L'Elfe écoutait les mots de ses camarades distraitement, en regardant ses pieds, penaude. Avec une moue qui se changea au fur et à mesure en timide sourire, elle les remercia.

« Oh... vous croyez ? Si c'est ce que vous pensez, merci, c'est adorable... Alors, euh, peut-être que je peux y aller oui. Mais pas sans toi Scath ! Tu feras mieux que moi c'est sûr mais je veux bien t'aider. »

Son visage éclairé et confiant, elle avança sur le chemin et tendit la main à la Tieffline pour l'inviter à se joindre à elle.

Rêve Fracturé

Scath et Coriolis poussèrent la porte les premières, pénétrant dans le cottage, suivies de prêt par un Matombo silencieux mais dont la présence était instinctivement rassurante. Tatiana et Raayaatma restèrent un peu en retrait, laissant leurs amies prendre les devants.

L'intérieur du cottage était étrangement domestique, en tout cas ce qu'ils pouvaient voir de la pièce principale. Le mobilier était rustique, bois brut un peu grossier et meubles massifs, une grande table, une commode, quelques chaises; et derrière un comptoir de pierre un bureau qui semblait se doubler d'un établi; mais l'ensemble était aussi plutôt accueillant. Des lanternes éclairaient les lieux d'une douce lumière mordorée, et un vase sur la table contenait des fleurs des champs.

En revanche, le bureau où se tenait Byar attirait le regard...ce coin de la pièce semblait presque aménagé en atelier: deux étagères débordant de bocaux, boites, flasques, bouteilles fioles, alambics et autres cornues, tout le matériel d'un alchimiste et d'un herboriste combiné, et l'autre s'affaissant sous le poids de trop de volumes, codex et textes pour être comptés. Le bureau/établi lui même portait des marques de travail, brulure de flamme et d'acide, tâche corrodées, et la patine de longues heures de travail. Le plus étonnant, en revanche, était la présence de deux chaises rembourrées, comfortables.


Dans la pénombre se tenait Byar, portant un monocle pour lire le contenu de ce qui était assez clairement un traité d'alchimie intitulé Variations sur le Grand Oeuvre, et se tourna vers les nouvelles venues avec un aplomb qu'elles ne lui connaissaient pas.
« Scath? Coriolis? Qu'est-ce 'vous foutez là ? Z'avez un problème ? »

Modifié par un utilisateur vendredi 25 août 2023 13:32:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Byar leva un sourcil broussailleux surpris à l’intervention de Coriolis. « Jeanne ? Larian ? Matombo ? C’est qui, tout ça ? Qu’est-ce tu racontes ? Je suis moi et toi, t’es toi. T’aurais pas ’fffff’ ‘fffff’ un chtard, Cori ? » fit-il en faisant mine de fumer un pétard en portant deux doigts à ses lèvres. « T’es un peu bizarre et tu dis des trucs étranges. Et c’est qui lui ? » lança-t-il en pointant du doigts l’esclave aux allures de titan.

Puis comme s’il se fichait de la réponse comme d’une guigne, il replongea son regard vers son livre en marmonnant dans sa barbe. « Honnêtement… Ou plutôt évidemment… C’là qu’se trouve la clé de la connaissance. J’aurai du savoir… J’aurai pu savoir… » Le reste des paroles fut noyé dans un murmure obscur et l’homme à l’allure dépenaillée replongea toute son attention dans son étude, sans se rendre compte que le colosse muet s’était rapproché de Scath. Posant sa main droite sur son épaule, il lui tendit la lanterne de l’autre. Pourtant muet, ses intentions semblaient assez claires.

Modifié par un utilisateur vendredi 25 août 2023 15:10:16(UTC)  | Raison: Non indiquée

Les paroles de Scath ramenèrent des souvenirs de leur rencontre dans l'esprit de Byar.



« … Vous permettez ? » demanda Scath, montrant la lanterne.


« Attendez, m’zelle Scath. J’suis aussi perdu que vous, et quelque part, j’comprends votre envie d’sortir. Mais j’suis sûr qu’on n’a pas besoin de foutre le feu ici pour qu’on nous ouvre la porte. R’gardez. » ajouta t-il en l’ayant rejoins devant la porte. Puis d’un geste ferme, il tambourina à la porte en criant à pleine voix. « HEY !!! TILÉAAAA, C’EST MOIIIII !!! OUVRE-MOIIII !!! »

Puis, toujours pour rassurer sa voisine, il lança sûr de lui : « Vous inquiétez pas. Vous allez voir. Ma femme va v’nir nous ouvrir en moins de deux. On n’a rien à craindre. »

« … D’accord. Mais hum… comment savez-vous que votre femme est là ? Je ne voudrais pas vous inquiéter mais… il n’y a pas le moindre bruit dehors. Nous sommes peut-être seuls ici, vous en êtes conscient ? »


« Comment ça, si ma femme est là ? C’est évident, non ? Si elle est pas là, comment j’me serai retrouvé ici ? TILÉAAAA, C’EST MOIIIII !!! »



Revoyant la scène se dérouler sous ses yeux comme si elle venait d'avoir lieu, Byar piqua un fard. « Oui, j'me rappelle... » lâcha-t-il à mi-voix, un peu honteux de cette rencontre détonante. Puis se raclant la gorge, il ajouta d'une voix plus assurée. « Hum, hum ! Tiléa, c'est ma femme. Elle est... elle est par là-bas, je crois. » ajoutant un geste vague qui indiquait une direction à l'extérieur du cottage. La réflexion avait demandé un effort apparent à l'alchimiste qui voyait des gouttes de sueur perler sur son front.

S'asseyant sur une chaise aux accoudoirs usés jusqu'à la fibre, il posa son livre sur ses genoux. « Je... J'crois que j'comprends c'que ça dit. Y m'faut un peu plus de temps. Juste un peu plus de temps... » L'homme aux rides marquées avait un air à la fois plus détendu mais aussi plus concentré. Chose étrange pour cet homme qui avait toujours fait preuve de peu d'implication et de réflexion. Perdu dans ses pensées, il marmonait tout haut : « La clé akashique... Tiléa... Dans la tour... Pas la Bête... Endroit sûr... Le savoir... toucher du doigt... »

L'homme sur la chaise tourna son regard vers la balafrée. Son regard restait concentré, fixant un point vague au loin. La question de Tatiana semblait avoir pénétré les strates de son esprit. « Je dois percer le mystère du Grand Tout. La réponse est là, juste à portée de main. Juste derrière le voile. Juste... là. » répondit-il alors que ses yeux se voilaient d'un blanc laiteux et que le sol de la pièce se mit à disparaître pour laisser place à un sol étoilé de constellations. Cela ne dura qu'un instant mais le rêve se mit à trembler. Puis comme si l'écho n'avait jamais existé, tout revint à la normale la seconde d'après.

Byar porta la main à son front, laissant transparaître un mal de tête qui venait le miner. « Ma femme. Tiléa. Oui, ma femme. » la voix d'abord absente reprenait contact avec la réalité de ce rêve ainsi que ses yeux reprenaient cette couleur gris foncé des jours de pluie. « Oui, Tiléa. Tiléa devrait savoir. » Se levant doucement encore troublé par ce mal de tête, Byar posa son livre et prit acte de sa propre déclaration. « Allons voir ma femme. Nous irons plus vite à deux. » Saisissant son baton qu'il matérialisa dans le rêve, il sortit de la pièce avec le reste du groupe sur ses talons.

Soleil noir, brume jaune

Byar semblait être déterminé, Tatiana lui emboita le pas en prenant garde de ne pas gêner sa marche. La...manifestation de ce que l'esprit de Byar dissimulait l'avait un peu secoué, et elle n'était surtout pas habituée à voir leur camarade alchimiste aussi déterminé. Matombo, toujours silencieux, les suivit également. Ensembles, ils quittèrent le cottage par la porte menant vers le jardin, et traversèrent les cultures d'herbes aromatiques en direction de la tour qui se dressait de l'autre côté. Elle dominait le jardin et les collines environnantes, un édifice de granit solide, et pourtant paraissant presque efflanqué. Peut-être était-ce le toit d'ardoise mais elle ressemblait presque à ce qui aurait pu être un rapace minéral.

Tout en traversant le jardin, Tatiana glissa à Coriolis.
« Finement observé...je n'aurais pas sur mettre des mots sur cette impression, mais il est clairement différent et si je suis plutôt contente - pour lui comme pour nous - qu'il paraisse plus maître de lui, je ne peux pas m'empêcher de me demander d'où cela lui vient.

Peut être que c'est parce que nous sommes dans son rêve...? Ou à l'abri? On croirait presque un...un chercheur, moi qui jusque là le prenait pour simplement un paysant. »

Le reste du jardin était paisible, plongée dans les ombres au point qu'il était difficile de distinguer grand chose au delà des premiers rangs du potager. Dans les cieux, la lune avait changé, et c'était désormais l'astre noir d'une nouvelle lune qui flottait au dessus d'eux.

La porte de la tour était entrouverte, et au delà, un escalier en colimaçon montait vers le sommet, s'enroulant autour d'un axe central qui semblait fait d'une seule masse de topaze solide, la pierre jaune pâle polie par les ans ou la main de l'homme. Elle était silencieuse, si l'on exceptait le bruit de leur pas.

Mais la pièce qui occupait le sommet, une vaste chambre circulaire, dont le plafond était ouvert par un ingénieux mécanismes permettant de rabattre et d'ouvrir des panneaux d'ardoise pour dévoiler les étoiles. Des étagères débordantes de volumes, codex, rouleaux et parchemins s'alignaient le long des murs de la tour, qui ne ressemblaient à rien d'autre qu'un laboratoire. Au centre de la pièce, sur le plancher était tracé un cercle rituel extrêmement complexe, certaines des runes et arabesques ésotériques élaborées se retrouvant sur plusieurs des tableaux noirs dispersés dans la pièce.


L'incroyable amoncellement de connaissance dans la pièce était entièrement éclipsé par la scène qui se déroulait au centre des lieux. Le coeur de la chambre était...figé. Comme si un moment dans l'air et le temps s'était crystallisé, immuable, l'air lui même miroitant par endroit. Une femme se tenait là, arrêtée en pleine chute. Sa chevelure soyeuse était blanche, presque lumineuse, et sa peau tirait presque sur le mauve ou le bleuté. Ses yeux bleus perçants étaient a demi clos par le choc. Une main était plaquée sur sa gorge, des ruisselets de sang coulant entre ses doigts, des gouttelets figées dans les airs, l'autre main tendue vers une lanterne qui ressemblait à s'y méprendre à celle que Byar transportait, mais dont la lumière était d'un blanc fantomatique, tranchant net avec la chaleureuse lumière jaune de celle qu'ils avaient escorté jusque là.

Matombo s'était arrêté à l'entrée de la pièce, juste après avoir franchi le seuil, comme s'il n'osait pas aller plus loin. Quand à Byar...une crainte irraisonnée se fraya un chemin au creux de ses pensées; minant sa détermination plus sûrement que le choc de la scène.

Modifié par un utilisateur lundi 4 septembre 2023 21:25:46(UTC)  | Raison: Non indiquée

D’abord rendu immobile par le choc de la scène, sa voix ténue presque murmurée se mit à franchir ses lèvres dans une litanie sans logique ni ordre. « Par tous les dieux non non non non non pitié qu’est-ce que qu’est-il arrivé pourquoi Tiléa Tiléa s’il vous plait aidez-moi aidez-là quelqu’un n’importe qui que quelqu’un fasse quelque chose non non non ça ne pas arriver ça ne peut pas être cette scène n’existe pas je refuse je refuse je refuse JE REFUSE  »

Faisant un pas en avant, sa main lâcha inconsciemment la lanterne qui tomba de côté sur le sol. Le verre se fendilla de toute sa longueur et la lueur se mit à clignoter faiblement. Simultanément, un long poignard ensanglanté se matérialisa dans sa main à présent libre. Du sang encore frais en coulait. L’alchimiste ne s’en préoccupa pourtant pas. Happé par le drame et l’horreur de la scène, il tendit son autre main devant lui. Mais celle-ci sembla rencontrer une surface solide qu’il l’empêcha d’avancer vers sa femme. Pressant de plus en plus fort, Byar continuait de parler seul et de crier des suppliques à qui voulait bien l’entendre.

À terre, la lanterne semblait à présent absorber la lumière ambiante. Et plus elle l’absorbait, plus elle semblait avide d’en absorber plus. Étrangement, on pouvait voir certains rayons de lumière s’extirper de ce vortex pour venir vagabonder et entourer les autres spectateurs de la scène.
« Madame Scath, Madame Coriolis, Madame Tatiana, il ne va pas pouvoir surmonter le choc. S’il-vous-plait, aidez-le ! »
« Laissez tomber cette loque humaine incapable d’assumer son passé, et filez moi la lampe ! Je saurais quoi en faire, foi d’Ulaf ! »
« Tu devras passer sur mon cadavre si tu veux cette lampe ! »
« Tuer, massacrer, défoncer. Pourquoi toujours en venir au main. Nous sommes des gens civilisés. Réglons cela en discutant. Je suis près à faire des concessions et vous faire un rabais si vous m’obtenez cette lampe. »
Les voix se manifestaient et tout le monde pouvait reconnaître les voix des alters de Byar rencontrés plus tôt dans le rêve. Et toujours la lumière continuait d'être avalée par la lanterne alors qu’un Byar rendu immobile par l’effort essayait de franchir ce mur invisible qui le séparait de sa femme.

Puis au sommet de ce malstrom de sentiments, Byar força son chemin d’un coup de poignard contre la surface solide mais invisible et le rêve se fractura en une myriade de reflets. Les immenses éclats de verre qui les avaient accueillit à leur arrivée dans le ciel étoilé du rêve constituaient à présent l’intégralité de ce qu’ils pouvaient voir de leurs propres yeux. Et toujours cette lanterne au sol qui continuait d’absorber la lumière ambiante jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les alters de Byar volant autour du groupe. Finalement, ce fut à leur tour d’être happé contre leur gré. La lumière au départ blanche, puis jaune avait fini de virer au rouge vif à présent que plus rien d’autre n’était visible. Les sons s’estompaient dans ce semblant de nouvelle dimension. Et soudain, la voix. Tonitruante. Effrayante. Omniprésente. « L’odeurrr de la liberrrté. Humphhh.... Quelle odeurrr délicieuse. Et toi, mon petit Byarrr, je t’ai cherrrché parrrtout. »

Modifié par un utilisateur dimanche 10 septembre 2023 23:19:36(UTC)  | Raison: Non indiquée

Thème de Scath : L’envol du phénix

Stupéfaite face à la scène, Scath adopta sa forme semi-draconique et se plaça au-dessus de Byar, en défense, telle une bête aux abois. Nul doute qu’elle vendrait chèrement la vie de son compagnon.

«  N’oubliez pas que nous sommes dans un rêve ! Rien ici n’est foncièrement réel ni à sauver !  »

Raayaatma leva un sourcil à l'injonction de Tatiana et murmura en réponse :
« Seul Byar peut savoir... mais... il a besoin de notre aide, pour sûr... »
Elle s'éleva au dessus de la scène dramatique, avec un sourire contrit, afin de s'assurer de baigner Byar, la bête -et si possible l'image figée de Tiléa- dans l'aura d'apaisement* qu'elle imposait en l'instant, à leur environnement... y compris ses amies, tout en répondant au vrai danger -attendu- qui venait d'apparaître pour exiger ce qu'elles ne pouvaient lui laisser, avec un ton à la hauteur de son injonction irrecevable :
« Nous n'avons pas besoin d'en venir aux mains... qui que tu sois, ombre sans nom. Que personne ne déclenche les hostilités ! Laissons-le... décider ! Pas d'agression !
Tu n'auras pas Byar, que nous accompagnons pour le protéger et si tu veux sa Lanterne... rien ne t'empêche de le persuader de te la donner. Apparemment, il l'avait abandonnée de lui-même, et brisée... on peut achever cette tâche, si c'est la nécessité...
Tiléa en a déjà fait le deuil... tu sais sûrement pourquoi ?... »

Modifié par un utilisateur jeudi 21 septembre 2023 16:43:39(UTC)  | Raison: Non indiquée

Soleil noir, brume jaune


La Bête se tendit quand les éclats du rêve commencèrent à se ressouder, et sa couronne de lumière tout comme le noeud coulant autour de son cou étincelèrent, la lumière blanche se faisant un instant aveuglante, accompagnée d'un concert de craquement alors que le rêve recommençait à se fendre.

La créature secoua la tête, et même si son visage demeurait invisible, on pouvait presque entendre dans sa voix le sourire prédateur qu'elle arborait.
« Ainsi soit il! Byar m'a nommé Bête, et il serait malvenu pour moi de ne pas faire preuve de politesse, puisque j'ai besoin de son corps. Bête serai-je donc. »

L'entité fit un pas en avant, ses bras semblant s'allonger, ses poings devenant griffes démesurées.

Bonus et conditions
Groupe
- Coriolis: Défense Totale