Farlim reporta son regard sur le gnome. « Ah... » laissa-t-il tomber. « Il est vrai que les conclusions de l'enquête établies par la milice ne sont guère satisfaisantes. Je suppose que vous les avez lues ? Frédal se levait tôt pour venir travailler. Je ne vois pas ce qu'il aurait pu faire dehors en pleine nuit au lieu de dormir. Et puis, aucun milicien blessé lors des affrontements n'a eu les yeux arrachés. Pourquoi est-ce que ce sont trois civils qui ont subis ceci, et non ceux qui se sont battus contre les bandits ? La thèse des dommages collatéraux à l'attaque me paraît erronée, mais j'avoue ne pas avoir d'autre idée sur les raisons de ce drame. »

Il reporta un instant son attention sur le document établi, et le repoussa vers Gringalet. « Si vous voulez bien signer à votre tour ? » Il reprit ensuite. « Et vous, avez-vous trouvé une piste quelconque ? Est-ce pour cela que vous partez une journée demain ? »

Plaçant le contrat devant Gezh et Draegloth, Farlim répondit à Gringalet. « C'était un jeune homme travailleur et honnête, mais il aimait mieux les chevaux que les humains. Il s'entendait assez bien avec les autres palefreniers, mais je ne pense qu'ils se voyaient à l'extérieur. A vrai dire, il était plutôt discret, et je ne sais pas s'il avait des amis à l'extérieur. Je ne suis... N'étais que son employeur. Sa mère, Mey Capan, en sait probablement plus. Elle est vendeuse à la droguerie Les Cous Verts. »

Filip allait prendre la parole quand Gezh le devança et posa la question qui le turlupinais. Le renégat réfléchit alors à l'ensemble des faits. Des gens qui n'avaient rien à faire dehors, qui ne combattaient pas et atrocement mutilés... avaient-ils vu quelque chose qu'ils ne devaient pas voir ? Il demanda, un peu au hasard :
« Savez-vous s'il avait récemment été témoin de quelque fait étrange, anormal ou répréhensible ? »

Filip eu l'impression d'avoir eu une sorte d'illumination. Avaient-ils réellement trouvé une piste intéressante ? Ou n'était-ce qu'une chimère ? Il réfléchit quelques instants à la réponse de l'ancien officier.
Le fait de prévenir la milice avait-il mis la puce à l'oreille de ces gens et précipité le destin du jeune homme ? Mais qu'en était-il des deux autres victimes ? Comment cette histoire d'hommes encapuchonnés venait-elle s'inscrire dans l'attaque risquée subie par le village et le meurtre de la jeune fille de l'aubergiste et de la troisième victime ? Il leur fallait plus d'éléments...
« Honnêtement capitaine  » tenta le renégat pour vérifier sa théorie sur le passé d'officier militaire de l'homme, « je ne sais pas. En l'état nous cherchons des pistes et des indices. Tout ce que vous pourrez nous dire et chaque détail peut être important. Savez-vous si la milice a mené une enquête, à qui d'autres il a parlé de cet incident ?
Nous savons que votre employé est l'une des trois victimes avec la fille de l'aubergiste. Qui était la troisième ? La connaissiez-vous ? En attendant, évitez d'ébruiter ce point, on ne sait jamais. »

Filip avait d'ores et déjà résolu de faire des patrouilles discrètes de nuit dans la ville et de proposer aux autres de le faire par roulement et groupe de deux. Avec un peu de chance, ces gens étranges pourraient être aperçus et pistés.

« Comment...? » commença-t-il en regardant Filip, l'air étonné, lorsque celui-ci le nomma "capitaine". Il secoua la tête avec un léger sourire désabusé. « J'imagine que ça n'a pas d'importance. De toute façon, ce n'est pas un secret... »

« Pour autant que je sache, la milice a simplement mis en place pendant quelques jours des patrouilles rapprochées dans la zone où avaient été vues ces personnes. En l'absence de preuves concrètes - comme je l'ai dit, il n'y a rien eu de spécial ce soir-là ni les suivants - je crains qu'ils n'aient pas mené d'enquête approfondie. Peut-être ont-ils posé une question ou deux par acquis de conscience, je ne saurais vous dire. » Il se tourna vers Sterenn. « Frédal habitait proche d'ici, à trois maisons du travail de sa mère, le long de la rue principale. » Voyant que ça n'aidait pas plus que ça ses convives, il expliqua : « Quand vous entrez dans le village, vous continuez tout droit sur environ 250m, et vous trouvez la droguerie les Cous Verts. Trois maisons plus loin à gauche habite la mère de Frédal, madame Mey Capan. Frédal m'a dit qu'il avait vu les hommes encapuchonnés un peu avant d'arriver cher lui, sur la droite, dans une des rues transversales. Mais je ne sais pas quelle rue exactement. D'après lui, ils se rendaient quelque part et marchaient d'un bon pas, en jetant de temps en temps des regards alentour, et sans parler entre elles. Je ne crois pas qu'il ait cherché à en savoir plus... »

« Quant aux autres victimes, je connaissais un peu Sélène à travers son métier, puisqu'il m'arrive d'aller me détendre à la Rose et l'Épée. Je sais que la troisième victime, le jeune Clar, un milicien, y allait également de temps en temps, comme à peu près tout le monde dans le village en fait. Mais je ne crois pas qu'il y avait spécialement de lien entre eux, autre que serveuse et client. Du moins, je ne me souviens pas les avoir vus intimes en tout cas. Mas je ne sais pas grand chose sur lui, juste qu'il était arrivé il y a quelques mois à Belle Espérance et qu'il s'est fait embauché dans la milice. Contrairement aux deux autres, il n'était pas natif d'ici, mais je n'ai aucune idée d'où il vient. »

Modifié par un utilisateur samedi 18 juin 2016 10:11:53(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Capitaine de cavalerie lourde, effectivement. » confirma Farlim.

« Peut-être oui, c'est une possibilité. » reprit-il à l'adresse de Draegloth. « Si vous pouvez élucider ce mystère, je vous en serais reconnaissant. Et j'espère que vous serez plus efficace que la milice... »

Sterenn prit congé également. Une fois dehors, elle répondit à Filip l'air pensif. « Effectivement, nous devrions poser quelques questions à sa mère. Par contre, j'imagine que les encapuchonnés ne viennent pas toutes les nuits, à moins que la milice soit complètement aveugle ou fort accommodante. Dans le cas contraire, n'auraient-ils pas été repérés? Quand-à se relayer dans l'espoir que l'un d'entre nous puisse les suivre, je préfèrerais que nous fassions ce genre de chose par deux... »

« Je crois que je vous avais invité, donc oui une bière. Je vais aller chercher le marteau. »
Je ne sais plus qui l'a, si il est à l'auberge ou emmener par son utilisateur...

Filip était surpris par la réaction d'humeur du prêtre et par la pique qu'il venait d'adresser à Gezh. Il se retint de balancer une pique relative à la soeur de Draegloth et haussa les épaules : « Bien, puisque nous sommes d'accords, nous ferons des binomes et ceux qui doivent se reposer se reposeront. Notre priorité est la mission de demain, mais tâchons de ne rien oublier.
Je prendrai mon quart avec Gezh, ses talents seront plus utiles que tu ne crois Draegloth... »



Arrivé à l'auberge, le renégat qui entrait en arborant le lourd marteau de lucerne pris aux orques fut interpellé par Lars qui le lui demanda. Lorgnant sur la musculature du jeune homme, Filip hésita un instant, haussa les épaules et le lui tendit : « Tu comptes en faire quoi ? »