Celaren était attablé avec Shalelu, après une longue journée de travail qu'il avait passée à tailler une pierre qu'il avait sertie sur une bague désormais terminée. Ils discutaient pour savoir où ils iraient chasser le lendemain lorsque la nouvelle de l'attaque de la caravane leur était parvenue.

« Il semble bien que nous allons pouvoir participer à la chasse d'un tout autre gibier. Les Lèche-crapauds ne sont-ils pas une tribu de gobelins qui vivent alentour ? »

Modifié par un utilisateur mardi 1 novembre 2011 18:48:53(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Sans doute, mais rien ne nous interdit d'aller à la chasse non plus », lui dit-il. « Et n'es tu pas inquiète de voir ces gobelins devenir si audacieux ? Je crois qu'avec Xha'il pour nous guider, il y a peu de chances que nous nous perdions. Et si c'était le cas, tu saurais sans doute nous sortir de là... »

Modifié par un utilisateur samedi 29 octobre 2011 21:52:27(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alatarielle s'impatientait. Elle savait pourquoi tout le monde était là et se doutait de ce qui allait suivre, les décisions avaient été prises depuis longtemps conjointement par le maire, le prévôt et sans doute avec l'avis éclairé du haut prêtre qui dirigeait la cathédrale, mais les choses tardaient à venir sans doute attendait-on encore l'arrivée des anciens héros de Pointesable qui avaient sauvé dit-on à maintes reprises lors de la résurgence de l'ancienne magie thassilonienne... Mais ils ne viendraient pas ! Ce qu'ils avaient vécu de par les terres varisiennes les avait à tout jamais marqués. La folie avait emporté beaucoup de ceux qui pourtant étaient loin de la source du mal et eux, l'avaient touché du bout des doigts... Comment en sortir indemne ?! On ne le pouvait pas certainement, il ne fallait pas compter sur eux, on ne les reverrait jamais.

La proposition qui tardait à venir allait sans doute être de mettre un terme aux exactions de cette tribu de gobelins, la seule au sud de Pointesable, la seule qui pouvait empêcher les convois marchands de transiter par la Route Oubliée qui menait à Magnimar. Celle qui pouvait attaquer aussi bien le marchand, le pêcheur que le paysan ou le pèlerin. On disait des Lèches-crapauds qu'ils étaient cannibales et donc sans doute les pires des gobelinoïdes que l'on trouvait aux alentours de Pointesable et de ses terres arables. Ils se délectaient des chiens errants, des rats, des lézards et de leur propre chair si bien qu'on imaginait sans peine se qu'ils faisaient des "grandes guibolles" qui pouvaient tomber entre leur main lorsqu'ils les emmenaient au plus profond de Souchesalée.

Pourquoi ne pas envoyer la garnison se demandaient certain dans la foule en occultant le fait que le travail ne pouvait pas être celui de la milice ? La garnison dépêchée à Pointesable par la capitale protégeait la ville et s'assurait du maintien de la sécurité en son sein. Ils étaient assez nombreux pour cela mais pas suffisamment pour en plus aller arpenter les terres non civilisées. De surcroit on les imaginait mal s'enfoncer dans les eux saumâtres du marais avec leurs lourdes armures. Non ils n'étaient pas entraînés pour cela tout comme les miliciens qui payaient par ce service le fait d'être citoyen. Ceux là maniaient aussi bien la vouge que la faux mais savait plus donner l'alerte que se battre... mais qui sait quelque fois un volontaire pouvait se révéler et être porté aux nues avec un peu de réussite. Non c'était des aventuriers ou des mercenaires que le prévôt Cigüe était venu chercher dans cette assemblée. Il y avait là Shalélu, ce qui en disait long, l'elfe était plus habituée aux bois au nord de Pointesable mais elle n'était pas venue seule. Alatarielle reconnue quelques elfes avec lesquels il lui était arrivé de patrouiller dont un qui c'était fait remarquer à plusieurs reprises en ville par son expérience, un certain Céleren. Il avait été un sérieux concurrent au concours de tir à l'arc organisé lors de la dernière fête du Machaon...

Modifié par un utilisateur lundi 31 octobre 2011 07:38:05(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alatarielle regarda la foule des personnes qui avaient fait le déplacement que ce soit par curiosité, intérêt, velléité ou juste parce que comme elle ils pensaient que cela avait trop duré, que les gobelins étaient trop sauvages pour comprendre qu'ils pouvaient vivre en paix dans leur marais au côté des hommes tant qu'il ne faisait rien pour rompre cette paix. Il était temps en effet d'assurer à tous l'espoir que Pointesable pourrait enfin devenir une ville où il fait bon vivre et où l'on pourrait se promener dans sa campagne et y voir fleurir les coquelicots ou admirer le coucher du soleil sur l'océan... Oui il était temps de faire quelque chose...

Alors que son regard dévisageait les têtes plus ou moins connues de ceux qui étaient là. Elle aperçu Koya, la varisienne qui deux fois lui avait sauvé la vie alors que tant d'autres avaient trouvé la mort. Pourquoi son pouvoir s'était révélé d'une puissance incroyable lorsqu'elle l'avait soignée ? Cela restait un mystère... Alatarielle avait suivi à distance ce que devenait cette femme dont elle aurait pu être la fille ; les varisiens la fascinaient, leur mode de vie sans attache, leur vie dans les caravanes et roulottes et ce sens de la famille qui les liait tous. Des liens familiaux qu'elle n'avait jamais eu avec ses propres parents dont le seul but dans la vie était de savoir ce qu'ils allaient manger et de faire en sorte de ne pas froisser les Valdemars. Il y avait là Sandru aussi, le fils adoptif de Koya et une varisienne aux cheveux aussi roux que les siens ; peut-être était-ce l'une de ses caravanes qui s'était faite attaquer ? Elle le salua d'un signe de la tête lorsqu'elle s'aperçut qu'il la regardait aussi. Tiens... Un autre elfe venait de rejoindre le groupe de Shalélu. Elle le connaissait aussi celui-là, un demi-elfe répondant au nom de Dakeyras, un orphelin.

Un des serveurs d'Ameiko passa devant elle, l'inquisitrice de Milani n'avait pas l'intention de boire, elle attendait autre chose mais elle remarqua le symbole en bois de Desna autour du cou de l'homme qui avait été engagé pour l'occasion, son visage lui était familier mais il n'était pas un résident de Pointesable. C'était un varisien lui-aussi, Alatarielle lui adressa un sourire. « Un gobelet d'hydromel, merci... Est ce que Desna nous sourit aujourd'hui ? »

Modifié par un utilisateur mercredi 2 novembre 2011 09:27:00(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Aujourd'hui, demain, et jusqu'à la fin du chemin ! » répond Éphraïm d'un air enjoué à la rousse qui l'avait interpelé. Il éclata de rire puis lui promit que l'hydromel arriverait dès que possible.

En revenant vers le bar avec son plateau vide, il passa devant la table où se trouvaient Sandru et Koya. Il s'adressa tout d'abord à la seconde, par signe de respect. « Vous désirez reprendre quelque chose, bonne mère ? » lui demanda-t-il avant de s'adresser à son fils adoptif pour lui demander, sur un ton bien moins sérieux, « Et toi, brigand des grands chemins, un peu de liquide pour faire passer la poussière du voyage ? » Il patienta jusqu'à ce que tous ceux qui étaient attablés à cet endroit puissent passer commande puis retourna vers le bar.

Il se rendit compte qu'Améiko semblait un peu gênée d'avoir accepté son offre. Il s'empressa de lui dire « Vraiment, ça ne me dérange pas : tu sais comme je n'aime pas trop rester en place ! » Il récita à la barde les commandes qu'on venait de lui faire puis repartir distribuer boissons et en-cas à ceux qui les avaient demandés.

Modifié par un utilisateur lundi 31 octobre 2011 21:40:48(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Attendons de voir comment tournent les choses.

Les gardes de la milice vont sans doute vouloir montrer qu'ils sont en nombre suffisant pour s'occuper de ce problème. Il faudrait surtout réfléchir à ce qui pourrait le résoudre de manière définitive.

Sais-tu Shalelu, toi qui les connais bien, ce qui fait que ces gobelinoïdes se maintiennent dans les marais malgré les guerres incessantes et ce qui pourrait les effrayer suffisamment pour parvenir à les faire fuir ? »

L'auberge bourdonnait de discussions en tout genres. Il aurait été impossible à une oreille située à l'extérieur de comprendre le moindre des sujets échangés tant les uns se mêlaient aux autres et les voix se mélangeaient. A l'intérieur, les groupes se formaient et se déformaient au gré des conversations et la température était montée de plusieurs degrés suite à l'action combinée du feu brûlant dans l'âtre, de la chaleur naturelle dégagée par les créatures ainsi rassemblées et de l'échauffement dû à la boisson. Le Dragon Rouillé ressemblait à une ruche où les abeilles étaient remplacées par les consommateurs et les serveurs.

Mais soudain tout se figea et le silence se fit presque. On entendait plus que les bruit des culs de chopes reposés sur les tables et le bruit des cuillères reposées bruyamment dans les bols. La porte d'entrée venait de s'ouvrir et l'on put apercevoir dans l'encadrement la forte carrure du shérif Bélor Cigüe. Dans la perspective, on voyait quelques soldats de la garde alignés droits comme des I puis, quelques pas derrière Bélor Cigüe, la silhouette encore indistincte de la bourgmestre Kendra Dévérin. Les responsables de Pointesable venaient de faire leur entrée et ils ne l'avaient pas manquée.

Instinctivement, les consommateurs restés debout se serrèrent pour laisser le passage au duo et un chemin se forma entre l'entrée et la petite scène située à l'autre bout de la salle commune. Le shérif marqua un léger temps avant de pénétrer complètement dans l'établissement puis il s'avança d'une démarche assurée jusqu'à l'estrade montée pour l'occasion. Il était suivi de près par la bourgmestre qui arborait un visage fermé, comme si elle subissait le poids de la décision qu'elle devait annoncer.

Alors que le couple traversait la salle, le chemin formé instantanément se refermait derrière lui. Les consommateurs observaient les deux nouveaux venus avec un mélange de peur et d'impatience dans le regard. Quelques remarques murmurées étaient échangées, chacun ayant son avis sur l'attitude de la bourgmestre et de son chef militaire. Le temps qu'ils passèrent ainsi à traverser l'espace les séparant de la scène sembla durer une éternité tant la tension qui avait accompagné leur arrivée était montée. Et ce n'est que lorsqu'ils furent visibles de tous, surélevés sur l'estrade, que la foule sembla se décontracter un peu. Les murmures se firent voix puis cris et le ton de plus en plus vindicatifs à l'égard des gobelins et, en raison de l'échauffement des esprits et de la tension, à l'égard des étrangers au village en général.

Le shérif Cigüe, d'un geste impérieux, ramena rapidement le silence. Plus un bruit ne se fit entendre dans la salle. Il regarda la bourgmestre pour lui proposer de prendre la parole, mais celle-ci lui fit un signe de tête indiquant ainsi qu'il avait toute liberté de parler. C'est alors qu'il s'exprima pour la première fois depuis qu'il était entré. Son discours était dit d'une voix forte et pénétrée. Il semblait réellement ressentir ce qu'il disait. Son message arriverait sûrement à pénétrer les têtes de ces concitoyens les moins à même de se poser des questions sur la justesse ou non des propos qu'il tenait. « Mes amis ! Comme vous le savez, une nouvelle caravane a été attaquée hier au soir. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que Magnimar daigne enfin s'intéresser à ce problème ? Allons-nous laisser faire une fois de plus ? Non, je vous le dis. Il est temps d'agir enfin et de reprendre en main notre propre avenir ! » A ce moment là, la ruche bourdonnait de nouveau et de nombreux cris demandant la mort des gobelins se firent entendre. Certaines des personnes présentes allèrent même jusqu'à lever le poing. Réussissant à apaiser de nouveau la foule, le shérif reprit la parole. « Nous vous avons entendu mes amis. Nous devons nous défendre sans rien attendre de Magnimar et la bourgmestre et moi-même avons décidé de rétablir l'état d'urgence. Nous mettrons un terme à ce fléau et reprendre le contrôle des marais de Souchesalée que nous avons laissé impunément aux mains des Lèche-Crapaud. » Des hourras se firent alors entendre pour saluer la décision des autorités.

Une fois un calme relatif revenu, le shérif enchaîna. « Malheureusement, nous devons faire front de tout bord pour protéger le village, et la garde suffit à peine à ce travail. Ce sera donc à vous, qui êtes les premiers concernés, de participer à la reprise des marais. Nous allons installer ici-même et dès maintenant un enrôlement spécifique. Que ceux qui se sentent l'âme héroïque restent. La séance est levée. » Les dernières paroles du shérif firent l'effet d'une bombe. D'un coup le silence se fit. Chacun avait-il bien entendu ? La garde ne bougerait pas le moindre doigt de pied pour réduire la menace à néant ? En signe de désapprobation, une partie de l'assistance décida même de quitter la salle. Les plus courageux hésitaient à se proposer, mais le passé récent regorgeait d'histoires de groupes qui s'étaient aventurés dans les marais et n'en étaient jamais revenus. Quand bien même le village était en dangers, il n'était pas question, pour la plupart des agriculteurs, de perdre la vie alors qu'elle était encore d'un niveau acceptable. Bientôt, il ne resta presque plus personne dans l'auberge. Seuls quelques groupes disséminés ici et là étaient restés, plus par abattement que par courage. Même les aventuriers qui foisonnaient pourtant dans la région s'étaient éclipsés. Ils avaient compris qu'ils ne gagneraient rien, ou pas grand chose, dans cette aventure et qu'il était préférable de continuer à fouiller les ruines thassiloniennes alentours.

Le shérif et la bourgmestre, voyant le presque désastre du discours, restèrent pourtant de marbre. Leur décision avait été mûrement réfléchie et la milice ne pouvait en effet se charger du problème. Ses effectifs étaient réellement bien trop peu nombreux pour qu'elle se permette et de défendre le village, et de courrir après les gobelins des marais. Au bout de quelques minutes, il ne restait plus que Shalelu et ses deux compagnons, Koya, Sandru, le garde shoanti et la jeune femme rousse, Ameiko, ses deux serveurs officiels et l'aventurier qui avait aidée la propriétaire de l'établissement à servir les clients. Eux aussi avaient pu remarquer le désastre des dernières paroles du shérif et pouvaient voir le désarroi qui marquait le visage de la bourgmestre.

Gardant au maximum sa contenance, le shérif s'adressa à eux. « Et bien ? Dois-je considérer que vous vous portez volontaires pour cette opération ? » Craignant certainement que les derniers présents ne quittent l'établissement à leur tour, Kendra Dévérin ajouta dans un souffle, comme pour finir de convaincre les recrues potentielles. « Nus vous récompenserons pour chaque oreille de gobelin et pour la tête de leur chef que vous nous ramennerez comme preuve de votre action. »

Ephraïm avait regagné son tabouret près du comptoir lorsque l'étrange couple était rentré dans le Dragon Rouillé, profitant du calme relatif et de l'espace qui s'était naturellement créé entre la porte d'entrée et l'estrade où Améiko avait l'habitude de se produire. Il avait observé la foule tout en tapotant sur le bois usé du bar, regardant les habitants de Sandpoint quitter la salle les uns après les autres.

Comme la plupart des suivants de Desna, il aimait voyager et découvrir de nouveaux lieux. Mais bon, un marais ? Il s'imaginait déjà : la boue, les insectes, les odeurs terribles, les bestioles gluantes et rampantes, les sangsues qui rentraient sous les habits… et c'était sans compter sur les gobelins. Il fit la moue.

C'est à ce moment-là que la bourgmestre ajouta que la ville récompenserait ceux qui braverait les terribles dangers des marécages. Cela lui donna matière à réfléchir… ou, tout du moins, à hésiter. Les affaires n'avaient pas été très brillantes jusque là… mais de là à aller patauger dans la gadoue ?

En même temps, il se sentait un peu mal pour la bourgmestre et le Shoanti qui avait pris la parole. Ils tentaient de le dissimuler, mais ils avaient été clairement déçu par l'attitude de tous ceux qui étaient partis. Et le quasi-silence qui avait suivi la dernière question de la bourgmestre, interrompu seulement par le murmure d'un elfe relativement âgé, menaçait de forcer les deux responsables à briser leur façade impassible.

Éphraïm jeta un coup d'œil vers la porte par laquelle la plupart des clients venaient de s'enfuir. Aucun paladin à l'armure étincelante ne semblait s'apprêter à la traverser pour se proposer comme volontaire pour cette tâche. Le pèlerin de Desna soupira puis regarda à nouveau les visages de la bourgmestre et du Shoanti. Leur déception lui semblait des plus évidentes — à force de croiser toute une série de gens de tous horizons au cours de ses voyages et de ses rencontres, il avait appris à déchiffrer les petits signes faciaux et les sentiments que les gens tentaient de cacher ; et ces deux-là n'étaient pas très doués à ce petit jeu, ce qui était étonnant pour une politicienne et un chef de police.

Il n'était pas du genre à laisser des personnes plus ou moins désespérées dans l'embarras. Il tapota deux ou trois fois de plus sur le bar et répliqua « Ça dépend… Vous offrez la première tournée ? » avant d'afficher un large sourire que d'aucuns auraient pu considérer comme légèrement impertinent.

Akrem avait vu se vider la salle en serrant les poings. Quelle honte sur leur famille ! Osez parler en courageux et fuir comme des lâches

Il se dirigea ensuite vers le shérif et après avoir salué militairement la bourgmestre s'adressa à lui :« Shérif, je sais que je ne dois pas discuter vos ordres et que la garde doit rester à Pointe-Sable. Je souhaiterais obtenir la faveur d'avoir quelques jours de permissions, même sans solde, pour accompagner ces aventuriers. »

Le shoanti avait plongé ses yeux dans ceux de Bélor. Bien que ce dernier semblait avoir renié ses origines shoanties, Akrem espérait qu'en frères de Quahs, il accéderait à se demande.

Modifié par un modérateur mercredi 2 novembre 2011 20:52:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bélor souffla longuement. Il était manifestement soulagé de voir que quelques personnes se sentaient suffisamment concernées par l'avenir du village pour braver ainsi les dangers des marais. Certes les motivations des uns et des autres pour participer à cette chasse n'étaient sûrement pas dénuées d'intérêts, mais il n'en avait cure. Ce qui l'intéressait, c'était qu'un nouveau groupe décide de répondre favorablement à son appel. Les derniers qui avaient tenté de pénétrer les marais n'en étaient pas revenus. Si ceux-là revenaient, ils redoreraient son image auprès de la population.

La demande du garde lui remit même un peu de baume au cœur si l'on en jugeait par le sourire qui barrait son visage. « Vous avez mon autorisation, soldat. Je saurais me souvenir de votre dévouement. » En revanche, la première intervention de l'étranger portant le symbole de Desna eut pour résultat de refermer le visage du prévôt. Il répondit, les mâchoires fermées et le regard noir. « Nous boirons à votre retour. Je préfère le faire à votre réussite qu'à votre mort... » Puis il se tourna vers Celaren qui avait posé fort à propos la question de l'équipement. « Pour ce qui est de votre équipement, vous trouverez ici même, à Pointesable, des commerçants qui seront à même de vous fournir... »

Mais avant qu'il ne continue, Kendra Déverin lui coupa la parole et reprit d'un ton plus courtois. « Nous ne disposons malheureusement pas de suffisamment de moyens pour entretenir une compagnie de mercenaires. Néanmoins, il est évident que tout ce que vous trouverez en cours de route vous reviendra de droit. Et vous pourrez considérer le résultat de vos prises comme solde de notre accord en sus de la récompense dont j'ai parlé tout à l'heure. » Elle déplaça alors légèrement son regard vers Shalélu et lui demanda. « Vous êtes certainement celle qui connais le mieux les alentours de Pointesable. Peut-être connaissez-vous un guide qui ferait l'affaire ? »

L'elfe se leva alors et observa longuement la bourgmestre, puis les quelques rares personnes qui composaient maintenant l'auditoire. Elle dit alors d'un air grave. « Pensez-vous réellement qu'un guide se proposera pour les mener dans les marais ? Regardez comment la plupart de ces couards ont fui avant même la fin de votre discours... En revanche, le gardien du marais pourra vous être d'un grand secours. Il s'agit d'un halfelin qui occupe une masure dans le marais, au bout de la nouvelle route des pêcheurs. Lui vous aidera sûrement. » Puis elle se tourna vers ses deux apprentis. « Je ne pourrai pour ma part pas vous accompagner, mais je crois que votre fougue et votre volonté feront l'affaire. Et puis vous ne partirez visiblement pas seuls, cela me rassure. Prenez cette expédition comme un examen de passage. Votre réussite marquera sûrement la fin de votre formation, je n'aurai alors plus grand chose à vous apprendre. »

C'était ensuite Alatarielle qui était intervenue. Elle souhaitait plus de renseignements concernant l'attaque de la veille et se tourna naturellement vers celui qui était le plus à même d'avoir ce genre d'informations. Sandru la rassura immédiatement en lui signifiant qu'il ne s'agissait pas de son propre convoi. Il ajouta même sur un ton de reproches que ses yeux rieurs adoucissaient comme s'il voulait taquiner la jeune femme. « D'ailleurs, tu aurais remarquer que je suis à Pointesable depuis maintenant plusieurs semaines si tu étais venue plus souvent rendre visite à Koya. » Koya fit un léger mouvement de la tête envers le marchand et appuya sa main sur son bras en signe de reproche. Se rendant compte que son intervention était légèrement déplacée dans le contexte actuel, il toussota et reprit plus sérieusement. « En fait, il s'agit de la quatrième attaque. D'après ce que m'ont dit les marchands concernés, elles ont toutes été faites selon le même mode opératoire : un petit groupe de gobelins arrêtent le convoi par un moyen ou un autre et allument des fusées pyrotechniques. Le bruit de l'explosion effraie les chevaux qui se cabrent ou s'emballent alors que les hommes sont en train de déblayer la route. Le chaos provoqué par la terreur des chevaux renverse une partie de la cargaison que les gobelins n'ont alors plus qu'à récupérer tranquillement. D'habitude, il ne s'agit que d'une perte de marchandises, c'est un moindre mal. Mais hier soir, j'ai entendu dire qu'il y avait eu deux blessés. Leur état de santé n'est pas inquiétant, mais ils ont été suffisamment choqués pour que l'on s'intéresse enfin au problème. »

Suite à l'intervention de Sandru, Bélor reprit la parole. « Avec ces fusées, trouvées on ne sais où, les gobelins deviennent une véritable menace pour Pointesable. Comme ils arrivent à arrêter des convois, ils pensent certainement que cette nouvelle arme leur permettra d'attaquer à terme le village. C'est pour cette raison que la garde doit rester vigilante et ne pas quitter Pointesable. Par ailleurs, c'est pour nous une occasion unique d'éliminer tous les dangers qui hantent les marais. Nous pourrons ainsi reprendre la main sur cette zone de non droit et faire en sorte que les pêcheurs se réapproprient ses berges. Avant les terribles évènements de ces dernières années, c'était un des lieux les plus productifs pour nos pêcheurs. Maintenant, ils ne s'y rendent même plus »

Pendant ce temps, Shalélu se dirigea vers le comptoir et demanda à Ameiko de lui donner une feuille de papier et de quoi écrire. Puis elle s'appliqua à tracer des lignes et des courbes. Elle invita l'ensemble des aventuriers à la rejoindre. Elle avait dessiné un plan grossier des marais en indiquant les trois principales voix d'accès connues ainsi que l'endroit où entrait la Détrempée, la rivière dont le delta formait les marais. « Cette route, au nord, c'est la nouvelle route des pêcheurs. C'est elle qui mène vers la masure du Gardien. Plus au sud, il y a l'ancienne voix. Plus personne n'y passe depuis que les Lèche-Crapaud se sont appropriés les marais. Quant à la troisième, celle au sud, c'est la voix de la sorcière. Mais, comme pour l'ancienne voix des pêcheurs, plus personne ne l'emprunte. »

Modifié par un utilisateur mercredi 11 janvier 2012 23:59:55(UTC)  | Raison: Non indiquée