Une pluie de vivats accueillit le discours d'Aspexia, et les pirates s'empressèrent de lancer les "hostilités". Ambrose, aidé de Jack et Gulan, remonta deux tonneaux de rhum des cales, et distribua avec libéralité sa recette du soir: un ragoût de poisson et de raie attrapée la veille, et qui avait mijoté toute la nuit.
Cog, boitant encore, fit de son mieux pour aider Hamos à s'assurer que les prisonniers étaient correctement enfermé, puis, rassuré, remonta sur le pont boire un verre. Harleen se fendit d'une démonstration de voltige, plongeant de son poste du nid de pie pour remplir sa chope au tonneau de rhum, le tout sans poser le pied sur le pont, remontant en flèche vers le gréement. Les triplés Tieflings offrirent leur bras à Tilly, Syl, et Patch, les entraînant dans une jigue endiablée aux pas exotiques, sur un air de violon joué par Rosie. Azva, l'énigmatique fetchelinne, décida de l'accompagner, entonnant une mélodie aux accents pures et cristallins, d'une voie étonnamment douce. Elle fut applaudie par l'équipage, mais fut rapidement remplacée par Fipps et Shivikah, qui se lancèrent dans une chanson presque paillarde, bien plus en accord avec l'ambiance débridée de la soirée. Repoussé d'un coup de coude par Rosie, Conchobar tira son pipeau de ses fontes pour ajouter à la musique. Owlbear, un sourire enfantin sur le visage, frappait dans ses énormes mains pour marquer le rythme.
Férale Vitterande attrapa le bras d'un des deux marins rahadoumi, l'entraînant dans la danse. La jeune femme avait une impressionnante vitalité et agilité, surtout pour quelqu'un qui avait été au cœur de la mêlée plus tôt dans la journée.
Sous l'insistance de Jack Scrimshaw, Onryo avala une gorgée de rhum, avant de la recracher, l'allumant du bout des doigts, dessinant des arabesques enflammées dans l'air nocturne.
Sandara, ses mèches rouges flottant dans la brise marine, s'approcha de Drewan, un sourire aux lèvres.
« M'accordera tu cette danse, Drewan?  »

Samms, boitant toujours sur sa jambe de bois, vint trouver Floyd.
« Je n'ai pas trouvé l'occasion de te remercier pour avoir...disons "remplacé" ma jambe. Elle ne fonctionne pas aussi bien que l'ancienne, mais je n'aurais pas cru pouvoir un jour marcher de nouveau normalement.  »

Saya observait le tout avec une expression amère, descendant chope sur chope comme si elles contenaient de l'eau, sans le moindre effet apparent sur son humeur.
L'autre point noir de la soirée était une discussion virulente entre Hitsuna, leur passagère serpentine, et Victoria, qui semblait dangereusement proche de devenir une dispute en bonne et due forme.

Victoria plissa les yeux, des crochets à peine visibles derrières ses lèvres serrées. Elle expira profondément et répondit avec un calme étonnant compte tenu de son agitation quelques minutes plus tôt.
« Oh, le sujet de notre...désaccord est tout autre. Nous discutions de religion, et il se trouve que nos positions sont relativement conflictuelles. Mais je ne voudrais pas perturber l'ordre à bord de ce navire, maître Drewan. »
Les pupilles de la jeune femme se contractaient, alternant entre une forme verticale de reptile et les pupilles circulaires plus adaptées à un être humain.

Hitsuna lança un regard suspicieux à Victoria, qui lui rendit un air tout à fait naturel. Elle murmura à l'adresse de Morelia, s'assurant qu'elle seule pouvait entendre.
« Tu te ssssouviens de la raison pour laquelle j'ai du fuir ma tribu? J'ai été chassssssé par les prêtres d'Yderssssius. Et Victoria croyait que j'étais une de leurs adeptes. J'ai peut être réagis un peu trop brusssssquement...mais il y a quelque chose chez cette femme...je ne lui fais pas confiance. »


A la question de Morelia, Victoria acquiesça:
« Bien sûr! C'est plus un malentendu qu'un véritable conflit. Je ne le laisserai jamais prendre le pas sur l'intérêt de l'équipage. »

Azva haussa un sourcil, ayant parfaitement saisit le sous entendu de Floyd, mais elle pouvait difficilement refuser une demande sincère. Toujours aussi taciturne qu'à son habitude, elle accepta, prononcé avec la même expression énigmatique qu'elle portait en permanence.
« Malgré nos différences de point de vue, Shelyn apprécie toute occasion d'apporter un peu de beauté à ce monde. J'en suis. »

Sandara virevoltait, tourbillon de chevelure rousse. Revenant vers Drewan d'une volte, elle l'entraîna avec fougue.
« La suite? Aucune idée, mais c'est aussi pour ça que j'aime l'océan! On ne sait jamais ce que le lendemain vous réserve! Cela dit, je n'ai jamais mis les pieds à Zeibo. En fait, je n'ai pas beaucoup voyagé jusqu'à présent, et j'espère découvrir d'autres ports et d'autres horizons.  »

Azva releva sa capuche une fois que Floyd acheva son récit et que les dernières notes résonnèrent sur les vagues. Les pirates, finalement touchés par la fatigue et le rhum, finirent par se disperser, chacun cherchant le confort de son hamac. Peu à l'aise dans la foule, la fetchelinne préféra patienter quelques minutes, et attendre que les autres soient partis se coucher avant de regagner l'entrepont. Elle méditait encore, accoudée au bastingage, lorsqu'un bruit de chaîne la poussa à se retourner. C'était Sshaksii, précédée d'une Désespoir toujours enchaînée, à l'expression neutre. Sshaksii ne pouvait pas le voir, mais le regard d'Azva se durcit, et la flamme verte brillant au fond de ses pupilles semblait maintenant plus forte.
Lorsque Sshaksii lui demanda de l'aide, un rictus amer tordit le visage d'Azva. Elle répondit d'un ton sec, convoyant autant de ressentiment que possible, au point de faire trembler sa voix.
« J'ignore comment tisser ce sortilège. Et de toutes façons, c'est non. En fait, si tu n'étais pas mon officier supérieur, cette question se règlerait dans le sang. Je ne peux pas te montrer, il faudra que tu te contentes d'un refus. A présent, si tu veux bien m'excuser... »
Tournant les talons, elle retourna dans l'entrepont, plantant sur place la chirurgienne aveugle.

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Une fois seule dans la cabine de Sshaksii, Désespoir obéit aux ordres de la chirurgienne avec une indifférente apathie. En revanche, ses yeux s'éclairèrent lorsque l'aiguillon empoisonné entra dans son champ de vision. Laissant Sshaksii parler, elle guetta son occasion.
Elle saisit le poignet de Sshaksii, et planta l'aiguillon dans sa carotide, avec un sourire malsain, et un râle rauque alors que les toxines commençaient à saccager son système sanguin.

Mais le plus inquiétant, c'était l'effet que le contact de la paume de Sshaksii avait sur l'arcaniste. En lieu et place de la douce chaleur guérisseuse, l'énergie dorée agissaient comme une flamme sur la chair d'Arilith. La peau grésillait à son contact, les muscles à vif noircissait à vue d’œil. L'arcaniste serrait les dents, tentant vainement de repousser la douleur, mais elle ne pouvait pas empêcher un râle aigu de se frayer un chemin dans sa gorge. Tout cela n'affectait en rien le sourire sardonique qui déformait son visage émacié. Finalement, elle cessa de lutter, la décharge d'énergie calcina d'un seul coup tout ses organes internes, remontant en une poignée de seconde de son bas-ventre à sa gorge. Incapable de rester debout, elle s'effondra sur les planches de la cabine, encore rongée par les décharges d’énergie. En quelques minutes, la peau et tout le restes n'étaient plus qu'une poignée de cendres adhérant à un squelette noirci. Étrangement, les flammes ne s'étaient pas répandues, et le bois n'était même pas chaud. Quoi qu'il en soit, Désespoir Arilith n'était plus, et si son agonie n'avait pas été aussi longue que Sshaksii l'avait planifiée, elle n'en avait pas moins été extrêmement douloureuse.

En toute sincérité le roublard répondit, réfléchissant aux paroles de la femme.

Merci, j'apprécie.

C'était un sincère remerciement.

Pour ce qui est de nos différences de points de vue, je ne pense pas que nous ayons déjà échangés sur la chose.
Un sourire mystérieux plana sur ses lèvres. Et au delà du burlesque, dans sa posture extrême orientale "incisive de sortit et yeux plissés", dans ce Koan résidait une certaine sagesse et beauté en y méditant.

Des chefs d'œuvres, ce ne sont pas,
Les plus évidents, qui sont les meilleurs.

MOUI

Profitons de cette soirée comme il se doit, si tu veux bien m'accorder cette danse ?

Quelques temps après; une papotte avec Ambrose; une pièce perdue sur une mise raté en pariant sur le perdant d'un jeu stupide, mais tellement hilarant; tentant de faire danser le Capitaine d'aspect morose et soucieuse et de lui redonner le sourire; Gigant également avec la Samms et qui voulait dans l'équipage; riant aux éclats aux blagues des bons vivants et lançant des piques infaillibles à quiconque avait le privilège de passer entre ses bons soins; en bref il s'était bien occupé avec un peu tout le monde, comme dirait Merlin "et c'est sans alcool". C'était déjà le milieu du milieu de soirée. Mais si, vous savez, ce laps de temps dont vous sentez que la fin de soirée s'approche, mais que la majorité est encore vaillante et possède des dernières ressources à revendre !

Ce qui signifiait un public propice et naturellement attiré par ce genre d'attraction qui allait venir.

Allons nous faire une petite place par là bas, si tu le veux bien.

Murmura Floyd à Azva. Lorsqu'il marchèrent vers le lieu de prédilection pour que tout le monde puisse entendre, voir et surtout : bien s'installer, Illmus surgit comme par magie. Bien imbibée, il avait une pinte à la main et un sourcil interrogateur levé en voyant son apprenti les mains vides. Le trio prit place, tandis que Floyd s'échauffait la voix pour attirer les Birates. Lorsque quelques personnes s'installèrent, il entama :

Puisque nous sommes dans ces archipels, laissez moi vous narrer une légende locale.

S'éclaircissant la voix, il jeta un œil à Illmus qui démarra le jeux des lumières, alternant obscurité et lueurs inquiétantes. Azva chantait à une fréquence très basse, ajoutant l'effet escompté (hmmm certaines musiques du jeu the Witcher correspondent parfaitement lorsque des voix féminines entre en scène sur des thèmes sombres)


(désolé, pas moyen de trouver celle que je voulais sur youtube, donc je n'ai que ça sous la main :'( )

Jamais les rayons vitaux du soleil n'avaient effleurés les lieux plongés dans les ténèbres permanentes. Jamais le rire n'avait résonné sur les pierres humides et moisies de ce calvaire.

Seules les lamentations, les pleurs et les gémissements pitoyables des victimes attestaient d'un signe de vie dans la prison, à la plus grande jouissance du geôlier, dernier représentant de sa race sur Golarion, qui se repaissait de la souffrance d'autrui.

Dans l'une de ces cellules, se réveilla un jour une femme. Amenée inconsciente, à son réveil, ses longs hurlements de désespoir résonna longtemps sur les murs. Très longtemps. Elle ne se souvenait pas comment elle avait pu parvenir jusqu'ici. Et durant toutes ses années de captivités, seules quelques bribes de son rapt lui parvenait : la forme sombre qui avait surgit des ténèbres; la lame luisante et empoisonnée se plantant dans sa jugulaire, amenant directement le poison au cœur; l'homme qui la besognait avec violence alors qu'elle ne pouvait lutter contre le délire hallucinatoire formée d'ombres et de créatures malveillantes.

Jamais cette femme ne sut combien de temps exactement elle fut emprisonnée. Ni pourquoi d'ailleurs. Jamais elle ne ressortit de sa prison. Du moins, pas vivante ...

Les lieux étant protégés contre toutes formes de divinations, lorsque la mort vint la prendre près de douze ans après son emprisonnement, elle ne répondait plus au statut de vivante et cette femme faisait partit de la famille des Scartell, une lignée de puissants nécromants. Ainsi sa famille put reprendre le contact avec elle, et son esprit empli de haine mena les troupes réclamant vengeance vers le lieu ou se trouvait son corps inanimé ... Ce fut le grand père de Catrina Scartell, patriarche du clan, qui pénétra le premier dans la cellule de sa défunte fille, non sans avoir au préalable massacré toute forme de vie dans la prison. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit un jeune garçon couché sur le corps de sa fille dont l'esprit, avant de repartir lui annonça :

Voici votre arrière petit fils ... Théodore Jack Scartell. Celui qui était attendu ...

Et avant de rejoindre les limbes des esprits, cita la prophétie prédite 20 années auparavant

"Des ténèbres, il viendras,
Le Scartell le plus puissant né,
Le Scartell à tout jamais. "


La voix d'Azva monta tandis que la lumière prodigué par Illmus augmentait avant de reprendre très sombrement.


Théodore Jack Scartell avait la chance d'être muet. Chance ? Pour lui, oui, car cela lui sauva la mise à la naissance et pour les onze années suivantes. la majorité des personnes enfermés étaient des femmes, et sans nul doute avaient également étés abusées, et celles qui avaient la malchance de survivre à l'enfermement mettaient au monde leur enfant pour assister à un spectacle innommable. Au vu des hurlements du nourrisson, des cris et des suppliements de leurs génitrices, les bébés se faisaient dévorer vivant devant la mère par un être abject. Le mystérieux ravisseur ...

Lors de l'enterrement de sa mère, se furent probablement les dernières sensations humaines que Théodore ressentit. La seule lumière qui l'eut jamais éclairé dans son monde de ténèbres, depuis sa naissance et même à sa procréation, était éteinte désormais. Il était seul. Et lorsque sa mère fut enterrée six pieds sous terre, dans le caveau familial des Scartell, quelque chose se brisa. Enfin, cela aurait plutôt été que les germes de ténèbres en lui poussait inexorablement désormais, la mort de sa génitrice était son terreau. Au delà de l'aspect macabre, après tout, n'était-il pas le rejeton d'une puissante famille de Nécromant ? Après tout, n'étais-ce pas lui qui avait vidé sa génitrice du peu de force vitale lui restant ?

Le nécromancien familial s'inquiétait, Théodore Jack était bien le puissant ensorceleur prophétisé, mais il décelait en ce dernier quelque chose de ... Sombre, bien entendu, tout les nécromants de la lignée l'étaient, mais c'était quelque chose de bien plus ... Ténébreux.

Après quelques années de torture des esprits des défunts de la prison et surtout du gardien, les nécromants de la famille Scartell en apprirent sur le ravisseur qui semblait être un puissant adepte d'une lignée de ténèbres.

C'est à peu près à ce moment que le nouveau patriarche, le grand père de Théodore Jack, réalisa l'erreur d'avoir ramené et élevé son petit fils. C'était d'abord des cadavres d'animaux divers qui étaient retrouvés, normal, en tant que Nécromant ses pulsions étaient naturelles et maîtrisable sous la tutelle d'un maître, mais au fil des années les disparitions d'humanoïdes furent rapportées. Même si il était surveillé de très près, Théodore Jack paraissait blanc comme neige. Mais la disparition de l'ancien patriarche quelques mois auparavant avait mit la puce à l'oreille, et c'est par une nuit sans lune que le grand père suivit la rune magique placé sr Théodore Jack, le conduisant à un repère secret, similaire à celui dans lequel avait vécu son petit fils durant une décennie. De toute son existence, ce fut le seul faux pas du clan, qui en une nuit fut exterminé par les Ténèbres. De lignage nécromantique par sa mère, et ténébreux par son père, ce fut ce dernier qui prit le dessus sur les agissements du jeune homme.

Tout cela n'avait qu'une finalité : attirer l'attention de son père. Ce dernier vint le retrouver quelques années après, son fils avait tout œuvré à cet effet, mais persuadé de se confronter à un être désespéré et sans but, se retrouva prit au piège à son tour.


Le sinistre trio continuait la sombre légende, jouant des lumières, de la voix et de la gestuel comme jamais on ne l'avait vu sur la Vierge. Désignant vers les îles plongées dans la nuit mais faiblement visibles à la lune que Floyd ajouta

C'est ici, sur ces îles, que Théodore Jack Scartell enferma son père et le tourmenta. Douze années. Ce fut le temps que Théodore Jack le matricide, né Scartell et Zryius, laissa vivre son père. Théodore Jack Scartell eut maints noms au fils des années suivantes, le parricide ne fut que l'un d'entre eux ...


Faisant mine que l'histoire était terminée, Floyd fit un coup de théâtre en levant un doigt, stoppant net les éventuelles acclamations et applaudissement.

J'ai appris cette histoire d'une charmante quinquagénaire descendante des chasseurs qui mirent fin au règne morbide de Théodore Jack Scartell sur ces îles. Charmante mais avec des mœurs un peu ... étrange, ahem, passons. Mes chers pirates, avant d'être arrêté, le vil être dont je viens de vous conter les origines fort méconnue, même de l'Histoire de Golarion, à commis maintes et maintes crimes innommables ... Que je vais quand même vous raconter !

Floyd s'esclaffa de façon malsaine, au vu de la situation et de l'histoire, mais à l'aide d'Illmus et d'Azva, continua sa prestation macabre en contant les enlèvements de centaines de personnes, des armées de non-morts levés et bien plus encore !


Lorsqu'ils eurent finit la prestation, Floyd remercia chaleureusement Illmus d'une grande claque dans le dos et d'une paillardise.

On s'arrête là pour les remerciements, vieux forban, ne t'attend pas à ce que je soit aussi avenant que cette petite prêtresse de Senghor ;)

A Azva

Merci infiniment. Et voici ... peut être la prochaine prestation seras un chant sur l'Amour, une danse sans arrière pensée ... ou pas ? Mais peut être seras tu à même d'échanger sur nos différents points de vue ? Je serais curieux d'en apprendre un peu plus sur l'ordre de Shelyn.

Après discussions avec les uns les unes les autres, les bonnes nuits ou les railleries, Floyd parfaitement à jeûn se fondit dans les ténèbres lorsque la "joyeuse" soirée prit fin (ce qu'on appelle la fin de la fin !), arbalète chargée et rapière dégainée. Sahuagin ou prisonniers en mode "Prison breack", personne n'avait intérêt à le faire chier.

Lever de soleil sur fond de gueule de bois. L'équipage remonta sur le pont en titubant, et nombre d'entre eux affichaient des cernes creusés et pressaient une, voir les deux mains, sur leur crâne comme pour se protéger du soleil éclatant. Ambrose soupira, et entreprit de préparer une recette personnelle de brouet: infâme, mais redoutable pour faire passer les effets secondaires du rhum.
Malgré leur état lamentable, les pirates ne purent s'empêcher de murmurer en remarquant l'état de leur capitaine. Même si cette dernière s'était changé, ses traits creusés et ses yeux injectés de sang étaient inquiétants. Elle n'avait pas l'air d'avoir dormi...Les réflexions et les chuchotements furent interrompus par Ambrose qui remonta sur le pont avec une marmite bouillonnante et puante. La plupart des membres d'équipage prirent un bol de gruau, grimaçant, mais finissant tout de même. Le brouet était affreusement mauvais, suffisamment pour faire oublier les migraines de la gueule de bois.

Deux heures après le lever du soleil, la crique commençait à devenir étouffante, à l'abri du vent marin, mais l'équipage était de nouveau à peu près opérationnel. C'est à ce moment là qu'il fallut se débarrasser de ce qui restait des prisonniers. Les pirates qui entrèrent les premiers dans la cale restèrent bouche bée devant la sauvagerie du carnage, mais ils se retinrent de tout commentaires. Et pourtant, une fois qu'ils purent remonter sur le pont, les chuchotements reprirent de plus belle, ainsi que les regards de biais à l'adresse de leur capitaine.

Les pirates étaient partagés. Le sort des prisonniers leur importait peu, de manière générale, mais la brutalité de l'exécution, et surtout le revirement soudain et inexpliqué était plus inquiétant. Les séquelles de la veille et la brûlure du soleil n'aidaient pas à maintenir le calme.

Finalement, une fois que les corps furent jetés dans la baie, attirant au passage des dizaines d'ailerons et plusieurs crabes à la stature impressionnante, ils purent enfin lever l'ancre. La brise était faible, aussi laissèrent ils la petite île sans nom à une allure lente. Pire encore, Zeibo se trouvait au Sud Ouest, et le vent soufflait définitivement vers le Nord.

La Vierge se trainait paresseusement, louvoyant entre les îlots, les récifs et les îles de l’archipel d'Ushinawa. Heureusement, le tirant d'eau du navire était assez faible pour éviter la plupart des bancs de sable, car la navigation n'était pas aisée dans par ici. Si la mer avait été agitée, le voyage aurait pu se révéler délicat, surtout en tenant compte de l'état de fatigue et d'inquiétude de l'équipage.


Le ciel azur virait déjà à l'orangé lorsqu'ils arrivèrent en vue de Zeibo en fin d'après midi. Au fond d'une crique tournée vers l'Est, la petite ville était complètement intégrée à la forêt environnante. Les bâtiments de bois, bâtis dans un style définitivement Tian, semblaient être une extension de la jungle. Le port lui même était assez étroit, et ne dénombrait que trois jetées. La Vierge était de loin le plus gros navire des environs. La plupart des navires étaient des barques de pêcheurs à fond plat, et une jonque était également amarrée au premier dock. Sur les contreforts de la montagne dominant la crique, le Séminaire des Pétales dominait la ville et ses rues étroites.

Alors que la Vierge jetait l'ancre et que les pirates amarraient le navire aux piliers de bois du quai, une petite troupe portant d'étranges sabres et armures faites de lames de métal s'approcha, menés par un officier portant un masque grimaçant sous son casque les héla d'une voix ferme.
« Holà, flibustiers! Qu'est ce qui vous amène à Zeibo? »

Le garde inclina la tête avec courtoisie. Derrière lui, les soldats elfes rengainèrent leurs lames. L'officier répondit d'un ton égal.
« Vous êtes les bienvenus, tant que vous ne troublez pas la paix de la ville. Rappelez vous cependant que le vol, les agressions, et surtout l'esclavagisme sont interdits dans l'archipel, par ordre du Shogun. Tout esclave sera exécuté sur place. N'oubliez pas également que les samouraï ont légalement le droit de défendre leur honneur, y compris par le duel, et les résultats d'un duel sont en dehors du cadre de la loi. Respectez ces quelques règles, et vous n'aurez pas à vous inquiéter des lois de l'île. »
Moins professionnel, il ajouta:
« Pour votre amie...je vous conseille de consulter le temple de Shelyn. Il se trouve sur la rue de l'Oeil de Jade, à deux pas du Séminaire des Pétales. »

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La petite ville de Zeibo n'était pas habituée à tellement d'activité. Une petite troupe s'était formée au bout du quai, formée de marchands ambulants, de crieurs des rues, et de deux rabatteurs travaillant pour l'unique bordel de la ville: la Demeure des Lanternes. Un détail était frappant: la grande majorité des habitants avaient les oreilles effilées, et les yeux noirs aux pupilles énormes des elfes, et presque tout ceux qui n'étaient pas elfes eux mêmes avaient tout de même les oreilles pointues et les yeux en amandes des demi-elfes. Même les humains avaient un profil inhabituel: les yeux bridés, et une petite stature typique des habitants de Minkai. On comptait deux ou trois tengus et même quelques créatures ressemblant plus que tout à des renards bipèdes...
La ville n'offrait bien sûr pas autant de variété que Senghor, mais deux tavernes ouvraient tout de même leurs portes aux marins: le Dragon Dansant et la Grue endormie. Pour les plus portés sur les arts du raffinement, il y avait aussi plusieurs maisons de thé. Bien sûr, la Demeure des Lanternes attendait avec impatience cet afflux inhabituel de clients potentiels. Le jeu était découragé, mais on tolérait tout de même une unique maison de jeu sous la protection du gouverneur: le Vent d'Orient.
Bien entendu, on trouvait aussi des armuriers, des marchands d'encens et de soie, des ateliers de tailleurs, et même quelques boutiques réservés aux artefacts ensorcelés.
Plusieurs temples étaient présents en ville: un temple de Shelyn, une sanctuaire consacré aux kamis, un autre consacré à une déesse inconnue des membres d'équipages, à l'exception peut être de Saya, Daikitsu, un à Kofusachi, à Shizuru, et finalement, le dernier, fréquenté par les tengus, à Hei Feng.

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En réfléchissant plus profondément aux troubles qu'Aspexia traversaient...il faut dire qu'elle n'avait plus rien à faire d'autre pour l'instant...Sshaksii réalisa la cause probable de ces "voix" qui s'adressaient à leur capitaine. La naissance d'Aspexia était plutôt mystérieuse, et ces griffes....il n'y avait pas que de la lycanthropie. A en juger par les yeux vairons, leur capitaine était, selon toute probabilité, une changeline. Hors, tous les changelins traversaient une crise à l'adolescence: l'appel de leur véritable mère, une guenaude, qui les appelait à ses côtés. Peut être que la "voix" parlant à Aspexia était vraiment celle de quelqu'un d'autre.