Les amarres lâchèrent comme une corde de violon. Libérée du drakkar qui agissait comme une ancre, la Vierge bondit en avant, volant presque au dessus des vagues. La proue s'enfonça, aspergeant tous l'équipage d'embruns. Guidé par Amphères, qui avait repéré un courant favorable.
Le gouvernail grinça, et deux rivets sautèrent, se perdant dans les vagues. Les planches craquèrent, et le bastingage se fendit sur plusieurs mètres, sans lâcher toutefois.
Projeté par le courant comme une pierre hors d'une fronde, la Vierge jaillit hors du maelstrom, parcourant près d'un nautique avant de ralentir. Le Chant des mers était loin à présent, mais Sandara avait du repérer la mésaventure de son capitaine, car le navire était en train de virer de bord pour les rejoindre.
Ils mirent un peu de distance entre eux et les courants traîtres, tandis que le Diable Pâle s'enfonçait dans les abysses, dévoré par le tourbillon. La Vierge avait souffert également, et il faudrait sans doute prendre quelques jours pour la réparer avant de repartir. Elle pouvait toujours naviguer, mais le gouvernail ne répondait pas exactement comme il devrait, la rendait lente à la manœuvre. Pour l'instant, le ciel commençait à s'éclaircir, révélant un ciel tirant sur l'orangé.

Amphérès pousse un souppir de soulagement


«  Et bien, çà a été moins une. Mais cela fera une belle ballade.
Maintenant, faisons profil bas. Avec un bateau peu manœuvrant, il ne manquerait plus que nous croisions la route d'un équipage agressif.  »

Les réparations allaient se révéler être un problème. Les bastingages étaient un problème purement cosmétique, et la mâture avait plutôt bien résisté. La barre pouvait être réparée, et Corvin s'était immédiatement mis à l'ouvrage, faisant de son mieux pour empêcher ses mains de trembler. Dans l'idéal, la barre devrait être entièrement remplacée, mais une réparation de fortune devrait faire l'affaire jusqu'au prochain port.

Le gouvernail, en revanche, allait poser un problème plus gênant. Ils n'avaient pas à bord de rivets permettant de remplacer ceux qu'ils avaient perdu dans la tempête. La meilleure option était de les remplacer par des chevilles de bois, mais ces dernières ne seraient pas aussi résistantes que des rivets d'acier. Heureusement, entre Floyd et Corvin, il fut possible de fabriquer un remplacement suffisant pour leur permettre de naviguer de nouveau normalement. Mais une manœuvre trop violente risquait de les briser, handicapant de nouveau la navire.

En attendant, ces réparations de fortunes allaient prendre la majeure partie de la nuit...

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Lorsque l'aube se leva sur un océan plus calme, la Vierge était de nouveau prête à naviguer. La pluie était retombée, et une brise légère soufflait vers le Sud. Déployant ses voiles, le navire repris sa route, suivis de prêt par le Chant des mers. La Mer des Fièvres s'étendaient à perte de vue, dans toutes les directions, mais les cartes de Morelia, et les instruments de navigation étaient formels. Ils poursuivaient leur route vers Senghor...

Corwin sursauta lorsque les lumières s'allumèrent, manquant de s'étaler sur le pont en perdant l'équilibre. Il reprit son équilibre, et se retourna pour croiser le regard reptilien de Morelia. A son crédit, lui qui n'avait jamais vu de Nagaji de prêt, il ne tressaillit qu'à peine. D'une voix timide, il bredouilla.
« Euh...m...merci. Vous...vous êtes la navigatrice, c'est ça? »

Laissant son pseudo-équipage aller rendre visite à Ambrose et piller sa cambuse, Sandara releva son bandeau, libérant ses mèches flamboyantes, et se pencha pour embrasser Drewan. Elle répondit avec un soupçon d'ironie.
« Merci, maître Drewan! Hey, je ne suis pas devenue prêtresse de Besmara pour rien! Mon père était pêcheur, et il avait besoin d'un barreur de temps à autre. Le Chant des mers n'est pas si différent d'un bateau de pêche. »
Elle reprit son sérieux.
« J'ai cru que vous n'alliez pas vous en sortir...je n'avais jamais vu de maëlstrom comme ça, en pleine mer. Je me demande d'où il vient...? »

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Profitant du calme de la soirée, Hitsuna, qui avait conservé sa forme humaine, ayant noté que son apparence gênait moins les autres pirates, vint trouver Sshaksii.
« Dame Sshakssssi? Avez vous un insssstant? Je ssssssais que cette quessssstion peut ssssembler incongrue, mais qu'êtes vous, exactement? Je n'ai jamais vu quelqu'un comme vous...et je croyais connaître toutes les races affiliées aux ophidiens de cette planète. »

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Alors qu'Aspexia évaluait les dégâts, Férale, faisant tournoyer une dague dans sa main avec nonchalance, vint l'aborder.
« Capitaine! Je peux vous parler une minute?  »
Une fois qu'elles furent seules, ou en tout cas à l'écart, Férale demanda.
« Je sais que ce genre de chose est inhabituel, mais je n'ai pu m'empêcher de me demander où vous aviez appris à piloter? J'ai cru reconnaître le style de la marine chélaxienne...mais ce genre de pilotage orthodoxe va finir par vous mener tout droit sur un écueil dans la région! »

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Harleen, descendant de son perchoir dans le nid de pie, se posa et replia ses ailes aux côtés de Floyd.
« Holà, maître McHemp! Vous avez besoin d'un coup de main pour cette nuit? Je suis de quart, et puisque vous avez l'air parti pour bosser sur ce gouvernail pendant un moment... »

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Voyant qu'Amphérès était seul, Onryô posa sa main sur son épaule pour attirer son attention. Elle leva une feuille de parchemin, sur laquelle apparurent des lettres de feu.
« Bonsoir. Tu es nouveau parmi nous, et je me demandais si tu avais des informations à échanger. Est ce que tu as croisé dans les environs des dents de Dahak, récemment? Ou rencontré des marins y allant? »
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Rasséréné de voir que Morelia était plutôt sympathique, Corwin poursuivit, plus serein.
« Vous êtes pirate depuis longtemps? Vous avez vu beaucoup de choses? Où est ce que vous avez voyagé? »
Il se rendit compte qu'il était peut être trop insistant, et eut la bonne grâce de rougir.
« Désolé, je suis peut être trop curieux. Mais la nuit ne fait que commencer, et vu l'état de cette barre... »

Les discussions se poursuivirent pendant la soirée, et pour ceux qui travaillaient, jusqu'à tard dans la nuit. Lorsque le soleil se leva le lendemain, la Vierge avait plus ou moins retrouvé sa forme d'antan...enfin, elle ressemblait plus à une fille de joie vieillissante qu'à une vierge après les épreuves de la veille, mais au moins pouvait elle être pilotée correctement. Ils repartirent, toutes voiles dehors vers Senghor, la vigie l’œil à l'affut du moindre signe d'ennui. Mais la tempête de la veille avait éclairci l'horizon. En fait, ils recevaient même un soleil de plomb, à peine adouci par la brise constante.
L'océan était désert, aussi loin que l’œil portait. Cette première journée de navigation, particulièrement calme, n'était que l'avant goût de la fin de leur voyage. Les cinq jours suivants furent complètement vides, et même presque trop calme.
L'inactivité, le soleil de plomb et l'ennui formaient une mauvaise combinaison, et dans les cales, pour les prisonniers, l'atmosphère devenait presque putride, autant qu’étouffante. Heureusement, la pensée d'une virée à terre à Senghor suffit à maintenir tout le monde d'une humeur relativement correcte, à défaut de répandre l'enthousiasme.

Six jours après la tempête, Harleen signala la côte à l'horizon. Ceux qui ne travaillaient pas abandonnèrent leur poste pour se rassembler sur le bastingage. Comme lors de leur précédent passage, la vue de la forteresse de Senghor était impressionnante, de même que celle de la galère de guerre Sargavane qui entra au port avant eux. La ville était toujours une véritable fourmilière rassemblant toutes les cultures de Garund, et toutes les tribus du Mwangi. Une fois encore, ils leur fallut presque trois heures pour trouver un quai ou s'amarrer, au milieu de la flottille de bateaux de pêches qui faisaient de leur mieux pour s'écarter de leur chemin. Finalement, ils purent jeter l'ancre au quatrième quai, dans l'embouchure du fleuve, à quelques centaines de mètres à peine des chantiers navals. Le fonctionnaire se contenta de s'assurer de la raison de leur présence à Senghor, et, rassuré sur leurs intentions, s'éloigna vers d'autres tâches avec la patrouille de garde qui l'accompagnait.

Leur première escale depuis Zeibo était la bienvenue, et Corwin, entre autres, observait la ville avec des yeux écarquillés, un peu comme si il tentait d'absorber un maximum de l'atmosphère frénétique de la cité. Mais plus que profiter des possibilités que le lieu offrait, ils devaient également s'occuper de leur butin, faire réparer la Vierge, trouver quoi faire du Chant des mers,...bref, l'escale n'allait pas être de tout repos.


D'ailleurs, Kylin approchait déjà, l'air peu sûre d'elle, chose inhabituelle chez la demi-elfe.
« Capitaine Oeil-Pourpre? Puisque nous sommes arrivés à Senghor, j'ai une réponse à votre demande. Je ne peux pas faire ça. Quels que soit les avantages, les risques posés par le Consortium sont trop grands. Je sais que cela va à l'encontre de vos plans, mais je crains qu'il n'y ait rien que vous puissiez faire pour me convaincre de changer d'avis. »

Les voilà de retour à Senghor ! Sshaksii était restée quasiment tout le voyage dans sa cabine. La tempête l’avait plus choquée qu’elle ne voulait l’admettre et préférai rester un peu seul pour prier et réfléchir sur cette nouvelle vie. Il était dommage d’avoir perdu le diable pâle, mais leurs vies étaient plus importantes. Elle profita du calme pour confectionner de nouveaux dards de sarbacane qu’elles recouvrit de poisons. Le poison sur les anciens dards avaient séchés et n’auraient plus été aussi efficaces.
Lorsqu’elle entendit la vigie crier. Elle monta sur le pont pour contempler Senghor. La ville était toujours aussi impressionnante. Sshaksii sourit. Non seulement elle allait revoir Syldïn mais elle pourrait retourner voir les marchands avec qui ils avaient un contrat. Depuis leur dernier séjour à Senghor, ils avaient attaqué plusieurs bateaux dont 2 au moins du consortium d’Aspis. Cela n’allait certainement pas les laisser indifférents !!
Par ailleurs, ils avaient un accord, elle se souvint les dernières paroles qu’elle avait prononcées lorsqu’ils avaient accepté leur partenariat :
…un prix préférentiel vous sera exigé lors de la revente de notre butin, chèrement acquis et au risque de nos vies !! Oui, chaque chose se paye ! Retenez bien cela et notre association sera longue et fructueuse.

@Banshee : héhéhé n’aurons-nous pas un bonus au jet au vu de cette phrase prononcée lors de l'acceptation de l'accord ?
Oui, j’exagère et je sors…

Alors qu’Aspexia avait donner quartier libre aux hommes et femmes d’équipage, Sshaksii se dirigea vers Floyd : « Mon bel amant, avant de vérifier que nos partenaires marchands remplissent leur partie du contrat, je pensais me rendre au temple afin de prier Calsitria et rendre visite à Syldïn ! Désirerais-tu m’y accompagner ? Tu pourrais aussi y amener Corwin… il me semble bientôt prêt à découvrir toute la subtilité et beauté de notre pretresse ? Si tu le désires, je pourrai personnellement l’initier. », lui fit-elle d’un air très sérieux, presque cérémonieux.

Modifié par un utilisateur mardi 19 mai 2015 14:00:16(UTC)  | Raison: Non indiquée

Son équipage se dispersait déjà, et les prisonniers s'éloignaient d'un pas pressé et peu rassuré. Elle allait pouvoir s'arrêter un peu. Enfin, une fois qu'elle aurait trouvé une équipe de charpentiers. Plus vite ils se mettraient au travail, plus vite ils pourraient repartir. Elle savait que l'équipage avait besoin d'une virée à terre, mais elle n'avait pas l'intention de rester des semaines à Senghor.

A ce moment là, Floyd l'aborda.
« Capitaine, je m'en vais prendre un bain, tu veux m'accompagner? »

Aspexia pesa l'offre quelques secondes. Certes, après plusieurs semaines de bains de mer, elle aurait bien besoin d'autre chose. Mais il y avait la question des réparations. Finalement, les délais l'emportèrent.
« Pas cette fois, Floyd! Je vais nous trouver une équipe de charpentier. J'irais prendre le temps de me relaxer une fois que ce sera réglé. Mais si tu trouves un établissement correct, je serais contente de ne pas avoir à chercher dans toute la ville. Oh, et un blanchisseur, aussi. »

Elle récupéra son uniforme, son tricorne, et s'assura que sa colichemarde était en place. Juste avant de descendre la passerelle, elle intercepta Amphérès.
« Oh, Amphérès, je voulais te parler. Sans ta présence d'esprit pendant la tempête, je ne sais pas si on s'en serait sorti. Et tu as fais tes preuves au combat. Je n'ai toujours pas de quartier maître. Le poste t'intéresse? »

Quelque soit la réponse du barde, Aspexia va se mettre en quête des charpentiers, au niveau des chantiers navals.