Shù Tao

Classe d'armure : 19, C 11, S 18
Jets de sauvegarde : For +4, Ref +2, Wil +4
Perception passive : 10
BMC/DMC : +6/17

🔖 Réserves de magie 🔖

Bénédictions : 3/3
Canalisations : 2/2
Sorts I : 7/7

☘️ Effets actifs ☘️

Vision : dans le noir

🎓 Compétences 🎓

Art de la Magie : +5
Artisanat : +7
Bluff : +8
Déguisement : +11
Diplomatie : +14
Intimidation : +8
Psychologie : +6
Connaissances (ingénierie, local, mystères, nature, noblesse, plans, religion) : +5

Il est parfois difficile de se souvenir de ses rêves, même en ayant une bonne discipline vis-à-vis de ceux-ci. Quant bien même on s’en souviendrait, il est plus difficile encore de saisir leur sens. Si certaines parties sont claires, d’autres sont nébuleuses, ambiguës ou tout simplement inintelligibles.

Cette fois-ci, il rêvait de la mer… une mer agitée, déchainée. Une tempête comme il n’en avait jamais vu d’aussi féroce. Il n’avait pourtant jamais pris la mer, mais pourtant, chaque sensation était là. Le roulis des vagues, la pluie battante pareille à un millier d’aiguilles -une sensation sur sa joue qu’il avait presque oubliée-, la respiration saccadée par l’eau et par l’effort, tirant de toutes ses forces la corde de l’écoute, coupée juste en dessous du bôme…

Il ignorait si c’était là les véritables sensations que l’on pouvait éprouver en mer ou si c’était simplement des fantasmes de son esprit, mais une chose était sûre : la peur, elle, était bien réelle. La mer elle-même était étrange. Sombre. Noire. Intensément noire. Bouillonnante, comme si le millier de vagues la composant était une nuée de rats d’ombre. Comme si le plan de l’Ombre lui-même s’était ouvert sous ses pieds.

Au loin, un phare. Un unique repère dans cet abyme. Un espoir semblait-il. Il essayait de l’atteindre, non, il fallait qu’il l’atteigne. Il ignorait pourquoi, mais il avait le sentiment que c’était une question de vie ou de mort. Inutile de crier. Il savait qu’avec le tumulte de l’ouragan, personne ne l’entendrait, quand bien même quelqu’un aurait pu être là pour l’entendre. Le vacarme des vagues se fracassant les unes contre les autres et contre la coque du bateau lui-même résonnait comme autant de piaillements de rongeurs affamés, grignotant petit à petit l’embarcation de fortune.


Soudain, un éclair frappa le phare. Un éclair, oui… mais pas de tonnerre. Non, le bruit ambiant s’atténuait même… jusqu’à ce qu’un "KLA" déchire l’air, le bruit d’une corde venant de se rompre. L’hale-bas venait de céder. La bôme devenait petit à petit incontrôlable, forçant la voile à tourner tribord. Que faire ? S’il laissait la bôme au chaos, c’en était presque fini de lui. Mais il avait déjà du mal à tenir l’autre corde. Si elle venait à lui échapper… sa fin serait assurée.

Tant pis ! Tao enroula l’écoute sur son bras droit, la calant sous l’aisselle, serrant de toutes ses forces, puis il s’étira de tout son long pour que sa main gauche vienne saisir ce qu’il restait de l’Hale-bas, tentant de tirer lui-même la bôme vers le bas.

L’effort était considérable, presque inconcevable. Ecartelé, il sentait ses muscles brûler sous la pression, ses bras sur le point de céder, mais il devait tenir bon, il le devait ! Au loin, derrière lui, quelque chose attira son attention : la mer venait de se soulever quelques mètres, pour retomber à un niveau normal. Enfin, c’était assez normal pour une tempête, aucune raison de s’inquiéter outre mesure à première vue...

Mais il eut une vision d’horreur en revoyant les eaux se grossir, plus près de lui, sur la gauche. Quelque chose rôdait là. Quelque chose approchait. Il en détourna le regard, se concentrant sur la voile, serrant les dents. Il devait tenir ! Il sentait ses muscles brûler, les doigts mouillés non plus par la pluie mais par le sang devenir presque insensibles. Plus qu’une centaine de mètres et il était à terre ! Du coin de l’œil, il vit une nouvelle fois la vague, plus qu’à quelques mètres de lui. Cela rassemblait… à une sorte d’immense baleine blanche ? Non… une carpe !

La bête avance, menaçante, puis jaillit soudainement hors de l’eau, sautant par-dessus le bateau !
Une carpe d’un blanc éclatant, aveuglant, rappelant le soleil. Mais contre toute attente, malgré sa taille plus qu’impressionnante et le trou d’eau qu’elle laisse derrière elle, elle ne semble pas s’intéresser à l’embarcation. Soupir de soulagement du côté de l’oracle.


Une seconde passe… puis une seconde… puis une troisième… et la carpe ne semble pas retomber, continuant au contraire à grimper vers le ciel. Au plus elle s’éloigne, plus elle semble briller de mille feux… Une corneille et un héron s’élancent à sa suite, sortis de nulle part, et aussitôt disparus dans l’aura éblouissante de la carpe. Mais cet instant d’espoir et de clarté est vide rattrapé par le trou d’eau, devenant de plus en plus large, commençant à ralentir la progression du navire.

A ce stade, il n’y a plus rien à faire. Nulle manœuvre d’évitement n’est plus possible avec un bateau dans cet état. Lâcher les cordes pour atteindre la barre, ce serait déjà du suicide en soi. Le gouffre s’agrandit, encore… et encore… entrainant inexorablement le bateau dans l’abîme. Le phare n’est pourtant plus très loin, quelle plaie ! Se sachant perdu, Tao se jette néanmoins à l’eau, tentant de nager vers ce dernier. Rien à faire, le courant est beaucoup trop violent. L’oracle finit par lâcher prise, résigné, attendant sa fin… Au loin, la carpe était déjà loin. Elle semblait avoir des… ailes ? L’on aurait presque dit un dragon, un dragon de lumière… Le bateau s’engouffra le premier, puis Tao se sentit en chute libre, une autre sensation qu’il n’avait pourtant jamais expérimentée. Trou noir. Le monde s’écroula autour de lui, le vacarme de l’océan s’estompant dans ces derniers instants pour laisser placer au rire d’une vieille dame.

Succession d'images dans un flou à donner une migraine à un troll. Un rat trottinant, Tao à sa suite. Un immense volcan au repos, un gouffre au milieu de la caldera, une ville construite tout autour de ce trou. Plongée au fond du trou. Un temple au milieu d'une forêt d'érables. Le rat attend devant l'entrée du temple. Fondu noir.

Ce n'est qu'en sentant la caresse d'une feuille d'automne sur sa peau qu'il réalisa qu'il rêvait. L'automne était encore à de longs mois d'eux, et sa...peau n'était pas aussi sensible, éveillé. Il ouvrit les yeux.

L'endroit lui était familier...et pourtant, il ne l'avait jamais vu. Il se trouvait dans la court d'un temple, ou peut être d'un monastère...le sol dallé était parsemé de feuilles rouges et mordorées, dansant au gré de la brise, les arbres qui les perdaient formant un rideau qui l'isolait et l'apaisait tout à la fois. Un étang bruissait doucement, l'eau d'un ruisseau cascadant entre les roches. Un pont de bois, peint de rouge, passait sous un torii - une porte spirituelle - et s'achevait au pied d'une pagode.

Tao ignorait exactement ce que ce rêve signifiait. Mais il fit le choix d'avancer vers la pagode, curieux de ce qu'il y trouverait. Lorsqu'il posa le pied sur le pont...il remarqua quelque chose d'étrange à la surface de l'eau. Le givre rampait sur l'eau de l'étang, gelant la cascade du ruisseau en pleine course. Il releva la tête pour réaliser que les feuilles étaient devenues flocons et noyait déjà le temple sous une épaisse couche de neige. Sur le pont, face à lui, se tenait une louve, son souffle embrumant l'air maintenant glacé. Elle le fixait...et il avait déjà vu ces yeux.