Amegawa avait changé. C'était autant quelque chose qu'il pouvait voir de visu qu'une ambiance qu'il ressentait âprement.
Les regards étaient fuyants, les yeux baissés. Là où les rues auraient du être noires de monde, résonner d'un brouhaha joyeux de dizaines de transactions en train d'être négociées, marchandées, des harangues des vendeurs et des discussions enthousiastes de voyageurs nombreux. Bien sur il y avait les couleurs, les étals, mais il manquait l'essentiel.
Cette ville avait peur. Et faisait semblant que tout était normal.

Rien ne l'était. Il avait remonté le capuchon de sa cape pour éviter des rencontres impromptues mais... Même après être parti plus d'une vingtaine d'années, il ne s'était pas senti aussi étranger en revenant. D'un certain coté la silhouette presque familière des Légionnaires de Bronze semblait en adéquation avec cette cité maintenant étrangère. Mécanique permettant de surveiller les miliciens au moins autant que de les assister. Sans doute quelqu'un pouvait il voir au travers des yeux artificiel de ces êtres et ainsi par leur seule présence, rappelaient à ceux qui maintenaient l'ordre à qui allait leur loyauté. Mouais, la délation avait probablement été encouragée et connaissant ses concitoyens, certains devaient être ravis de dénoncer les moins dociles aux nouvelles autorités.

Certains bâtiments avaient subis des dégâts mais assez peu. La ville n'avais pas du lutter avant de se rendre. En tout cas, pas trop.

Saloperies...

La boutique au moins était encore là, et visiblement toujours active. Il n'y avait à priori pas de clients en ce moment... L'instant de vérité.

Fai inspira et poussa la porte, abaissant sa capuche tandis qu'il la refermait derrière lui.

« Bonjour Mao Mao  » Dit il simplement, tournant son regard vers elle..

S'il avait envisagé plusieurs possibilités et différents types de réactions dans le cas où elle aurait survécu à a nuit du massacre... manquer de se faire renverser par l'intensité des effusions de la jeune femme n'avait jamais été dans ses suppositions. Il aurait été moins surpris si elle lui avait fait la tête, voir si elle lui avait claquée la porte (de chez lui) au nez.

Laissant s'échapper un souffle qu'il ne se souvenait même plus avoir retenu, il lui caressa gentiment le dos tandis qu'elle le serrait dans ses bras...
«  Allons, tu sais bien que je suis bien trop teigneux pour disparaitre aussi facilement. N'est ce pas toi qui me disait qu'on n'arrivais jamais à se débarrasser des parasites ? »

Se dégageant gentiment, il fit quelques pas pour récupérer la clé pendant derrière le comptoir et revint la faire tourner dans la serrure...

«  Je pense que tu peux te permettre quelques heures de fermeture... »

Se forçant à ralentir le pas au maximum pour s'adapter au rythme de la jeune femme, le sylphe se dirigeât vers l'arrière boutique, laissant couler son regard sur les murs, les meubles comme s'ils pouvaient lui raconter comment s'était déroulée cette année et finalement s'installa sur l'un des sièges, faisant signe à Mao Mao de faire de même. Fai resta silencieux quelques instants encore, avant de répondre d'une voix douce.

«  Je ne m'en suis pas sorti. Je suis bon duelliste mais elle était trop forte pour moi. » Un silence. «  Ce n'est pas comme si j'avais eut un doute à ce sujet », ajouta t'il avec un sourire en coin. Il hésita à ajouter un point mais se tut. Malgré la fin, c'avait été un moment particulierement exaltant. Se battre parce que sa vie en dépendant, ressentir chaque seconde, chaque mouvement, chaque blessure aussi... S'il devait être franc avec lui même... Oui, il s'était bien amusé. Même si son adversaire était un monstre. Même s'il était mort. Et la pensée de remettre ca -avec une fin différente de preference- faisait battre son sang un peu plus fort. Mais ce n'était pas le genre d'aveux qu'on pouvait faire devant tout le monde.

«  Mais... » et cette fois il cherchait un peu plus ses mots. « disons que la nuit était spéciale et visiblement les dieux avaient décidés que ce n'était pas encore mon heure. Je n'ai repris conscience qu'il y a une petite semaine. Là bas... Qu'est ce qui s'est passé pendant tout ce temps ? » Demanda-t-il finalement, sans détourner le regard.

Modifié par un utilisateur lundi 26 février 2024 11:22:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sens de l'humour...? Sans doute. Le bon point de la réaction de la jeune femme était sans doute la confiance manifeste qu'elle lui portait. Après tout, lorsqu'elle avait disparu dans la nuit, il était encore bien vivant et l'explication la plus évidente pour sa survie n'était pas une intervention divine. Elle était bien plus prosaique et suspicieuse.. En tout cas, lui se la serait posée.

La legere usure sur certains des murs, les traces de vernis qui commençait à s'écailler. L'année passée a été compliquée c'est évident, cependant il ne fait pas froids et les quelques échantillons de jade qu'il voit du coin de l'oeil lui semblent de bonne qualité. Cependant... ces touches lui rappellent l'ambiance en ville. Et Mao Mao ne semble pas en trop mauvaise santé, si on ne tient pas compte de sa blessure. Elle n'a pas été spécialement ciblée. C'est probablement la même chez tous les commercants du coin.

Le sylphe esquisse un sourire, tout en la remerciant pour le thé lorsqu'elle parle de remercier un dieu.

« Ne t'en fait pas... Ils récupèrent toujours leur dû tôt ou tard.  »

Et Fai écoute, attentivement ce qu'elle lui raconte. Il se retient de l'interrompre, fronce parfois les sourcils tout en lui faisant signe de continuer. Finalement il hoche simplement la tête.

« Tu as eut raison. Grace à toi ils sont en sécurité. Tu aurais même pu les accompagner. Cette boutique, voir même cette ville ne vaut pas le coup de vivre sous le joug d'une jorogumo... » Rajoute t-il doucement, avant de demander d'une voix plus dure.

« Tu sais ce que Arrius Jiao est devenu ? Il s'est soumis à Luoyang ou a été exécuté lui aussi ? D'ailleurs... »

Passant machinalement la main sur son menton, il rajoute.

« Port Ma Doi, Nandao et Amegawa... Tu sais ce que sont devenu Kumonara ou Senlin ?  »

Ca, c'était quelque chose qui se devait d'être demandé.

Qu'y répondre..? La loyauté manifeste de la jeune femme n'était sans doute pas méritée soufflait une petite voix dans son esprit, mais comment aurait il pu le lui dire... Il était mort pour lui sauver la vie mais... était-ce pour autant une bonne raison ?

Le mercenaire soupira intérieurement. C'aurait été plus simple si elle avait préféré couper les ponts, au moins il n'aurait pas eut un foutu sentiment de responsabilité à gérer. Il hocha simplement la tête.

« Kumonara a du tomber alors... Sans avertissement, j'ai du mal à voir comment ils auraient pu tenir. Kwan à du rugir de voir une des siennes souiller son souvenir en s'alliant avec une jorogumo pour lui livrer la cité...  »

Si son esprit veillait encore comme le disaient les légendes, il aurait été difficile de l'insulter davantage..

«  Et s'ils n'avaient pas réussit à la prendre ils se seraient frayé un passage dans la neige pour revenir. Ils n'auraient pas tenu sans protection contre l'hiver.  »

Il ignorait à quel point les troupes des foulards jaunes étaient nombreuses, mais dans tout les cas Kumonara n'avait pas forcement eut les réserves pour nourrir une troupe supplémentaire pendant tout un hiver bloqué par le froid. Beaucoup avaient du mourir dans la population, durant la prise de la ville, ou ensuite... de faim. Fai sentit une colère froide monter lentement. Il n'en était pas surpris, l'araignée n'aurait jamais laissé se perdre l'avantage de la surprise, mais pour la faire tomber il allait falloir lui couper toutes les pattes une par une. Une soudaine et jubilatoire soif de sang, que sa lame sans qu'il ne parvienne à le distinguer de ses propres émotions.

« Tu sais ce que sont devenus ses autres acolytes ? La meneuse des Foulard, et une vanara aussi...  »

Il se tu, écoutant sa réponse avant de reprendre...

« Je suis revenu, mais tu as conscience que je ne reprendrais pas cette vie n'est ce pas....?  »

Il secoua la tête doucement, conscient que ce n'était pas ce qu'elle aurait souhaité entendre.

« Non je ne t'accompagnerais pas... Ces années furent une pause agréable mais... cette vie n'a jamais été faite pour moi. Ce fut une parenthèse d'une dizaine d'année mais... une parenthèse seulement. Il est temps que leur héritage leur revienne. »

C'est étrange comme l'espace d'un instant, d'un regard, d'une voix qui tente de rester maitrisée face à lui mais où il entends tout de même la cassure, le sylphe a l'impression de vivre le reflet d'un souvenir. Différent et pourtant semblable. D'un refus de suivre le chemin qu'il aurait du prendre, pour suivre le vent. Et face à lui, la silhouette, la posture de Mao Mao semble se superposer avec celle vieillissante de ses propres parents une quarantaine d'années auparavant.

Le destin était parfois cruel car cette scène là s'était déjà jouée. Et la fin n'en serait pas différente.

La dernière question par contre le ramène dans l'instant présent.

« Ce que je compte faire..  » répète t'il pensivement. « M'amuser ? Accepter de nouveau de prêter l'oreille à la tempête?  »A cette perspective, lentement, presque inconsciemment, son sourire se fait plus carnassier.. « Un premier pas à été entamé il y a un an, je n'ai pas l'habitude d'abandonner mes partenaires sans aller jusqu'au bout de la danse. Elle me doit une vie, peu importe le temps que ça va me prendre. »

Modifié par un utilisateur dimanche 24 mars 2024 22:30:20(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le sylphe ne répondit pas. La seule réponse satisfaisante qu'il aurait pu lui apporter était un mensonge et il ne voulait pas lui mentir. Fai lui était cependant reconnaissant de la façon dont elle tentait de masquer sa peine, ou son espoir déçu. Ca... simplifiait les choses. Pour elle comme pour lui sans doute.

Il pris cependant le temps de peser sa question suivante, réfléchissant quelques instants avant de reprendre la parole.

« Pour le moment.. non elle ne l'est pas. Mais elle n'est pas invisible. Elle m'a sous estimé et j'ai fait couler son sang une fois déjà. Elle est mortelle, même si elle est terrifiante. Je suis prêt à patienter le temps qu'il faudra, jusqu'au moment où elle fera le faux pas nécessaire.... Et je ne suis pas seul non plus.  »

Et ses faiblesses à elle n'étaient pas des créatures aussi puissantes. Les pattes se coupaient une par une...

Sans détourner le regard il acquiesça.
« Oui. Si je le peut je ne vous laisserais pas sans nouvelles...  »

Se relevant et s'approchant lentement de la fenêtre fermée, le bretteur demanda, sans se retourner...

« Ceux qui provoquent ces échauffourées de temps à autres... tu saurais où je pourrais les trouver ? Ou des notables ayant échappé à l'exécution... »

Un rire, leger, réponds aux excuses de Mao Mao.

« Allons, inutile d'être désolée, jeune fille, » Un amusement vif se voit dans son regard, « être prudente est une qualité qui aide à survivre. La preuve. Et moi je préfère que tu soit vivante. »

Fai pris le temps de s'étirer, faisant jouer ses muscles qui sous l'effet du thé chaud commençaient à se détendre après une semaine somme toute éprouvante sur les routes de montagne... Ca faisait du bien d'être chez lui, même si c'était un chez lui qui ne serait plus jamais le même....

« Tu m'as offert déjà beaucoup d'éléments, bien assez pour que j'ai des pistes, petit chat... Alors c'est déjà parfait. Je suppose que rien n'a changé dans ma chambre... »

Parce que bon, s'il pouvait y trouver une tenue propre et faire un brin de toilette ce serait un luxe dont il n'avais osé rêvé ces derniers jours. Ou plutôt dont il avait beaucoup trop rêvé.

Se dirigeant vers les escaliers, il demanda simplement avant de s'engager dans ceux ci..

« Au fait, je doit m'attendre à des regards en coin devant quelqu'un sensé être mort ou tu n'avais pas fait savoir ma disparition aux voisins et ils considèreront juste que j'avais passé l'hiver ailleurs, Nouvelle Opara par exemple ? »