Sans plus chercher à manger son ragoût, Bhaal écouta, stupéfait, la jeune femme exprimer sa colère et sa tristesse. Pour la première fois, Alia lui apparaissait telle qu'elle était réellement : non pas Alia la courtisane, ni Alia l'esclave, mais simplement Alia. Après qu'elle l'eut planté là pour aller pleurer dans son coin - de cela, il était certain - il reprit quelques cuillers de ragoût mais le cœur n'y était plus.

Un petit lézard du désert, attiré par la chaleur du feu, profita de la place laissée vide par la jeune femme pour se hisser sur une pierre. Il regardait alternativement le feu et le tieffelin. « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux mon portrait ? » Lui cracha le géant rouge. Effrayé, le petit reptile se carapata sous sa pierre.

Cette fois, Bhaal était vraiment seul. Il avait, fort efficacement, fait le vide autour de lui. Il avait poussé l'azata dans ses derniers retranchements et sa colère était apaisée, mais il ne se sentait pas mieux pour autant. En vérité, il se sentait... sale. Il savait fort bien qu'il était allé beaucoup trop loin, et cela le mettait de méchante humeur. Tout en fixant le feu, il ne put s'empêcher de chercher en lui-même les raisons qui l'avaient poussé à faire ce qu'il avait fait, et en arriva à la conclusion que si lui avait choisi la mort, elle avait choisi la vie, et que c'était bien ce qui l'agaçait prodigieusement chez cette femme. Était-il possible de vivre comme eux et de néanmoins choisir la vie et l'espoir ? Le doute s'insinua dans son esprit : et si c'était lui qui avait tout faux ? Avait-il assez d'amis pour se permettre de brutaliser ceux que le destin mettait sur sa route ? Il reposa son bol à son tour et resta là, malheureux et perdu, se remémorant les paroles de souffrance qu'il avait obligé Alia à prononcer, et essayant vainement de donner un sens à tout cela.

Nemlak réfléchit à ce qu'avait dit l'éclaireur de la troupe. Pas de gnoll, c'était une bonne chose. En revanche, plein de pugwampi, cela l'était moins... Toutefois, s'il s'agissait de simple gobelin alors il serait plus facile de négocier ou de nettoyer la zone.

« Merci Dashki. » répondit sincèrement le demi-orque avant de retourner à sa tente.

La voyant déjà dressée et son repas préparé, il fut agréablement surpris. Comprenant que c'était Harod, sa femme et Sheila qui l'avait fait il s'adressa à eux.

« Je vous remercie. Ce repas me réchauffera autant le coeur que le ventre. Avec vous à nos côtés, l'espoir de voir renaitre ma cité d'origine se fait plus présent. »

Il se retira ensuite sous sa tente, prendre son repas seul et étudier son grimoire pour le lendemain.

La nuit était maintenant tombée sur le désert et Alia n'avait pas bougé. La fraîcheur avait succédé à la chaleur écrasante de la journée. La jeune esclave frissonna, mais ce n'était pas le froid nocturne qui la faisait frissonner, elle avait froid de l'intérieur. Elle se sentait si vide, si froide, si seule. Elle était toujours assise sur le sable, les yeux fixés vers l'horizon qu'elle voyait malgré l'obscurité. Un avantage de ce sang qu'elle détestait tant.

Elle ne pleurait pas. Pourquoi faire ? Elle n'en voulait même pas au demi-démon pour ses paroles, il n'avait fait que dire la vérité. Elle lui en voulait pour les émotions qu'il avait fait remonter en elle. Elle pensait en avoir fini avec cette douleur.

Arrête de t'apitoyer sur ton sort ! Je m'attendais à quoi ? Je suis mieux seule de toute façon, les autres n'apportent que de la souffrance. Ce n'est pas parce qu'ils ont le même objectif que moi qu'ils sont mes amis. Je n'en ai jamais eu et c'est mieux ainsi. Je saurais même pas quoi en faire de toute façon. Je suis mieux toute seule... J'ai l'habitude... Mais pourquoi ça fait si mal ?

Elle regardait la nuit s'installer sur le désert, non, elle ne pleurait pas. Ce n'était pas des larmes qui coulaient sur ses joues.

Modifié par un utilisateur lundi 23 novembre 2015 20:47:06(UTC)  | Raison: Non indiquée

Chercher Alia ? Le tieffelin se redressa sur sa pierre. Aller chercher Alia, cela signifiait faire la paix et, forcément, s'excuser. Non, ça jamais ! Il venait d'un univers où montrer ses torts était un signe de faiblesse.

« Bah ! Elle n'est sûrement pas loin, » déclara-t-il sur un ton ferme et définitif. « Elle nous rejoindra quand elle aura fini de piquer sa crise. Allons dormir, on a une grosse journée demain, » dit-il en se mettant brutalement debout. Le géant rouge ramassa la grande épée qu'on lui avait apportée tantôt et s'en fut d'un pas décidé vers la tente qui avait été préparée pour eux, plus comme un soldat qui part en guerre que comme un homme qui se prépare à dormir.

La nuit ne fut pas des plus reposantes malgré le confort relativement plus grand que celui des derniers jours de voyage. Le vent soufflait, comme pour entretenir les braises des colères et blessures de la veille. Chacun craignait également une nouvelle mésaventure. Les mercenaires, eux, riaient au coin du feu. Jusqu'à ce que Garavel vint leur ordonner d'aller se coucher, d'éteindre le feu, et de faire moins de bruit. Le silence se faisant, les rafales de vent n'en devinrent qu'encore plus audibles.
Au petit matin, le soleil et sa chaleur montante sonna l'éveil de la troupe. Garavel était au milieu du campement, il expliquait aux mercenaires leur rôle de la journée, à savoir "vous suivre à bonne distance et surveiller les alentours le temps que le sort du Monastère soit tranché au lieu de vider la vinasse."
Il se dirigea ensuite vers votre groupe de fortune.

«  Que Sarenrae illumine votre journée. Prévenez les mercenaires un peu avant votre départ, qu'ils aient le temps de se préparer. Partez au moment de votre choix, y compris la nuit si cela vous avantage. » Il pose son regard successivement sur chacun des esclaves sans mot dire avant de repartir.


Plus tard dans la matinée, quelque chose commença à se confirmer pour chacun. Nulle trace de Fahim.

Modifié par un utilisateur mardi 24 novembre 2015 14:27:19(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le lendemain matin vit émerger un Bhaal mutique et renfermé sur lui-même. Il évita autant que faire se pouvait d'adresser la parole à ses compagnes de fers, et surtout à Alia dont il refusait obstinément de croiser le regard. Il fit rapidement son paquetage et ses ablutions (avec le peu d'eau qui leur était autorisé) et sortit dès qu'il le put, son armure dans les mains.

Ce ne fut qu'une fois dehors qu'il se décida à l'enfiler, et il en profita pour vérifier son équipement. Il assujettit dans son dos l'épée à deux mains que Garavel lui avait fait porter et enfila un sac de toile maintenu par une ficelle sur le fer de sa bardiche afin qu'il ne brille pas au soleil. Enfin, profitant du fait que ses compagnes étaient sorties de la tente commune, il y retourna pour farfouiller dans le matériel qui leur avait été confié et en retirer un rouleau de corde, un grappin, du matériel d'escalade et une pelle. Il était enfin prêt.

Un peu plus tard, après la bénédiction de Garavel, il accueillit le discours de Nemlak avec une moue visible lorsque ce dernier leur parla de la fierté d'avoir été choisis, mais il écouta attentivement ce que le magicien avait à leur dire. Lorsque ce dernier les invita à parler, il en profita pour lui donner son avis sur la question des montures.

« Hier soir, on a parlé de se rendre là-bas avec des chameaux, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. D'une, c'est pas loin. De deux, les chameaux font plus de poussière que des hommes à pied. Et de trois, ils vont nous encombrer une fois sur place, surtout si ça se passe mal. Je suis d'avis de ne pas les prendre. Et au passage, j'ai emporté de la corde, de quoi creuser et de quoi escalader. »

Modifié par un utilisateur mardi 24 novembre 2015 22:49:40(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le jour levé, Alia se réveilla, surprise d'avoir pu s'endormir. Elle commença sans tarder à préparer son matériel, elle s'appliqua à bien ajuster son armure de cuir cloutée, veillant a éviter les frottements. Elle passa par dessus le vêtement qui la protégeait de la chaleur du jour.
Puis elle ausculta son cimeterre, lustra la lame et en vérifia le fil. Quand elle fut satisfaite, elle respira un grand coup, prête à affronter cette journée et ses compagnons d'infortune, puis sortit son sac sur l'épaule l'arme dans son fourreau.
Elle fit quelques pas dans le campement quand elle vit le demi-demon. Elle hésita, elle aurait vraiment aimé ne jamais le revoir mais hors de question de fuir, elle ne le laisserait pas gagner une nouvelle fois.

Garavel arriva au même moment, elle s'avança pour l'écouter, Nemlak parla à son tour. Au fond, peu lui importait la ville, ce qui importait c'étaient les promesses de liberté.

Lorsque ce fut à son tour, elle prit la parole.

« Je partage l'avis de Bhaal sur les montures, nous ne savons pas ce qui nous attend là bas et elles risquent de plus nous encombrer qu'autre chose. Il n'y aurait peut être que des Gobelins, alors ? Il faut s'en méfier c'est certain mais c'est une bonne chose. Je n'aimerai pas rencontrer trop tôt un chef gnoll.  » En disant ces dernières paroles, elle ne quittait pas le géant rouge des yeux, se rappelant les paroles qu'il avait prononcé la veille. Elle reprit. « Merci beaucoup Piye pour cette flasque et d'avoir prit le temps de la faire. Je suis certaine que ca nous sera très utile. Pour répondre à votre question, Nemlak, je sais être assez discrète, je pourrais aller en reconnaissance si vous le souhaitez. Par contre, je me dois de vous prévenir que je n'ai pas de don pour le pistage, je ne pourrais donc pas identifier les créatures à leurs seules empreintes. Mais je saurais vous dire ce que j'ai vu. Et s'il le faut je saurai vous rejoindre en toute rapidité.  »

Nemlak avait écouté attentivement les idées des esclaves.

« Merci » répondit-il à Piye lorsque cette dernière lui remit les fioles d'acide. Il réfléchit un moment et demanda à la gnome.

« Il semblerait que vous soyez bonne alchimiste comme le prouve votre production d'acide. Je pense qu'au vu des dangers auxquels nous allons devoir faire face, la production d'antitoxine et de résistance à la maladie serait aussi à envisager. »

Enfin, il s'adressa à l'ensemble du groupe.

« Je suis d'accord avec Bhaal et Alia, les dromadaires seraient un poids mort et renseignerait trop vite nos éventuels ennemis de notre présence. Pour les traces, le but n'étant pas de les suivre ou d'en déterminer la nature. Dashki l'a fait pour nous. Il suffit de voir s'il y en a et trouver l'endroit où il y en a le moins.
Voici le plan. Nous partons vers 10h pour arriver au pic de chaleur au niveau du monastère. Alia part en reconnaissance pour trouver l'entrée la moins utilisé ou nous prévenir d'un danger qu'elle aurait repéré.
Une fois l'entrée choisie, nous y allons. Alia légèrement devant Bhaal, Piye et moi. Nous avancerons doucement pour tenter de faire le moins de bruit possible. Si il est possible de capturer un ennemi vivant et en silence, faisons le, sinon, je préfère un ennemi mort que bruyant. »

Modifié par un utilisateur mercredi 25 novembre 2015 10:22:40(UTC)  | Raison: Non indiquée

Piye leva un sourcil, elle voyait d'un très mauvais œil l'ordre que Nemlak cru bon de lui donner en dehors des missions communes. Il voulait jouer au maitre et à l'esclave très bien ! Mais il fallait lui rappeler que tout homme libre qu'il était il ne possédait aucun d'entre eux : C'était Garavel leur maitre.

« Je vous concocterais un remède en dehors de nos missions communes avec diligence si vous parvenez à convaincre mon maitre Garavel de l'utilité d'un tel breuvage. »

Modifié par un utilisateur mercredi 25 novembre 2015 15:09:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

"Libre à vous", l'expression faisait sourire Piye intérieurement. Ce n'est pas tant qu'elle considérait qu'un remède serait inutile. Mais il était plus utile selon elle de rappeler à Nemlak ce qu'il était. Et compte tenu de la scène d'hier soir il était tout aussi nécessaire de veiller sur Alia et Bhaal durant les longues soirées dans le désert.