Arlandeth fut presque choqué de la proposition de Karuz. C'était une réaction instinctive, qui disparut alors qu'il commença à réfléchir. D'un léger sourire il répondit au shoanti.

« Je veux bien vous accompagner par mes prières mais, mes dévotions se font au petit matin, juste avant l'aube. Et je tenais tout de même à préciser que votre présence n'est pas du tout indésirable. Elle reste même souhaitée, mais ce n'est que mon avis qui vaut ce qui vaut. Profitez donc du temps pour vous reposer et vous restaurer. Je pourrais même veiller une partie de la nuit. Je mange disons assez peu pour ne pas dire point du tout. Il en va de même pour le sommeil ou presque. »

Ainsi, à l'exception de Théobald et de Fergus qui restèrent sur place pour s'assurer qu'aucun mauvais élément ne vienne profiter de la disparition de l'Empereur, le reste du groupe reprit le chemin de la rue Sainte-Alika pour se rendre à la maisonnette qu'avaient partagée Horiadoc et Grigan, deux compagnons qui avaient pris des chemins différents au fil des péripéties qui avaient touché Korvosa récemment. Le trajet ne prit qu'une petite vingtaine de minutes et se fit dans un relatif silence : à part Amin, qui cherchait encore un peu sa place dans le groupe, les autres aventuriers ressentaient le contre-coup de la nuit blanche et du combat. Quant à Salvator Scream, il se contentait d'avancer d'un pas pressé tout en jetant des coups d'œil aux alentours comme s'il redoutait l'arrivée d'un danger imminent.

De danger imminent, lis n'en rencontrèrent aucun. Dans la maisonnette, la jeune femme qu'ils avaient invités à séjourner sur place avec son bébé les attendait. Elle avait ramené trois grands seaux d'eau pour leur permettre de se rafraîchir après la nuit ; elle n'avait cependant pas pu trouver quoi que ce soit à préparer comme repas. La nourriture se faisait rare et les quelques endroits où il était encore possible de s'en procurer dans l'île d'Endrin étaient mal famés ou exigeaient des prix exorbitants. L'aube étant encore proche, peut-être le Sarénite allait-il pouvoir invoquer son dieu pour obtenir quelque nourriture ?

Dès qu'ils furent rentrés dans la maisonnette, les aventuriers prirent quelques minutes pour se débarrasser de bottes devenues trop lourdes et enserrant des pieds douloureux, pour se rafraîchir ou pour se mettre à leur aise. Puis, bien rapidement, vint le temps de l'interrogatoire. Quand on lui demanda s'il désirait quelque chose à manger ou à boire, Salvator Scream répondit qu'il ne pourrait sans doute rien avaler de solide pour le moment mais qu'un gobelet d'eau lui ferait du bien. Une fois servi, il commença à parler…

Il scruta du regard le morceau de tissu qu'Abbaër lui avait montré quelques minutes plus tôt et que le nain avait posé à nouveau sur la table. Hochant la tête avec nervosité, le peintre confirma « Oui, il s'agit bien d'un morceau de la tenue du Sénéchal Néolandus Kalépopolis. Je ne savais pas qu'il restait une trace de son passage chez moi… tout est allé si vite… et ça fait un bon bout de temps maintenant… » Salvator Scream soupira et un mélange de regret, d'inquiétude et de peur assombrit son visage.

« Je devrais sans doute commencer par le début… Vous devez vous demander ce qu'un type comme moi a à voir avec le Sénéchal de Château-Korvosa. » commença-t-il, une sorte de sourire triste sur les lèvres. Il prit une profonde respiration et continua « Néolandus et moi nous sommes rencontrés… » — il fronça les sourcils, prenant quelques secondes pour réfléchir, puis hocha la tête lorsqu'il sembla satisfait de bien tenir le souvenir qu'il recherchait — « aux Extraordinaires Exécrables je pense. L'ancien théâtre et salle d'exposition qui appartenait à Swastel… l'Empereur. » La moue que Salvator fit en prononçant le nom de celui qui l'avait retenu prisonnier indiquait bien tout le mal qu'il pensait de lui.

« Si je me souviens bien, c'était à l'occasion d'une pièce de théâtre qui se donnait aux Exécrables et pour laquelle j'avais été engagé par Swastel pour créer quelques décors. Les Exécrables étaient fréquentés régulièrement par divers nobles de la cité… bien souvent, ceux-ci venaient de manière anonyme pour s'adonner aux divers spectacles offerts par la maison. Mais ce n'était pas vraiment le cas de Néolandus. » Salvator fronça à nouveau les sourcils comme pour mieux rassembler ses souvenirs. « Non seulement le Sénéchal n'avait-il fait aucun mystère de son identité mais, en plus, il ne semblait pas vraiment s'intéresser à la pièce ni aux œuvres d'art… ce n'était pas vraiment comme s'il prenait un grand plaisir à être là. »

Salvator haussa les épaules, comme si ces derniers détails n'avaient que guère d'importance. « Toujours est-il que Néolandus est revenu plusieurs fois sur place et que, au fil des rencontres, nous nous sommes mis à discuter de tout et de rien. Il semblait intéressé par mes toiles et ma manière de peindre, mais nos conversations amicales s'étaient à d'autres sujets également. On parlait de tout et de rien. Pas seulement aux Exécrables… on se rencontrait aussi de temps en temps pour manger. C'est lui qui offrait… il était plutôt généreux. Je n'aurais pas pu me permettre de dépenser autant… mais il faisait cela de manière naturelle et il s'arrangeait toujours pour me mettre à l'aise. Au fil des semaines, nous sommes… devenus amis je suppose. Je pense que ça lui faisait du bien de sortir de Château-Korvosa et de discuter avec quelqu'un qui n'avait aucun motif politique. Quelqu'un de simple, je suppose… »

Le peintre s'interrompit à nouveau, sa moue passant d'un léger sourire à une expression plus sombre et plus triste. Il se racla la gorge puis dit « Puis, un soir… il a débarqué chez moi. Il a frappé à la porte, alors qu'il faisait déjà bien sombre. C'est une journée que je n'oublierai pas : c'est celle où le roi Éodred a été retrouvé mort. » Salvator Scream se mit à parler de manière un peu plus saccadée, comme s'il devait se contenir pour ne pas se laisser emporter par une sorte de peur muette et profonde.

« Il tenait à peine debout. Je l'ai emmené vers l'intérieur et, à la lumière, je me suis rendu compte qu'il avait été blessé ; il était couvert de sang en de nombreux endroits. Au début, j'ai cru qu'il s'était fait attaquer sur le chemin : après tout, les ruelles de l'île ne sont guère sûres, surtout après la tombée de la nuit. » Salvator secoua la tête négativement et ajouta « Et puis je me suis rendu compte qu'il avait un teint bizarre... comme légèrement verdâtre. Il avait été empoisonné, et grièvement blessé. Mais les personnes à l'origine de ces méfaits n'étaient pas de simples bandits de l'île... »

À nouveau, Salvator secoua la tête négativement, gravement et lentement. Il posa ses mains sur la table devant lui, se forçant à les mettre à plat sur la surface en bois, de part et d'autre du gobelet d'eau qu'il avait déjà vidé de moitié. Malgré tous ses efforts, ses mains se mirent à trembler et la surface de l'eau dans le gobelet se mit à s'agiter. Le peintre prit une profonde respiration. « C'est à ce moment-là que Néolandus m'a dit deux choses qui m'ont glacé d'effroi. Tout d'abord, selon lui, c'était la reine Iléosa qui avait assassiné Éodred II. Et cette garce avait payé les Mantes Rouges, de terribles assassins, pour le tuer, lui, le Sénéchal de Château-Korvosa. »

Salvator Scream s'interrompit quelques secondes, laissant ses paroles faire leur petit effet. Puis il reprit « Néolandus a à peine eu le temps de bredouiller qu'il était parvenu de justesse à échapper aux Mantes qui voulaient le tuer. Il avait passé la journée entière à se cacher en ville, à tenter de survivre sans savoir à qui il pouvait faire confiance. Puis, la nuit tombé, il n'avait pas eu d'autre choix que de venir chercher de l'aide chez moi... il ne pensait pas pouvoir s'en sortir, parce qu'un des assassins était parvenu à le blesser avec une arme empoisonnée. »

« Il a perdu connaissance peu de temps après ça. J'étais paniqué ! Le Sénéchal de Château-Korvosa était chez moi, blessé, empoisonné, à deux doigts de la mort ! » Salvator s'interrompit à nouveau pour prendre une respiration profonde puis il ajouta « J'ai fait ce que j'ai pu pour lui... la plupart de ses habits étaient imbibés de sang ; je m'en suis débarrassé dans le canal Sainte-Alika. J'ai nettoyé ses blessures du mieux que j'ai pu puis... j'ai tenté de les bander. Dans l'urgence, j'ai utiliser une partie de son uniforme pour faire des bandages de fortune. Je suppose que c'est à ce moment-là que le morceau que vous avez retrouvé est tombé... »

Kar’Uz avait écouté sans mot dire, le peintre dévider son histoire. Il s’était presque endormi, perdu dans ses pensées et lorsqu’il entendit le nom des Arkonas, il tressauta, se demandant s’il avait bien rêvé ou pas. Il concentra son attention sur le crachoir à paroles, la concentration était une chose facile pour lui, le nom revint plusieurs fois parmi les jérémiades et donc c’était bine réel. Ce qu’il avait pressenti dans un premier temps s’avérait réel. Il se leva et approcha du groupe – « Quand je disais qu’il fallait aller voir les Arkonas… Par contre on ne va peut-être pas frapper à leur porte pour parlementer et leur demander ce qu’ils ont fait du sénéchal. Il va peut-être falloir faire de nouveau une intrusion car je doute que ces adeptes des coups pourris, tordus et mafieux en tout genre, nous recevrons avec bienveillance protégés derrières leurs gardes. Ceux-là sont plus aguerris que les gros bras de l’empereur. Il ne va pas falloir foncer dans le tas. Pour ma part, je suis fatigué de cette nuit blanche. Je vais dormir. Ce soir, je serai au canal pour exécuter les rituels de passage vers l’Ossuaire des familles qui honoreront leurs morts. Pour le peintre, je n’ai pas d’avis. Au départ, je me disais qu’il n’avait qu’à se débrouiller. Maintenant vous ne faites ce que vous voulez. La Dame des Tombes décidera s’il survivra ou pas. Faudra peut-être aussi aller chercher l'inquisiteur des fois qu'il veuille encore jouer la diplomatie avec des escrocs... »

Le chamane alla se caller dans un coin, pour dormir le temps qu’il restait de cette journée.

Peau de Pierre regarda les autres, comme pour vérifier que personne d'autre ne s'apprêtait à prendre la parole, puis intervint :

« Nous irons donc voir ces Arkonas lorsque tout le monde sera reposé. » dit-il, balayant d'un revers la suggestion de fuite du peintre.

« N'oublie pas, Corbeau, qu'en éliminant l'empereur, nous leur avons rendu un grand service dans la prise de contrôle de l'île. Nous ne sommes pas obligés de leur parler du sénéchal. Allons simplement prendre contact pour le moment, je pense que les discours de ce soir ont attiré leur attention sur nous de toute manière. Nous verrons bien ce qu'ils nous proposent.

Je ferai de mon mieux pour vous protéger, si la situation s'envenime, mais chacun devra être au plus haut de sa forme. Je pense que nous pouvons profiter des prochains jours pour contacter Grau et vos différents alliés pour éviter le pire ici. Puis, lorsque tout le monde sera prêt, nous irons voir les Arkonas.

Qu'en dites-vous, compagnons ? »

Abbaer avait écouté sans mot dire. Le peintre avait été pour le coup assez prolixe. Était-ce du au fait qu'il avait eu le temps de préparer ce qu'il allait dire pour donner une version qu'il savait après avoir observer le groupe aller dans le sens de ce qu'ils attendaient sans que lui à aucun moment ne soit dans un rôle qui le placerait autrement que comme un allié des miliciens de Korvosa ? Le nain avait de sérieux doutes et les personnes qu'ils rencontraient étaient maintenant très malins et très forts pour manipuler des conversations... Théobald n'était pas là alors que pour le coup ils auraient bien eu besoin de savoir ce qu'il pensait du discours de Salvator ! Fallait-il le croire sur parole de ce fait ?! Le nain se demandait pourquoi Salvator attirait tant de beau monde à lui ?! Certes il était un artiste très connu dans un domaine tout particulier mais qu'il fasse se déplacer une haute prêtresse de Zon Kuthon et que comme par hasard la personne la plus influente après le roi Eodred s'intéresse de près à lui, c'était gros très gros... Qui avait-il là dessous un mensonge grossier ? Une vérité intrigante qui méritait d'être creusé ? Le nain était perplexe. Il regarda les autres les uns après les autres. Aucun d'entre eux ne semblaient douter de Salvator.

Abbaer tenta une ou deux questions après avoir donner son avis sur les Arkonas et le fait d'avertir les autres : « Il me semble que c'est Théobald qui possède le moyen d'avertir nos amis de l'autre côté du fleuve. Il faudra donc attendre demain matin pour faire parvenir la nouvelle de la libération de l'île. Cela devrait vite arriver aux oreilles de la reine. Les vierges grises ne devraient pas attendre qu'une autre force prenne le pouvoir s'ils peuvent d'ores et déjà intervenir sans user de la force. L'empereur aurait causé la ruine de l'île d'Endrin et la mort de ses habitants à petit feu, c'est ce que désire la reine sans doute pour lever une armée de morts. Une force qui ramènerait l'ordre comme les Arkonas et des hommes de bonne volonté ne l'intéresse pas et elle n'a plus aucune raison pour ne pas ré-ouvrir le pont. »

« Comment il faut voir les Arkonas maintenant ? Le fait qu'ils aient un temps voulu défendre l'île me laisse penser qu'ils n'ont rien à voir dans la mort du roi, le complot que nous avons mis à jour et la perversion de la reine. Ils avaient un contrôle quasi total sur toutes la pègre de Korvosa et sans doute bien d'autres choses. La situation actuelle doit leur faire perdre beaucoup d'argent. Pourquoi ils n'ont pas révélé au grand jour le complot en exhibant le sénéchal alors ? Ça reste un mystère sans doute est-ce là une carte qu'ils voudront jouer plus tard à moins qu'ils soient déjà en train de négocier avec la reine Iléosa... Bref nous pouvons nous rendre chez eux sans dévoiler ce que nous savons histoire de voir les lieux et à qui nous avons à faire. De quel côté ils désirent se ranger et ce qu'ils comptent faire dans l'avenir si nous y arrivons. Après cela nous déciderons...

Salvator... tu dis que le sénéchal appréciait discuter avec toi. Montrait-il un intérêt tout particulier pour tes oeuvres. Si oui lesquelles. Peux-tu nous les décrire ? Je me demande s'il ne voyait pas en elles quelque chose de particulier, une vision de l'avenir métaphorique peut-être ? » Le nain nageait dans la choucroute, il n'arrivait pas à voir en Salvator et sa rencontre avec Néolandus Kalépopolis l'unique fruit du hasard. Scream lui-même disait que les pièces jouées aux Exécrables ne l'intéressait pas et pourtant il y retournait et accordait du temps au peintre... Pourquoi lui ? Pourquoi pas un valet, un palefrenier... ?!

• Test de psychologie : 1d20+6 donne [14] + 6 = 20

Modifié par un utilisateur dimanche 19 octobre 2014 23:34:19(UTC)  | Raison: Non indiquée

Peau de Pierre était épuisé. Pourtant, c'était un des seuls à avoir pu fermer l’œil la nuit précédente. En moins de 24h, il avait ajouté près d'une dizaine de mèches à sa collection. C'était beaucoup en une journée, même en comparaison de ces jours de batailles contre les maraudeurs des plateaux de Storval. Il aurait aimé dormir, mais le moment n'était pas encore venu.

Le Corbeau était parti prendre du repos. Les autres allaient probablement rapidement se coucher aussi. C'est au guerrier que revenait la charge de protéger leur foyer temporaire, au moins le temps que les autres se soient remis.

« Je vais garder l’œil ouvert pour le moment. Prenez un peu de repos. »

Il s'installa près d'une fenêtre, les yeux rivés vers l'extérieur. Les heures suivantes allaient être consacrées au nettoyage de ses armes ensanglantées. Une façon de s'occuper les doigts pendant que la tête était ailleurs.

« Très bien. » répondit le guerrier qui n'avait aucune intention de réveiller qui que ce soit avant qu'on ne vienne le chercher.

Peau de Pierre avait fait bouillir de l'eau et y avait ajouté quelques unes des herbes qui se trouvaient encore dans la cuisine de la maisonnée pour lutter contre le sommeil. Quelques heures plus tôt, il avait eu recours à l'une de ses réserves de nourriture - un mélange de courge, de maïs, d'haricots et de viande séchée réduite en bouillie que les shoantis appelaient goulash - pour se sustenter, proposant au passage à ceux qui ne dormaient pas (la vieille dame, ses enfants et le peintre) de partager son repas. C'est avec plaisir qu'il accepta de se reposer lorsque le chaman vint le relayer.

Le soir venu, il accompagna celui-ci dans ses rituels nocturnes, conformément à son rôle de gardien du Quah du Crâne dont faisait partie Kar'Uz. Finalement, pour la première fois depuis son arrivée à Korvosa, Peau de Pierre était à sa place.

La plupart des membres du groupe sombrèrent assez rapidement dans un sommeil réparateur, alors que Peau-de-Pierre, posté près d'une des fenêtres de la chambre du premier étage, scrutait à la fois l'extérieur et l'intérieur. La femme passa la plupart du temps à s'occuper de son jeune enfant alors que le peintre, lui, se tapit, nerveux, dans un coin de la cuisine où il resta recroquevillé sur lui-même dans un silence des plus profonds. Il avait déjà exprimé à plusieurs reprises son intention de quitter au plus vite l'île d'Endrin, voire carrément la ville de Korvosa, mais sans doute n'était-il pas prêt à risquer cette fuite en solitaire. Sans aucune endroit où se réfugier, il avait choisi l'inertie et était simplement resté sur place, par défaut.

L'après-midi était déjà bien entamée quand Abbaër et certains autres dormeurs se réveillèrent. Alors que Peau-de-Pierre profitait de l'occasion pour se reposer à son tour, le nain entreprit de se mettre en quête de nourriture en ville. Kar'Uz, quant à lui, discuta de ses plans pour la cérémonie du soir avec Arlandeth. Il avait l'intention de conduire toute une cérémonie et d'enflammer des embarcations funéraire sur le canal Sainte-Alika.

L'idée ne sembla pas du tout rassurer Salvator Scream. « Mais vous n'y pensez pas ! Les embarcations en flamme vont se voir depuis l'autre côté du canal, et les Vierges Grises vont prendre ça pour une provocation. Elles risquent de réagir de manière violente… et un déluge de flèches pleuvant sur la foule rassemblée n'aura certainement que de fâcheuses conséquences ! Je vous en conjure, s'il faut vraiment que vous menez une cérémonie, agissez le plus discrètement possible, et ensuite quittez la ville au plus vite pour échapper à la destruction intégrale qui attend Korvosa. » Il était difficile de dire si le peintre était vraiment convaincu de ses prédictions des plus morbides ou si, en fin de compte, il ne s'agissait là que du produit d'un esprit habitué à coucher sur les toiles des scènes plus horribles les unes que les autres… malgré tout, il y avait peut-être un fond de bon sens à trouver parmi les délires de l'ex-prisonnier ?

D'après les conseils donnés par ceux qui en savaient plus sur l'île d'Endrin, il ne restait sans doute aucun animal à abattre, aucune viande à acheter… du moins, pas de viande digne d'être mangée. Abbaër se dirigea vers les docks tout proches de la rue Sainte-Alika. Depuis que les Vierges Grises avaient fait détruire tous les ponts de bois qui reliaient l'île au reste de la ville, les lieux avaient été réutilisés en tant que docks de fortune à partir duquel les pêcheurs tentaient d'attraper de quoi nourrir les leurs. Après deux bonnes heures passées à marchander avec plusieurs d'entre eux, le nain parvint à mettre la main sur suffisamment de poissons pour nourrir l'intégralité de l'équipe.

Le temps que les poissons soient cuits et que tout ce petit monde se rassemble autour de la table de la demeure de Grigan et de Horiadoc (table qui se faisait bien trop petite d'ailleurs), et le soir était quasiment tombé sur Korvosa. Il était temps de retourner vers le quartier général de l'Empereur pour accomplir les rites funéraires promis… restait à savoir quelle forme ceux-ci prendraient…

Abbaër était revenu à la maison de ses deux anciens compères heureux de sa trouvaille qu'il avait du négocier tout de même assez chèrement. Les poissons permettraient à tous ses compagnons de faire un bon gueuletons avant que ces derniers ne s'en aillent faire leur cérémonie. Il annoncerait aussi à la bonne qu'elle pourrait retourner chez elle si elle le souhaitait. Après tout elle risquait maintenant plus à rester dans la maison de Grigan et Hori qu'à retourner chez elle maintenant que l'empereur était mort et que plus personne n'iraient la trouver pour demander des comptes sur le combat qui avait eu lieu dans la rue où elle créchait. Elle avait déjà reçu un dédommagement en or qui couvrirait beaucoup de choses en plus de la porte qui avait été enfoncée, toutefois le nain lui laisserait le choix de rester ou pas ici. Après tout avoir quelqu'un qui gardait les lieux et qui était en mesure de l'entretenir et de leur préparer les repas c'était quelque chose de plutôt agréable. D'autant qu'il préférait que quelqu'un garde un œil sur Salvatore, sur ses allées et venues. Tant que cette partie de la ville était en quarantaine et qu'ils n'avaient pas encore retrouvé Néolandus pour savoir ce qui avait rendu le peintre si spécial à ses yeux pour qu'il en vienne à le côtoyer régulièrement.

Mais dans la maisonnette le moment était à l'interrogation. Salvator avait soulevé un lièvre, et maintenant la question se posait de savoir si cette cérémonie devait être faites en grande pompe ou pas. Il fallait peser le pour et le contre et voir si le message allait passer pour une provocation.

Il était évident pour le roublard que si Théobald avait bien envoyé les messages, la fin de l'insurrection menée par Swastel Pilts, l'homme de théâtre devenu fou - s'il ne l'était déjà pas avant - avait du commencer à circuler parmi la garde et les autorités de Korvosa par l'intermédiaire de la maréchale... « Hum ! Personnellement je suis partisan, de fair ela cérémonie comme elle avait été prévue. Les vierges grises n'ont plus besoin de prétextes pour tuer maintenant et s'ils veulent faire leur entrée sur l'île d'Endrin dans le sang alors elles le feront. Le risque est certain, mais le risque est partout présent ! Nul ne sait ce qui trotte dans la tête de la reine Iléosa et ce qu'elle prépare pour éradiquer tout ce qu'il ne lui plait pas dans cette ville. Noblesse corrompue, shoantis, varisiens, pauvres et faibles... se sont ses cibles il ne fait aucun doute là dessus. Peut-on régner comme cela ? Peut-être... mais à mon avis son plan et son ambition la pousseront bientôt à voir plus loin encore... Il faut donc s'attendre quoi que l'on fasse à ce que le sang coule encore.

La seule issue, réside en ce que savent Vencarlo Orsini et Néolandus Kaléopolis et c'est pour cela que nous devons les retrouver. Le plus tôt sera le mieux... Avant le repas et votre départ vers le fleuve, j'aurais besoin de ton aide Arlandeth et de la tienne Kar'Uz. Je vais tenter à nouveau d'ouvrir le coffre du maître d'arme, je pense que c'est le bon moment. J'ai aussi mis tous les objets que nous avons trouvé chez Swastel, il y a un examun plus approfondi à faire sur certains objets. »

C'est parti pour le coffre. Sans armure et sans aucune autre gêne, dans le plus grand calme et la plus grande des concentrations pour faire 20 + 15 (comp) + 2 (outils de maître) + (+2 grâce féline - merci KU) + 1 (Assistance divine - merci Arlandeth) = 40.

Modifié par un utilisateur mardi 28 octobre 2014 17:49:11(UTC)  | Raison: Non indiquée