Sorio n'avait pas sitôt répondu à Anne-Charlotte et regardé les visages familiers autour de lui qu'un grand cri se fit entendre à travers l'écoutille arrière (A3) présente près du grand mât. « RAAAAAAAHHHHHH !!!! ÇA BRÛÛÛÛÛLE !!!!!!!! » La puissance de ce cri semblait à peine atténuée par la distance. On pouvait distinctement reconnaître la voix du chef cuistot.

Si Sorio s'était au début montré attentif aux postures de chacun, tous oublièrent la leur pour courir vers le pont intermédiaire, via la salle des officiers. M. Plugg et Maître Fléau furent bien sûr les premiers tandis que leurs sous-fifres les suivaient comme leur ombre, Eyle et Balar comme les autres. Même la belle Sandara, le morne Cog ou le volubile Conchobar se précipitèrent à leur suite. Quelque chose s'était passé et tout le monde voulait savoir quoi.

Seules quelques personnes semblaient rester sur le pont : Syl à la barre sur la dunette, seule. Le capitaine, au son du cri, venait de sortir précipitamment de sa cabine, accompagnée de sa mousse attitrée, Calfate.

Et deux autres personnes, un peu plus malignes que les autres se penchaient au dessus de l'écoutille arrière pour essayer de capter une vue de la scène ou des bribes de conversation. La première était un jeune homme tout juste sorti de l'adolescence. Les traits juvéniles encore présent sur son visage laissaient clairement transparaitre une innocente toute relative. Plutôt fluet, il paraissait même plus fin que la jeune mwangi assisse en tailleur à côté de lui. Cette dernière avait le visage penché au dessus de la large grille en bois, les sourcils froncés par l'effort d'écoute qu'elle devait fournir.

Le jeune homme avec un cure-dent entre les chicos lâcha : « On dirait bien que ça va barder en bas. Je sais pas ce qui s'est passé, mais ça sent la bouffe à plein nez. J'te fiche mon billet qu'ils ont renversé la bouffe. Mais en même temps,si l'cuistot est encore fait, ça m'étonne même pas. » La femme à ses côtés lui jeta un regard noir « Ferme-la un peu. Tu vois pas que j'essaye de capter ce qui se passe en bas ? Tu l'ouvres encore une fois et t'as mon point dans ta gueule, vu ? » Le ton était autoritaire et sans appel. La jeune femme, au contraire du garçon, ne semblait pas commode.

Si vous décidez de rester pour écouter à travers l'écoutille, restez sur ce topic. Moyennant un jet de perception, vous pourrez tenter d'épier la scène d'en-haut. Si vous suivez tout l'équipage vers le pont intermédiaire, postez-le ici, mais je vous ferai arriver avec tous les autres sur le fil de Bessel ensuite.

Modifié par un utilisateur mardi 13 décembre 2016 11:52:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Tout le monde se barre! V'là ma chance!!

Sorio commença alors rapidement à repérer les lieux au-delà du navire, cherchant à apercevoir la terre ferme parmi les éclats rougeoyants du soleil couchant, tentant désespérément d’échafauder un plan d'évasion alors qu'il avait passé la journée dans la cale! Ses méninges et ses yeux voulurent fonctionner à plein régime mais il fut stoppé net par le bras mince mais musclé d'Anne-Charlotte qui le saisit pour l'emmener vers l'écoutille!
Arf... ça s'ra pas pour cette fois... 'fin bon, elle m'a p'tetre évité de m'faire bouffer par les requins...

« Bon, y'a quoi? » lâcha simplement le médiogaltien en regardant les autres marins déjà agglutinés autour de la fenêtre.
Posté au-dessus de la cambuse, les bras croisés dans le dos, il écouta du mieux qu'il pu les piaillements ici-bas, entrecoupés par le cri des goélands peut-être attirés par l'odeur de ragoût qui se dégageait déjà fortement sur le pont principal!

En contrebas, les hommes étaient arrivés sur le lieu de l'accident. Par chance, celui-ci se trouvait à peu près en dessous de l'écoutille arrière. Les quatre marins purent donc espionner la scène tout leur saoul. Sorio, qui était plus fin observateur qu'Anne-Charlotte, remarqua que si M. Plugg était dur voire sans pitié, il ne semblait pas prendre autant de plaisir à malmener son équipage que Maître Fléau et son foutu second. Sans doute était-ce surtout sa position qui le forçait à se montrer aussi intransigeant. Tous restaient pendus aux lèvres des intervenants tant la scène était lourde de conséquence pour les fautifs

A côté du médiogaltien, le jeune Chourave lâcha un hoquet surpris lorsque la sentence fut prononcée. Le garçon qui n'était pas encore tout à fait un jeune homme mais plus non plus un adolescent oublia la menace de la femme noire, Shivikah, et lâcha contrit : « Le pauvre, il va clamser à peine deux jours après avoir quitté le port. »

La femme, toujours à quatre pattes elle aussi, le regarda et rétorqua en lâchant un grognement mécontent : « C'est bien fait pour sa gueule. Il avait qu'à rester sur le pont et respecter les ordres. Il a que c'qu'il mérite ! » Sur le pont inférieur, les avis semblaient aussi partagés tandis que les quatre voyeurs entendit des échos remonter jusqu'à eux. Mais tous furent encore plus surpris quand la nouvelle commis de cuisine prit la parole et troubla leur esprit sur la marche à suivre.


Nos quatre voyeurs se regardèrent aussi comme pour voir ce que les trois autres pensaient. Ce moment de flottement semblait décisif. M. Plugg semblait prêt à réviser son jugement. C'est alors que Sorio et Anne-Charlotte, qui faisaient face à l'arrière du navire, virent que le capitaine accompagné de son mousse assistait à la toute la scène dans le dos de Shivikah. Cette dernière s'en rendant compte tardivement glapit de surprise.

Pendant que tous étaient happés par l'étage inférieur, le commandant s'était rapproché dans leur dos pour suivre se qui se passait sur son propre navire. Voyant quelque chose qui lui déplu, il se décida à intervenir. D'un geste de la main, l'homme tout en muscles s'adressa à eux. « Retirez-moi cette grille de l'écoutille ! » Bien que sourde, l'autorité transparaissait dans sa voix et aussitôt les cinq matelots s'exécutèrent. Cette tâche aurait du mobiliser huit hommes entrainés, mais la peur du capitaine décupla la force des cinq membres. Ils reposèrent la grille lourdement sur le côté avant de venir se placer derrière leur capitaine et en prenant une pose plus descente. Les bras croisés, le capitaine Barnabas s'approcha de l'ouverture, observant un moment les gens en contrebas. Les autres prenant maintenant conscience de la présence de leur maître à tous rentrèrent tous un peu la tête dans leurs épaules. Voyant que sa présence avait l'effet escompté, il se décida à faire part de son mécontentement et rappela son second à l'ordre.

L'instant d'après, l'écoutille fut remise en place, le sort du nain fut décider et tous remontèrent sur le pont principal à l'exception du coq et de son commis. Kwurzk, maintenu en place par Grok et Maître Fléau, n'en menait pas large devant le massif garundi. D'un geste de la tête, le capitaine leur fit signe d'attaché le condamné au mât, comme la tradition l'exigeait. « M. Plugg, montrez-moi que vous êtes à la hauteur des espérances que j'ai placé en vous. » L'intéressé, désireux de satisfaire son capitaine, se redressa un peu plus et bomba le torse en répondant : « Oui, mon capitaine ! » Puis se tournant vers le nain qui était enchainé, il déclara d'une voix forte. « Moussaillon Kwurzk, vous êtes accusé d'avoir insulté un officier, d'avoir désobéit aux ordres par deux fois et d'avoir dissimulé vos compétences à vos supérieurs. La commis Bessel a défendu votre cause. Ainsi j'annule les cinquante coups de chat mais je vous confine au sauna ! Quartier-maître et maître d'équipage, veuillez apporter la boite ! » Lui arrachant ensuite son haut mais ignorant la sacoche à la taille de Kwurzk, il attendit que la boite en métal soit déposée à sa place, en plein milieu du pont, puis il fit installer le nain dedans avant de la refermer à l'aide d'un cadenas dont la clé résidait autour de son cou.

À l'avant, Ambrose et Bessel ressortaient tout juste de la salle des officiers, les bras chargés par le repas du soir et tout autour, les gens assistaient plus ou moins silencieusement à la scène. Le capitaine, lui, était remonté sur la dunette à côté de sa gréeuse, Syl, et de sa mousse, Calfate.

Sorio, pourtant difficilement impressionnable, avait tout de même serré les poings et les dents au moment où Plugg annonçait les cinquante coups de fouet! Même s'il ne connaissait le nain que depuis très peu de temps, il trouvait complètement déraisonnable de le battre à mort pour une marmite renversée et injustifié de ne rien pouvoir faire pour éviter la sentence...
Pauvre gars... Et j'vois même pas comment j'pourrai l'aider...

Mais Bessel avait pris son courage à deux mains, ou plutôt à deux pattes, pour tenter d'inverser la vapeur!
Ouai! Bien vu gamine! Prends-le à son propre jeu!
Alors que l'espoir de voir Kwurzk s'en sortir commençait à poindre, le médiogaltien, ainsi que ses comparses agenouillés autour du spectacle, sursautèrent à l'arrivée du Capitaine!
La vache!! Comment un monstre pareil peut arriver aussi silencieusement! C'est flippant!

Ni une ni deux, Sorio releva ses manches et souleva la grille de toutes ses forces, laissant apparaître des veines sur ses biceps en même temps que son visage rougissait par l'effort! Il avait agit sans se poser de question, tout comme les autres. A croire que Barnabas savait se faire obéir sans même que quiconque n'ait l'idée de contredire ses intentions!
Seulement, ce n'était pas dans l'intérêt de l'unijambiste. Sorio et les autres assistèrent à la triste parade des officiers, traînant le moussaillon résigné jusque dans sa boîte...

Finalement, l'Heure du Sang avait trouvé un coupable tout désigné! Mais au moins, Bessel s'en était sortie et cet événement était venu entacher l'image supérieure que pouvaient donner certaines têtes brûlées de ce navire. Au final, le médiogaltien était certain que quelques marins devaient laisser germer l'idée dans leur petit crâne que la rigueur imposée était dangereusement inacceptable et que les "lois" dictées n'étaient clairement pas faite pour équilibrer les conditions des uns et des autres. C'est d'ailleurs le sentiment qu'il allait s'employer à véhiculer auprès de ceux qui pourraient devenir des alliés!

Se tournant vers le jeune qui avait épié la scène tout à l'heure à ses côtés, il l'interpella :
« Hey! Moi c'est Sorio. » et lui tendit la main.
En indiquant d'un hochement de tête de côté vers la bouffe qui arrivait, il invita son nouvel interlocuteur à se diriger à la ripaille et attendit un bref instant pour voir si l'autre était enclin à parler autant qu'il l'avait fait au-dessus de l'écoutille, malgré les menaces de la femme aux couleurs d'ébène.

Bessel monta avec sa marmite, reprenant son souffle après l'avoir posé, essuyant les poils collants de son visage. Elle voyait la file devant elle, l'embrouille n'avait pas réduit les appétits, ou plutôt, l'appétit des autres. Entre chaque louche, elle ne pouvait s'empêcher de regarder la boîte.
bande de chiens galeux.
Elle chassa ses pensées du moment, se concentrant sur sa tache avant de vraiment renverser une assiette. Il n'y avait pas de coups fourrés cette fois-ci, il faut dire que d'après elle, personne n'oserait tenter sa chance après l'incartade de tout à l'heure. Elle en profita pour regarder dans les yeux tous les crétins qui avaient appuyé le récit d'Eyle en prenant soin toutefois de le regarder lui avec déférence. Mais eux, elle les dévisagea comme un prêtre le ferait pour sonder l'âme de ses ouailles. Froidement. Profondément. Un jour, je vous cramerai tous.
Elle s'était jurée de ne plus utiliser ce genre d'alchimie après son évasion, arroser les drows d'une substance inflammable l'avait à la fois fait tressaillir et rempli de joie, d'une joie sadique. Pour son propre bien, elle s'était dit d'arrêter. La couardise et la traîtrise à bord lui rappelaient combien ce serment avait été léger. Le monde était une vraie jungle, ou même un fauve repu pouvait se comporter comme le dernier des affamés.
Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. Et puis merde. C'est peut-être ça que veut vraiment dire Besmara. Soit le prédateur. Soit le conquérant.
Elle se mit à sourire. Oh oui, elle serait une douce cuisinière. Oh oui, elle serait la petite Bessel, la ratte, la petite boule de poils. Jusqu'à ce qu'elle ait assez de poids pour faire pencher la balance. Et là, elle sautera à pieds joints dessus, faisant chavirer tous ceux assez fous pour être sur son passage. C'était peut-être pour le bien de leur clan hautain que ses parents l'avaient abandonnée. Mieux ne valait pas être de l'autre côté de ses connaissances.
Elle regardait Eyle s'éloignait, braillant devant sa cour de paons ringards et crades. Un drow. Si ça c'est pas un signe qu'il va falloir rempiler pour quelques lancers.
Elle avait aidé le nain avec l'un des nombreux tours imprévisibles qu'elle avait dans son sac. Elle souriait.
Elle souriait encore, de plus en plus, vicelarde.
Oh Bessel, ta nouvelle vie ne faisait que commencer.

Elle contempla la boîte à la fin de son service. Elle n'avait plus peur. Ni pour elle, ni pour Kwzurk, qui allait morfler, mais qui, elle le sentait au fond d'elle, survivrait. Elle avait peur pour d'autres. Que Besmara les gardent.
Elle riait toute seule. Non Que Besmara les emportent.

Bessel leva son pouce vers Ambrose avant d'aller rejoindre le trio, s'asseyant légèrement plus loin pour élargir leur cercle plutôt que de le briser. Elle inclina la tête vers les deux embarqués dans sa fournée avant de se tourner vers l'homme, tout en commençant à manger.
«  Sacrée histoire que cette marmite. » dit-elle en constatant la légèreté du plat.
«  T'as souvent assisté à des châtiments de ce genre là? C'est toujours comme ça ? Ça fait longtemps que t'es là? » Elle se tut car elle aurait pu enchaîner des dizaines de questions dans la foulée.
Elle regardait vers la boîte, qui avait pour elle tout d'un cercueil, et priait pour que tel un vampire, il se relève le lendemain, vivant, en sortant de la boîte.

Bessel écoutait attentivement les remarques du jeune homme, elle découvrait une inimitié entre Rosie et Maître Fléau, à eux d'en découvrir l'étendue, et ce qu'ils pourraient en tirer. Les punitions décrites par le jeune homme aurait pu lui couper l'appétit si elle n'avait pas déjà vu pareils techniques (et de bien pires) chez les Drows.
«  Oh tu sais, je ne pense pas que l'un de nous quatre soit particulièrement envieux de faire de l'esclandre, je pense juste que quand tu attrapes de force des gens, et que leur accueil leur fait découvrir quelques abrutis sadiques, ça peut difficilement se passer en douceur. J'espère que les choses se calmeront rapidement. Tu t'appelles comment déjà? Moi c'est Bessel mais je crois que tu le sais déjà vu le boucan qu'on fait. »

Elle regardait vers Sorio et Anne-Charlotte tout en continuant à parler avec le Chourave
«  Alors Maître Fléau a fait des avances à Rosie, et elle s'est pas laissée faire au point de gueuler? Sacrée nana, elle ne doit pas le porter dans son cœur, ça doit pas être facile tous les jours. Je vais rejoindre Ambrose chercher le rhum, je reviens. »

Elle lui laissa le temps de répondre avant d'aller chercher le saint breuvage.

Se rebeller ? Bien sûr que si, qu'elle avait envie de se rebeller. Mais avec un sabre pour quatre contre quarante ? Anne-Charlotte était téméraire mais pas suicidaire. Bessel partageait sans doute ce sentiment. Pas sûr. Par contre Kwurzk et Sorio, c'était à peu près certain. Et tant mieux. Au moins si l'occasion de présentait elle pourrait compter sur eux. Peut-être que Sandara, Cog, Grok ou Rosie pourraient également se joindre à leur cause selon les événements. Grok avait plutôt l'air de suivre pragmatiquement le camp avec le vent en poupe tandis que Cog subissait sa vie sans se soumettre totalement. Quand à Sandara, elle restait une énigme pour Anne-Charlotte.
Trop d'inconnues. Trop de questions. Peu de réponses.
Le poids rassurant de son sabre à son coté la rassura sur l'avenir. Au moins si elle devait mourir se en vendant chèrement sa peau et elle ne partirait pas seule. Besmara serait contente d'un cadeau de bienvenue en son honneur.

« J'espère que ce nain est aussi coriace qu'il le laisse paraître. L'ont même pas laissé prendre un coup de flotte ou manger un pomme avant de le mettre en boîte. Quand à Rosie, il est clair qu'elle à une dent contre Fléau. Et c'est un fille bien. J'veux dire... comme gabière bien sûr. » dit-elle en mastiquant un morceau de pain trempé de soupe.

Quel genre de soumis accepterais de plein grès les conditions qu'on leur imposait ? Anne-Charlotte se posait la question. Hors de question de faire le dos rond complètement si on venait lui chercher des noises. Pour une femme, la passivité c'est le viol et la mort. Faut prend les devants et montrer qu'on vaut au moins autant qu'un homme sinon plus. Un combat de tous les instants.

Rebondissant aux propos de Sorio, Anne-Charlotte prit la parole à son tour en s'adressant au jeune homme - qu'elle trouvait répugnant, soit dit en passant :« C'est quoi le salaire pour tout ce travail ? T'as un vrai engagement ici toi ? T'as passé un accord pour t'enrôler volontairement ? Perso je subis pas tout ça juste pour un putain de bol de soupe par jour. J'imagine que pour que l'équipage tienne sa place y a une récompense à la clef ou quelque chose comme ça non ? »

Il était impensable que tout l'équipage soit composé de forçats soumis travaillant comme des bagnards pour des clopinettes. Surtout que pas mal de monde avait accès à des armes. Il y avait forcément une motivation pour garder sous cloche un tel ramassis de vauriens. Anne-Charlotte était curieuse de savoir laquelle.

Bon... t'es un soumis avec plein de rêves... Au moins c'est pas toi qui représentera une menace!

Sorio était un peu dépité de constater qu'une bonne partie de l'équipage croyait obtenir monts et merveilles sous couvert de se faire exploiter par Harrigan et sa bande... Mais finalement, si c'était la fortune que les uns et autres recherchaient, cet élément pourrait peut-être jouer à son avantage!

Alors que Chourave terminait son verre et partait profiter des joyeusetés nocturnes, Sorio mit un léger coup de coude dans le bras d'Anne-Charlotte :
« Hey! Rassure-moi : tu vas pas adhérer à ça? J'veux dire, l'argent, la fortune que le Capitaine leur promet, ça te motiverait à rester toi? Parce que moi j'tiens à ma liberté! Les trésors, je peux les trouver sans devoir trimer pour un bol de soupe et quelques coups de fouets... »
Le grand baraqué avait interpellé Ann' comme s'ils se connaissaient depuis des décennies, prouvant qu'il lui faisait confiance et pouvait parler ouvertement (surement parce qu'ils avaient traversé les mêmes épreuves)!

Il embraya, entre deux gorgés de rhum bienvenues pour faire office de dessert au maigre plat ingurgité :
« Si c'est la cupidité qui rallie tout ce beau monde sous la bannière du Capitaine libre, il suffirait de pas grand chose pour qu'ils vouent leur loyauté au plus offrant... Tu crois qu'on peut en soudoyer certains? »

Puis faisant mine d'oublier ce qu'il venait de proposer, il croisa ses bras derrière la tête, toujours assis en tailleur :
« Hmm... bref...
...
En tout cas, Rosie est pas la seule femme qui a eu des problèmes avec Maître Fléau! Fais gaffe à tes fesses et hésite pas à m'faire signe si ça sent le grabuge! »

Se levant d'un bond athlétique, il jeta le reste de rhum au fond de son gosier et lança, en s'éloignant :
« C'est l'heure de se dégourdir un peu les pattes! J'vais jeter un œil sur la boîte de notre renverseur de soupe... Et après j'serai surement en bas! »

Arpentant le pont, il s'arrêta quelques instants en s'adossant au grand mât. Et sans regarder la boîte, il prononça quelques mots, espérant que Kwurzk pourrait les entendre et les interpréter comme un maigre réconfort vu la situation inextricable dans laquelle il se trouvait :
« Tiens l'coup vieux : tu ressortiras plus fort après cette épreuve! »
Sorio ne pouvait rien faire pour lui et savait bien que quelques phrases n'aideraient pas vraiment le nain... Mais il lui montrait tout de même sa loyauté et son soutien dans cet instant délicat.

Puis resserrant son bandana, il se dirigea vers le pont intermédiaire pour voir un peu ce que les marins avaient organisé.
Il avait dans l'idée d'en apprendre davantage sur ce qui avait pu se passer avant que Bessel ait à prendre la défense de l'unijambiste. Cherchant Grok des yeux, il se dirigea vers l'attroupement qui s'était formé.

Alors que chacun avait essayé de trouver un peu de repos durant cette nuit sans accros, la cloche sur le pont principal sonnait la fin de la nuit. Tandis que Sorio et Anne-Charlotte se relevaient à peu près reposés, quelqu'un avait déjà rallumé les deux lanternes à capote de l'étage, leur laissant le loisir de voir que le reste de l'équipage quittait aussi sa couche comme eux. Chose étrange, Bessel ne semblait nulle part en vue.

Néanmoins, nos deux amis commencèrent à suivre les autres vers le pont principal. Cette fois, contrairement à la veille, Eyle et les siens semblèrent les laisser tranquille. Pourtant, sur le pont principal, lorsqu'il fut clair que tout le monde y était présent y compris Grok avec sa main bandée et Ambrose se tenant debout par on-ne-sait quel miracle, Anne-Charlotte fut la première à comprendre que quelque chose avait du arriver à son amie à poils blancs.

Elle vit aussi Maître Fléau sortir de la cabine du capitaine, mais l'absence de quelques dernières personnes dont M. Plugg et du Capitaine Harrigan voulait aussi sans doute dire qu'elle aurait quelques minutes devant elle si elle souhaitait chercher Bessel. Derrière elle, Sorio s'étirait en respirant l'air du large à plein poumons.

Modifié par un utilisateur vendredi 10 février 2017 03:00:02(UTC)  | Raison: Non indiquée