Comme à son habitude la Vudrani, préféra le silence à des paroles inutiles, car il était inutile de dialoguer avec de tels individus, et encore moins lui prêter la moindre considération. Sanja ne prêta donc aucune attention à l'homme du consortium. Elle se reposa avec nonchalance sur un tonneau qui attendait, avec d'autres, d'être chargé.
Elle posa sur le sol sa besace en cuir, et quand Gûram se retourna vers eux, elle lui fit un demi sourire d'encouragement.

Sanja, pencha légèrement la tête vers le soleil pour en ressentir sa chaleur bienfaisante, et huma l'air un peu moins putride au bordure de la ville qu'en son centre. Sanja, semblait être tel un chat qui faisait sa sieste au soleil, et si ses vêtements amples ne cachaient pas en grande partie ses courbes féminines, elle aurait probablement fait tourné quelques têtes sur la place.

Gûram avait pris les devants sans peur et répondit habilement au chef des hommes de Kreed. Il avait dit vrai et, assuré de ne rien avoir inventé (bien qu'il ait omis quelques détails), il s'était tenu droit, son regard soutenant comme par défi celui de Jaurpaye, avec un sourire que ses moustaches dissimulaient à peine. Décontenancé par l'innocence affichée du nain, la brute du consortium bégaya quelques peu avant de pousser Savräsh pour continuer son chemin vers la porte ouest.
« Bon, je vous ai à l’œil vous tous, faîtes gaffe! »
Teedum Jaurpaye se fraya un passage dans la rue qu'avait remonté le groupe en houspillant les mendiants et grognant sur les enfants qui avaient le malheur de se trouver sur son passage. Il semblait réellement surmené, ce qui avait pour avantage de détourner son attention des quelques bucherons qui chargeaient leurs cargaison pour le ravitaillement.

Il ne restait donc plus que les deux charrettes, une demi douzaine de bucherons qui s’apprêtaient à prendre la route, et quatre hommes du consortium pour les escorter. L'ambiance était moins lourde maintenant que le chef était parti, et bucherons et miliciens se mirent à parler sur des tons sinon amicaux, du moins très cordiaux. Quand Santana s'approcha des hommes en plein labeur pour négocier avec eux le droit d'accompagner le convoi, elle fut surprise de voir que les regards des bucherons se tournaient vers Chani et Otto. Seul les miliciens la reluquaient, elle et Sanja, d'ailleurs. Un groupe de trois hommes vint à la rencontre de la Shoanti avec de grands sourires pour la saluer.

« M'dame Chani! Quel plaisir! Vous vous souvenez de nous? On était dans le camps ensemble y'a deux jours de ça quand vous avez tué ce Lycan! Qu'est-ce que vous fautes ici? Vous retournez dans la Laye? »

Chani restait impassible face aux mines gaies de bucherons et dire à Otto et aux autres.

« Écoutez, les discussions ça me gonfle, je peux marcher, et j'ai pas besoin d'un groupe de mauviettes qui me colle au cul, alors venez me voir quand il s'agira de partir pour de bon pour le Val... »
La grande tatouée se sépara de ses fans barbus pour aller quelques dizaines de mètres plus loin s'asseoir sur une grosse pierre posée au croisement de deux routes de terres parcourant la campagne. Elle attendrait là-bas que le convoi parte, en silence. Les nains et Otto était aussi perplexes que les trois barbus, qui repartirent déçus au boulot.

Il ne restait plus au groupe qu'à obtenir l'autorisation de la milice d'accompagner le convoi, et à récupérer le matériel auprès de Brickasnurd qui ne devait pas tarder à arriver. Il était près de 11h, et les préparatifs prenaient fin. Les quatre miliciens qui servaient d'escorte, après s'être consultés, s'approchèrent de Santana et Sanja, mains sur la ceinture et bombant le torse avec une assurance qui versait dans le ridicule. Celui qui avait reçu des ordres de Jaurpaye et qui semblait être le responsable, un homme assez mignon bien que sa dentition proéminente et son air quelque peu bêta ne joue pas en sa faveur, s'adressa à l'elfe et à la vudrani dans un numéro de drague peu subtil.

« Mesdames, vous êtes resplendissantes! Que font deux si belles plantes aux portes de notre ville? Vous avez de la famille?  »
Fier de son accroche qu'il trouvait surement originale, il adressa à ses hommes un regard complice avant de continuer :

« Justin Riebbe, Brigadier des troupes d'élites du consortium des débardeurs, pour vous servir... »

Santana et Sanja entendirent un des soldats murmruer à un autre, dans le dos de justin :

« Si le chef le voyait, ça pèterait, j'peux te le dire... »

Tandis que les femmes subissaient l'assaut ridicule du brigadier Justin, Le gnome marchand Brickasnurd arriva accompagné d'un âne et d'un demi orque imposant et armé. Il remarqua la présence des hommes du consortium et prit ses distances avec eux, invitant Otto et les nains à le suivre quelques mètres plus loin. Le demi-orque qui l'accompagnait semblait être une sorte de garde du corps, et il ne quittait pas les aventuriers des yeux. Le gnome faisait comme si de rien n'était et avec sa bonhommie habituelle s'adressa à eux :

« Voilà, je crois que je vous ai fait un petit miracle! Ce merveilleux animal s'appelle Kurt, il n'est plus tout jeune, mais le paysan qui me l'a cédé m'a dit qu'il ne reculait devant aucun péril. J'ai organisé moi-même les sacs et répartit le matériel que vous m'avez demandé. Pour ce qui est de la nourriture, je suis parti du principe que vous mangerez ensemble et je vous ai donc préparé une de mes spécialité.  »

Il sortit un gros bocal fermé d'un bouchon de liège recouvert de cire et remplit de ce qui semblait être un ragoût et continua :

« Vous voyez ce bocal, vous le versez dans cette marmite, vous le remplissez à nouveau d'eau et la versez aussi dans la marmite, vous faîtes bouillir le tout et vous avez un repas consistant et délicieux pour six. Avec les quelques pains que je vous ai mis à côté ça devrait vous plaire... Sinon, pour le matériel de cartographe j'ai trouvé une sacoche avec quelques outils qui ont un peu servi et une boussole en bon état, du coup je vous ai fait un petit prix. Disons que je vous fait le tout pour 200 pièces d'or et l'exclusivité sur la revente des objets de valeur que vous trouverez dans le Val, ça vous va? »

Le gnome attendait une réponse et son paiement, le demi-orque, lui, se contentait de surveiller l'âne son chargement, et les trois aventuriers.

Modifié par un utilisateur dimanche 23 octobre 2011 01:17:23(UTC)  | Raison: Non indiquée

Soulagé par le départ de Teedum (Ce type en oublie de surveiller ces hommes...), Gûram regarda avec amusement les miliciens tenter lourdement une manœuvre d'approche auprès de Sanja et Santana.

« Tu vois Savräsh, ça c'est ce qu'il ne faut pas faire... », dit le jeune guerrier avec un grand sourire, qui s'estompa cependant rapidement à mesure qu'il se rappelait ses propres expériences avec les femmes. L'une d'elle, en particulier, attendait son retour - même si ce n'était pas de son fait mais bien grâce aux promesses de son père - et il n'avait jamais trop su quoi lui dire. L'arrivée de Brickasnurd le détourna de ses pensées, et il s'empressa d'aller considérer leurs nouvelles acquisitions tandis que Sanja payait le gnome.

« Merci bien, commerçant, tout ceci me semble parfait, soyez assuré de notre clientèle. » Puis il aperçut le marteau de feu son oncle, au manche ouvragé, qui dépassait d'une des sacoches de l'âne. Il s'adressa au restant de l'équipe, les yeux brillants. « Compagnons, considérez dès à présent que je vous suis redevable de cent pièces d'or ! Fois de Khazal, je vous rembourserai dès que j'en aurai les moyens. »

Soupesant avec amour l'arme de sa famille, il la fixa avec soin à sa ceinture tout en faisant un clin d’œil à son frère ; c'était grâce à lui que cette relique était à présent entre leurs mains. Il faudrait qu'il parle des bienfaits d'une telle érudition à leur père, au retour...

« À présent, il ne nous reste plus qu'à nous entendre avec les miliciens et les bûcherons pour les accompagner. Messire Otto, je crois que vous êtes le plus apprécié de ces gens, je me trompe ? »

Otto regardait le demi-orc s'éloigner.

Sans vraiment regarder le gnome, il lui dit : « Vous savez, vous auriez pu nous faire davantage confiance...
La prochaine fois, n'invitez pas cet ami : il ne me plaît guère ! »

Puis, s'adressant à ses compagnons : « il faudra prendre congé du convoi entre les deux camps de bûcherons, pour nous enfoncer dans la forêt...

En ce qui concerne un retour en barque... » et son regard allait vers Santana « ... encore faut-il que nous sachions la manoeuvrer. Les eaux qui coulent de la montagne sont impétueuses, et plus en amont, lorsque la rivière aborde la plaine, le courant est encore assez fort ! »

Otto fit un clin d'oeil à Güram : « Bof, vous savez, l'idée n'est pas d'être très populaire, mais d'arrêter de marmonner dans sa barbe en proférant des jurons nains, et vous aurez tout de suite plus de succès auprès de la population !! »

Il s'avance alors vers Justin Riebbe : « Brigadier, nous souhaitons accompagner, et le cas échéant, vous aider à protéger la caravane qui s'apprête à partir.
Nous poursuivrons en forêt en cours de route, mais autant se joindre à une aussi agréable compagnie !

Nous aurons d'ailleurs probablement le temps de partager un repas avec vous, mes compagnes, compagnons et moi-même, d'ici à ce que nous vous quittions.... »

Son insistance était lourde, mais le brigadier et ses compagnons n'avaient pas été d'une grande intelligence dans leur approche... il valait mieux enfoncer le clou !

Justin Riebbe et ses hommes n’étaient que des second couteaux, et le respect qu'ils inspiraient chez les villageois et les bucherons n'était dus qu'à la crainte du consortium et de son patron, Thuldrin Kreed. Aussi ce sous-fifre avait-il été touché par les marques de respect et de considération que lui portaient Santana et Otto. Il était clair que cela lui donnait l'impression d'être quelqu'un d'important, et il rehaussait les épaules, croisait les bras et inclinait la tête de manière autoritaire pour se donner l'allure d’un grand général. Justin s'efforça de garder le silence quelques secondes avant de répondre avec une mansuétude surjouée.

« Écoutez m'sieurs dames, vous savez, de grandes responsabilités pèsent sur mes épaules et je suis pas du genre à prendre les choses à la légère, et le chemin, c'est pas de la rigolade. Je veux dire, on a des horaires à respecter, déjà qu'on est en retard, et puis c'est du sérieux, en cas d'attaque de brigands ou de loups, c'est moi qui gère. »
Il regarda Santana avec des yeux gourmands.
« Donc faudra se tenir à carreaux si vous voulez nous accompagner... C'est d'accord? Et puis si vous cherchez une barque, faudra voir ça au camp ouest, les autres sont trop loin de l'écume. Je crois qu'ils en ont des barques là-bas, mais votre ami a raison, le courant est fort avec la fonte des neiges, et puis y'a les draveurs en ce moment, ça risque d'être dangereux, mais faut voir avec eux, ils sauront mieux que moi. »

L'elfe acquiesça avec un sourire qui rendait le brigadier fou, et celui-ci dit à ses hommes de se préparer pour la route. Justin monta à l'avant de la première charrette et proposa à Santana de le rejoindre. Les deux chevaux qui la tireraient étaient attelés et un bucheron monta aussi à l'avant pour prendre les brides. Les trois hommes du brigadier se saisirent de l'étendard aux couleurs du consortium et de leurs armes et s’apprêtaient à marcher aux côtés du convoi tandis que les trois autres bucherons, qui devaient monter à l'avant de la deuxième charrette décidèrent de laisser deux places pour Chani et Sanja. Otto et les nains allaient marcher avec ces hommes de Falcreux, ce qui serait une bonne occasion de discuter et d'en apprendre plus sur les rumeurs, les évènements récents et la politique de Nid-du-Faucon.

Le convoi partit donc de Nid-du-Faucon le 8 Desnus à 11 heures pour rallier les camps de bûcheron nord et est. À 11h05, le convoi s’arrêta pour procéder à un petit changement, Otto et les nains n'arrivaient pas à suivre la cadence. Il prirent la place de Sanja et Chani qui durent continuer à pied le voyage. Otto était assis aux côtés de Gûram à l'avant de la deuxième charrette tandis que Savräsh était assis sur des sacs de patates juste derrière son frère. Seule une poignée d'heures les séparait de la mythique forêt, la Laye de Sombrelune, et ils espéraient tous revenir assez vite avec de quoi préparer ce remède. Il y avait certes beaucoup de choses à voir ou à penser, mais il ne fallait pas oublier la priorité, mettre un terme à l'épidémie d'écume noir qui sévissait à Falcreux.

Modifié par un utilisateur lundi 24 octobre 2011 23:10:10(UTC)  | Raison: Non indiquée