des survivants, des professionnels. Et moi j'préfère qu'on travaille discrètement. Pas comme les sagouins qui sont passés par ici, des amateurs... des camés peut-être ? Ils ont mis un bordel inutile pour qu'on voit pas ce qu'ils sont venus chercher précisément, ici... t'as l'air de t'y connaître, tu peux nous dire ce qui devrait être là et n'y est plus ? Pas le pognon, hein, les produits, les composants qui manquent; cherchons des indices dans ses paperasses. Je ne vois pas de traces de magie... mais bon, si ça remonte à une semaine, c'est normal...
Comme j'disais, la piste est froide. On inspecte l'échoppe, c'est la base d'une enquête mais j'suis pas pour aller plus loin là-dessous tant qu'on n'a pas notre grand blindé... d'abord parce que y'a pas de raison qu'on aille patouiller dans la merde sans qu'il en profite aussi. Ensuite parce que le passage il va pas s'envoler, hein ! On sait qu'on devait y aller, pour Souriceaugris et Stelian aussi, on rajoute Geber et Marcello... mais tout comme on l'a décidé pour les premiers, ce n'est pas notre priorité. Notre "royale" mission, c'est la rougeole magique et l'enfoirée qu'est derrière l'attaque des ratons crevés; alors, faut aller voir la CreCro(ft) comme on l'a dit parce que si elle a un tuyau, il schlinguera sûrement moins que çui-là. Ensuite on se regroupe aux Trois Anneaux; comme ça, si il reste de l'ottyugh, ça fera très bien l'amuse-gueule. » conclut le halfelin avec une moue ambivalente, dégoûtée et ironique.

Modifié par un utilisateur samedi 29 août 2020 17:14:01(UTC)  | Raison: Non indiquée

Après quelques minutes à bien observer les lieux, Trissia partagea ses conclusions avec les autres. « Bon, on ne risque rien. Mais si on était venu plus tôt, on aurai put avoir des problèmes. Vous voyez ces fioles? Leurs contenus étaient dangereux, mais plus maintenant. Le pillage date de plusieurs jours, j'en suis certaine.
Et je parle bien de pillage. Les produits de base sont absents. Quelqu'un a besoin de fourniture de base, mais pourquoi, je ne sais pas. Quiconque fait un peu d'alchimie est normalement suffisamment approvisionné pour ne pas à avoir à piller un collègue.

Au vu de tout ça, je suis de l'avis du petit halfelin. Allons retrouver Théo et allons parler à la maréchale. On reviendra ici après.
Faut qu'on ferme la porte correctement. Je n'ai pas envi que quelqu'un entre pendant notre absence pour finir le pillage. »

Pensif, l'oracle regardait ça et là ses collègues s'affairer, tenant son menton entre ses doigts. Il tentait de comprendre quels avaient pu être les motivations des malfrats.
Hmm... Ça ne rime à rien. L'argent n'a pas pu les motiver... Seules les compétences de Geber peuvent justifier son enlèvement... Rakyel ne parvenait pas à saisir le mobile des kidnappeurs. Mais l'intervention de Trissia commença à l'éclairer! ... se pourrait-il que...

L'interpellation de Méry le sortit de ses songes.
« Hmm... Je faisais sensiblement les mêmes conclusions que toi. » répondit le fossoyeur d'un ton grave.
« Le déro que nous avons chassé dans l'antre du Peintre Sanglant disposait de tout l'attirail du parfait alchimiste! En le supprimant mais en laissant Rolth dans la nature, il se peut que nous ayons contrarié ses plans... Et si on ajoute au fait qu'il est descendant de cette chiure de Lamm, il aurait très bien pu venir enlever Geber pour faire une pierre deux coups! »

Contrarié par ces idées, l'oracle resta un instant encore à observer la boutique.
Puis il termina :
« Bon. Il nous faut retrouver la Maréchale. Dès que Théodore sera parmi nous, il sera temps de se décider sur la marche à suivre. »


Est-ce qu'on peut trouver des choses utiles chez Geber dans les produits ou ce qu'il reste?

Même s'il en comprenait la raison et la pertinence, Zulgar était un peu triste d'abandonner le problème "Geber". Mais fort heureusement, c'était pour pouvoir discuter avec la Maréchale Kroft. Il n'eut même pas l'occasion de faire un rapport circonstancié que sa supérieure les interrogeait déjà. "Ma Maréchale, les rats étaient en fait des mort-vivants, révélant par la même la puissance des responsables de cette attaque. Je suis effectivement monté à bord avec Méry, mais nous n'avons malheureusement pas appris grand chose. Les navires avaient été trafiqués afin que leur trajectoire ne puisse être déviée. A l'intérieur des cales nous n'avons vu que ces satanés rongeurs. Leur rôle était sans doute d'entraîner la prolifération d'une quelconque infection, telle que celle qui sévit actuellement dans certains quartiers de la ville. A ce propos, pourriez-vous nous donner un aperçu de la situation actuelle ? Je parle des agressions provoquées par des personnes porteuses de plaques rouges."