Alors que tout le monde déjeunait assis à la table de dame Alisa et que des serviteurs silencieux et discrets leur offraient des plats pendant que d'autres s'affairaient manifestement à mettre de l'ordre dans le boudoir bleu à côté, un craquement sinistre se fit entendre dans cette pièce et les cinq compagnons entendirent une servante pousser un petit cri de surprise, suivit d'une inspiration sonore.

Les quatre jeunes hommes se levèrent rapidement,Narir d'une grande rapidité était déjà dans le cadre de porte, suivi de près par Serlace et Faerthurin. Syl s'était levé comme les autres, avant de se rappeler qu'il se la jouait désabusé. Eümir se leva tranquillement et les deux hommes rejoignirent les autre dans le cadre de porte.

Devant eux, une statue de glace ressemblant à s'y méprendre à Alisa commençait à fondre sous leurs yeux, laissant place à une chevelure blonde presque blanche, a une peau pâle tatouée de bleu et à un regard plus froid que des yeux ambrés devraient le permettre. Alisa était vêtue à la mode nordique, dans une robe bleue. Elle avait le port hautain d'une reine. S'ils ne l'avaient pas vu aussi vulnérable la veille, ils n'auraient pas cru la chose possible. Il n'y avait plus aucune trace physique de l'épreuve.

Son regard se posa une seconde sur la servante qui émit un petit gémissement de désarroi avant de baisser la tête et de sortir prestement de la pièce. Mais Alisa l'ignorait déjà, elle survola les cinq hommes avant de s'arrêter sur Eümir. Elle le gratifia d'un regard froid et dédaigneux.



« Parle! » Sa voix était sèche.

Elle s'assit sur l'un des fauteuils du boudoir ne lâchant pas le barde des yeux.

Eümir s'avança un peu, comme à contrecœur, vers le milieu de la pièce.

« C'est une longue histoire. » commença-t-il, mais le regard d'Alisa le fit taire. Il prit une grande inspiration puis commença maladroitement.

« Nous... Je veux dire Guillaume, Kalver, Eliana, Gabriella et moi... on nous avait envoyé enquêter sur la situation de Lord Vraal. Des rumeurs avaient atteint certaines oreilles comme quoi le baron ne répondait plus à l'appel.

Lorsque nous sommes enfin arrivé au village en bas de son manoir, les villageois nous ont appris que le baron avait disparu après la mort de sa fille bien aimée et que le manoir était hanté, probablement par son fantôme. En posant quelques questions, nous avons découvert que Lord Vraal chassait les caravanes varisiennes de son domaine, dans le sens littéral du terme. Il montait des expéditions de chasse contre eux. Il disait qu'ils étaient tous des voleurs, des menteurs, des violeurs, etc.

Eliana était verte de rage d'apprendre cela et elle est partie d'un pas décidé vers le manoir, prête à en découdre avec le spectre de Lord Vraal. Nous l'avons donc suivi en lui demandant d'être patiente, mais c'était comme parler à un mur.

Arrivé là-bas, nous avons découvert que la maison était effectivement hantée, mais également habitée par des créatures attirées par une probable malédiction. Nous nous sommes fait attaquer par un coffre dans la chambre de la fillette, puis par des rideaux et enfin des poupées. J'ai réussi à vaincre la mienne avant qu'elle me fasse pire qu'une petite égratignure, mais ce ne fût pas le cas pour Eliana. Son sang était tombé sur la poupée vengeresse et quand nous avons essayé de la détruire, nous nous sommes rendu compte que tout ce que nous faisions à la poupée, Eliana le subissait aussi. Nous avons essayé de la détruire et de la noyer avant de parvenir à la conclusion qu'on ne pouvait rien faire sans tuer Eliana dans le processus. Nous avons donc enterré la poupée près du muret avec un système d'aération pour éviter qu'Eliana ne suffoque et avons entrepris de retourner immédiatement à la capitale pour obtenir de l'aide.

Dans le carrosse de retour, Eliana nous a appris qu'elle voyait une main de poupée dans la périphérie de sa vision et qu'elle entendait un rire détraqué de petite fille. Lorsque Caliphas fût enfin en vue, Eliana était au bord de l'hystérie et de la folie...

Nous sommes passés ici, mais... hmm... tu n'étais pas là.

Nous sommes donc allés voir les prêtres de la ville. L'inquisitrice de Pharasma pensait qu'Eliana était possédée et voulait l'exorciser de manière... radicale, nous sommes donc allés voir ailleurs. Les prêtres de Iomedea ne pouvaient rien faire. Nous sommes finalement allés à la source. Les szcarnis nous ont confirmé qu'il s'agissait bel et bien d'une malédiction gitane, mais que seule la personne qui l'avait lancé pourrait la défaire. Ils lui ont donné quelque chose à boire qui réduirait les effets. Selon eux, la malédiction allait disparaître d'elle même vu qu'elle n'en était pas la cible réelle.

Je me souviens vaguement qu'Eliana allait mieux après avoir bu ces herbes et nous sommes allés faire notre rapport. Après celui-ci, elle nous a assuré qu'elle allait bien, nous nous sommes donc séparés. Je crois qu'elle est venue me voir quelques jours après, alors que j'écrivais mon opéra. Il me semble qu'elle m'a lancé un regard bizarre, mais j'étais tellement fatigué. Toute cette période baigne encore dans un brouillard. Je me souviens seulement de m'être réveillé avec de l'encre dans la bouche. L'encrier était également tombé sur le plancher. Il y a encore la trace sur le plancher de mon salon d'ailleurs.

Quelques semaines après, nous sommes repartis sur la route pour un bout de temps. Nous sommes allés à Rozenport, puis nous sommes revenus. Nous sommes repartis vers Lepidstadt. Au retour, elle m'a avoué que les herbes faisaient de moins en moins effet, mais de ne pas m'inquiéter, car une source fiable lui avait suggéré de consulter les shamans Kellid. J'ai voulu l'y accompagner, mais elle m'a dit que ce n'était pas nécessaire que Syl allait y aller avec elle. Manifestement, ce n'était pas vrai.

Je crois qu'elle y est tout de même allée, car elle semblait aller mieux par après. Puis, il y a eu le décès dans votre famille... puis elle est disparue...

Par la gueule de bois de Cayden Cailéan, comment ai-je pu oublier tout ça? »

Eümir avait gagné un peu en assurance et en éloquence en se perdant dans ses souvenirs, mais par le moment où il termina son récit, il était devenu pâle, presque vert. Il se pinça la racine du nez en fermant les yeux.

Alisa l'avait écouté sans réaction apparente, elle continuait de le fixer de son regard froid, elle avait presque l'air d'une statue. Seule sa poitrine qui se soulevait au rythme régulier de sa respiration montrait qu'il n'en était rien.

Vetur alla se poser sur son épaule et lâcha un crôassement qui sembla la tirer de ses pensées.

Elle ferma les yeux un instant. La tension retomba.

Modifié par un utilisateur mardi 24 février 2015 07:08:38(UTC)  | Raison: Non indiquée

Faerthurin lui aussi été resté silencieux afin d'encaisser tous les faits. Alors qu'il s’apprêtait à poser ses questions au goutte à goutte, Serlace lança une rafale d'interrogation justifiée. Le mage assimila les dires et sourit voyant le guerrier poser des questions auxquelles il avait pensé.
« Bien pensé Serlace, et j'ajouterais que j'aimerais savoir si vous avez découvert au Lord Vraal ? Il est possible que sa malédiction soit lié à celle d'Eliana aussi... »Finit le semi-elfe d'un ton songeur et ennuyé.

Eümir avait regardé ses jeunes compagnons pendant qu'ils posaient leurs questions. Comme il était clair par l'absence de réaction d'Alisa qu'elle ne comptait pas répondre, il décida de le faire.

« En fait, non, nous n'avons jamais trouvé Lord Vraal, ni vivant, ni spectre, ni cadavre. Après avoir constaté l'affliction d'Eliana, nous sommes repartis rapidement vers la capitale.

Et comme il semblerait que j'aie plutôt oublié l'existence de la poupée liée à Eliana, nous ne sommes jamais retourné au manoir de Lord Vraal, il est un peu plus loin que Rozenport, dans le même comté.

Pour ce qui est du décès dont je parlais, eh bien... » Il hésita un moment, mais Alisa avait toujours les yeux fermés et avait pratiquement l'air d'une statue.

« Je parlais du décès du frère aîné d'Alisa et Eliana, l'héritier du baron Dublesse.

Quant à savoir pourquoi Eliana m'a menti, je n'en ai pas la moindre idée. »

À la mention d'Arken, Eümir fronça les sourcils... « Si elle est partie, comment est-elle sortie de l'enceinte? »

Le corbeau blanc qui était perché sur le haut d'un meuble crôassa de nouveau. « Elle nous voulait pas être ici, alors je l'ai fait sortir. »

Le jeune magicien prit une longue et profonde inspiration. Narir avait raison, ils en avait apprit beaucoup et pourtant restaient toujours avec tant de questions...
« Oui il est dur d'y voir clair dans tous ces dénouements. Nous avons déjà accomplit une grande étape : libérer Emür de la malédiction, mais il nous reste encore beaucoup à faire.
Elena est toujours sans trace. Le mystère du baron reste irrésolue, et il semblerait que retrouver la poupée est une étape nécessaire dans cette affaire. » Il s'arrêta afin d'essayer de récapituler le tout. Satisfait de son résumé, il poursuivit :
« Il me semble que nous avons deux choix:
Soit retrouvé Elena puis la poupée,
soit retrouvé la poupée puis Elena.

Parce que nous savons où se trouve la poupée et non Elena, je serais plus pour poursuivre la deuxième proposition. Qu'en pensez-vous? »Faerthurin examinait ses compagnons, ne voulant paraître comme un dictateur à aucun d'eux et inquiet d'avoir oublié un élément dans cette histoire si compliquée.

Lorsqu'Eümir eut fini avec son récit, Syl fronça les sourcils, pris d'un doute.
Il rumina plusieurs fois ses souvenirs ainsi que ses propres déductions avant d'oser ouvrir la bouche:

« Il y a une chose qui m'interpelle cependant.
Alisa pourra le confirmer puisque je lui en ai parlé hier mais j'ai eu l'occasion de rencontrer une créature qui portait les traits d'Eliana. Sur le moment, je n'y ai vu que du feu - il faut dire que nous étions dans une situation laissant peu de place à un examen minutieux - mais par la suite il m'est apparu qu'il ne s'agissait pas d'Eliana elle-même mais plutôt d'une copie à la chaire froide et dure.

Telle une poupée faite de porcelaine peut-être?

Elle voulait apparemment tout faire pour être Eliana. Au point d'éprouver de la colère ou de la rancoeur lorsque les faits entraient en contradiction avec ses propres souvenirs - ou avec la réalité qu'elle s'était façonnée.

Ou qu'on avait façonner pour elle, au choix. »

Il marqua une pause, prit de nouveau par ses réflexions.

« Dans tous les cas, cette poupée n'avait rien à voir avec celle que nous avons vu dans les souvenirs d'Eümir.
Ceci m'amène à d'autres conjectures: les deux poupées sont-elles les mêmes? Sont-elles liées par la même malédiction? La première poupée a-t-elle pu être remaniée pour correspondre à la seconde?

Dans le cas de cette dernière question, nous pourrions en déduire que le responsable de la malédiction se trouve dans cette ville... »

Trop de questions.
Aucune réponse.

Et surtout... quel rapport avec l'Opéra d'Eümir et l'affaire des broches?

Alisa ouvrit les yeux, son visage était impassible. Elle se leva gracieusement de son fauteuil, son regard se posa sur eux, un à un. Tout dans sa posture vous donnait l'impression d'être devant une reine.

Elle dit d'une voix trompeusement douce et dénuée d'intonation « Je vous remercie de ce que vous avez fait jusqu'à présent. Je vais voir quels autres renseignements je peux trouver. Si vous souhaitez voyager jusqu'au manoir, je vous fournirai les chevaux et les vivres. Maintenant, respectueusement, je vous demanderais de sortir, j'ai besoin de réfléchir. »

Elle tendit une main vers un petit bureau dont un tiroir s'ouvrit par magie. Un parchemin roulé et une bourse en sortirent et vinrent se poser dans sa main. Elle les tendit à Narir.

« Vous n'avez qu'à présenter cela à La couronne et le carrosse. Vetur vous aidera à sortir. »

Sur ces mots le corbeau crôassa. Il était clairement temps de partir.

Eümir ne se fit pas prier, traversa le boudoir, ramassa sa cape dans l'entrée, ouvrit la porte et sortit sans un mot.

Vetur se posa sur l'épaule de Narir et lui picossa doucement l'oreille. « Tout le monde dehors, crôa! »

Que faites vous? Voici les avenues qui s'offrent à vous :

1- Poursuivre la piste d'Eliana (les meurtres des prêtres)
* Vous rendre Rue Barragaro pour interroger les Varisiens et les Sczarnis.
* Retourner dans les Cairns, armés de vos nouvelles connaissances.
* Vous rendre au manoir.

2- Poursuivre la piste des broches (les meurtres des nobles)
* Allez visiter le frère de Narir avec les broches.
* Vous rendre au Boudoir de la veuve, un établissement à la réputation discutable, pour rencontrer un agent du Clan de la méduse.

Narir accepta la bourse des mains d'Alisa et lui fit un salut de gentlemen avec un sourire d'appréciation pour ce qu'elle a fait et aussi parce que Narir ne se lassera jamais de regarder cette femme d'une beautés remarquable ...

« Reposez-vous bien dame Alisa et merci pour votre soutien et vos connaissances si précieuses!  »

Ensuite, il se tourna vers les autres et se dirigea vers la sortie avec le corbeau sur son épaule...

« Il est temps de partir, à mon avis, nous devrions commencer par aller voir mon frère afin de lui permettre d'étudier les broches que nous avons, cela lui prendra surement du temps et nous pourrons faire autre chose entre temps. Et les broches sont surement lié à notre problème pour trouver Eliana car ils ont été l'élément qui nous a permis de nous rendre compte du problème d'Eumir avec les poupées! Les deux cas se recoupent peut-être éventuellement!

Il est sur que je veut exposer se problème avec mon frère avant de quitter pour chercher Eliana ou le manoir! »

Modifié par un utilisateur vendredi 20 mars 2015 14:07:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le jeune magicien fut assez surpris comment le groupe pouvait changé si rapidement d'opinion, mais il ne dit rien. Après un soupir long et profond, il décida d'annoncer :
« Il ne me semble point que la rapidité de nos actions changera beaucoup à l'affaire pour le moment. Nos pistes restent vagues et incertaines à cette heure. La prudence, à mon humble avis, prime sur la vitesse en cette instance. Je suis pour la dernière suggestion de notre ami Narir. »Termina-t-il en levant une main palme exposé afin de bien montrer aucune imposition de ses dires sur quiconque.

Serlace finassa par hausser les épaules. Il se rangeait à l'unanimité et n'avait nullement l'intention de mener seul l'enquête.