Aunua ne put s'empêcher d'avoir un sourire narquois quand Tonton fait sortir le loup avec son "fameux" plan XXXVII. Elle se doutait bien que, connaissant un peu son oncle, celui-ci avait des contingences en tout genre. Le fait qu'il ait vendu son âme à un diable, qu'il ait été tué mais qu'il soit quand même en face d'elles en ce jour, presque dix ans plus tard, en disait long sur l'intelligence et la ténacité de son oncle. Aunua nota toutefois l'énervement de Ludoviro et les informations qu'il livra, peut-être involontairement comme son égo était piqué, sur le Synode du Contrat, qu'elle ne connaissait pas du tout.
Aunua écouta avec attention Razelgo lire le détail du plan, essayant de déterminer les avantages et les inconvénients de la proposition de son oncle. Celui-ci était compliqué, avec de gros risques, qui seraient bien entendu surtout par ses sœurs et elle, mais également de gros gains à la clef. Son oncle insista plusieurs fois qu'il leur laisserait les coudées franches, mais elle savait qu'elle ne pourrait le croire que si c'était écrit quelque part avec une signature de son sang, mais d'un autre côté, vu la distance et ses implications locales il aurait du mal à faire autrement...
Aunua écouta les explications de Darellus suivant la question de Bleidd, mais elle étudiait déjà le plan en question, utilisa ses sens aiguisés pour en cerner d'éventuels pièges, pour elles et pour son oncle. Elle ne faisait pas confiance à Razelgo comme son oncle lui faisait confiance. Elle estimait que tout diable n'avait jamais le bien d'un mortel en vue, et ce diable avait aidé à établir ce plan, il devait y avoir la patte des Enfers dedans, et ça la rendait soupçonneuse.
Utilisation de Pursue a Lead sur le plan
Néanmoins, elle se doutait que son oncle devait principalement dire la vérité. S'il y avait des mensonges dans son discours, ils seraient plus difficiles de les déceler. Elle devait en discuter avec ses sœurs, aussi rapidement que possible, ce qui fut justement proposé par Béatrix, et appuyé par Dardra, pendant qu'elle même restait silencieuse en étudiant le plan.
Les explications de Ludoviro la persuadèrent un peu du bien-fondé du plan, mais elle n'était pas, ou plus, au fait des régulations du Chéliax. Cela faisait bien longtemps qu'elle était partie de ce pays à la fois si rigide et malléable, seulement quand on avait la force de changer ses règles. Son environnement habituel était plus... souple au jour le jour. Elle garda le silence, et le sourire, en sortant de la pièce avec ses sœurs.

Une fois seules, à priori, Aunua voulait commencer par mettre en garde ses sœurs, mais manifestement Béatrix avait une autre idée. Et une bonne.
Souriante, les larmes rapidement coulant de ses yeux, elle s'enfonça dans les bras de ses sœurs. Elles lui avaient tellement manqué. Les lettres, c'est bien, mais cette présence physique, c'est si bon, si réconfortant, si... naturel. Encore une fois, elle réalisa, physiquement cette fois, à quel point elles avaient toutes grandit. Elle se retrouvait maintenant la plus petite, mais elle resterait la plus âgée. Se détachant avec reluctance de ce gros câlin, Aunua essuya aussi ses larmes de joie qu'elle n'avait pu retenir.

« Oui, vous aussi vous m'avez tellement manqué. Vous êtes toutes devenues de grandes guerrières semble-t-il, alors que je suis restée la frêle Aunua. Mais je suis d'accord, nous rattraperons le temps perdu un peu plus tard, nous avons des choses urgentes à discuter. D'abord, je préfère répéter l'évidence, juste au cas où, mais si nous sommes seules, il faut être prudentes et ne rien dire ici que vous ne voudriez pas que notre oncle, son diable de compagnie, ou son avocat entendent. Même seules, les murs peuvent entendre, n'est-ce pas?
Ensuite, je pense que nous devrions discuter de ce plan. Je suis également d'accord avec toi Béatrix que j'aimerai aussi en faire partie, mais cela ne veut pas dire que nous devons le faire gratuitement, ou que nous en portions les risques pour n'en avoir aucun avantage. La négociation doit être juste et impartiale, et nous savons que notre oncle et ses conseils n'ont pas notre bien–être comme préoccupation première, si jamais elle en fait partie tout court. Je ne sais pas trop ce que vous connaissez des contrats du Chéliax, mais je veux bien partager ce que je sais, ou ce que j'en déduis... »
Aunua essaya donc d'expliquer les tenants et les aboutissants du plan, ou ce qu'elle en avait compris à ses sœurs.
Utilisation de Clue-in pour partager le bonus de Pursue a Lead si c'est possible.
« Je pense que nous devrions d'avoir partager ici nos objectifs de gain si jamais la mission devient une réussite, même si c'est sur le long terme. Nous sommes sœurs, mais nous avons passé les dernières années loin l'une de l'autre. Nous avons des envies, des désirs, probablement différents, mais il faut tomber d'accord sur ce qu'on peut demander, et quelles sont les choses minimum à exiger pour avoir notre accord dans cette expédition.
Pour ma part, je pense que nous devrions demander que, si la mission est réussie, nous devrions être inscrites comme héritières de notre oncle. Nous devrions demander aussi, puisque c'est un conjurateur si puissant, une aide temporaire sous la forme d'un garde du corps, peut-être un diable gardien pour un an et un jour, ou un truc dans le genre. En matière de désir personnel, j'avoue qu'être dirigeante d'un fief serait intéressant pour moi, en particulier pour les avantages en nature que cela peut donner. » Aunua n'en dira pas plus sur les "avantages en nature". Elle ne voulait pas trop dévoiler ces vices à ses sœurs dès leur retrouvailles.

Modifié par un utilisateur lundi 19 juin 2023 16:06:18(UTC)  | Raison: corrections grammaticales

Thème de Bleidd : Celle qui entrouvrit la porte


L’arrogance de Fex fit sourire Bleidd. Il n’y avait que ce genre de magiciens pour se vanter tout en étant dans la panade. Allons bon… L’aurait-on poussé un peu plus qu’il se prétendait bientôt plus grand magicien parmi les royaumes, pactisant d’Asmodeus et même revendicateur de la couronne viridienne. Ha ! Amusant moustachu. Piètre niveau que celui du Chéliax, si cela était vrai songea-t-elle, même si elle n’en dit rien.

Écoutant à demi le reste de son apparent monologue, et le zèle excessif des dénommés Ludoviro et Razelago, Bleidd fit beaucoup plus attention à l’attitude de chacun et de chacune dans cette pièce, soucieuse de percer la patience de chaque partie.

Acquiesçant poliment aux derniers propos respectivement de sa sœur, puis de l’inquisiteur et enfin de son oncle, Bleidd se leva lentement, notant de faire preuve de respect envers leur hôte, puis suivit ses sœurs la dernière. Toute personne sachant décrypter le langage corporel -ou tout mage digne de ce nom- verrait dans l’attitude de Bleidd une forme de défiance mêlé à du respect, voire même à de la reconnaissance.




Une fois en privé, l’attitude de Béatrix la prit au dépourvu, son expression ébranlée se transformant vite en sincère sourire affectif. Rendant son étreinte à la jeune tête blonde, trahissant par ailleurs que, sous sa chemise, la vampire était d’une force comparable à celle de son interlocutrice, un élément notable lorsque l’on voyait les muscles saillants de Beatrix, Bleidd laissa filer un petit rire sincère.

«  A moi aussi tu m’as manqué Beatrix. Et vous aussi.  » répondit-elle calmement, mais en toute franchise.

«  On pourra profiter de la soirée pour se raconter tout ça autour d’un bon festin tout à l’heure.  » ajouta-t-elle à sa jeune sœur avec un sourire, avant de délicatement se libérer de son étreinte, tant avec la force d’un ours que la finesse d’une louve.

Elle écouta très attentivement ses sœurs, avant, une fois encore, de réagir calmement.

«  Je vais être franche avec vous. Quoique vous souhaitiez négocier, je vous soutiendrai… Mais de mon côté, je n’attends rien de particulier. Passer quelques temps loin du Chéliax, du Taldor et d’Absalom m’arrange, je comptais déjà prendre la mer avant que notre oncle ne nous fasse quémander ici. Et… évoluer dans un monde sans contrats infernaux… forge une nouvelle façon de voir les choses, notamment le pouvoir.

Je ne l’aime pas spécialement, mais notre oncle est typiquement chélaxien. La manipulation… C’est évidemment une part du marché, mais comme le dit si bien Aunua, avec une bonne négociation, et un contrat à la clef, il est possible de s’assurer certaines choses…  »


Bleidd lâcha un très léger râle, bestial. A vrai dire, elle n'aimait pas les diables. Ni quoique ce soit d'un peu trop extérieur et hors de sa portée. Mais ça n'était qu'une question de temps, après tout, les vampires n'en manquaient pas, s'il fallait bien citer un avantage à cette condition... En parlant de ça, et de vices, elle aussi devrait se trouver une âme charitable pour se délecter de son fardeau. Quant à sur place... Elle y songeait déjà, mais la perspective d'un culte ou d'un cercle lui caressait l'esprit.

«  Rha, les papiers… Peste, ça ne m’a pas manqué. Je n’y connais rien aux sociétés en place là-bas, mais partez du principe que cette histoire de fief de concerne que le Chéliax. Les locaux n’y verront aucune légitimité. C’est surtout par le commerce et les faits d’armes que nous pourrons avoir voix au chapitre. En ça, je pourrais vous aider.  »

Modifié par un utilisateur mardi 20 juin 2023 11:25:28(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ce fut ce moment que choisit Calcifère pour de nouveau faire irruption dans la salle. Le petit diablotin portait une nouvelle lettre.

« Excusez-moi jeunes maitresses... Voici un autre message... » dit-il l'air essoufflé.

Le diable remit le message à celle qui était le plus proche de la porte, avant de s’éclipser rapidement en se confondant en excuses. En ouvrant la lettre, les sœurs découvrirent qu'elle avait été envoyée par leur vieux mentor, Amir Aristos.

Calcifère vous remettra cette missive lorsque votre oncle vous aura proposé son offre. Je vous recommande de la brûler. Je sais que Calcifère vous trouvera... Je suis parti après avoir découvert les projets de votre oncle pour vous confier un territoire et son administration... Je sais déjà que vous accepterez... Aunua essayera sans doute de négocier... Bleidd aura déjà un soupçon de stratégie pour s'assurer le succès de cette entreprise... Beatrix proposera ses contacts... Et Dardra acceptera sans doute de soutenir votre groupe dans la perspective d'une bonne bagarre...

Votre oncle ne pourra que vous rapporter le soutien de factions du Chéliax... Je sais qu'il peut avoir le soutien de l'Eglise qui cherchera à surveiller ses actions... Il peut sans doute négocier avec l'ordre mineur de chevaliers infernaux prêts de chez lui... Et, il y a aussi le Consortium Aspis, dont il est client depuis des années... Un bon client... Vous devriez chercher des moyens d'obtenir des soutiens personnels.

J'ai entamé un certain nombre de voyages afin de vous dégager d'autres soutiens... Je ciblerais des anciens colons... Lorsque j'aurais rassemblé suffisamment de soutien ou du moins essayé, je vous retrouverais à Baie Sanglante... Néanmoins, les anciens colons n'aideront pas n'importe qui... Il faudra que vous arriviez à obtenir leur confiance... J'essaierais également d'envoyer quelques lettres... Mais je ne me fais pas trop d'illusion...

Soyez très prudentes.

Amir Aristos.

Baie sanglante. Voilà un nom qui sonnait agréablement aux oreilles de Dardra. Quoi de plus idéal pour faire s'abattre sa vengeance sur les sauvages qui avaient massacrés sa famille qu'un lieu qui évoquait tout le sang qu'elles s'apprêtaient à verser ?

Quant aux nouvelles de leur vieux mentor, elles lui réchauffaient le cœur. L'aide d'Amir, ainsi que ses conseils, allaient leur être très utiles au vu de l'ampleur de la tâche qui les attendaient. Pourtant, un détail l'intriguait : pourquoi leur faire parvenir ce document confidentiel, à en croire ses instructions concernant sa destruction, par l'intermédiaire du diablotin ? On ne pouvait pas avoir confiance en Calcifère, mais peut-être qu'Amir était parvenu à retourner la créature contre son maître. Ou bien il ne s'agissait que d'un risque calculé, et Fex leur demanderait tout à l'heure la teneur du message qu'elles avaient reçu.

« Il serait plus prudent de nous accorder sur ce que nous devons dire, au cas où le sorcier venait à nous interroger sur cette missive. »

Une fois que ses sœurs eurent pris connaissance du message, Dardra le passa au-dessus d'une des bougies, jusqu'à ce que les restes noircis du papier calciné soient broyés dans sa paume couverte d'acier.

« Nous avons effectivement beaucoup de travail. J'ai hâte d'être sur place, afin de pouvoir davantage prendre la mesure de tout ce qui nous attend. Et Aurkhoon... il faudra que je vous la présente, doit bouillir d'impatience elle aussi. »

Un autre genre de sourire étirait les lèvres de la jeune femme à présent, bien plus sinistre que l'expression de joie qui avait illuminé ses traits à peine quelques secondes plus tôt. Elle pouvait presque sentir l'odeur de leur sang. Sa main se referma machinalement là où aurait dû se trouver son épée, qu'elle avait laissé avec le reste de ses affaires. Une blessure qui la faisait souffrir depuis bien trop longtemps allait bientôt pouvoir être soulagée, et qu'importe combien il faudrait en ouvrir d'autres tant que c'était dans la chair de tous ces sauvages.

Thème de Beatrix - Mon nom est...

Béatrix nota la mention du nom d'Aurkhoon...une question à poser plus tard. Même si elle était reconnaissante pour ce que ces dernières années lui avaient apprises, elle regrettait que cela se soit fait au prix d'autant de temps à rattraper avec ses soeurs.

Mais telles que les choses s'annonçaient, elles auraient largement le temps de récupérer le temps perdu! Pour l'heure, il était sans doute temps de mettre fin à leurs délibérations. Elle acquiesça en réponses à Aunua.
« Tout juste! Je suis toujours pas sûre concernant le garde du corps, mias si tu penses que c'est jouable sans que ça nous déserve, je te fais confiance. Surtout que je suis loin d'être diaboliste. »

Thème de Bleidd : Celle qui entrouvrit la porte


La venue de Calcifère suivie de cette fameuse lettre d’Amir Aristos n’évoqua à Bleidd qu’un vague souvenir de leur tuteur d’antan. Pour être sincère, elle ne comprenait pas pourquoi Beatrix semblait lui accorder de la valeur, du moins plus qu’à Fex. Mais qu’importe. Bien de l’eau avait coulé sous les ponts depuis l’époque où elle était encore innocente, et elle ne dirait jamais non à une main tendue.

La mention d’un garde fiélon n’était pas des plus plaisantes, bien qu’encore une fois, elle ne cracherait pas sur une aide supplémentaire.

«  Un garde… Entendu, mais je ne veux pas qu’il fouine dans mes affaires. C’est une condition sine qua non. De manière générale… Je pense pour ma part pouvoir tenter de me faire quelques alliés sur place… Les gens de Vidrian ne sont pas si différents de ceux de l’Andoran, ou du Galt…  »


De retour avec leur oncle, l’épéiste s’était faite calme. Docile presque autant impénétrable. Néanmoins, elle ne put s’empêcher de retenir un rictus durant le discours de leur hôte. Pas un rictus moqueur ni même mauvais, mais l’un de ceux retenant un éclat de rire. A vrai dire, depuis son séjour dans les royaumes étincelants, et surtout depuis sa mort, la vampire avait une toute autre vision de la vie que celle en laquelle elle croyait jadis, lorsqu’elle vivait encore sous l’influence chéliaxienne.

Bleidd remercia le serviteur d’un signe de tête, oubliant volontairement d'omettre qu’aux yeux des êtres de la nuit, les mets habituels n’avaient qu’un intérêt limité. De ce qu’elle avait déjà pu constater par elle-même, elle qui ne côtoyait pas de vampires pour l’heure, il était aisé et parfois même tentant de ne pas dîner pendant plusieurs jours, lorsque l’on avait besoin d’optimiser son temps. Quant au reste des suppositions de Fex… Force était d’admettre qu’elles ne s’appliquaient qu’entre gens de la même société, accoutumés au même sens des commodités. Aux yeux de la jeune vampire, les titres nobiliaires, l’étiquette et la hiérarchie… Tout cela n’était qu’apparat et illusions. Les dragons ne cessent de voler à la table des agneaux comme le disait le vieux sage. A la manière du dragon, les vampires n’invitaient guère leurs interlocuteurs à dîner ou à signer des accords lorsqu’ils désiraient ardemment quelque chose…

Acceptant poliment le repas, la vampire se fendit d’un sourire déhonté avant de répondre à son oncle, bien décidée à jouer la carte de l'impertinence, sans pour autant être grossière.

«  En effet, une bien belle histoire, cher oncle… Néanmoins, il est mort. Peut-être n'y aurait-il eu de rébellion en Sargava s'il avait gavé de canards farcis les locaux, n'est-ce pas ? Cela valait-il donc le coup de s'accoquiner avec le Baron Utilinus plutôt qu'avec ces pseudos-révolutionnaires... ?  »

Modifié par un utilisateur vendredi 7 juillet 2023 10:54:31(UTC)  | Raison: Non indiquée

Dardra se surprend à écouter avec attention l'anecdote que leur oncle raconte au sujet de leur père. Les prémices de l'individu exceptionnel qu'il allait devenir. Qu'il était déjà. Cela avait du panache, en effet, et Dardra aurait adoré se tenir à ses côtés, ce jour là. Mais la remarque de Bleidd lui fait aussitôt l'effet d'une douche froide. Choquée, Dardra dévisage sa sœur d'un air stupéfait, pensant avoir mal entendu. Mais la réponse de Darellus lui confirme qu'elle ne s'est pas trompée, et la jeune noble acquiesce tout au long de l'exposé du magicien.

« Ils ont été massacrés par des terroristes. Ce sont des héros, pas des... Bleidd, tu ne peux pas... »

La gorge nouée, Dardra ne parvient pas à achever ses phrases. Le désir de défendre la mémoire de ses parents s'oppose à la répugnance que lui inspire l'idée d'entrer en conflit avec sa sœur, et la jeune femme est visiblement très perturbée.

Thème de Bleidd : Celle qui entrouvrit la porte


Amusant. A douze braves contre deux cent affreux à en croire leur légende donc… Voir les locaux comme l’ennemi dans une situation où la Couronne restait la seule à chercher des ennuis à la famille, tout comme voir comme inéluctable ce que l’on n’a point réussi à empêcher... Des points de vue tout autant arrêtés et sculptés que divergents des siens. Mais après tout, parfois on se trompe dans l'analyse d'un événement parce qu'on reste figé dans le seul point de vue qui nous semble évident, tout comme chacun semble avoir raison de son propre point de vue, bien qu’il n'est pas impossible que tout le monde ait tort…

Remarquant qu’elle semblait avoir troublé sa sœur, elle garda cette pensée pour elle-même, sentant au fond d’elle que son séjour dans les nations de l’Est avait profondément altéré sa manière de percevoir les situations, tout comme sa mort. La vampire laissa planer un silence, attrapant délicatement sa tasse et la portant volontairement à ses lèvres. Puis, s’arrêtant à seulement quelques centimètres de celles-ci, elle reprit la parole.

«  Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous blesser, ça n’était pas mon intention.  » répondit-il d’un ton d’une neutralité déconcertante, bien que sincère.

Après tout, son avis sur la question importait peu. La bonne santé mentale et l’entente avec ses sœurs et son oncle importait davantage. Mais au fond d’elle, elle le savait, si elle se rendait en Vidrian, il y aurait d’autres morts… Alliés, ennemis, héros, mécréants… C’était inéluctable, et cela ne remplissait les livres d’histoire que si les survivants en décidaient ainsi.

Vous devriez chercher des moyens d'obtenir des soutiens personnels leur avait dit Aristos. Il y en avait bien un, auquel elle songeait de plus en plus… L’on dit que la faim est mauvaise conseillère… Mais quand la faim croît, l’orgueil décroît. Et Bleidd n’avait plus d’orgueil depuis un certain temps déjà, rongée par sa propre malédiction, ou bénédiction espérait-elle pour ses sœurs.

Modifié par un utilisateur lundi 10 juillet 2023 15:51:37(UTC)  | Raison: Non indiquée

Fex n'afficha pas d'émotion particulière. Seule la mention de Baie Sanglante lui arracha une nouvelle levée de sourcil. Mais il ne fit pas de commentaire particulier.

« Donnez-nous votre prix, mercenaires ! » s'exclama Razelago en ricanant d'un air sinistre légèrement moqueur.

« Une partie de ces demandes ne posera certainement pas de problème. Cependant, ne surestimez pas les forces de mon domaine. Même si la gestion par le synode du Contrat et mes serviteurs a empêché celui-ci de s'effriter... La situation n'était pas rose avant la guerre. Et avec le regard des autres nobles qui lorgnent sur ces terres, il est un futur possible où je n'aurais sans doute bientôt plus rien. »

« Outre le transport, des accords avec le Consortium Aspis, l'envoi de chevaliers infernaux, et le soutien de l'Eglise nous vous avons obtenu plusieurs choses :
- Un léger renouvellement de votre garde-robe... Selon la mode de Sa Majestrix associée à une mode coloniale dans le plus pur raffinement... Ce renouvellement de garde de robe se composera principalement d'une nouvelle tenue de cour avec ses bottes et accessoires, parfaitement ajustées à vos mensurations... Le tailleur se chargera des ajustements... Chaque tenue a été élaborée à Vyre et vaut environ 155 pièces d'or, sans compter la livraison. Une partie des joyaux ont été offerts à la maison Fex en remboursement d'une vieille dette par Dame Manticce Kaleekii, reine des délices de Vyre. La doublure fine provient quant-à-elle de Kharijite. Les tenues ont du être livrées dans vos appartements au moment où nous parlons. »

Vous n'avez sans aucun doute jamais possédé d'objet aussi cher et précieux.


« Considérez ces tenues comme des présents et un investissement sur votre brillant avenir. Même si vous refusez de participer à cette entreprise, vous pourrez les garder. Après tout, vous ne seriez pas vraiment noble sans les apparats de la noblesse. Cela dit, je vous encourage à ne pas vous en contenter... Porter trop souvent la même tenue de cours pour les cérémonies officielles est un signe de faiblesse... » avertit l'archbaron.

Razelago reprit la parole.

« Vous recevrez également une dague d'argent grevée d'un rubis. Ce lot de dague a été offert par le synode du Contrat et plus particulièrement par Son Éminence Infernale le Carnifex Cardinal Aiakos Charthagnion, premier prélat du synode. Il s'agit du supérieur direct de notre "ami" l'inquisiteur. Il parait qu'ils sont amis depuis le séminaire... On se demande bien pourquoi... Ces dagues sont principalement dédiées aux rites religieux en rapport avec l'enfer comme la consecration... Cela dit, elles peuvent faire mal si vous tombez sur une créature sensible à l'argent... Chaque dague vaut environ 42 pièces d'or... Ca reste de beaux objets... »

Ce n'est pas un jugement de sa part. Il se contente d'énoncer pour lui un fait. Razelago vous transmet à chacune un parchemin noir

« Vous avez été également invitées toutes les quatre par l'ambassade chéliaxienne en Enfers, où j'ai réussi à vous dégoter une entrevue avec Vespar, le diable qui gère le domaine de l'ambassade. C'est un gelugon... un peu spécial... Même pour un de ces insectes de glaces... C'est un ancien Levaloch qui a grandement bénéficié de son pacte avec le Cardinal Charthagnion au point d'évoluer plus vite que la moyenne... L'idée est de pouvoir négocier une sorte de relation mutuellement profitable... Si vous arrivez à obtenir son sponsor, cela vous donnera un avantage sur le plan politique. Calcifère pourra vous accompagner pour vous conseiller. On peut sans doute aussi demander à Ludoviro... Mais c'est une créature très dangereuse, puissante combattante et redoutable stratège... Elle est bien plus puissante que moi... Il n'y a pas d'urgence à aller le rencontrer... Mais c'est quelque chose qui peut vous être très bénéfique si vous jouez bien vos cartes... En tant que Gelugon, Vespar contrôle plusieurs diables et autres entités... »

On fit livrer le deuxième plat. Une sorte de viande rouge un peu saignante en fines tranches accompagnées de plusieurs décorations et accompagnée d'un potage de tomates froid. Vous comprenez qu'il s'agit plus ou moins de la deuxième entrée...

« J'ai également trouvé quelqu'un qui sera chargé de vous apprendre les bases de la gestion d'un domaine... Ce qui vous permettra d'affiner votre stratégie... » conclu votre oncle avant d'entamer le second plat.

Modifié par un utilisateur jeudi 13 juillet 2023 23:37:43(UTC)  | Raison: Non indiquée

Consciente d'avoir eu un comportement inapproprié, et désireuse de dissiper ce qu'elle perçoit comme étant une gêne née suite à son attitude, Dardra ne se prive pas de prouver ses bonnes manières à table, parvenant même à se resservir d'une manière relativement élégante. Un rictus hargneux n'est pourtant jamais loin de ses lèvres, au fur et à mesure que ses souvenirs refont surface, mais il s'agit davantage d'une réaction incontrôlée qu'autre chose, ce dont la jeune femme ne semble d'ailleurs même pas avoir conscience. L'annonce de leur renouvellement de garde-robe entraîne chez elle de rapides calculs, et bien qu'elle n'en montre rien Dardra ne peut s'empêcher d'être impressionnée par la générosité de leur oncle. Ce qui implique un très rentable retour sur investissement. Les dagues sont également un beau cadeau, mais qui suscite immédiatement plus de méfiance chez elle : avoir le moindre lien avec les diables ne peut être que synonyme de danger. L'annonce suivante manque donc de lui faire écarquiller les yeux, et Dardra pose délicatement la main sur sa bouche afin de masquer sa réaction incrédule. Elle attend toutefois l'arrivée de la deuxième entrée pour prendre la parole, non sans avoir discrètement fait signe aux domestiques de la servir généreusement en viande rouge.

« Votre hospitalité et vos présents nous honorent, cher oncle, toutefois en ce qui me concerne je vais me voir obligée de décliner cette entrevue avec le... gelgon. Qu'importe qui il est, je suis, comme Beatrix, consciente de la menace que fait peser même une simple discussion avec ce genre de créature, et je ne tiens nullement à m'exposer à un tel péril. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour vous informer que je suis favorable à ce que si association avec les Enfers il y a, cette dernière soit aussi brève que possible, et limitée au strict nécessaire. »

Sur ce, Dardra prend bien soin de ne pas toucher au parchemin noir, le laissant sur le côté sans y accorder le moindre regard.