Printemps sur Siyin



Xiu leva les mains devant le barrage de questions comme pour se défendre, mais le large sourire n'avait pas quitté son visage.
« Hey, hey...si j'avais su que je serais soumis à un interrogatoire comme celui là, je serais resté à Gaotong plus longtemps! »

Il rendit son étreinte à Yàn, lui ébouriffant les cheveux au passage.
« Moi aussi je suis content de te voir. Surtout après avoir passé des mois en planque. Je suis arrivée il y a trois jours, et j'ai passé l'essentiel du temps à appréhender notre nouvelle situation. Je dois admettre que vous avez fait fort! Non seulement vous avez trouvé un endroit où rebatir, mais en plus tu as l'oreille du conseil et d'une des gouverneurs. En si peu de temps, c'est plutôt impressionnant.

Song va bien, elle est, comme on dit, "au-dessus de tous soupçons", donc bien sur elle en profite pour faire ce qu'elle peut sans se faire remarquer, mais je lui ai fait promettre d'être prudente avant de me mettre en route.

Mais un thé ne serait pas de refus! Il pleut tout le temps par ici? »

Printemps sur Siyin



Xiu grimaça en ébouriffant sa fourrure, levant un regard triste vers le ciel.
« Au moins personne n'ira nous chercher dans ce recoin humide... »

Xiu reprit un peu de son sérieux, hochant la tête en réponse à Yàn.
« Je vois. Dans ce cas, assurons nous que nos intérêts continuent de converger. Mais j'admets que je serais plus tranquille avec une véritable mesure de séparation des pouvoirs. Notre isolation nous a coûté cher, avoir des alliés est un premier pas, mais autant consolider ce que nous pouvons. »

Il sourit à Yàn.
« Pas que je doute de tes talents pour la politique. »

Il s'affala prêt d'elle, ayant suspendu sa cape à l'entrée.
« Non, mais c'est pas faute pour eux d'avoir essayé. J'ai rarement vu des gardes aussi sincèrement attentifs. Pas assez, mais tout de même. Mais si ces araignées sont vraiment douées, je pense que ça ne suffira pas.

Quand à Gaotong...et bien, je viens avec des nouvelles...disons, appréciables. Le prince Shue Huang est en mauvaise posture. Il fait des pieds et des mains pour bloquer les enquêtes du Temple Rouge, mais sa soeur, Kwan Huag, a saisi l'occasion de sapper son autorité en exprimant ses "inquiétudes" sur l'intégrité de la frontière nord et l'état de non respect de la loi ambiant. Elle aurait aussi bien pu lui cracher au visage devant le reste de la famille. Apparemment, le Prince pense à envoyer des renforts sur le front Sud avec Po Li pour essaye de rétablir un minimum de prestige. »

Printemps sur Siyin




Xiu grimaça en réponse à Yàn.
« Qu'est ce que tu veux...Je me ramollis, faut croire. »

Le tiefling accepta le verre avec reconnaissance, rétorquant.
« Faire semblant, c'est pas ça la politique? Plus sérieusement: ambitieux mais pas tant que ça: les activités criminelles à Yin-Se pour l'instant sont individuelles, au mieux. En nous positionnant les premiers, on a une chance de pouvoir mettre la main sur le crime de la région pendant qu'il se forme. Pour moi, c'est sage de s'y prendre tôt. Si je peux aider, d'ailleurs... »

Il se pencha un peu plus près de Yàn.
« Qu'est ce qu'on sait sur ces araignées du Nord? Y'a peut être un moyen solide de les démasquer...? »

Xiu sourit largement à la mention du prince Shue Huang et de ses ennuis.
« N'est ce pas? En l'occurrence, la capitaine de sa garde, Fan Xiao Long. Mais d'après les rumeurs c'est par jalousie, ils avaient une liaison et ça ne s'est pas bien fini entre eux. »

Printemps sur Siyin



Xiu répondit à sa cousine avec un sourire en coin.
« Ah, je t'en prie, je n'avais pas l'intention de t'insulter, ma chère cousine. Mais Yin-Se n'est pas la seule ville de Shenmen, et si nous sommes probablement le seul clan d'assassin dans la région, ce ne sont pas les bandits et truands qui manquent. Je suis sûr qu'on peut trouver de l'usage à des bandits de grand chemin.

Mais...et bien, tant qu'à faire, pourquoi pas garder un pied à Gaotong, et peut être Fa-Lung. Ca serait déjà un bon début...Tu ne crois pas que la tentative de cette raclure de prince de nous exterminer pourrait nous porter préjudice, par contre? Est ce que les autres auront confiance en nous pour servir d'intermédiaire si on arrive pas à nous protéger nous même?

Et ces araignées, elles ont un milieu criminel aussi? Sait-on jamais... »

Lorsque le sujet du Prince revint sur la table, Xiu dirigea un regard déprimé vers l'extérieur trempé de pluie.
« Vraiment? Tu veux me faire retourner là dedans? J'aurais du rester à Gaotong... »

Il soupira péniblement, et se redressa.
« Bon. Faudra que je vois ce que je peux faire avec Hsui. L'écriture ne devrait pas être un problème, si elle est en campagne y'aura des ordres écrits un peu partout. A dans trois mois? »

Printemps sur Siyin



Xiua répondit avec un haussement d'épaules incertains.
« Une utilité? Pas sûr. Mais ils connaissent la région, assez pour survivre, et ils doivent bien avoir un moyen d'écouler leur butin quelque part. Peut être des contacts avec des contrebandiers, par exemple. »

Un éclat noir brilla dans son regard en réponse au sourire de sa cousine concernant le Prince Huang.
« Tu m'en vois rassuré, Yàn. Et...et bien, n'oublie jamais que mes lames sont tiennes si jamais tu en as besoin dans la poursuite de cette entreprise. »

Xiu s'affala immédiatement de nouveau à ses côtés, heureux de pouvoir rester à l'abri.
« Je me disais bien que tu ne serais pas cruelle à ce point là! Et...m'étonnerais que je trouve une éclaircie assez longue pour même sortir des jardins, mais rien n'empêche d'espérer, pas vrai? C'est bien comme ça qu'on avance, après tout. »

Il prit une nouvelle gorgée de thé avec un sourire en coin.
« Magnanime en effet...tu es sûre que c'est appropriée pour une dévouée représentante d'un clan affilié à Yaezhing? »

Soudain, lui comme Yàn ressentirent un violent frisson les parcourant de la tête au pied, comme s'ils avaient été douchés d'eau glacée sans prévenir. Quelque part dans le manoir, un objet fut lâché et se brisa, mais personne ne songea même à laisser échapper une bordée de jurons en réponse.

Ils connaissaient tous cette sensation, sauf peut être les plus jeunes. La sensation d'un regard par dessus leur épaule, aveugle, mais présent. Quelque part, dans ce monde, ou dans un autre, la fondatrice de leur clan était de nouveau des leurs.

Le clan Zhu


Xiu hocha la tête, ramené au silence par la sensation qui les avait tous traversé, et s'élança à travers le manoir, visant à rassembler toute la famille présente en espérant qu'aucun d'entre eux n'avait été la proie de leur ancêtre.

Fort heureusement, tout le monde avait ressenti la même chose, et l'alarme n'eut même pas besoin d'être donné pour qu'en quelques minutes à peine, tous les membres du clan Zhu présent à Yin-Se soient rassemblés dans le grand hall encore en cours de construction de leur manoir inachevé. Des regards incomfortables furent échangés, et les plus affirmés des adultes calmaient les plus jeunes qui ne comprenaient pas vraiment la raison de cette sensation. Sung s'agrippa aux robes de Yàn, inquiet, levant son regard brillant vers elle.


Miang leva la voix la première.
« Tout le monde l'a senti. Qu'est ce qu'on fait, maintenant? Comment on pourrait l'identifier avec certitude si elle est parmi nous? »


Qiong rétorqua en haussant un sourcil sceptique.
« Soyons clairs....tu penses vraiment que si elle était de retour directement parmi nous elle nous observerait silencieusement comme ça sans annoncer sa présence? Vraiment? »

Elle se tourna vers Yàn.
« A toi de nous dire, Yàn. Est ce que tu as des précautions en tête? »

Modifié par un utilisateur mardi 7 juin 2022 15:56:39(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le clan Zhu


Elle n'était pas certaine que son fils ait saisi tout ce qu'elle voulait dire, mais ses paroles eurent l'effet escompté...Sung relâcha un peu sa prise, hochant la tête, et s'il avait l'air toujours inquiet, il s'était calmé.


Hsui hocha la tête avec un sourire félin qui était à la limite du carnassier. Le fait que Yàn ait du travail pour lui et Xiu, lié à leur contre-attaque, ne pouvait vouloir dire qu'une chose et le tiefling ne parvenait pas du tout à contenir une sinistre satisfaction à l'idée de pouvoir contreattaquer.
« A ton service, soeurette. Ce serait un plaisir. »


Miang fut la première à répondre à la question de Yàn.
« Je suis contre. Nous ne sommes pas là depuis longtemps, et ça ne nous apporte que deux choses: une position plus fragile ici et plus de risques de fuite. Quand bien même elle nous tomberait dessus sans crier gare, est ce que Yin-Se pourrait y faire quelque chose?

S'ils nous demandent, on pourra toujours dire qu'on ignorait qu'elle était encore en vie. C'est à peine différent de la vérité. »


Sian, restée silencieuse jusque là, sortit de son mutisme.
« D'un autre côté...les villageois de Yin-Se nous ont accueilli, et nous avons une...entente, avec la gouverneur Wang et d'autres parmi les figures influentes du village. Nous pouvons soit prendre les devants, en espérant ne pas compromettre notre position, soit consolider notre position et temporiser. Je suis en faveur de prendre le temps de présenter la situation soigneusement...aucune raison de nous précipiter, nous avons quelques jours pour trouver un angle favorable à minima, je pense...? »

Le clan Zhu



Qiong esquissa un sourire en coin.
« C'est clair que si jamais elle nous tombe dessus dans une situation où nousne pouvons pas y faire grand chose, ça me surprendrait beaucoup que le village puisse faire quoi que ce soit de plus pour nous aider.

Sans vouloir les offenser, Yin-Se et Siyin demeurent encore relativement insignifiant dans le grand ordre des choses, et pour l'heure, je ne pense pas que nous ayons intérêt à jeter un pavé dans cette mare si nous n'en avons pas absolument besoin. »


Sian pesa les paroles de Yàn concernant l'esprit renard.
« Je ne suis pas encore assez familière avec les étranges intuitions et connexions des esprits pour savoir si le fait que l'esprit-renard soit au courant de cet aspect de notre nature est dangereux ou non...Mais de toute évidence, il est capable de percevoir quelque chose que les mortels ne perçoivent pas nous concernant.

Peut être vaudrait il mieux l'en informer, en effet. C'est une mesure...qui paraît bien faible, mais peut être aura-t-il un semblant de réponse, ce qui serait mieux que ce dont nous disposons à l'heure actuelle. Peut être, s'il est connecté à l'Ecarlate par le monde spirituel, saura-t-il nous aider à la localiser? Ou à la reconnaître? »

Modifié par un utilisateur vendredi 10 juin 2022 14:21:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

Désireux de poursuivre l’échange qu’ils avaient pu amorcer sur les feux d’artifice et les tatouages, des sujets qui passionnaient l'oracle, ainsi que de socialiser avec l’une des personnes les plus intrigantes de la communauté, Tao s’était rendu à la boutique des Zhù avec la dernière liqueur qu’il avait pu ramener de Po Li, espérant que cela aiderait à faciliter à briser la glace.

Le fait que cette famille soit liée à Yaezhing, le dieu du meurtre, ne le mettait pas très à l’aise, mais il avait suffisament confiance en Yan pour sauter le pas, voire même pour lâcher du lest sur les politesses, si celle-ci consentait à défaire légèrement le masque.



Les Ateliers de Pétales et d’Ombre avaient ouvert depuis un petit mois maintenant et si seuls deux des bâtiments qui entouraient une petite cour fleurie étaient ouverts, ils avaient étés réalisés et décorés avec soin et la recherche d’un raffinement épuré. Des boiseries et paravents peints au mur, et des coussins de soie pour s’asseoir en attendant qu’on s’occupe des présents. Dans la boutique, un certain nombre de petits sachets étaient en vente, emballages soigneux de papiers colorés dont le contenu demeurait caché.

Tao avait été accueillis avec un sourire énigmatique par Miang qu’il avait déjà rencontré et lui avait confirmé que sa cousine était là en lui demandant de patienter quelques instants, et lui désignant les coussins près d’une orchidée pour le faire patienter.. Des fragrances légères et parfumées flottaient dans l’air.

Une dizaine de minutes plus tard c’est Yàn qui reviens en sa compagnie. Sourire jumeau de celui de sa cousine au lèvres, la ressemblance -à l’exception des traits félins- est frappante.

« Tao, c’est un plaisir rare de vous accueillir en ces lieux. J’espère qu’ils sont à votre goût. Dites moi mon cher, que puis je pour vous ? »




Appréciant le charme se dégageant du folklore des lieux, un charme finement travaillé et loin d’être anodin, ainsi que celui de Miang, Tao s’était assis comme indiqué, se sentant un peu bête, comme un buffle mal lavé venant d’entrer dans un magasin de porcelaine.

Si son corps de terre cuite ne souffrait pas de la transpiration et de ses odeurs indélicates, il n’en restait pas moins une sorte de trépignement se traduisant chez l’oracle par un mouvement répété des jambes ainsi que des doigts tenant la bouteille.

Vint enfin la principale concernée, mettant ainsi fin à cette trépignante attente.
«  Bonjour Yan. Charmante boutique que vous avez construite ! Je passais dans le coin, et je me suis dis que c’était l’occasion de découvrir votre univers. Un petit verre de liqueur de prune ?

Alors dites-moi, que faites-vous de beau ici ? Je crains de n’être qu’un piètre novice en la matière.  »




La curiosité fait place au ravissement… qu’est ce qu’il est mignon !

« Et à chaque fois que vous passez par hasard quelque part, vous emportez votre liqueur ? » Ne peut-elle s’empêcher de taquiner avant d’enchaîner avec le sourire. « Mais devant pareil proposition, impossible de refuser. J’ai cru comprendre que les liqueurs de Po Li valaient largement le détour.

Quand à ce que nous faisons içi… » les yeux de la jeune femme pétillent. « Et bien, la réponse est dans votre question. Du beau justement. Nous offrons une parenthésé de luxe à qui s’intéresse à nos services. Je vous fait visiter ?  »

Une main ouverte lui est tendue, comme pour l’inviter à la suivre.




Un sourire insolent aux lèvres, ravi de trouver de la répartie chez la kunoichi, l’oracle ne se fit pas prier pour lui retourner la politesse. C’était une bêtise à ne pas manquer !
«  Mais bien sûr ! Hélas, j’ai bien peur qu’il s’agisse de ma dernière… A moins que je ne dise ça à chaque personne que je viens visiter… Peste, ça va me coûter une fortune !  » répondit-il avec un clin d'oeil.

S’en suit un léger rire nerveux, suite auquel il tendit la bouteille à l’intéressée.
«  Eh bien, celles de Mizuki ici en ville ne sont pas mauvaises non plus, mais je dois admettre que cette bouteille ci ne vous décevra pas, ma main à couper. Quelles étaient vos préférences au Lingshen, si ce n’est pas indiscret ? Vous nous venez bien du Lingshen, n’est-ce pas ?  »

«  Je serai ravi de visiter. Je ne vais pas vous jouer du pipeau, je doute de m’y connaitre en la matière, vous pourriez me vendre du croupion d’yrch en faisant passer ça pour un coussin de luxe que je n’y verrai que du feu. Mais ça m’a tout de même l’air passionnant.  »



Un sourcil se leve...
« Votre dernière ? Et bien il s'agira de lui faire honneur. Et puis rassurez vous », elle agite la main d’un geste désinvolte «  si par un malencontreux hasard il en resterait encore une ou deux dans votre cave qui aurait échappé à votre vigilance, je peut toujours m’assurer d’une visite à celle ci pour vous épargner l’embarras d’avoir à admettre votre erreur. Ne me remerciez pas, ma générosité me perdra. »

Elle ne s’attendait pas par contre à recevoir ladite bouteille en main, mais s’adapte sans se laisser déstabiliser.

« Mes préférences ont très souvent varié suivant mon interlocuteur » badine-t-elle, « mais dans l’intimité j’ai une préférence pour les alcools fruités. En petite quantité bien sur.  »

Faisant un leger signe de tête à sa cousine, elle reprends en entraînant Tao.

« Venez, vous avez pu voir la salle d’attente. Il faudra encore améliorer ça, il manque encore quelque chose pour apaiser l’oreille et s’y sentir parfaitement serein.. Peut-être une fontaine, ou un oiseau… » Elle sourit. « Il ne s’agit pas de s’y connaître, mais bien de ressentir. C’est la différence entre la pédanterie et l’elegance. Peu importe votre origine, que vous vous y connaissiez ou non, l’essentiel est que l’expérience que vous vivez en venant chez nous vous fasse vous sentir reconnu. Unique. Savoir quel est la pâtisserie que vous préférez, votre parfum de prédilection. La plupart des commerçants traitent les clients comme des numéros, c’est idiot. Dans notre branche, c’est au contraire la relation nouée qui importe.  »

Un rire… Ils sont arrivés dans une vaste pièce dont un mur est recouvert de fioles colorées, au dessus d’un établi. Un fauteuil confortable est également installé. Plusieurs dessins élaborés sont fixés au mur. Il s’agit visiblement de modèles pour différentes parties du corps.
« Mon atelier de tatouage. Pour le moment, il reste modeste mais la préparation des encres mystiques prends un peu de temps… Vous vous y connaissez en tatouage »




Mimant une légère révérence, Tao ne se laissa pas démonter par la surprenante répartie dont son interlocutrice faisait preuve.
«  C’est bien aimable de votre part, je m’en voudrais de commettre un tel impair. Vous imaginez le déshonneur que cela me procurerait ?  » plaisanta-t-il, glissant à demi-mot que, malgré les apparences, l’oracle se fichait bien de son propre honneur, c’était à se demander si ce dernier avait survécu à sa “première mort”.

«  Si vous avez deux tasses, nous pourrions voir si le côté fruité de cette liqueur de prune a votre aval, après la visite. Qu’en dites-vous ?  »

Se laissant guider dans l’établissement, les yeux furetant chaque recoin, Tao s’efforça de ne pas laisser sa maladresse casser le moindre objet, ayant peur d’en demander le prix.
«  Quelque chose pour apaiser l’oreille et s’y sentir serein vous dites ? Hum… Oui, une fontaine serait du plus bel effet. Le bruit de l’eau a quelque chose de relaxant… Les oiseaux en revanche, même s’ils sont appréciables, peuvent aussi être source de saletés, sans vouloir être rabat-joie. Peut-être que des oiseaux de papier enchantés accompagnés de pierres d’écho… ?  » proposa-t-il, ignorant même jusqu’à la réalisabilité de la chose.

Il se gratta le menton sur la question de l’expérience.
«  Hum… oui, je pense comprendre ce dont vous parlez Yan. J’aime à penser que chaque jour mérite une nouvelle expérience et que chaque expérience doit faire espérer une prochaine, même si j’admets que cette formulation est un peu bête.
C’est intéressant… Je comptais justement proposer l’idée d’un établissement, différent bien sûr, proposant du divertissement, mais je pense que vous seriez bien plus à même que moi de ravir les clients…  »

Quant à la question des tatouages, son regard se fit légèrement fuyant, sachant pertinemment qu’il serait contraint de révéler sa propre nature s’il venait à en accepter un. D’un autre côté… C’était juste sa vie à quitte ou double, en cas de dénonciation, c’en était fini de lui, mais dans le cas contraire, un échange de bonnes amitiés pouvaient les couvrir, sa famille et lui, pour les décennies à venir.
«  Je connais la méthode… enfin je pense. Non pas que je ne saurais la réaliser, mais je vois le principe je crois. Bien que je n’aurais rien contre les explications d’une adepte de cet art, si vous y consentez. Avez-vous des prédilections en matière de dessin ?  » demanda-t-il, intéressé tant par la réponse que par l’art lui-même.



Ne pas répondre. Sourire simplement en retour au Po Lite… Il fallait savoir parfois rester silencieux pour ne pas tomber dans la surenchère stérile et laisser seulement le goût d’un échange stimulant.

« C’est une excellente idée. » En d’autres circonstances Miang les aurait accompagnés mais là, elle avait plutôt intérêt à pousser un peu plus elle-même. Un signe de tête presque imperceptible à sa cousine pour le lui signifier.

« Mmmm une fontaine donc… il faudra que nous nous penchions sur les derniers modèles existants. Je sais que certains arrivent à les faire tourner de façon autonome… Pour ce qui est des oiseaux par contre, c’est uniquement leur musique qui m’intéresse. Vous avez raison, leur vue peut ne pas être si délicate que ça. » Elle semble songeuse. « Mais sans magie si possible. Tout le charme réside dans l’évanescence… et la magie est.. fiable. Il suffirait d’installer des oiseaux dans un autre espace et de laisser simplement leur bruit arriver jusqu’ici. Une volière sur le toit peut-être. Visible de l’extérieur, mais dont à l’intérieur nous n’aurions que le chant…. ?  »
C’était probablement faisable, mais il allait falloir les trouver ces piafs…

Elle hocha la tête à la formulation de Tao. C’était dit de façon tres primaire, mais l’idée y était. A peu près.

« Et plus que simplement l’expérience, chaque personne venant ici doit pouvoir se sentir reconnu et estimé, interessant. Même s’il s’agit du plus gueux des voyageurs. »

Tandis qu’ils visitent les lieux, il évoqua un autre de ses projets. La jeune femme secoua la tête.
« Oh, certainement pas. Ce que nous faisons içi ne peut fonctionner qu’à une peite échelle. Si vous voulez un établissement proposaant du divertissement et pouvant acceuillir du monde, notre systeme ne peut fonctionner. L’un des principes du luxe, c’est son prix. Ca donne une valeur supplémentaire dans l’esprit du client à ce qu’il vit. Si c’est cher, c’est forcement de qualité. Le divertissement à grande échelle ne peut pas fonctionner sur ce principe, et d’ailleurs ce n’est pas ce qui serait recherché. Pour toucher plus de monde, il faut viser des tarifs relativement bas et surtout une image de convivialité. Il y a plusieurs options qui pourraient fonctionner mais.. mais je vous enquiquine n’est ce pas ? »

A sa question il semble se troubler… Détourner le regard. Tient… ?

« En matière de dessin ? Et bien… je ne suis pas mauvaise artiste si c’est votre question ? Je suis particulièrement à l’aise pour tout ce qui est animalier ou symbolique. Tenez, ceci est une estampe qui en faisant appel à la grace du chat ours, offre une partie de sa benediction au porteur. Celle ci au contraire symbolise la danse de Tsukiyo… Enfin… je m’adapte surtout au désir de mon client. Et au travers du récit de ce qu’il souhaite, je propose des tracés, des œuvres qui matérialisent ce souhait.  »

Le guerrier réfléchit, pensif, s’efforçant d’analyser le rire de son interlocutrice. Que diable avait-elle en tête ? Mais elle bottait en touche, à trop se diversifier, l’on risquait de perdre le charme du lieu. Il fallait qu’il y réfléchisse… Et en effet, tout conseil ne serait pas de refus.
«  Effectivement, vous avez entièrement raison Yan, c’est un souci à remédier. Je vous remercie de votre aide, je ne manquerai pas d’écouter vos suggestions, et Yaezhing sait que je serai stupide de m’en passer.  » répliqua-t-il avec un sourire charmeur, se demandant après coup si la référence au dieu du meurtre serait perçue positivement ou négativement.

L’oracle se laissa mener dans la pièce adjacente, moins à l’aise qu’il n’y a qu’un instant, mais ne se sentant pas en danger pour autant. Si les lieux avaient un quelque chose de charmant et d’intrigant, il se demandait quel effet psychologique cela avait sur les clients de l’établissement. Malheureusement, par honnêteté, il dû refuser l’offre qui lui était tendue.
«  Hélas, vous connaissez ma nature Yan. Les plaisirs gustatifs n’intéressent pas les artificiers lins. J’apprécie l’attention, mais ne gaspillez pas un si bon nectar pour moi.  »

Bref… Un sujet pénible, et ennuyant. On devrait l’inviter moins souvent aux mariages et plus souvent aux enterrements.
«  Hmm… Je vois. Effectivement, vous êtes perspicace ma chère, je suis intéressé. Et j'ai conscience que ce n'est pas un bon argument de négociation que de le dire...
Je ne vais pas aller par quatre chemins Yan. Là où certains verraient dans cette armure de terre une porte vers l’immortalité, j’y vois une prison. Toute piste permettant, même par illusion, d’en ébranler les murs est intéressante à explorer. Mais comme je le disais précédemment, cela serait une illusion pour qui la voit, n’est-ce pas ? Ou cela affecterait-il le ressenti que j’en ai, à votre avis ? »




C’est une Yàn perplexe quant à la référence au Ministre Sanglant, mais dissimulant son étonnement qui avait entrainé l’homme d’argile et bavardait avec décontraction.
« Et bien pour être honnête, je connais votre nature mais pas ses détails. Ce ne sont pas exactement des informations qu’ils laissent filtrer. Si je puis me permettre de laisser parler ma curiosité… vous ne pouvez donc rien avaler ou c’est juste le goût dont vous n’êtes plus doté ? »
Interroge-t-elle, visiblement curieuse avant de redevenir plus sérieuse.

« Si votre but ultime reste de briser la carapace, n’est pas la magie de métamorphose que vous devriez viser ? Ou tenter une reincarnation…  »
En tout cas, c’était la première chose à laquelle elle aurait personnellement pensé… Elle n’allait pas corriger le guerrier s’il pensait avoir commis une erreur de négociation mais… soyons sincère, son intérêt était trop évident pour qu’il puisse le nier sans se trouver ensuite piteux si elle retirait sa proposition…

« Mon offre reste de l’illusion malheureusement. Mais… une illusion aussi bien tactile que visuelle. Pour vous comme pour les autres. Vous aurez donc à la fois la sensation que l’aspect que vous recherchez… Sans comptez vos conquêtes éventuelles qui pourraient aussi apprécier le plaisir de se blottir contre autre chose qu’une joli faïence. Il y a des tas de moyens de rendre une prison moins ennuyeuse. »
Sourire taquin…



« Hélas, je n’en connais pas les détails non plus. Je peux simplement vous dire que ça n’est pas un don. Les plaisirs gustatifs n’intéressent pas les artificiers lins. Je peux manger et boire, mais rien n’a de goût, ou du moins au goût semblable à la cendre et l’argile boueuse. J’apprécie l’attention, mais ne gaspillez pas un si bon nectar pour moi.  »

Quant à l’autre sujet abordé, il fallait admettre que s’il n’était pas dénoué de sens, le sens pratique l’emportait sur la théorie.
« L’idée n’est pas mauvaise, mais hélas, je n’ai encore jamais pu rencontrer de sorcier savant réaliser cela. J’ignore s’il s’agit d’un manque de praticiens compétents ou d’un manque de connaissances concernant ces moyens…  »

Le dernier argument de la kunoichi éveilla un sourire chez l’oracle. Elle savait y faire, cette fourberie. Mais c’était l’essence d’un bon marchand que de savoir jouer sur l’offre… et surtout la demande. Point pour la demoiselle.
«  Vous prêchez un convaincu Yan… Ne vous donnez donc pas la peine de me faire miroiter les plaisirs que j’ai été contraint de laisser derrière moi, tout comme ceux que je m’apprête à mettre en avant avec l’idée que je vous ai proposé plus tôt…
Dites-moi plutôt quel serait votre prix, ou votre intérêt, selon ce que vous recherchez ?  » répliqua-t-elle en souriant mesquinement.




«  Et en même temps, même si vous en aviez croisé un, je suppose qu’il vous aurait été compliqué d’aller lui expliquer votre situation. Ceux dans votre condition ne sont pas sensés aspirer à quoique ce soit d’autre… » Remarque elle, perfidement. «  D’ailleurs, ça dois constituer une histoire intéressante… qu’en pensez vous ? »

Tss tsss tsss… en négociation plus qu’en tout autre chose, il convenait de ne pas se presser. De savourer le moment, et d’offrir à son interlocuteur le jeu auquel il s’attendait. Enfin, puisqu’il tenait absolument à aborder directement les questions monétaires et déplaisantes…

«  Je me contente d’évoquer les possibilités que je peut vous offrir… à vous comme à quiconque souhaiterait faire appel à mes services. Imaginez vous qu’en certains lieux, on utilise justement des tatouages indétectables pour se reconnaître entre membres d’un même groupe et qui apparaissent seulement sur la volonté de leur porteur… D’autres encore émulent les pouvoirs d’artefacts ou de talismans..  »
Son sourire se fait charmeur…
«  Mais à quoi servent tant de possibilités si personne n’ose les utiliser? »
Yàn soupire théâtralement.
«  Vous êtes de toute évidence quelqu’un qui commence à être apprécié ici, et influent. Avoir votre amitié pourra m’être très profitable vous ne pensez pas ? Mon prix est très simple mon cher Tao… en sus bien sur du coût des encres qui sera négligeable dans ce cas… Vous me devrez un service ? »



«  C’est vrai… J’ignore tout de ce qui entoure cette… nature.  »

Songeur, l’attitude de Tao se fit légèrement plus distante en entendant ces mots. Il ignorait ce que la kunoichi avait derrière la tête, mais lui pensait à mille et une façons d’attirer les foudres du Lingshen par ici.
«  Intéressante, c’est vrai… A quoi songez-vous Yan ?  » répliqua-t-il d’un air neutre.

Elle était douée en matière de négociation, bien plus que Tao lui-même, mais l’on n’apprenait pas aux vieux singes à faire la grimace. Autant garder la main sur le soufflet, si l’on voulait battre le fer tant qu’il était chaud.
«  Hum… Intéressant… Il est vrai que chaque possibilité… engendre une potentielle utilité…  » répliqua-t-il, veillant lui aussi à conserver une part de mystère sous le masque.

Son sourire se fit mielleux quant à la condition proposée.
«  Ah ! Le fameux service surprise… Voici donc que le demandeur devient l’offrant, et l’offrant la demanderesse… A quel service songez-vous ? En quoi mon amitié ou mon influence pourraient vous être profitables, dans ce cas précis ?  »




Allons bon, il se refermait trop facilement songeât la shinobi en question. Sans doute voyait il le mal et les manigances partout. C’était probablement mignon du point de vue de certains, mais surtout fatiguant du sien. En particulier lorsque ces menaces n’avaient pas de réalité concrètes.

Elle lui adressa un large sourire.

« A quoi je songe ? Que je suis très curieuse justement. Vous jouez les mystérieux tout en laissant une quantité effarante d’indices à remonter. A tel point que je suis presque certaine que quelque part vous avez envie qu’on, enfin, du moins ceux qui ont deux sous de cervelle ce qui est rare je vous l’accorde dans le coin, découvre ce qui vous est arrivé.. C’est une piste idéale, mais comme je n’ai pas le temps ou la motivation pour la remonter, je préfère laisser parler ma curiosité en vous donnant une occasion. »

Aurait elle du être moins directe ? Peut-être mais elle avait le sentiment qu’à trop chercher à jouer elle allait le perdre totalement. La suite lui donne raison…. Lui faisant hausser un sourcil, puis l’autre. Yàn était perplexe et pour une fois, elle ne songeât même pas à le cacher…
Mais… mais… il n’était pas le couteau le plus affuté du tiroir hein… Ou alors il était vraiment persuadé qu’elle n’attendait qu’une occasion pour l’égorger… Mais enfin...non ! C’en était vexant.
Elle posa le verre et le fixa. Son sourire avait disparu et elle semblait vraiment se demander ce qu’elle avait sous les yeux.
« Vous m’avez percée à jour, je comptait vous demander de mettre le feu à l’ensemble du village pendant que je réaliserait je ne sait quel crime que vous pourriez ainsi couvrir… »
Silence…
« C’est ce que j’étais censée répondre Tao ? Je ne sais pas quelles intentions vous me prêtez très cher, mais vous ne devriez pas confondre vos interlocuteurs. Vous en êtes… à la limite de l’insultant… Je suis, d’une, suffisamment dangereuse pour ne pas avoir besoin de petites manipulations mesquines contrairement à d’autres, et de deux… j’ai parfaitement conscience de la valeur de mon art pour ne pas demander plus qu’il ne vaux. Et de trois… oh peu importe ! »
Elle soupira et repris d’un ton plus doux.
« Si je vous fait cette proposition, c’est que pour l’heure, je n’ai strictement aucune idée de ce que je pourrait vous demander. J’ignore à quel point vos finances sont larges donc je vous faisait une proposition sans arrières pensées. Si vous me prêtez plus d’intention que ça…. Et bien… nous pouvons en restez là et vous me réglerez simplement, comme n’importe quel client. Si vous le preferez. »



Tao marqua une légère pause, jaugeant son interlocutrice avec surprise. C’en était une scène des plus curieuses aux yeux de l’oracle, pour lequel une simple demande sans arrière-pensée sur un élément flou s’était transformée en déluge de reproches. Soit. Il avait peut-être merdé sur ce coup là, mais cela ne faisait pas bon augure. Autant ne pas aggraver la situation.
«  Je ne voulais pas vous offenser Yan, ce n’était pas dans mon intention. Si c’est le cas, je m’en excuse. Mais tout comme vous, pour l’heure, je n’ai strictement aucune idée de si je pourrais honorer cet accord, et je n’ai pas l’habitude de ne pas tenir parole. Mais j’imagine que nous pourrons toujours en rediscuter une autre fois.  » répondit-il, ne souhaitant pas particulièrement mettre fin à l'échange, mais conscient d'avoir mis le pied au mauvais endroit.




Le regard de la shinobi s’est apaisé. Bien sur que ce n’était pas son intention, elle s’en doutait. Il avait été maladroit… Mais ça n’en restait pas moins révélateur. Sans doute aurait t-elle du s’y attendre.

« Excuses acceptées Tao. Je ne vous en tient pas rigueur… cependant… Je cherchais une réponse, je l’ai obtenue.. »

Elle regarda quelques instants le verre, admirant la couleur du liquide. Sourit doucement. Tendrement.

« Je pense qu’il est encore trop tôt pour que nous œuvrions ensemble pour le moment.  »

Redressant ses pupilles gris clairs dans son regard, avec une touche de nostalgie, elle ajouta

« Peut-être quand vous me ferez confiance... Je serais toujours là à ce moment là. »

Oui, il avait un petit quelque chose d’attendrissant. Non. D’innocent.

« Pour votre tatouage, si vous le désirez toujours. Je pourrais vous le proposer à 150 pièces… Vous me direz si le prix vous convient.. »




Malgré une déception dans cette réponse, Tao s’efforça de garder la face. Tant pis, après tout, Yan avait sans doute raison, sur le fond tant que sur la forme.
«  Entendu, je comprends…  »

Puis il tâcha de conclure sur une note positive, avant de libérer la kunoichi de sa présence balourde.
«  Cela me convient très bien. J’imagine que votre art les vaut largement.
Et si vous avez besoin d’un service à l’avenir, demandez-moi, sait-on jamais.  » conclue-t-il, d’un sourire légèrement moins prononcé que les précédents.




Yàn penche la tête sur le coté, son sourire désormais bien plus doux retrouve un instant une inclinaison taquine avant qu’elle ne réponde plus sérieuse.

«  Je sais Tao, que je pourrais faire appel à vous. Je le sais. Et j’y penserais. »

Elle se lève à son tour, s’étirant.

«  Et bien, vous me direz aussi quand vous voudrez passez et le type de dessin que vous préferez. Comme ça je vous proposerais des esquisses et quand nous en trouverons une qui vous conviens, je pourrais réaliser ce tatouage… »

La shinobi fait quelques pas vers la porte.

«  Je vous raccompagne ? »

Modifié par un utilisateur mercredi 15 juin 2022 16:12:37(UTC)  | Raison: Non indiquée