Izrador réprima un sourire de satisfaction pour ne pas se trahir, mais il voyait bien que Courtmane ne riait plus. Il savait tirer parti de cette aptitude quasi-atavique des halfelins d'exaspérer les grandes-gens par leurs piques impertinentes et incessantes, et il entendait pousser son avantage jusqu'au bout avant de s'en aller comme un prince.

« La... famille Courtmane, dites-vous ? Hmm, zamais entendu parler. Ze fréquente plutôt le Médian, voyez-vous, et ze ne fraie pas avec les habitants du Vieux dock ou de Pied-du-Pont. Une personne de ma qualité a naturellement peu de contacts avec les voleurs et les indizents. Veuillez me pardonner. »

« En tout cas, ze suis heureux de vous voir faire si grand cas du serment que vous avez failli rompre à l'instant. Ce ne sera pas la première fois qu'une menace se transforme en simple conseil après que celui qui l'a proféré a réalisé les conséquences de ses paroles. Mais le Maze Arc-en-Ciel est magnanime et prompt à pardonner à ceux qui se fourvoient, tant que c'est la première fois. Ze suis donc tout prêt à passer l'éponze pour cette fois puisque vous faites acte de contrition. Z'ai d'ailleurs touzours considéré avec sympathie les zens qui prêtaient des serments, cela les rend beaucoup plus prévisibles et utiles. Et puis, pour quelqu'un comme vous, c'est assez confortable puisque cela vous dispense de la tâche éreintante de réfléssir. Même tenu éloigné de votre hiérarsie, vous avez toujours vos ordres dans votre posse, en quelque sorte. »

« Bien, maintenant que ce petit incident est clos, ze vais me retirer dans mes appartements. Z'ai à réfléssir - moi - et continuer mes reserses. Courtmane, vous prendrez soin de me faire quérir si une missive nous parvient de la citadelle Volsyenek. Ze suis sûr que Théandra saura trouver un dérivatif liquide à votre désœuvrement et vous pouvez, au besoin, boire votre honneur zusqu'à ce que votre vessie soit pleine. Les toilettes sont dans la cour. Bonne zournée ! »

Sur ces mots, le petit magicien se leva pour se diriger vers l'escalier qui menaient aux chambres avec une démarche d'ambassadeur.

Modifié par un utilisateur vendredi 20 mai 2016 23:46:29(UTC)  | Raison: Non indiquée

Azolian était quelque peu déçu de voir que son hébergement privilégié accueille aussi des gens du peuple sans aucune éducation. Cela ternissait l'endroit, le rendant plus bruyant de chope et moins d'envolées verbales.

Azolian prit cependant place à une table, dos à un mur, son arme posée sur la table pour rappeler à quiconque qu'il n'était pas homme à se laisser dire. Il invita ceux trop proches à son goût à prier Asmodeus avec lui pour ne pas le courroucer et risquer que leur estomac ne se noue et ne renvoie la bière qu'ils y plaçaient abondamment.

C'est le genre de proposition qu'un buveur n'a que peu de chance de se soustraire. S'il refusait, la sortie en masse de l'alcool lui rappellera qu'il s'était soustrait à Asmodeus quand il le pouvait. S'il acceptait, Azolian n'hésiterait pas à lui faire remarquer que sa prière était de bien peu de foi, espérant qu'Asmodeus n'en prenne ombrage. S'il était malgré tout malade, ce serait de la faute du piètre croyant, s'il s'en tirait avec des gargouillis, ce serait grâce à la clémence d'Asmodeus. Dans chaque cas, un demi-fidèle serait fait, qui pourra en parler autour de lui dans d'autres débauches alcoolisées.

Qui plus est, dans tous les cas, cela incitait les personnes autour de lui de lui accorder plus d'espace pour garder ses aises. La crainte et le respect de l'homme de foi, il n'en doutait pas.

Présent dans la salle depuis l'aube, la vraie, pas celle juste avant midi, Azolian avait appris l'invitation à se rendre à la Citadelle bien avant les autres. Cela ne l'avait pas incité à les faire se dépêcher ou préparer, ils l'apprendraient lorsqu'ils daigneront bouger leur cul ou pas du tout. Il n'aurait nullement été dérangé d'aller au rendez-vous sans les plus pénibles des compagnons forcés qui s'étaient présentés à lui.

Hélas, il n'était pas naïf et savait que la faim ferait descendre dans l'auberge les plus inutiles d'entre eux, tels des rats se dirigeants vers des monceaux de nourriture.

Aussitôt qu'Erelos eut hélé ses camarades, la porte d'une des chambres s'ouvrit et une tête de halfelin ébouriffée apparut dans l’entrebâillement. « Qu'ouï-ze ? Qu'entends-ze ? Qu'acoustiqué-ze ? Le dézeuner nous réclame ? Euh... Ze ne suis pas prêt. Z'arrive ! »

Après un moment, c'est un Mage Arc-en-ciel à la queue de cheval reconstituée qui descendit les escaliers avec son bâton et son petit paquetage. Il avait les traits tirés et semblait surexcité. La nuit avait, sans nul doute, été courte et consacrée à des "reserses" dont lui seul connaissait la nature.

« Bonzour messieurs ! » Déclara-t-il à ses compagnons, anciens et nouveaux, avec un ample geste de la main. « Z'espère que la nuit vous a porté conseil comme à moi. Il semble que la Citadelle demande, une nouvelle fois, mon... notre aide. C'est heureux car, bien que z'aie touzours de quoi m'occuper, passer deux zours à rédizer et tester des formules finit par être fastidieux. Z'ai besoin de m'aérer. Savez-vous de quoi il s'azit ? »

Modifié par un utilisateur mardi 24 mai 2016 17:24:43(UTC)  | Raison: Non indiquée

Lunedi 17 Pharast de l'an 4709 AR - midi


Il ne devait pas faire de doute pour Théandra qu'une fois informés tous allaient descendre se restaurer car lorsque Erelos s'en retourna de prévenir ses compagnons un plateau garnit d'assiettes pleines attendait à la table où avait prit place Azolian plus tôt le matin.

Attendant, comme à son habitude, que d'autres que lui aient fait office de goutteur de cette nourriture commune, Azolian leva les yeux au ciel à la mention de Shondu.

« La fleur de l'aube semble perdre sa rosée avant que certains prêtres qui la vénèrent ne daignent prendre l'air frais. J'imagine que les dieux ont les suivants qu'ils méritent.

Tous ne peuvent se targuer d'être dignement représentés.

Le Royaume sera sien. »

Azolian bénit la nourriture de la tablée avant, d'enfin, se mettre à manger.

« Dans ce cas, allons-y ! Enfin, dès que tout le monde est là. »

Le système de messager qui vient à l'auberge prévenir quand il y a du boulot paraissait incroyable au moine. Si la maréchale n'avait pas de mission pendant une semaine, cela sous-entendait qu'ils devaient trainer non loin afin de pouvoir réagir au plus vite. Enfin, cette fois, ils n'avaient pas eu à s'ennuyer.

Ayant fini de se nourrir, Takuan resta à sa place et patienta jusqu'au départ.

Après la nuit agitée qu'il avait passée et les efforts intellectuels qu'il avait fournis, le Mage Arc-en-Ciel avait de nouveau très faim. Il s'assit, choisit l'assiette qui lui semblait la plus pleine et commença à engloutir son contenu avec voracité, ne prêtant pas attention aux injonctions des nouveaux arrivants de partir sur le champ.

Lorsque le prêtre d'Asmodeus les salua avec une pique de sa façon avant de prendre congé, Izrador ne lui rendit pas son salut et ne bougea pas. Il n'avait d'ailleurs pas fini de manger, ni l'intention de se presser. « Laichez-le donc partir, » recommanda-t-il à ses compagnons en avalant une énorme bouchée. « Cressida ne le recevra pas sans nous. Il attendra tout seul comme un idiot et ça lui fera les pieds. C'est le type le plus désagréable que z'ai zamais rencontré, enfin... à part Gaedrenn Lamm. » Il avait prononcé le nom de l'ancien chef de bande à voix basse et l'air sombre, mais sa bonne humeur reprit aussitôt le dessus. « Vous disiez que vous hésitiez entre moi et lui pour le concours du plus pénible, mon ser Courtmane ? Il y a touzours un prix à payer pour le zénie - ze parle pour moi - mais croyez-moi, c'est lui qui gagne haut la main. Nous ne sommes peut-être pas partis du bon pied, vous et moi, mais il se pourrait que vous en veniez à m'apprécier, vous verrez. Demandez à Erelos ici présent : lui non plus ne pouvait pas me souffrir au début, et c'était d'ailleurs réciproque. Voyez pourtant, nous travaillons touzours ensemble ! » Acheva-t-il avec un large sourire qui dévoila une rangée de dents maculées de nourriture.

Modifié par un utilisateur jeudi 26 mai 2016 18:27:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le sens du sacrifice. Oui, voilà bien un concept de militaire ! C'était une chose de savoir s'engager dans une mission et de faire preuve de loyauté envers ses compagnons. De la à se sacrifier pour une cause, encore fallait-il croire en celle-ci.

S'il devait y avoir deux groupes pour se rendre auprès de la Maréchale, le moine savait dans lequel il souhaitait se trouver. « Hola sergent ! Quitte à se séparer, je propose de tous nous rendre à ce rendez-vous ! Théandra fera savoir à Shöndu que nous l'attendrons sur place ! Ainsi, son retard n'échoira qu'à lui-même. En tout cas, tel est mon choix. »

Joignant le geste à la parole, Takuan se leva, salua d'un signe de tête l'aubergiste pour son repas puis fila vers la sortie rejoindre Courtmane.

Modifié par un utilisateur vendredi 27 mai 2016 12:59:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Voyant Shöndu jaillirent par le dernier endroit où tout le monde ne s'y attendait, Erelos s'esclaffa et manqua d'avaler de travers. Des larmes pointant au coin des yeux, il réussit tant bien que mal à ingurgiter ce qu'il avait dans la bouche et se leva à son tour. Toujours en riant, il déclara :
« - Héhé... Nous voilà au complet !
Bonjour Shöndu ! Inutile d'enlever de vous mettre à l'aide, nous partons.
Convocation de la maréchale, elle nous attend à la citadelle. »

Il se dirigea lui aussi vers la porte, non sans avoir fait un signe d'au revoir à Théandra.

« Mais... » s'exclama Izrador, « ze n'ai pas fini mon petit dézeuner ! Mais est-ce que quelqu'un m'écoute quand ze parle ? Shöndu ! Vous ne pouviez pas plutôt débarquer dans dix minutes ? » Avalant le reste de son écuelle à toute vitesse tout en embarquant un petit pain et une pomme pour la route, le halfelin se hâta sur ses petites guibolles à la suite de son compagnon aux cheveux argentés.




Une fois introduits dans les quartiers de la Maréchale, et au moment des salutations d'usage, Izrador réalisa que le nom de l'homme ne lui était pas inconnu. Il n'était certes pas versé dans les arts martiaux, mais le nom de Vencarlo Orsini était connu bien au-delà des écoles d'escrime de la cité. « Maréssale, nous voilà ! Mes hommazes. » Déclara-t-il d'une voix forte et d'un ton solennel ridicule. « Maître Vencarlo, c'est un honneur pour moi que de rencontrer l'illustre épéiste et l'homme de bien que vous êtes. Ze suis le Maze Arc-en-Ciel. » Il laissa passer un instant afin de voir si la mention de son nom suscitait quelque expression de surprise sur le visage du vieux guerrier. Mais celui-ci restant impassible, il continua sur un ton un peu plus pincé. « Ze... suppose donc que c'est un honneur pour vous aussi. Mes suiv... mes subord... mes compagnons se sarzeront de se présenter eux-mêmes, ze présume. »

Modifié par un utilisateur dimanche 29 mai 2016 17:12:44(UTC)  | Raison: Non indiquée