Fredrigo épuisé, avait fini par interrompre ses exercices quand Zaël l'avait contacté.

Il relata en détail auprès de ses compagnons les nouvelles informations glanées par le mage de la tour blanche, notamment le rapport nécromantique du Masque à la magie, le fait qu'il fallait se garder de laisser des traces de sang susceptibles d'être exploitées par cet individu qui devait être un puissant mage.

« ... et surtout, ne pas oublier ce petit réceptacle que le Masque utilise pour dominer ou contrôler à distance : briser ce réceptacle, c'est briser le lien qui unit le Masque et la personne qu'il domine à distance !

Ce n'est pas tant pour nous que je dis cela, mais il y a certainement des malandrins susceptibles de se rendre ou de coopérer avec nous, qui pourraient se voir envoyer une ombre destinée à les tuer : à nous de briser le réceptacle sur l'ombre pour les protéger !! »

Puis il revint vers Nadya.
« Erik n'a pas son pareil pour bousculer les gens, sans tact aucun.
Mais dans le fond, je pense qu'il souhaite te faire réagir, à te faire te focaliser sur ta puissance potentielle en canalisant ta rage ainsi que ton désespoir.

Tous unis, conscients de nos potentiels, et avec un peu de chance, car il en faudra, nous devrions pouvoir éliminer le Masque, ou tout du moins la menace qu'il fait peser, et par là même venger la mort d'Armine.

Nous aurons alors tout loisir après de le pleurer, soulagés de l'avoir vengé, avant d'aller rejoindre Keldrim pour écarter cette nouvelle menace qui pèse sur l'Arbenfeld !! »

Elle était lasse de se faire engueleur par ces héros... était-ce si compliqué de comprendre que _elle_ n'étais pas un héro. Elle les laissa parler et tenta de les ignorer, après tout, sa vie n'avait plus beaucoup de sens, et l'idée d'affronter un autre danger, si jamais ils arrivaient à vaincre ce fichu masque, ne lui plaisait pas du tout.
Elle respira et retenta de se vider la tête puis revisualisa sa magie, et tour à tour tenta d'attrapper sa magie et la jeter contre des débris ou chercha un moyen pour "cacher" sa magie, sauf qu'elle n'avait aucun idée comment s'y prendre, du coup elle tenta juste de se visualier en train de molletonner cette porte interne en mettant pleins de barricades, de planches et des bottes de paille et tout ce qui lui parut utile. Evidemment elle n'avait aucune idée si elle était sur la bonne voie.

Après les révélations de Zaël par l’intermédiaire de Frédrigo, Ferrèol prit la décision de partir. Son cœur lui disait de rejoindre son compagnon d’enfance dans les contrées sauvages et hostiles des contreforts des Monts Rouges. Les deux forestiers avaient maintes fois arpenté ces contrées avec leur mentor. Jadis c’était pour surveiller les Trolls des forêts dans la vallée ou les gobelins et les kobolds qui descendaient parfois des Monts et faisaient quelques raids en forêt. En de plus rares occasions, ils avaient eu à repousser un groupe de maraudeurs orques qui chassaient… à leur façon bien-sûr. Ils avaient voulu allumer un feu de forêt pour rabattre les proies dans un piège et toutes le massacrer. Si l’idée était barbare et pouvait leur assurer une grande quantité de nourriture, Saxifrag s’était mis dans une colère noire et les peaux vertes n’eurent guère l’occasion de craquer la moindre allumette alchimique ou de faire la plus petite étincelle avec une pierre à silex. L’éveil de la nature avait été sans pitié pour les orques et leurs morceaux éparpillés aux quatre vents avaient nourri les charognards, manger ou être mangé, telle était la dure Loi de Dame Nature. Aussi lorsque Zaël disait que Keldrim et Scratus étaient partis retarder les raids gnolls et orques qui voulaient contourner le front par les montagnes, le cœur de Ferrèol ne fut qu’un bond et lorsqu’il déclara son intention, personne ne sembla relever la chose ou s’y opposer.

Le Sieur Tampoli quant à lui tenta de reprendre sa place de mentor en magie. Erik n’avait pas bougé, il regarda froidement le beau parleur et regarda le résultat avec un sourire en coin – « Cause toujours Tampoli, c’est une femme, pire qu’une tête de mule. Celle-là tu ne la mettras pas dans ton lit. Ou alors gare à tes cottes, elle a les griffes plus acérées que des serres d’aigle. Laisse-là, si elle ne veut pas venir, tant pis. Elle restera avec les miséreux, après tout c’est peut-être là sa place ! » – Puis il se détourna des deux personnages pour aller ruminer plus loin. Un instant, il avait pour idée d’aller voir son frère qui montait la garde près de la grande porte, mais il le délaissa pour trouver un coin sombre et tranquille afin de méditer et s’essayer à masquer son aura. Les prêtres avaient beaucoup plus de travail que les utilisateurs de magie profane. Mais Néthys était le maître, celui qui sait et qui voit tout, Erik réussirait.

Nadya n’écoutait plus personne. En colère elle alla se croupir dans un coin, loin de tous ces gens qui exigeaient trop d’elle. Ne pouvait-elle pas être qu’une simple danseuse varisienne ? Fallait-il absolument qu’elle accomplisse des exploits incroyables et héroïque tout simplement parce qu’elle était l’amie d’un héros et qu’elle avait un pouvoir latent qu’elle ne maîtrisait pas ? Ce pouvoir d’ailleurs… Elle se concentra et tenta tour à tour des exercices, celui de cacher son aura comme Frédrigo l’avait expliqué, celui de contrôler sa magie afin de la modeler et de réussir à en faire ce qu’elle voulait. Les visualisations aidaient-elle vraiment ? Plusieurs fois elle imagina la porte qui s’ouvrait sur la tempête qui faisait rage à l’intérieur d’elle-même. Elle la fit disparaître, devenir noire, fermée, verrouillée, barrée, barricadée, pourquoi pas… passage secret – « Oui !.. C’est ça ! » – Nadya sursauta. Elle regarda autour d’elle, les yeux écarquillés de surprise, avait-elle bien entendu cette voix ? Était-ce son imagination ? Après un moment, elle recommença. Sa colère devait être retombée, laissant de nouveau place au désespoir. L’exploit de l’éclair qui avait jailli de sa main ne se reproduisit pas, de nouveau elle hésitait à approcher sa main de la tempête qui faisait rage, mais par contre lorsqu’elle tenta encore de faire disparaître la porte comme s’il s’agissait d’un passage secret, elle y parvint avec une certaine facilité – « Oui !.. Parfait ! » – Cette fois elle ne sursauta pas mais se concentra sur la voix. Elle était presque persuadée qu’elle était seule à l’entendre, elle chercha alors une présence dans sa pièce, la porte de sa magie toujours cachée. Tournant sur elle-même, puis après une fouille attentive et minutieuse, elle aperçut une silhouette grise vague, floue et presque translucide, la seule chose qui dénotait était ses yeux, deux lueurs argentées qui la regardaient avec une intensité étrange. Elle se sentit transpercée. Comment faisait-il pour être présent dans sa pièce. Elle ne l’avait pas invité, il ne pouvait pas être là. Pourtant elle ne ressentait aucune crainte envers cette présence, elle se sentait apaisée et en sécurité, elle connaissait cette personne. La voix recommença à parler – « Quand la mer se déchaîne, tu as deux possibilité, soit tu te recroquevilles sur toi-même en forme fœtale en te disant qu’ainsi tu peux résister à tout et attendre que ça passe, alors les vagues déferlent sur toi et chacune est plus grosse et plus forte à chaque fois et quand tu seras épuisée de résister alors tu vas sombrer. Soit tu décides de faire front. De toute façon la tempête est là, tu ne peux pas l’éviter, alors tu peux surfer sur les vagues, aller dans le sens du vent, canaliser l’énergie des éclairs et au lieu de l’absorber juste la détourner tel un paratonnerre, n’affronte pas la tempête, soit la tempête, elle est en toi, c’est une partie de toi, ce n’est pas ta magie que tu redoutes, mais ta propre personne. Fais toi confiance, comme lorsque tu danses. Ton esprit et ton corps sont en symbiose et ta sensibilité s’exprime par tes gestes eux-mêmes rythmés par la musique. Le résultat est que tu danses la source ta sensibilité, as-tu cherché à contrôler ta sensibilité ? Elle est en toi et tu ne fais qu’exprimer physiquement ce qu’elle perçoit : le rythme, la musique, la poésie. Ne baisse pas les bras, même les plus petites personnes peuvent faire de grandes choses, c’est avec le cœur qu’on devient des héros, pas avec de la puissance ou des armes. Le Masque est puissant et pourtant ce n’est pas un héros. Le berger qui voit venir le loup et qui réussi à le chasser à coup de pierres sauvant ainsi son troupeau est un héros, pourtant il ne sait pas utiliser la magie ni l’épée. Courage, la vie est faite pour être vécue. Ne vit pas dans le passé, tu ne pourras pas le changer. Ne vit pas dans le futur, nul ne peut le prédire, vit pleinement l’instant présent, soit toi tout simplement et ne laisse jamais personne te dire ce que tu dois faire. »




Denmel et Sélim s’approchèrent du mur d’enceinte. Le fils Tangletorn cherchait un passage, mais aussi d’éventuelles sentinelles. Il fouilla du côté des escaliers qui menaient au chemin de ronde en haut du rempart. Chacun était fermé par une grille qui empêchait de monter, mais il ne vit personne. En vérité, il ne vit pas non plus Sélim qui en attendant avait sortit sa corde et son grappin et avec la même facilité qu’il avait eu lors de la poursuite de Sandro, il accrocha le grappin et monta en quelques instants sur le mur d’enceinte. Il dût jeter une petite pierre à Denmel qui tout à coup s’était senti seul, ne trouvant pas le soldat-forestier nulle-part. A son tour, il gravit le mur en s’aidant de la corde, amis aussi aidé par Sélim. Après tout il n’y avait que 6m à monter, ce n’était pas non plus la tour de l’Aigle au château du baron ! Puis la corde passa de l’autre coté et la descente se fit dans la même discrétion, enfin surtout pour Sélim qui avec la nuit, la pluie et la cape des rapaces était presque invisible. Si Denmel ne gardait pas les yeux rivés sur lui, il le perdait de vue, pas étonnant compte tenu de ce qui avait été dit sur les soldats-forestiers. Leur tenue était vraiment bien étudiée et si elle avait été en la défaveur du groupe lorsqu’il avait les rapaces pour adversaires, cette nuit cela jouait en leur faveur.

Le duo fila le long du rempart. Ils cherchaient un bateau de pêche, peut-être assez grand pour utiliser un grand filet. Pourtant il n’y avait que des petites barques de pêcheurs qui s’agitaient avec le vent au gré du courant, amarrées au ponton par de simples cordes. Mais l’une d’elle attira l’attention de Denmel et Sélim – cette bâche goudronnée, cette petite barcasse vieillotte et rapiécée, ils l’avaient déjà vue quelque part, l’un très récemment pour avoir été passager avant de plonger dans la rivière, l’autre pour l’avoir échouée sur la plage de Khelgür cette fameuse nuit où une poignée de rapaces, le capitaine Alcibiade et Ylvian avaient combattus les cavaliers gobelins et les Trolls des Forêts – « Oh l’est pas un temps d’ faire eun prom’nade en bateau ! » – Le duo chercha un moment la source de la voix avant de se rendre compte qu’elle devait probablement venir tout simplement de dessous la bâche goudronnée...

Fredrigo laissa Nadya à ses exercices et questionnements, vexé tout comme Nadya pouvait l'être par les propos d'Erik qui ne comprenait rien à rien, et il alla s'installer dans un coin.

Denmel et Selim était partis escalader, et ce n'était pas là l'une de ses activités favorites.
Veolia tentait de redonner un semblant de dignité au temple, et la santé à Ferrèol.
Erik priait.

Fredrigo semblait soliloquer, prêt à s'endormir en vue de la longue journée qui s'annonçait pour le lendemain...

Modifié par un utilisateur jeudi 18 octobre 2012 12:25:54(UTC)  | Raison: jets de dé ; vexation ambigüe

C’est Véolia la première qui lui barra la route, alors qu’il était en train de rassembler ses affaires. Les différents visons des hordes Orcs ou autres humanoïdes des monts rouges, se bousculaient dans sa tête. Il se revoyait avec Keldrim et Saxifrag, les épiant, les pourchassant et les renvoyant dans les Monts Rouges alors qu’ils tentaient quelques incursions lors de l’hiver ou à l’approche de celui-ci. Mais c’était à chaque fois par curiosité alors qu’un nouveau leader se mettait en place, ou par survit, mais jamais en groupe organisé.

Ferrèol les avait même observés pendant tout une saison, essayant d’apprendre sur leur mode de vie, leur façon de chasser, les différentes hiérarchies, la composition de clan, comment ils se provoquaient entre eux, et surtout ce qui pouvait les déstabiliser. Tout ça en vue de pourvoir plus facilement anticiper sur leur descente en plaine, et pouvoir les traquer et les faire remonter dans leur grotte.

Mais là les parole de Zaël par l’intermédiaire de Fredrigo, lui faisait peur. Il regarda la prêtresse, puis les lieux ainsi que toutes les personnes présentes dans l’église. « C’est quoi votre plan à vous ici ???
Se terrer dans cette église, en la retapant, puis attendre les provocations du masque jusqu'à ce qu’il se dévoile !! C’est quoi cette histoire d’aura, je n’ai rien compris !!

Ce qui est sûr c’est que je ne vais pas rester ici à rien faire pendant que Keldrim est seul, ne me parlez pas de Scratus, avec qui ça c’est mal passé lors de notre dernière rencontre !!! Je ne lui fais pas confiance !!!

Bref, ici nous enlevons un tyran de cette population! Population qui a toujours été dépendante, ne serais ce par ces murs !!!! En gros elle ne craint rien à par son mal être! Là-bas c’est une contrée qui est mise à mal par des hordes humanoïde voulant répandre le mal !!  »

Il les regarda tous à nouveau avec un visage fermé !! « Même vous je ne comprends pas que vous hésitiez à ne pas me suivre ???? »

Modifié par un utilisateur lundi 12 novembre 2012 13:37:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

Denmel ne sut pas vraiment pourquoi, mais il n'était pas surpris quand il entendit la voix venant du bateau.

« Le péchou ? C'est toi ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? Non ne dis rien en fait, ce n'est pas important pour l'heure. Nous avons d'autres préoccupations en tête. »
Il regarda Sélim, se demandant s'il connaissait leur interlocuteur et surtout s'il voulait s'attarder avec lui.

« Je n’ai pas dit que cela ne servait à rien, j’ai juste dis que c’était pour le confort de certain et non pour la vie de certain! Maintenant tu as probablement raison Frédrigo, ce n’est pas ce soir que je ferais quelque chose, et si vous me dites que cette affaire peut être réglée demain soir et que nous pouvons prendre la route après-demain. Alors oui je resterais pour combattre ce mal. Et puis après tout, peut-être qu’il y a vraiment un rapport avec l’attaque de la baronnie. Et peut-être que ça peu affaiblir cette entité qui livre combat !!

Donc quels sont vos plans?
On a eu la visite de ce magicien qu’on a été voir cet après-midi? Apparemment vous avez conclu un accord avec lui, on peut lui faire confiance, ou alors il y a une possibilité qu’il nous mène dans un piège, une embuscade ??? »

Il se tourna pour chercher Nadya du regard. « Elle est où ??

Ah oui !! Nadya c’est toi qui le connait, jusqu’à quel point on peut lui faire confiance, jusqu’à ce jeter dans la gueule du loup ??
Et c’est quoi cette histoire de cacher son aura? Il ne veut plus que nos dieux, déesses, ou entité ancienne nous regarde ??? De manière à ce que lui n’ont plus n’attire pas l’attention des dieux ??? De manière à ce que Sarenraé nous accorde pas ses faveurs demain à l’aube ???

Ouaih, j’ai un gros doute sur votre plan ???

Eric, toi qui prie celui qui sait tout, ça te parle ça, de cacher son aura??? »

Modifié par un utilisateur lundi 12 novembre 2012 13:37:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Des éclats de voix s’élevèrent dans le lieu désacralisé. Les sons résonnaient sur les pierres, s’amplifiaient et revenaient en échos multiples comme pour augmenter la tension qui soudain venait d’éclater. Ferrèol et Véolia s’engueulaient, les deux personnes les plus sages du groupe, celle qui était là pour les guider et les apaiser, celui qui était là pour donner ses sages conseils, ils se lançaient dans une joute verbale puérile à la limite du caprice, sous les yeux interloqués des miséreux, des veuves et des autres membres du groupe présent. Erik avait regardé ça avec dédain, s’éloignant davantage pour trouver un coin sombre et isolé afin de méditer tranquille. Il croisa un instant le regard de Frédrigo qui le fixait depuis un moment – « Je t’ai déjà dit de ne pas me fixer comme ça, Tampoli ! Arrêtes ça ou je te brise le cou ! »

Le Masque avait-il réussi à semer le chaos dans le groupe alors que l’heure était à l’unification et à l’entraide, car l’union faisait la force et la, la discorde donnait plus de pouvoir à l’ennemi. En attendant, Nadya recommençait à s’exercer. La présence qu’elle avait sentie était une intrusion, elle tenta de la mettre dehors, mais cela revenait à ne plus visualiser la pièce. Elle ne savait pas si elle pouvait toucher sa magie sans cette visualisation que Zaël lui avait apprise afin de mieux comprendre sa magie ou si, comme Frédrigo le proclamait, c’était quelque chose en elle qu’il fallait ressentir. Si elle ne visualisait pas, elle ne verrait pas l’intrus, mais pourrait-elle toucher sa magie ? Elle entendit la voix de la forme grise aux yeux brillant d’argent – « Je ne suis pas ton ennemi. Tu ne peux pas me mettre dehors. Je suis dans ton psychisme parce que j’ai choisi de venir t’aider, je parle à ta conscience, à ton esprit, si tu ne veux pas de mon aide, alors il te suffit simplement de penser non et je partirai, si tu veux de mon aide, alors pense simplement à cette présence que tu as visualisée, c’est comme si tu m’appelais et je viendrai t’aider. Je te laisse à présent, appelles-moi si tu veux continuer cette conversation. » – A cet instant, Nadya sentit un vide et elle ne parvint plus à visualiser la présence dans la pièce.






Le duo s’approcha de la barcasse. L’Pêchou apparut de sous la bâche qui lui permettait de rester au sec. Devant la requête du soldat-forestier, il se gratta la tête quelques instants comme s’il réfléchissait, un sourire en coin à l’adresse de Denmel – « Ben il s’trouve qu’jai p’têt quelqu’chose qui peut l’faire ! Tu t’souviens l’système au filet qu’on a fait au village ? T’sais celui à la fin avec le grand filet muni de plein d’hameçons ? Ben just’ment j’l’ai là. C’t’une chance hein ? Oh ben l’est p’têt pas assez grand quoique… Pour un trou d’six bons pieds ça d’vrait l’ faire. Au pire on peut rabouter deux trois filets plus p’tits avec pour faire plus grand, j’ai ça aussi. En fait j’étais v’nu réparer l’grand filet just’ment ? L’avait morflé avec l’combat. J’me disais qu’ça s’rait pas mal pour faire d’la pêche au gros, si vous voyez c’que j’veux dire. Et puis pour l’palan… Ben y’a celui qu’j’viens d’acheter pour utiliser l’grand filet en carrelet. Quand z’êtes arrivés, j’étais entrain d’chercher où l’fixer… Ben ça attendra j’crois ben. Par contre faites-y attention hein ! Ça vaut un bras c’truc là ! »

En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, le fils du pêcheur sortit de la barcasse plusieurs filets roulés et proprement pliés, un gros ainsi que 3 plus petits, puis au final il sortit religieusement un énorme palan double à 4 roues, ressemblant à ceux utilisés par les constructeurs pour soulever les grosses charges comme les blocs de pierre ou les grandes pièces de charpente en bois. Il portait ça à bras le corps et lorsqu’il remit l’encombrant objet dans les bras de Sélim, ce dernier put constater le poids non négligeable de l’engin. L’Pêchou souriait à pleines dents – « croyez qu’ça va faire l’affaire ? Sinon ça s’passe comment c’t’histoire avec l’Masque ? Ça avance ? »

Fredrigo regarde Erik.

« Oui, oui, d'accord, juste que j'ai toujours le sentiment que tu nous caches quelque chose, c'est tout : tu es si mystérieux, vindicatif et colérique que cela ne peut qu'intriguer !
Sois plus transparent, plus naturel, et je me poserai moins de questions...

Sur ce, bonne nuit ! »

Et Fredrigo s'endort, non sans laisser ses pensées porter son cerveau à ébullition...

Denmel emboita le pas de Sélim non sans avoir salué le péchou.

« A plus tard. Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu'on va se revoir. »

Il lui fit un clin d’œil et repartit. Si Sélim utilisait des mots simples, Denmel n'était pas convaincu que cela fut nécessaire. Il pensait que le péchou cachait quelque chose, et quelque chose qui l'intriguait. Mais l'heure n'était pas à enquêter sur ce garçon, mais plutôt sur le voyage de retour. Il escalada à son tour le mur tout en se faisant le plus discret possible.