Aliana prit le bras d'Osran et le suivit docilement jusqu'à l'auberge.
A l'intérieur, il y avait toujours beaucoup de monde mais ils étaient moins bruyants : certains étaient à la limite de la somnolence, quelques uns étaient rentrés chez eux. Parfois ça et là un éclat de voix prenait le dessus, mais cela restait rare.
L'arrivée des deux personnes, les têtes se tournent vers eux, mais surtout vers Aliana. Les regards se firent tantôt amusés, tantôt étonnés.
Bray vous lança gentiment avec un sourire que ce n'était pas un temps à batifoler dehors et proposa une chambre à 3 pièces d'argent.
La jeune femme secoua la tête à Osran pour lui signifier qu'elle n'avait pas de quoi payer.

En réaction à sa plaisanterie, Osran adressa un air sinistre à Bray, indiquant qu'il n'était pas d'humeur à plaisanter. Le jeune homme paya la chambre. Bien qu'avec son voyage de retour, il ne roulait pas sur l'or, 3 pièces d'argent n'étaient pas grand chose pour lui.


Après être monté à l'étage, il fit asseoir Aliana sur le lit et commença à l'examiner.
A présent que la lumière était meilleure, Osran regarda le teint de la jeune femme, vérifia si ses pupilles étaient dilatées ou contractées, jusqu'à quel point ses yeux étaient rougis, calcula son rythme cardiaque, regarda si elle avait des glanglions gonflés. Il essaya de voir si la fatigue de la jeune femme était normale ou si il y avait autre chose.
Dans la même logique, il opèra une détection de la magie.

Les yeux marrons de la jeune femme n'étaient que des cercles autour des iris dilatées. Ils n'étaient pas si rouges. Le rythme cardiaque était difficile à prendre mais elle ne semblait ni essoufflée ni gênée.
Elle était plutôt molle et n'avait aucune grosseur sous la gorge. Ses cheveux mouillés tombaient sur ses épaules, gouttant sur sa chemise. Elle semblait absente.
Osran fit alors une détection de la magie et remarqua une aura autour de la femme.
Il se concentra : l'aura est assez faible mais bien présente.
Petit à petit l'aura sembla se colorer de violet : couleur des illusions.

Aliana regarda Osran et un malin sourire apparut sur son visage. Ses pupilles se dilatèrent, recouvrant ses iris, recouvrant même le blanc des yeux !
La femme parla alors d'une voix aigre en penchant la tête sur le côté.

« Le vide... occultera... les vivants.  »



Mon intuition ne m'avait pas trompé, il y avait bien quelque chose de louche là dedans.

Osran ne se sentait pas vraiment à l'aise avec tout ça, toutefois sa fréquentation des cercles diabolistes l'avait déjà rendu témoin d'actes étranges de ce type là. quoi qu'il était en train de sa passer, il était important que la créature ne sente pas sa peur.

« Allons... Allons... Il est d'usage de se présenter avant de proférer quelque menace. Votre mère ne vous a-t-elle donc rien appris ? »

Provoquer le phénomène n'était pas l'idée la plus fine qu'il avait eu aujourd'hui. Afin de ponctuer sa remarque, il lança un sort de soins sur la jeune femme.

Le sourire d'Aliana s'accentua, découvrant ses dents jaunâtre. Une lumière dorée illumina les mains d'Osran et lorsqu'il toucha la tête de la jeune femme, il sentit le flux magique se déverser. Le sort sembla cependant sans effet. Aliana continuait à le regarder d'un air malsain en souriant.

« C'est tout ce que tu sais faire... ? » grinça-t-elle.

A affirmation brutale, réponse brutale : « Peut-être que les autres choses que je connais sont trop dangereuses pour la jeune femme qui est devant moi ? »

« Tu parles beaucoup pour une entité tellement lâche qu'elle est obligée de posséder une jeune femme pour venir parler à quelqu'un. En plus d'être mal poli et lâche, tu ne peux rien faire si on ne te la tient pas ? Pauvre vermisseau pathétique... J'ai connu des diables plus costauds que ça...
Maintenant, si tu n'as rien d'autre à dire et si tu n'es pas plus poli... Casse-toi et laisse-moi faire mon travail. »

Osran ne croyait pas vraiment ce qui était en train de se passer. Il ne savait pas si la jeune femme était réellement possédée ou si c'était ses sens qui lui jouaient des tours. Il était important de ne pas entreprendre d'action offensive envers la jeune femme au cas où.

La jeune femme continua de sourire malicieusement. Soudain, avec une rapidité effrayante, elle poussa un cri, avançant ses mains comme des serres vers Osran. Son visage s'était irrigué de veines grises et ses dents jaunâtres étaient horribles à voir.

« RHAAAAAA ! » hurla-t-elle sur le jeune homme.

Effrayé, Orsan ne put se retenir de faire un pas en arrière et sur le coté pour éviter l'horreur qui avançait vers lui, reculant instinctivement vers la porte. Malgré la taille le la chambre, celle-ci était trop vaste pour qu'Osran puisse fuir dans son état de panique. Comment ça vaste ? Tout autour de lui, la réalité semblait différente. Etait-ce la porte qui était soudainement plus loin de lui ? La porte était-elle vivante ? La peur lui jouait des tours. Il devait fuir. C'était une nécessité. Mais... Pas de solution possible... L'environnement n'avait plus de consistance pour lui. Il n'y avait que deux choses certaines : l'ennemi était en face de lui et il n'avait pas le choix.

« Très bien le monstre, je n'ai pas le choix. »

Pour éviter de trembler, Osran rafermit sa prise sur son mouchoir et prononça une parole incompréhensible.
Il canalisa l'énergie profane et toucha de sa main le poignet d'Aliana. Il déversa alors l'influx magique mais cette fois-ci non pas pour la soigner, mais pour la blesser. Ses mains ne s'auréolèrent pas d'une couleur dorée mais d'une lueur grise, froide.
Il croisa le regard de la femme dont les yeux semblables à ceux des elfes étaient complètements noirs. Son sourire était toujours gravé sur son visage. Puis elle se volatilisa telle une bulle de savon.
Il fallu quelques secondes à Osran pour assimiler que quelque chose qui fut devant lui n'existait , n'était plus.
La cape et le chapeau étaient tous deux posés sur le lit. Mais la pièce était vide. Elle avait littéralement disparue.

« Heu... » ne put s'empêcher de lâcher un Osran, passablement décontenancé.

Très bien, je crois que nous sommes dans de beaux draps. Réfléchissons... Respirons... Une créature... C'était inhumain... Même avec mes nouveaux dons, je ne peux pas en venir à bout. Ce n'était pas un mort-vivant...
Je vais en parler à Henric et à Julide, puis je signalerais ces élements à Galvin.

Il ramassa le chapeau et la cape. Il ne pouvait pas rester plus longtemps dans la chambre. Il avait besoin d'un petit verre et de préférence quelque chose de plutôt fort.

Il commanda un alcool fort à l'aubergiste en bas. Financièrement, il n'était plus à cela prêt. Après quoi il devait décider de quoi faire : aller dormir ou retourner à la recherche de l'enfant et informer au plus vite Henric, Julide et Galvin de ce qu'il s'était passé.

Un alcool bien fort pour faire passer ce qui venait d'avoir lieu. Ses pensées tourbillonnaient plus vite que l'alcool dans son gosier.

Putain... Ca fait du bien... C'était quoi ce machin ? Pourquoi je ne l'ai pas perçu avant ? J'aurais du détecter la magie directement... Mais je n'ai pas voulu paraitre hostile sur le moment... Si j'avais dévoilé la supercherie à ce moment, j'aurais peut-être pu en apprendre plus... Ces gens sont peut-être en danger... Non pas, que j'en ai quelque chose à faire, mais cela aurait vraiment un impact néfaste sur mes actifs politiques. A quoi bon régner sur un cimetière ?
Osran avait esquivé les questions graveleuses grâce à son pouvoir spécial air sinistre. Le tenancier eu la bonne idée de lui foutre la paix avant qu'Osran ne lâche volontairement sa chope de verre sur le sol et commette ainsi ce qui aurait été un carnage... Il faillit néanmoins se prendre le verre dans la tête lorsqu'il chariat Osran sur le fait qu'une armure de cuir cloutée noire et une cape assortie n'était pas le meilleur moyen de jouer au docteur avec les fermières. Une fois l'alcool fini, il s'était levé de son tabouret dans un bruissement de cape, prenant les vêtements d'Henric. Il avait laissé la clef sur la porte de l'aubergiste. Il n'aurait qu'à faire la chambre. C'est pas comme si ils avaient eu le temps de défaire les draps.

De retour sous la pluie, Osran partit à la recherche de Julide et Henric. Si il ne les trouvait pas, il se rendrait sur le champs pour chercher Galvin. Son objectif était double : d'une part, avertir l'équipe ; d'autre part, faire son rapport au chef de la milice. On le prendrait sans doute pour un fou. Mais il avait sa vérité pour lui. Afin de faciliter les recherches, Osran se saisit de son mouchoir et fit appel à la bénédiction de son propre égo (Lancement de l'oraison "assistance divine"). Après quoi, il se lança, tel un limier, dans la recherche de son équipe qu'il finit par repérer de loin sur un coup de chance (et un 24 en perception) près de chez Henric .

Il mis quelques minutes pour arriver à la porte et sans prendre le temps de chercher à savoir quelle activité il allait interrompre, toqua vigoureusement à la porte.

Osran reparti avec Aliana, laissant Julide et Henric sous la pluie. Celle-ci désigna l'abri d'une maison non loin. «  Allons nous abriter et faire un point. » Une fois à l'abri, elle lui demanda. « Tu en penses quoi, toi ? On a fouillé autour de la maison... Où est-ce qu'on pourrait aller ? Chez les gens ? Dans les caves ? »

Une fois arrivés sous la charpente, Henric regarda la jeune femme qui était restée avec lui pour les recherches. Trempée comme lui des pieds à la tête et jusqu'aux os, la jeune femme semblait garder la tête froide alors que Henric lui avait juste froid. Et pour cela, le trentenaire l'admirait. Cogitant sur sa question et essayant d'apporter une réponse constructive, il lança tout en essayant de se réchauffer les doigts : « J'sais pas trop. Si j'étais un gamin qui voudrait s'amuser, j'crois que j'me serai plutôt amusé à la limite du village, là où les adultes m'auraient pas fait chier. Peut-être que plutôt que de chercher au milieu du village, on d'vrait rechercher le petit près des dernières maisons ? Cette idée en vaut une autre mais j'crois qu'on aura plus de chance que si on se contente de chercher chez les gens. »

Rassemblant son courage et le peu de chaleur qu'il pouvait, Henric se remit ensuite en route tout en claquant des dents vers la périphérie du village - et inconsciemment en direction de sa propre maison - toujours à l'affut du petit Yorg et du petit Iurie.

Julide accompagnait Henric, éclairant de sa lampe-sourde. La pluie était de moins en moins forte mais le froid se faisait sentir. Cela faisait déjà un bon moment qu'ils cherchaient. Il n'y avait pas eu de traces autour de la maison de Yorg... Ils s'arrêtèrent près d'une grange non loin de chez Henric. Julide fouilla rapidement en caressant les deux cheveaux qui y étaient. Elle semblait à son aise. Ils n'étaient plus très loin de chez Henric.


Toujours claquant des dents, Henric continuait de chercher avec une application non feinte tout en appelant régulièrement les gamins par leur prénom. Mais pour l'instant, seul les bruits de pas rassurants de Julide à ses côtés lui répondaient. Lui faisait remarquer qu'ils arrivaient sur leur réserve d'huile, le paysan préféra lui suggérer une autre direction. « C'vrai qu'on va finir dans le noir complet si on fout rien. Mais là, on a presque fini de checker la zo-zo-zone. Moi, j'dis qu'on d'vrait finir de fouiller cette zone. Puis, on ira chercher de l'huile chez moi. Co-co-comme ça, je pourrai me changer avant de mou-mourir de froid.  »

Voyant que la jeune femme n'émettait pas d'objections, le duo se dirigea donc vers la maison de Henric dès qu'ils eurent fini de fouiller la grange. La pluie s'était presque totalement arrêtée quand ils franchirent le seuil de la ferme. Mais le mal était fait. Le paysan était complètement frigorifié, à la limite de l'hypothermie. C'est donc avec un début de satisfaction qu'il accueillit ce toit au dessus de sa tête toujours en grelottant de la tête au pied. « A-a-a-attends, je vais allumer le feu. J-j-j'ai tr-tr-trop froid. T-t-t-tu peux pr-pr-prendre l'huile qui se tr-trouve sur la table pour nos l-l-lampes. » begaya t-il entre deux claquements de dents.
Lâchant sa lance et posant sa lampe sur la seule table de la pièce, il saisit une nouvelle buche à côté de son lit. Puis, il la placa dans l'âtre de la cheminée tout en y ajouta un poignée de foin et de bridilles pour faire partir le feu. Ses gestes étaient maladroits car ses mains étaient maintenant totalement engourdis par le froid. Mais à force d'insister, il réussit à allumer ce feu qui lui prodiga chaleur et réconfort tandis que Julide rajustait le niveau d'huile sur leurs deux lampes.


Le feu se mit à crépiter dans l'âtre et Julide se rapprocha de la source de chaleur.
Henric sentait que Julide avait terminé de s'occuper des lampes et se rapprochait dans son dos. Mais la chaleur du feu était trop irrésistible pour qu'il puisse s'y soustraire. Regardant toujours les flammes comme hypnotisé, le paysan ne se retourna pas lorsqu'elle se posta à côté de lui. Innocemment, il déclara : « J'vais choper la mort si je repars comme ça sans me changer. J'ai plus d'cape pour m'couvrir. J'ai filé la seule que j'avais à cette inconnue. Mais vu qu'il pleut plus, je peux me changer sans finir trempé dans 10 minutes. »

Se redressant après avoir dit cela, il se tourna ensuite vers Julide qu'il jugea du regard. « Et toi aussi, t'es complètement trempée ma pauvre. Attends là, j'dois avoir un ou deux trucs qu'il me reste de Tilea. » Le sujet n'était pas à proprement parler sensible. Tout le monde dans le village savait que son histoire de couple avait fini en eau de boudin lorsque la belle était partie pour chercher une nouvelle vie en ville. Mais aborder ce sujet avec une jolie jeune femme, et sympathique qui plus est, le troublait légèrement.
Pas tout à fait sur de sa propre proposition, il attendit une réaction de la fille Schwatz avant de se diriger vers sa commode, unique meuble de cette maison presque vide.

Julide le voyant se lever intervint rapidement. « Ca va aller ! ... Ne t'inquiète pas ! Je suis plus résistante qu'on ne croit.  »
Elle grelotta soudain et se sentit gênée. « Bon... c'est vrai que des vêtements secs c'est pas une si mauvaise idée...  »

En entendant Julide lui donner son aval, Henric sentit le rouge lui monter aux joues. Lui savait très bien que la jeune femme ne suggérait rien en répondant ainsi et ne faisait qu'accepter sa proposition. Pourtant, un trouble le prit tout de même. Evidemment, ce n'était pas le feu de la cheminée qui provoquait cette réaction en lui. Mais il espérait surtout que la jeune femme ne remarquerait pas ce petit changement.

Se détournant pour aller chercher des vêtements sec dans sa commode, l'homme tira d'abord un haut simple et usé mais assez épais pour résister aux rigueurs de la nuit. Attrapant également un pantalon aux bords élimés, il jeta ensuite les deux vêtements sur le lit qui se trouvait à une portée de bras de lui pour chercher dans un autre tiroir quelque chose qui pourrait aller à la jolie brune.

Là, il y trouva deux robes. La première, estivale et au dos échancré, laissait aussi voir un décolleté qu'il se plairait à reluquer si Julide acceptait de porter cette robe. Une petite voix lui soufflait d'ailleurs de ne pas se poser la question : « Vas-y, propose-lui. Cette robe lui ira à ravir »

Mais sa propre voix lui suggérait de prendre la seconde robe, plus traditionnelle et plus adaptée à la circonstance. D'un tissu épais et rêche, le vêtement avait l'avantage de bien protéger la personne du froid sans pour autant gêner ses mouvements aux champs - ou durant d'autres activités. Bien sûr, il faudrait aider la jeune femme une fois qu'elle aurait enfilé la robe car les lacets pour bien tenir la robe se trouvaient dans le dos. Mais ce détail qui n'en était pas vraiment un n'atteignit pas l'attention du paysan. « Non, non, non, j'peux pas faire ça. C'pas très correct... »
Lui-même n'avait pas vraiment eu conscience qu'il s'était chuchoté quelques mots à lui-même et à voix trop basse pour que Julide puisse l'entendre ou en comprendre la teneur. Mais il se retourna sans y prêter attention avec une robe dans chaque main. « Désolé, je sais pas trop c'qui t'irait. Tu préférerais laquelle, toi ? » Inconsciemment, comme si les deux voix n'avaient pas pu trancher pour Henric, lui s'était retourné pour laisser Julide faire son choix.

Julide regarda les deux robes et eut un grand sourire amusé. « Herm... Heu... Tu n'aurais pas plutôt des braies et une chemise simple comme ce que tu portes ?  » Elle sembla un peu gênée.
« Pas que je n'aime pas les robes... enfin si un peu quand même... J'ai mis celle-là juste pour le comice... Disons que je me sens plus à mon aise habillée... enfin, comme quand je vais en forêt ... ?  » Elle afficha une mine inquiète de la réaction d'Henric puis soupira en baissant la tête.
« Désolée... C'est très gentil de ta part et je ne suis pas assez ... polie ou bien élevée... ou hypocrite... pour accepter des choses que je n'aime pas...  ».
Elle devint écarlate et n'osa même plus regarder Henric.

Ce que Julide lui appris le désarçonna. Et en même temps, cela lui mit du baume au coeur, comme si on venait de lui retirer un poids... Ou plutôt comme si Julide s'ouvrait à lui en lui faisant confiance.

Bien sûr, la déclaration avait de quoi être troublante. Qui d'autre dans le coin avait jamais vu une femme se balader en braies et en chemise à Barovia ? Personne à sa connaissance. La pensée même qu'une femme puisse le faire semblait incongrue au paysan qu'il était. Les braies, c'était pour les hommes, et les femmes portaient des robes. Mais d'un autre côté, chacun ici avait ses bizarreries, et Henric le premier. Du moins, même si lui se trouvait normal, les autres habitants du village ne se gênait pas pour l'ostraciser et lui faire sentir ses différences.

Voyant la jeune femme rougir et baisser les yeux, le paysan se sentit un profond élan de compassion pour elle. C'est ce qu'il avait vu de plus sincère chez une personne qui s'adressait à lui depuis bien longtemps. Il ne savait que trop bien ce que le regard des autres pouvait provoquer chez soi. Sans réfléchir, il avala donc la courte distance qui les séparait tous les deux. Cherchant à réconforter cette femme unique en son genre, il se sentit se redresser et se tenir plus droit quand il souleva le menton de Julide pour la regarder droit dans les yeux.
Une confiance nouvelle le poussait à dire et à faire des choses qu'il n'avait plus dit à personne depuis des années. « Hey, hey. Regarde-moi. » commença t-il avec une tendresse inattendue. « Pas d'ça avec moi. Tu parles pas à la femme Plesca ou à son idiot de mari. T'es avec moi, là. »

Son regard d'habitude toujours si fuyant et hésitant s'était transformé en quelque chose de puissant et de réconfortant. « T'es avec moi. » Un peu bêtement, il lui répéta la même chose alors que ces mains venaient encadrer ce visage si doux et si attachant comme si cette phrase avait le pouvoir de changer les choses et de transformer le monde.

Attendant quelques secondes que Julide plonge ses yeux dans les siens, il espérait que la jeune femme ne se détournerait pas de lui. Lui savait trop bien à quel point on pouvait avoir honte d'être ce qu'on était ou qui on était.

Puis, comme mû par la force de ses sentiments - ou une force surnaturelle plus forte que lui - il se sentit se rapprocher doucement du visage de la jeune femme. Sans gêne et sans les pensées dérangeantes qu'il avait éprouvé lors du concours de la reine du comice ou lors de la découverte d'Aliana, il voyait ce visage avec ces grands yeux de biche le transpercer alors qu'il se rapprochait de plus en plus près des lèvres de la belle pour les embrasser.

Julide, qui avait sourit lorsqu'il lui demanda de la regarder et qui lui avait parlé des Plesca , eut un changement de regard lorsqu'il répéta "Tu es avec moi". Son sourire se figea et retomba doucement. La lueur dans ses yeux n'exprimaient plus la gratitude mais fuyait à présent les yeux d'Henric.
La jeune femme avala sa salive, se recula légèrement pour esquiver le baiser d'Henric et se leva.

Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Le dos tourné à Henric. Il ne pouvait voir le visage de Julide mais elle semblait tendue.
L'instant de béatittude qu'il ressentait repartit aussi vite qu'il était arrivé.

Voyant la jeune femme se tendre sous ses mains, Henric se figea lui aussi. Comprenant ce qui se passait - Julide lui refermait une porte sur la confiance qu'elle avait commencé à lui accorder -, l'homme ne résista pas et ne força pas non plus Julide à lui faire face. Comme un début d'excuse, il lâcha quelques mots, incertain sur la conduite à tenir. « J'suis désolé. J'suis vraiment désolé. »

Les mots auraient pu être mieux choisis. Mais c'était les seuls qui lui venaient à la bouche. Cette jeune femme représentait la vie normale qu'il avait perdu au départ de sa femme et qu'il avait espéré secrètement un jour retrouvé. C'était la légèreté de la vie et la complicité. C'était aussi les discussions sur la journée passée ou les derniers raggots du village. Mais il avait tout fichu par terre en essayant de forcer les choses.
La confiance qui s'était saisi de lui et qui l'avait fait se redresser quelques instants avait à présent disparu pour ne plus laisser qu'une coquille sèche à la place d'un homme. Une ombre de lui-même ou de ce qu'il avait été.

Essayant pourtant de recoller les morceaux à chaud, il ajouta : « J'sais pas c'que j'pensais. J'voulais juste que tu comprennes que j'étais avec toi, quoi qu'tu penses ou quoi qu'il s'passe. J'en ai rien à foutre qu'les autres, ils te regardent bizarrement. Moi, je t'ai jamais regardé comme ça depuis qu'on est p'tits. Et je pense que tu l'sais. T'as toujours été plus qu'la fille d'Alex Schwatz, plus qu'la fille du maire avant qu'il occupe ce poste. Ou plus que la soeur d'Erhan, le mec cool du village. J'voulais juste que tu l'saches.  »

La tristesse dans la voix d'Henric était palpable. Mais qu'y pouvait-il faire ? Même s'il existait des potions pour changer le comportement des gens ou pour les endormir, Henric ne voulait pas procéder ainsi avec la jolie Julide. Alors se retenant de verser une larme qui menaçait de couler sur sa joue, il revint à la commode pour en sortir une autre chemise sèche et une vieille paire de braies devenue trop petite pour lui.

Essayant une dernière fois de dissiper cette tension qui s'était installé entre les deux, Henric tendit ces deux vêtements à une jeune femme toujours sur ses gardes. « Je... tiens. C'est... ça d'vrait t'aller, j'crois. » essaya t-il de dire avant de revenir vers son lit pour se changer. Jetant ses vêtements trempés devant le feu de la cheminée, il hésita à se retourner de temps à autre pour reluquer la fille Schwatz en train de se changer. Mais le coeur n'y était plus. La rebuffade de Julide l'avait anéanti.
« M...Merci...  » se contenta-t-elle de dire, visiblement gênée de la situation. Pendant qu'elle se changeait, elle lança.
« Tu sais....  » Elle voulu poursuivre mais s'arrêta. « C'est gentil de me soutenir. J'apprécie et j...  »

A cette instant, on toqua à la porte.
« Julide, Henric, c'est Osran »

Boite à outils :
Classe: Oracle possédé niveau 1, mystère: savoir, malédiction: hanté
Combat: Init: +2, Attaque: Morgenstern 1d8+1
JdS: Réflexes: +0, Vigueur: +1, Volonté: +2; +2 contre echantement
Compétences:
Art de la magie: +6, Connaissance Local: +7, Connaissance Mystère: +10, Connaissance Religion: +7, Diplomatie: +7, Premiers secours: +4, Utilisation d'OM: +8, Perception: +4
Langues: Commun, Elfique, Infernal

« Fais pas attention à lui... Ça doit être la fatigue.  »